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Histoire des familles Bezard Lemaignen et Aubert
1 décembre 2018

Saga Bezard-Lemaignen 4/4

 

 

XIII - Mairie de Périgny

Fernand LEMAIGNEN a été conseiller municipal de Périgny du 1er Mai 1904 au 30 Août 1944 sans interruption et Maire de Périgny, également sans interruption du 10 Décembre 1919 jusqu'au 30 Août 1944.

 

Il a soigneusement noté sur trois registres depuis le 1er Juillet 1921 jusqu'au 30 Août 1944, toutes les activités à la mairie (délivrance de pièce administratives, travaux communaux, réunion du conseil municipal etc....). Il se rendait à la mairie presque chaque jour.

Quand il n'était pas à Périgny, il se faisait remplacer par son adjoint (Aurèle GIRARD, puis Rémy LOISEAU).

Pendant l'occupation allemande de Juin 1940 à la fin d'Août 1944, il dut faire face à de nombreuses demandes de renseignements de la part des autorités allemandes et de l'administration française, sur les réfugiés dans la commune, les prisonniers de guerre, les réquisitions de denrées alimentaires etc... Il dut, à plusieurs reprises se porter personnellement garant, sous peine d'arrestation, de l'ordre vis-à-vis des troupes d'occupation.

Le 14 Juin 1940, il reçoit de la Préfecture le télégramme suivant :

"Autorité Militaire prescrit évacuation enfants au-dessus de 13 ans et hommes mobilisables en exclusion de tout autre. Prière d'inviter d'urgence les intéressés à se rassembler chef lieu de canton le plus voisin où ils seront ramasser par camion dans la nuit du 14 au 15 à partir de 5 heures du matin".

 

Le 10 Août 1942, il écrit à "Monsieur l'Officier de Chasse de la Feldkommandantur à Blois", pour demander l'autorisation de remettre son fusil de chasse à son garde champêtre, nouvellement nommé pour assurer le maintien de l'ordre public. Par télégramme du 14 Août le Préfet de Loir-et-Cher lui répond :

"Prière remettre extrême urgence à la Préfecture votre arme et autorisation correspondante. Autorités d'occupation rejettent votre demande".

Ainsi disparut son beau fusil auquel il tenait tant.

Après le départ des troupes d'occupation dans la région en Août 1944, les comités locaux de libération mirent fin à l'activité des municipalités qui relevaient de l'administration du gouvernement de Vichy. Vers le 31 Août (ou, au plus tard, les tous premiers jours de Septembre), Fernand LEMAIGNEN reçu la visite de Marcel COLIN, cultivateur à la Poterne, et de quelques autres habitants de Périgny qui lui signifièrent qu'il n'était plus Maire de la commune, sans autres explications. Ses opinions politiques ne correspondaient plus à celles du moment. Ainsi prirent fin brutalement les fonctions de Maire que Fernand LEMAIGNEN avait exercées avec dévouement, sans interruption pendant 35 ans.

Il demeure cependant membre du conseil municipal puisqu'il est convoqué à une séance du conseil le 29 Avril 1945 en vue de la formation du bureau pour les futures élections municipales.

 

En sa qualité de Maire il présida plusieurs fois aux fêtes de la Saint Vincent, patron des vignerons et cultivateurs de Périgny, et nous avons conservé deux petits discours, plein d'humour, qu'il fit au cours du banquet de ces fêtes.

On trouve aussi, dans ce dossier, le texte d'une allocution qu'il prononça lors de l'enterrement à Périgny de l'Abbé BOULAY qui en avait été curé et le programme d'une fête patronale de la paroisse de Saint-Lubin à Périgny, à l'occasion de la bénédiction d'une statue de Sainte Jeanne d'Arc par Monseigneur MELISSON, évêque de Blois, le 17 Septembre 1922.

Une séance récréative avait déjà été donnée à Périgny le 30 Avril 1922 par les enfants et jeunes gens de la commune pour l'érection de cette statue.

 

 

XIV - Les dernière années

 

Le cinquième et dernier carnet de Fernand LEMAIGNEN commence en 1940. Il contient peu de renseignements de 1940 à 1944. A partir de cette date des détails plus complets sont mentionnés, comme dans les carnets précédents sur les ventes de récoltes, de bois, paiement des impôts, encaissements des coupons des valeurs de bourse, comptes de la Société Générale, comptes avec les domestiques etc... comme ils l'étaient sur les 4 carnets précédents.

On peut relever les annotations suivantes :

"8 Octobre 1946. Le ménage SEVRE a quitté mon service (Huguette et Henri). Le 4 Février 1946 j'avais convenu avec eux du prix de 3.000 Frs par mois".

"1er Mars 1947 : convenu avec Roger MARTIN et Jacqueline qu'à partir d'aujourd'hui je les paierai 4.000 Frs par mois".

"Marguerite CHEVALLIER née GREGOIRE est entrée chez moi le 15 Mars 1947".

"Lucienne HUET a été engagée début 1947".

"19 Juillet 1947 : prévenu Jules Roger MARTIN et Jacqueline CLEMENT sa femme, devant CURET garde champêtre, qu'il ne restent pas à mon service".

"2 Août 1948 : engagé le ménage GAULUPEAU le 1er Juillet 1948. 6.000 Frs par mois".

"18 Août 1948 : nous avons vendu les 7 et 9 Août la maison rue Marceau à Chinon à RIOU pour 575.000 Frs".

"4 Avril 1950 : engagé le ménage René FRAIN et Marie LUBINEAU".

"9 Février 1951 : j'ai vendu à Pierre HERVE les prés de Couture et deux morceaux de terre pour 200.000 Frs".

 

Comme on le voit, Fernand LEMAIGNEN eut bien du mal à retenir un ménage de jardinier après le départ du ménage SEVRE qui avait remplacé le ménage CHEVALLIER après que Ludovic CHEVALLIER se soit pendu dans l'étable en 1936. Le ménage CHEVALLIER étaient employé à Périgny depuis 1913.

Ces jardiniers s'occupaient de l'entretien de la propriété de Périgny et de ce que Fernand LEMAIGNEN appelait son "petit élevage" ; jusqu'à son décès il avait conservé deux vaches et une bique, ce qui lui permettait d'avoir lait, beurre et fromage.

 

 

XV - La période de la guerre de 1939 - 1945

 

Le 17 Août 1939, Fernand LEMAIGNEN reçoit une lettre de son ami HENNISSART qui le félicite de l'annonce des fiançailles de sa fille Cécile avec un cousin des JUPIN de Tours, le docteur Michel BONVALLET.

Le 17 Septembre 1939, l'adjoint au Maire de Périgny délivre à Fernand LEMAIGNEN un sauf conduit pour lui permettre de se rendre avec sa famille, en automobile à Bourges dans la famille du fiancé de Cécile.

En Janvier 1940, Fernand LEMAIGNEN réunit les pièces militaires et administratives nécessaires en vue de la publication du mariage de l'adjudant médecin Pierre BONVALLET.

Le 15 Janvier, il intervient auprès du Sénateur PICHERY pour faire obtenir à son futur gendre les galons de sous-lieutenant.

Mais Michel BONVALLET rompit les fiançailles qu'il avait contractées avec Cécile LEMAIGNEN. Fernand LEMAIGNEN lui écrivit une lettre dont nous avons le brouillon en 2 exemplaires pour le faire revenir sur sa décision, mais en vains.

Au début de la guerre de 1939, une unité d'artillerie est en formation dans la région de Périgny, et la famille LEMAIGNEN reçoit plusieurs officiers à sa maison, notamment l'Abbé COMMAILLES, alors capitaine d'artillerie qui remercie par lettre du 27 Novembre 1939 de l'hospitalité qui lui a été donnée. Il devint ensuite professeur à Notre Dame des Aydes à Blois.

Le 13 Novembre, le Vicaire Général BOULLIAUD annonce le départ du curé HOUDIARD nommé à Fossé. C'est l'Abbé DELORD, curé de Selommes qui desservira Périgny, mais il faudrait que les paroissiens contribuent à l'achat d'une voiture neuve pour assurer les dessertes. Cette auto fut achetée, mais les allemands l'ont réquisitionnée dès leur arrivée dans la région.

Le 1er Décembre, l'aumônier divisionnaire ROBIN (devenu depuis Evêque de Blois) informe Fernand LEMAIGNEN qu'il ne pourra plus le confesser, en raison de son service aux armées.

 

On trouve à la date du 28 Mai 1940, dans la correspondance une lettre adressée à un lieutenant Pierre LAVOIX, par sa mère qui relate la capitulation de la Belgique et l'entrée en guerre imminente de l'Italie. Qui est ce lieutenant LAVOIX ? Peut-être était il de passage à Périgny après la débâcle militaire ?

 

Le 15 Juin 1940, Fernand LEMAIGNEN se rend à Vendôme pour obtenir des renseignements à la sous-préfecture sur les ordres d'évacuation de la population. Mais Vendôme vient d'être évacué et sera bombardé dès le retour de Fernand LEMAIGNEN à Périgny. La famille LEMAIGNEN quitte alors elle même Périgny et se rend à Lussac-le-Château (Vienne) du 20 Juin au 25 Juin ainsi que l'atteste un certificat du Maire de cette commune (chez Madame Renée DUPONT de LIVARDIERE, cousine éloignée de Madame LEMAIGNEN).

Pendant cette période de débâcle et d'exode, Fernand LEMAIGNEN reçoit plusieurs lettres de diverses personnes demandant des nouvelles de leur famille égarée sur les routes.

Le 11 Juillet 1940, une dame PIGOREAU, réfugiée en Dordogne lui demande des nouvelles de ses parents restés à Périgny.

Le 26 Juin, Louis PERRIER demande si sa fille Jocelyne est à Dotton. Si oui, qu'elle rejoigne son beau frère DAYRAS qui est attaché au Président du Conseil à Bordeaux.

Le 16 Juillet, c'est André PERRIER qui demande des nouvelles de sa famille et relate son odyssée pendant l'exode. Il s'inquiète de savoir ce qu'est devenue sa propriété de Dotton. Il est intéressant de relire cette lettre qui retrace tout l'affolement de l'exode et les impressions d'André PERRIER sur la triste situation du pays.

Le 18 Juillet, Louis PERRIER, réfugié près de Tulle accuse réception de la réponse de Fernand LEMAIGNEN à sa lettre du 26 Juin. Il ne croyait pas la recevoir si tôt. Sa fille Jocelyne avait tenté de rejoindre Dotton mais elle a gagné Bordeaux pour rejoindre le cabinet du Maréchal PETAIN. Il dépeint son voyage de Vendôme à Tulle sous les bombardements. André est rentré à Paris et sa femme Jane est arrivée à Tulle mais va rejoindre Paris.

Le 10 Décembre 1940, les Maires de Périgny et de Villeromain adressent une pétition au sous préfet de Vendôme pour qu'il soit remédié au manque total de communication de ces communes avec Blois et Vendôme par suite de la pénurie d'essence.

Cependant la vie reprend peu à peu son cours. Le 20 Décembre 1940, Henri MARTIN demande à Fernand LEMAIGNEN de lui envoyer des photos (troupeaux de moutons, effets de nuages sur le Loir) pour illustrer la thèse de son fils Jean. Le 12 Juillet 1941, il lui annonce les fiançailles de Jean avec Mademoiselle Jacqueline DUVAL qu'il connaît depuis plusieurs années et qui est élève à l'Ecole des Chartes. Elle n'a plus sa mère qu'elle a perdu à l'âge de 6 ans. Son éducation a été faite dans un couvent. Son père et son frère aîné dirigent une importante concession en Indochine. Le second sort de Polytechnique et le troisième de Navale.

Le 14 Septembre 1942, André PERRIER invite Monsieur et Madame LEMAIGNEN et leurs filles au mariage de Janine le 03 Octobre. Monsieur et Madame LEMAIGNEN pourront ainsi fêter avec eux leurs noces d'argent qui tombent le 04 Octobre. Fernand LEMAIGNEN prononça au cours de ce mariage une charmante allocution dont nous avons le texte, où il évoque les relations amicales entre les familles PERRIER et LEMAIGNEN, par l'intermédiaire des TAILLARDA, depuis "5 générations".

Le 02 Août 1943, Fernand LEMAIGNEN signale que la foudre est tombée sur le clocher de Périgny.

Son jardinier Louis SEVRE, alors prisonnier de guerre lui écrit le 22 Août 1943 ayant entendu dire que sa femme n'était pas heureuse à Périgny et que Fernand LEMAIGNEN ne respectait pas les conditions de travail convenues. Fernand LEMAIGNEN le rassure et Louis SEVRE l'en remercie le 26 Septembre 1943.

Le 21 Février 1944, Victor HERVE lui signale des réparations à faire à sa maison de Couture et l'informe que le bail avec les PTT doit être renouvelé.

En Août 1944, Cécile et Mathé se rendent à bicyclette à Veillène chez leur cousin Robert LEMAIGNEN où elles font un court séjour, et Fernand LEMAIGNEN remercie du bon accueil qui leur a été réservé.

Le 07 Novembre 1944, son ami Maurice HAMAR, alors détenu au camp de Pithiviers pour faits de collaboration, regrette de ne pouvoir participer au traditionnel déjeuner d'alouettes du 11 Novembre.

 

 

XVI - Le mariage de Cécile LEMAIGNEN

 

Après la rupture de ses fiançailles, Cécile LEMAIGNEN était allée faire ses études d'infirmière à Paris. Elle y rencontrait fréquemment Monsieur et Madame André PERRIER et leur fille Janine qui avait épousé Etienne PETIT. Celui-ci s'était réfugié pendant une partie de la guerre à Dotton pour échapper au service du travail obligatoire (SOT) en Allemagne. Ayant obtenu son diplôme d'infirmière, elle se destinait à l'assistance sociale.

Durant l'été 1945, elle rencontra Jacques AUBERT qui était rentré de captivité le 15 Juin 1945 et dont les parents connaissaient bien la famille LEMAIGNEN. Me Edmond AUBERT, son père, était le notaire de Fernand LEMAIGNEN pour ses biens de Danzé, et il était fréquemment invité à Périgny. Cécile avait été invitée au mariage de son amie Monique AUBERT avec Jean PAPIN en Février 1941.

Un ami des deux familles, Jean ROLLAND, qui demeurait à Vendôme, 16 Place Saint-Martin, fils du prédécesseur de Me Edmond AUBERT, fait part dans 3 lettres datées des 24 Août, 29 Août et 04 Septembre 1945 du projet de mariage entre Jacques AUBERT et Cécile LEMAIGNEN qui se fiancent le 21 Octobre (lettre de Jean ROLLAND du 23 Octobre).

Fernand LEMAIGNEN fait part de ces fiançailles à Victor HERVE le 15 Novembre, en réponse à une lettre de ce dernier à propos du loyer de la maison de Couture.

Le 15 Novembre, Fernand LEMAIGNEN remercie Monsieur André ROLLAND (frère de Jean) de ses félicitations pour les fiançailles de sa fille :

"D'après tout le bien que j'entends dire du jeune homme, j'espère que Cécile sera heureuse et nous sommes enchantés de l'avoir près de nous. Nos remerciements doivent s'adresser aussi à votre cher frère Jean qui aura contribué pour une grande part à ce mariage".

Le mariage est célébré à la mairie de Vendôme le 08 Janvier 1946, Fernand LEMAIGNEN n'ayant pas voulu que sa fille soit mariée par son successeur à la mairie de Périgny, et le mariage religieux à l'église de Périgny le 09 Janvier.

 

 

XVII - De 1946 à 1951

 

Après le mariage de sa fille, Fernand LEMAIGNEN continue à vivre à Périgny.

Il a déménagé la maison qu'il louait, 14 rue Traversière à Tours en Mars ou Avril 1946 (lettre de Monsieur MARCONNET, Architecte à Tours du 29 Avril 1946 lui disant qu'il serait candidat à la location de cette maison qu'il vient de quitter).

Le 24 Juin 1946, son cousin Robert LEMAIGNEN le remercie des condoléances qu'il vient de lui adresser à l'occasion de la mort, à la guerre d'Indochine de son fils Henry.

Il emploie toujours le ménage SEVRE comme jardinier, mais celui-ci se plaint de n'être pas assez payé (29 Septembre 1946) et le quitte le 08 Octobre. Il fut remplacé par divers autres ménages de jardiniers jusqu'au décès de Fernand LEMAIGNEN, ainsi qu'on l'a vu plus haut.

Madame MESCHIN avait toujours continué à habiter avec sa fille et son gendre tant à Tours qu'à Périgny où elle décéda le 10 Janvier 1949.

Fernand LEMAIGNEN a continué jusqu'à son décès à entretenir sa propriété de Périgny et à tailler soigneusement les allées du parc, ce qu'il appelait "faire les voutes", bien que ses rhumatismes l'empêchaient de monter aux échelles avec la même agilité que par le passé.

Il ne faisait plus de photos depuis le début de la guerre mais il aimait toujours faire des travaux de menuiserie utilisant des planches de chênes, peupliers ou merisiers de ses bois qu'il faisait débiter.

Jusqu'à ses derniers jours, il continua la gestion de ses fermes, mais ses revenus s'étant encore amenuisés en raison de la dévaluation de la monnaie, les réparations à faire aux bâtiments lui occasionnaient de graves soucis financiers.

Bien entendu il chassait toujours, mais le temps des grandes chasses au sanglier en forêt d'Amboise ou ailleurs avait pris fin avec le début de la guerre. On a vu que c'était en rentrant d'une dernière chasse aux perdreaux dans la plaine de Piterna qu'il fut atteint d'un ulcère d'estomac. Il fut transporté aussitôt à la clinique du Docteur CHEVALLIER à Vendôme où il décéda d'une crise d'urémie 3 jours plus tard, le 12 Septembre 1951.

Il eut la joie de connaître ses trois premiers petits enfants avec qui il aimait jouer à Périgny.

Tours les soirs, après le dîner, il s'asseyait dans un fauteuil de la salle à manger et récitait son chapelet. Il avait une foi profonde et solide.

Il était grand et mince, avec des yeux bleus et des cheveux châtain clair. Il était un peu voûté à la fin de sa vie et marchait difficilement, appuyé sur une canne en raison de son arthrose et de ses rhumatismes.

Il a laissé le souvenir d'un homme de grand bon sens, parfaitement intégré et même scrupuleux, souvent indécis par excès de scrupule, aux réparties fines et vives, aimant plaisanter, très bon et très sensible.

 

 

Madame LEMAIGNEN, née Marie MESCHIN

 

Mademoiselle Marie-Thérèse LEMAIGNEN

 

Après le décès de son mari, Madame Marie MESCHIN, épouse de Monsieur Fernand LEMAIGNEN, continua à habiter à Périgny et à entretenir la propriété avec sa fille Marie-Thérèse.

Elle conserva le ménage de jardiniers (RINGEVAL remplacé par le ménage FRAIN, puis par le ménage SAUVET et le ménage LAISEMENT) pour entretenir la propriété et la "Petite Culture" exploitée par Fernand LEMAIGNEN, et elle conserva également pendant quelques temps sa domestique Berthe LUBINEAU. Elle cessa cette culture et vendit la vache en 1965.

Pour faire face au paiement des droits de succession à sa charge (519.275 A.F.) (le paiement de ceux à la charge de ses filles ayant été différé à son décès, en qualité d'usufruitière) et de plusieurs dépenses courantes, elle dû vendre certains meubles à Monsieur BACHELIER, antiquaire à Tours et à Monsieur JUHEL, antiquaire à Blois (environ 150.000 A.F.).

Les fermages, après paiement des impôts et des réparations, ne lui laissaient qu'un maigre revenu.

Dès l'année 1952, elle aménagea la cuisine actuelle près de la salle à manger, à la place de l'ancienne cuisine, inconfortable, à l'autre extrémité de la maison.

En Décembre 1952, la vieille Citroën est remplacée par une 4 CV Renault (437.622 A.F.).

En 1953, elle vendit la coupe des sapins du "Bois de Sapins" aux Houillères du Nord et du Pas de Calais (1.200.000 A.F.) et replanta ce bois ; mais une partie seulement des sapins survécurent.

Une partie du mur de la vieille cuisine de la maison de Périgny menaçant de s'écrouler a été reconstruite en 1958 et il y a été aménagé une fenêtre au-dessus de l'ancien "potager" qui a été supprimé.

Monsieur Jacques PETIT, meunier du Moulin de Bezard ayant cessé son activité de meunier, la roue en fer du moulin fut vendue le 03 Mars 1959.

Madame LEMAIGNEN possédait une maison à Chinon, 5 rue Marceau (voir dossier MESCHIN). Par suite du départ de la locataire, Madame DELANNOY, cette maison fut vendue à Monsieur AUDEBERT, par acte de Maître JANVIER, notaire à Chinon, du 1er Juillet 1959, moyennant le prix de 5.000.000 A.F., ce qui permit à Madame LEMAIGNEN de faire divers travaux d'amélioration à la maison de Périgny, notamment l'installation du chauffage central et les peintures extérieures.

En 1962, la commune de Couture acheta une parcelle de terre de 841 M2 située au sud de la maison qui appartenait à Monsieur Fernand LEMAIGNEN. Cette vente fut régularisée le 30 Mars 1963, moyennant le prix de 5.000 Frs.

Par suite de cette vente, Madame LEMAIGNEN et ses filles vendirent deux autres parcelle de ce terrain (913 M2 et 1.449 M2) moyennant les prix de 3.652 Frs et 6.500 Frs, les 30 Mars 1963 et 21 Mars 1964.

Ces terrains étaient loués à Monsieur Victor HERVE de Couture.

Les bâtiments de la ferme de la Chevecière à Périgny, loués à Monsieur Henri NOUVELLON ayant besoin d'importantes réparations, lui furent vendus le 30 Septembre 1966 pour 30.000 Frs.

La 4 CV Renault fut remplacée par une 4 L Renault, le 08 Novembre 1967.

 

Monsieur Lucien PILON, locataire de la ferme de la Foresterie à Danzé ayant cessé sa culture, fut remplacé par Monsieur Marcel CHAUVIN qui était déjà locataire de la ferme de l'Usage, contiguë, et il occupa les bâtiments de la ferme de la Foresterie.

Les bâtiments de la ferme de l'Usage furent vendus comme résidence secondaire à un parisien, Monsieur LENOIR, le 20 Février 1971, moyennant 35.000 Frs.

La maison de Couture ayant été libérée par le Bureau de Poste qui l'occupait depuis de nombreuses années, fut vendue à Monsieur et Madame SAUNIER-LAFAILLE, le 20 Novembre 1973, moyennant le prix de 200.000 Frs.

En 1974 et 1975, il fut apporté diverses améliorations à la maison de Périgny, notamment la réfection du carrelage du vestibule, l'aménagement d'une salle d'eau et d'un cabinet de toilette et la réfection des chambres.

François AUBERT devant acheter une pharmacie à Vendoeuvres, il fut pris la décision de vendre la ferme de Mons à Marolles-les-Saint-Calais (72) qui appartenait à la famille LEMAIGNEN depuis 1573.

Les bâtiments et environ la moitié des terres furent vendus au fils du fermier, Monsieur Alain BRETON, et l'autre moitié des terres à Monsieur DURAND MOLLIERE, le 26 Août 1975, moyennant le prix de 635.000 Frs. (En 1965, il avait été construit deux chambres et une salle d'eau dans cette ferme ce qui avait entraîné une dépense d'environ 26.000 Frs).

Il fut convenu avec François AUBERT et Catherine MANSION, sa femme, le 25 Décembre 1975 qu'ils paieraient à Madame LEMAIGNEN, usufruitière, les intérêts à 4 % des 635.000 Frs qui leur avaient été remis en vue de l'achat de leur pharmacie.

La moitié de cette somme revenant à sa fille Marie-Thérèse, après le décès de Madame LEMAIGNEN, étant après révision, de 387.390 Frs fut stipulée remboursable à Mademoiselle LEMAIGNEN en 80 trimestrialités avec intérêts à 4%.

Madame LEMAIGNEN eut une grave crise cardiaque en Février 1977, mais elle s'en rétablit parfaitement et demeura toujours aussi lucide, quoique peut-être un peu moins active.

Elle décéda d'une congestion cérébrale à l'hôpital de Vendôme le 09 Septembre 1978, à l'âge de 91 ans.

Comme on vient de le voir, elle a toujours été harcelée au cours de son veuvage par des problèmes financiers, les revenus des ses fermes, après paiement des impôts et des réparations et l'entretien de la propriété de Périgny, ne lui laissant que de maigres revenus.

Elle eut la joie de voir le mariage de son petit fils François, de faire la connaissance de la fiancée de son petit fils Marc (Véronique MODOT) et d'apprendre la vocation de son petit fils Pierre qui n'était pas encore ordonné prêtre à son décès.

Elle était appelée familièrement "NININ" par son petit fils Jean et ce surnom fut adopté par sa famille.

Elle a laissé le souvenir à ses enfants et petits enfants d'une grande dame, très bonne et distinguée, cherchant toujours à leur faire plaisir et les accueillant avec joie dans sa propriété de Périgny, racontant ses nombreux souvenirs tant sur sa famille que sur celle de son mari, ce qui contribua à en écrire l'histoire.

 

 

Mademoiselle Marie-Thérèse LEMAIGNEN

 

Après le décès de sa mère, Mademoiselle Marie-Thérèse LEMAIGNEN appelée familièrement MATHE, continua à habiter seule à Périgny et à entretenir la propriété comme elle l'avait fait depuis le décès de son père. Elle se donnait beaucoup de mal, avec l'aide d'un jardinier occasionnel, à cultiver des fleurs et des légumes, notamment dans le jardin potager appelé "Jardin du Père Gablier", et elle en vendait une partie.

Elle faisait des tricots à façon et élevait des poules.

Elle vivait entourée de nombreux chats.

Comme du vivant de sa mère, elle venait à Vendôme, au moins tous les vendredis et continua à recevoir sa soeur et ses neveux (et petites nièces) chaque week-end à Périgny ou pendant les vacances.

Elle fit le catéchisme pendant un certain temps.

Elle participait de façon très active à la vie du secteur paroissial et recevait fréquemment à déjeuner le curé de Selommes.

Sa vie de célibataire dans la grande propriété de Périgny ne fut pas toujours gaie, mais elle aimait son indépendance.

Elle était de constitution robuste et menait une vie très active.

Elle décéda brusquement après une courte maladie qui n'a jamais été expliquée (empoisonnement, atteinte d'un virus ?) le 20 Août 1981 à l'hôpital de Tours, où elle était transportée après un séjour de huit jours à la clinique Saint-Coeur de Vendôme, à l'âge de 61 ans.

Ce décès brutal fut vivement ressenti par sa famille.

Cécile LEMAIGNEN, sa soeur, se retrouvait seule survivante de sa famille et il était pénible de ne pouvoir plus être accueilli à Périgny dans une maison habitée.

Elle continua cependant à y venir avec son mari et ses enfants, lors de chaque week-end et à y habiter en permanence pendant les vacances.

D'important travaux de remise en état furent entrepris dans le parc qui était envahi par la végétation, et il fut procédé au nettoyage et au débarras des greniers, vieille cuisine et armoires où s'étaient accumulés les reliefs de plusieurs générations.

Cette remise en état fut d'ailleurs accélérée pour préparer la réception qui fut donnée lors de l'Ordination de Pierre AUBERT, le 20 Juin 1982.

La maison de Périgny étant devenue inoccupée après le décès de Mathé, deux vols importants y furent commis, l'un le 23 ou 24 Avril 1982 (notamment des garnitures de cheminée, vases de Daum, plat de porcelaine de la Compagnie des Indes, argenterie, éventail, rouets, nécessaire d'ouvrage de dame et nécessaire de voyage provenant de Madame DUTHEIL) et l'autre le 03 Novembre 1982 (commode rustique Louis XV, fontaine et bassin en cuivre, service en étain du vestibule). Une installation d'alarme fut posée par la Société ALPEC après le premier vol. Elle fonctionna lors du deuxième vol, mais les voleurs eurent le temps d'emporter rapidement les objets ci-dessus.

A la suite du décès de Mademoiselle Marie-Thérèse LEMAIGNEN, il fallut payer les droits de succession à la charge de sa soeur (45 %) qui s'élevèrent à 947.652 Frs.

Un premier acompte de 447.652 Frs fut payé le 15 Février 1982 à l'aide notamment du produit de la vente du Moulin de Bezard (vendu à Monsieur BRIANCHON - acte Me FORRER du 26 Janvier 1982), moyennant 200.000 Frs et de la vente d'une pièce de terre Z.H 20 sur Danzé, de 12 hectares 61 ares 50 ca (acte de Me FORRER du 04 Février 1982), moyennant 230.000 Frs.

Le surplus des droits fut fractionné en dix versements semestriels de 50.000 Frs avec intérêts à 9,50 %.

La propriété de Périgny devint le centre de rassemblement des enfants de Cécile AUBERT et ils y demeurent très attachés, tant en raison de son agrément, que pour les souvenirs familiaux dont elle est chargée depuis plusieurs générations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Familles

 

Chivert - Meschin - Meunier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Famille Chivert

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Suzanne Eugénie MESCHIN épouse de Fernand LEMAIGNEN était la fille d'Eugène Joseph Marcelin MESCHIN et de Marie Suzanne MEUNIER.

Eugène Joseph Marcelin MESCHIN était lui-même le fils unique d'Eugène MESCHIN et de Marceline Anne CHIVERT.

La famille CHIVERT était originaire de Restigné et de Bourgueil en Indre-et-Loire.

Le premier document en notre possession concernant cette famille est du 28 Mars 1726, et, depuis cette date, les titres de propriétés qui nous sont parvenus permettent de reconstituer avec précision la généalogie de cette famille.

 

 

I - Jacques CHIVERT et Marie Anne MESCHINE

 

Le plus ancien membre connu de la famille CHIVERT est Jacques CHIVERT né en 1775. Fils de Claude CHIVERT et d'Enriette Rosalie CHAUFFETEAU, demeurant à Benais (Indre-et-Loire). Madame veuve CHIVERT-CHAUFFETEAU est décédée après 1813.

Il avait cinq frères et soeurs (transaction du 08 Décembre 1813 après le décès de CHIVERT-CHAUFFETEAU) :

1°) Marie CHIVERT épouse de Pierre GARDET, boulanger à Restigné, puis demeurant ensuite à Luynes.

2°) Claude CHIVERT, époux HARDY demeurant à Benais.

3°) René CHIVERT, boulanger à Restigné.

4°) Joseph CHIVERT.

5°) Anne CHIVERT épouse de Joseph GERBERON.

 

Jacques CHIVERT, alors âgé de 22 ans, épousa à Restigné le 08 Pluviose An VI (28 Janvier 1798), Marie Anne MESCHINE âgée de 18 ans (elle était née le 02 Septembre 1779), fille de défunt René MESCHINE et de Marie BOUREAU, demeurant à Restigné.

Le 18 Thermidor An VII (07 Août 1799), Jacques CHIVERT alors boulanger à Benais, et sa femme "voulant se prouver efficacement le tendre attachement qu'ils ont l'un pour l'autre et qu'ils espèrent conserver le reste de leurs jours, et craignant que la mort dont les coups sont toujours au-dessus de notre prévoyance, ne les surprenne et ne leur ôte le moyen de réaliser leurs intentions en profitant de la faculté que les Lois leur donnent, et sans cependant entendre en user au préjudice total de leur famille", se sont fait donation mutuelle et réciproque de tous leurs biens meubles et de l'usufruit de leurs immeubles avec dispense d'inventaire.

 

Les époux CHIVERT-MESCHINE sont encore boulangers à Benais en 1806, mais en 1809 ils sont établis boulangers à Restigné où la femme décède le 21 Mai 1819. L'inventaire fut alors dressé après son décès, malgré la dispense contenue dans la donation mutuelle ci-dessus, le 10 Novembre 1819. Les enfants des époux CHIVERT-MESCHINE avaient pour subrogé-tuteur François Henry MESCHINE, boulanger à Ingrandes dont on ignore la parenté. Les droits de succession furent payés le 17 Novembre 1819 (182 Francs 05). Dans cet inventaire il n'est pas fait mention de Marie Marceline CHIVERT, 3ème enfant de Jacques CHIVERT, alors qu'il est bien fait mention dans la quittance des droits de succession.

 

LA FAMILLE MESCHINE

 

Le premier document que nous possédons concernant la famille MESCHINE est une reconnaissance de dette du 21 Mars 1726 par Jeanne BOUJU veuve de Louis MESCHINE demeurant paroisse d'Allonne, tant en son nom que comme mère et tutrice de ses enfants.

Cette reconnaissance de dette fut confirmée par "un titre nouvel" du 30 Octobre 1751 par les héritiers et enfants de la veuve MESCHIN-BOUJU : Louis MESCHINE et Joseph MESCHINE demeurant à Allonne.

Nous trouvons ensuite un contrat d'acquisition par René Henri Pierre MESCHINE-DESGRAVIERES, serrurier, alors mineur, demeurant à Restigné en date du 22 Mars 1769, aux termes duquel il achète de Pierre MATHIEU, serrurier à Restigné, la nue-propriété d'une maison et d'une pièce de vigne dans le bourg de Restigné au lieu appelé le Carroi des Forges proche le Champ de Foire, dont il fait dresser l'état des lieux le 25 Mars 1769.

Il semble qu'il ait ainsi pris la suite du commerce de serrurier de ce Pierre MATHIEU.

Il n'a pas été possible d'établir la parenté entre ce Henri Pierre MESCHINE et les enfants de Louis MESCHINE- BOUJU.

Il décède après le 1er Décembre 1786, date à laquelle il signe un titre nouvel à Pierre MATHIEU, mais avant 1790.

Ce titre nouvel concernait une rente foncière de dix livres due à René SALMON notaire, en vertu d'un contrat de vente du 19 Octobre 1751 de 4 boisselées de vignes au Clos Galinet, paroisse de Restigné à Pierre MATHIEU, maître serrurier et Catherine DESNOYERS, sa femme, demeurant à Restigné, en présence d'Henri MESCHINE demeurant à Restigné et de Nicolas COURANT, chirurgien à Ingrandes, témoins.

Sa veuve née François Madeleine DEMUZEAU, se remarie à un dénommé MATHIEU (est ce le fils de Pierre MATHIEU ?) et un partage (dont il manque la première et la dernière page, ce qui empêche d'en connaître la date, mais antérieur à la Révolution) intervient entre elle et ses quatre enfants qui sont :

1°) François Jean Théodore MESCHINE, boulanger à Restigné époux d'Agathe Adélaïde ROGER.

2°) Louis Jean MESCHINE.

3°) Marie Anne MESCHINE qui épousera un PHELIPPART, puis après le décès de ce dernier, Louis ALLAIN, et décédera sans enfants avant 1835 laissant ses petits neveux : Urbain Constant CHIVERT et Marie Marcelline CHIVERT. Louis ALLAIN est décédé le 08 Mars 1835 (voir ci-après vente Jacques CHIVERT du 19 Juillet 1835).

4°) Henri Pierre, dit René Charles MECHINE, serrurier à Restigné, décédé en Juillet 1796 après avoir épousé le 25 Novembre 1771, Marie Josèphe BOURREAU (ou MOUREAU).

L'actif partagé comprenait divers immeubles à Restigné, Benais et Bourgueil.

 

Il résulte de l'inventaire dressé après le décès de René Charles MECHINE le 09 Germinal An VI (1er Avril 1798) à la requête de sa veuve, qu'il laissait deux enfants:

1°) René MESCHINE, alors majeur, serrurier à Restigné, célibataire dont on ignore la date du décès.

2°) Marie Anne MESCHINE née à Restigné le 02 Septembre 1779 épouse de Jacques CHIVERT boulanger à Benais (voir acte de Baptême).

 

Cet inventaire contient la description très détaillée du mobilier meublant, de l'outillage de serrurier et l'analyse de nombreuses acquisitions de communauté notamment en biens nationaux.

Parmi ces acquisitions figure une maison à Restigné, dite "L'Ecole" contiguë à celle acquise de Pierre MATHIEU le 22 Mars 1769. Cette maison avait été acquise par René Charles MESCHINE et Marthe FERME, veuve de Patrice BOURDAIS, conjointement, le 04 Messidor An IV des administrateurs du département d'Indre-et-Loire. Elle fut partagée le 09 Fructidor An IV entre les héritiers de la veuve BOURDAIS d'une part et René Charles MESCHINE (ainsi d'ailleurs que la veuve BOURDAIS) étaient donc décédés entre le 04 Messidor et le 09 Fructidor An IV (26 Août 1796). Ce qui paraît surprenant.

Il est curieux de constater que ce partage commence par la formule traditionnelle: "Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre" qui était mort depuis 4 ans !

Cet inventaire est suivi d'un "avis de Parents" du 14 Germinal An VI pour autoriser la mineure Marie MESCHINE épouse de Jacques CHIVERT à procéder au partage de la succession de son père. Le conseil de famille est composé de :

- François Jean Théodore MESCHIN, son oncle, demeurant alors à Ingrandes.

- Louis ALLAIN, tonnelier.

- André JOURGEON, propriétaire, époux de Félicité TACHERE, demeurant à Restigné, son cousin maternel.

- René VILLERONDE époux BAUGE, marchand à Benais, cousin maternel.

Et le 15 Germinal An VI intervient le partage de la succession de René MESCHINE.

 

 

Acquisitions par Jacques CHIVERT

 

Le commerce de boulangerie des époux CHIVERT-MESCHINE devait être prospère car Jacques CHIVERT fit durant sa vie de nombreuses acquisitions.

 

Le 08 Messidor An VIII (27 Juin 1800), il achète à son beau-frère René MESCHINE "une chambre de maison et écurie sous comble couvert en bruyère, cour et jardin situés canton du Peu Mulot" commune de Restigné, ayant appartenu antérieurement à René DROUIN, cultivateur, et Anne FOUCHER, son épouse, et à Feu René MESCHINE et Marie BOUREAU sa femme. L'Etat hypothécaire révèle 13 inscriptions !

 

Le 05 Ventose An VII (24 Février 1800), il achète également à son beau-frère 14 boisselées de vigne à la Closerie des Comtes commune de Restigné avec une cave en roc avec pressoir dont la jouissance est réservée par René DROUIN précédant propriétaire, moyennant 1.500 Francs quittancés par acte du 03 Floréal An VIII. Mais une contre-lettre indique que le prix réel est de 2.000 Francs et qu'en compensation des 500 Francs de différence René MESCHINE, vendeur, jouira pendant 5 ans à compter du 22 Brumaire précédant d'un corps de bâtiment de 4 chambres.

 

Le 22 Brumaire An IX (15 Novembre 1800), il achète toujours de son beau-frère 4 boisselées de terre au Peu Mulot et 2 boisselées et demi de terre "partie affiée de vigne en rangée" au même, ayant appartenu aux époux DROUIN-FOUCHER, à René MESCHINE et Marie BOUREAU, son épouse.

 

Le 20 Prairial An IX (18 Mai 1801), il achète à son beau-frère 2 boisselées et demi de vigne au lieu appelé "Les comptants" ayant la même origine.

 

Le 03 Ventose An XI (23 Février 1803), François DROUIN, tisserand et Jeanne FOUCHER son épouse demeurant à Benais vendent à Jacques CHIVERT un petit morceau de terre "affié en vigne" contenant 4 ares 12 centiares ou 3/4 de boisselées dans la Closerie de Marolles commune de Benais moyennant 100 Francs payés en partie par compensation d'une obligation de 60 Francs souscrite par les vendeurs au profit de l'acquéreurs. L'acte se termine par la vieille formule notariée : "De ce que dessus, jugeant respectivement les parties, nous en avons dressé acte". (Le notaire, dans l'ancien droit, était un juge amiable).

 

Le 14 Nivose An XIII (06 Janvier 1805), Jacques CHIVERT et Marie MESCHINE, son épouse, établissent une convention avec les héritiers de René DROUIN d'Anne FOUCHER. Ils exposent que par acte des 24 Novembre 1785 et 16 Juillet 1787, René DROUIN et Anne FOUCHER avaient vendu aux époux René MESCHINE DESGRAVIERES-BOUREAU, avec réserve d'usufruit, tous leurs biens, meubles et immeubles situés à Restigné.

René DROUIN étant venu à décédé le 10 Nivose An XIII à Peu Mulot commune de Restigné dans une maison vendue, dont il s'était réservé la jouissance, ses héritiers reconnaissent que Jacques CHIVERT et Marie MESCHINE sont légitimement propriétaires des biens acquis par les époux MESCHINE-BOUREAU (et sans doute à la suite des licitations ci-dessus consenties par René MESCHINE à Jacques CHIVERT) à charge par eux de payer les dettes de René DROUIN.

Toutefois les héritiers de René DROUIN conserveront son mobilier.

Les époux DROUIN-FOUCHER devaient être les descendants d'Elisabeth Anne DROUIN veuve de Charles DROUIN, écuyer, conseiller du Roy, contrôleur ordinaire des guerres, qui, au nom et comme mère et tutrice de ses enfants mineurs et se portant fort pour ceux majeurs, demeurant à l'Isle Bouchard rendit le 05 Janvier 1775 un compte d'usufruit dont l'acte est joint à la vente du 14 Nivose An XIII ci-dessus analysée.

Il est expliqué dans cette acte que :

"Charles DROUIN et le sieur François SENARD ayant demeuré plusieurs années ensemble dans l'Isle de Saint-Domingue avec une union si parfaite que tous leurs biens étaient communs. Ledit SENARD se vit forcé en 1744 de repasser, en France pour sa santé ; qu'alors ils voulurent assurer par un acte authentique leur société qui n'avait alors eu pour base que leur amitié et leur confiance mutuelle. Alors ils passèrent acte devant AURIOL, notaire royal au Cap François par lequel ils confirmèrent leur société verbale et en établir une générale de tous leurs biens présents et futurs tant en Amérique qu'en France pendant leur vie".... Par son testament le sieur SENARD légua l'usufruit de ses biens à Charles DROUIN qui décéda le 27 Septembre 1774.

 

Le 17 Nivose An XIII (09 Janvier 1805) Jacques CHIVERT, achète à Etienne FERME et Marie MOREAU, son épouse demeurant à Restigné une maison à Restigné, place de l'Eglise moyennant "4.500 Frs tournois numéraire métallique".

 

Le 10 Frimaire An XIV (02 Décembre 1805), il loue pour 9 ans à Pierre PETIT, cultivateur à Restigné diverses pièces de terre à Restigné moyennant 40 Frs et deux poulets.

 

Les 1er Mai 1806, 14 Septembre 1809, 30 Décembre 1811 et 04 Mars 1813, il fait de nouvelles acquisitions de divers vendeurs, de terres, vignes et bois à Benais, Restigné et Ingrandes.

 

Le 17 Novembre 1815, Jacques CHIVERT et René CHIVERT son frère, tous deux boulangers, l'un à Restigné, l'autre à Renais, achètent à Pierre GARDET, boulanger et Marie CHIVERT, son épouse, demeurant à Luynes, leur soeur, tous les droits de Madame GARDET dans la succession de leur père et mère, Claude CHIVERT et Anne Rosalie CHAUFFETEAU, consistant en différentes pièces de terre, moyennant "4.000 livres tournois ou 3.950 Frs 37 centimes".

Le 15 Mai 1816, les frères Jacques et René CHIVERT se partagent ces immeubles.

 

Le 10 Mai 1818, Jacques CHIVERT achète encore un bois à Restigné.

Après le décès de sa femme survenu le 21 Mai 1819, Jacques CHIVERT continue ses acquisitions (21 Avril 1822, 09 Mai 1824, 1er Août 1827, 30 Septembre 1827, 10 Juin 1828, 10 Juillet 1830, 22 Août 1830, 10 Juin 1832, 31 Juillet 1883).

 

Le 19 Juillet 1835, il achète les 8/24 de divers immeubles à Restigné, notamment une maison près le Cimetière, (appelée depuis "La Motterie") pour 6.666 Frs 67 de:

1 - Brice BUSSON, marchand tanneur à Langeais, et Eugénie MESCHINE, son épouse.

2 - Jean BUSSON, maître des postes à Langeais et Caroline MESCHINE, son épouse.

3 - Urbain MAHE, percepteur et Agathe Louise MESCHINE, son épouse, demeurant ensemble à Chouze-sur-Loire.

4 - Abel MESCHINE, percepteur à Chamay.

Héritiers pour 4/24.

 

5 - Jacques Constant BOUNINEAU, marchand à Beaulieu-sous-Bourbon.

6 - Jean MARCHANDEAU, cultivateur et Virginie VILLENOT, son épouse, demeurant au château d'Olonne.

7 - Rosalie VILLENOT, domestique au château d'Olonne.

8 - Céleste VILLENOT, domestique à Olonne.

9 - Jacques Louis NICOLLAIZEAU, mineur, issu du mariage de Véronique MESCHINE avec Joseph NICOLLAIZEAU.

 

Les biens vendus provenaient de la succession de Louis ALLAIN, tonnelier, décédé le 08 Mars 1835 à Restigné, donataire de sa femme, Marie Anne MESCHINE.

Jacques Constant BOUNINEAU était héritier de Louis ALLAIN par représentation de Marie MESCHINE, sa mère, et du sieur Jacques MESCHINE, chirurgien, son aïeul.

Les filles VILLENOT et le mineur NICOLLAIZEAU, par représentation de Véronique MESCHINE, leur mère, veuve en premières noces de Pierre VILLENOT, et épouse en secondes noces de Joseph NICOLLAIZEAU (Jacques MESCHINE chirurgien, étant leur aïeul).

Qui était ce Jacques MESCHINE qui eut pour filles Marie MESCHINE et Véronique MESCHINE ? Quelle parenté y avait-il avec Marie Anne MESCHINE épouse ALLAIN ? Etait-ce un frère de René Henri Pierre MESCHINE DESGRAVIERES ?

Par acte du 27 Août 1835, les frères BUSSON susnommés avaient acquis les 2/24 appartenant à Agathe MESCHINE et à Abel MESCHINE dans lesdits biens, et par un autre acte du même jour il fut procédé entre Jacques CHIVERT acquéreur des 8/24, ses enfants (Marie Marceline et Urbain Constant) propriétaires des 4/8 comme héritiers de Marie Anne MESCHINE épouse ALLAIN, leur grand tante, et les frères BRICE et Jean BUSSON, propriétaire des 4/28 de surplus, aux partages desdits biens.

 

Enfin le 25 novembre 1843, Jacques CHIVERT achète encore une pièce de terre et de vigne à Restigné.

 

 

Enfants des époux CHIVERT-MESCHINE

 

Les époux CHIVERT-MESCHINE eurent trois enfants :

1°) François Henry CHIVERT qui décéda mineur le 31 Octobre 1826 à Restigné (droits de succession payés le 27 Avril 1827 : 150 Frs 31)

2°) Urbain Constant CHIVERT né entre 1814 et 1819, boulanger à Restigné, épouse Marie Eléonore GIRARD (projet de contrat de mariage du 05 Octobre 1845 avec la liste des immeubles apportés par le futur époux). Il décède sans enfant à Benais le 12 Mai 1864 laissant sa nièce Madame MESCHIN-CHIVERT pour seule héritière.

3°) Marie Marceline CHIVERT née entre 1814 et 1819 épousera son cousin Joseph Pierre CHIVERT.

Il est curieux de remarquer que les deux enfants survivants de Jacques sont nés entre 1814 et 1819, c'est à dire lorsque leur mère était âgée de 35 à 40 ans. En effet, ces enfants étaient mineurs en 1835 ( voir partage du 27 Août 1835), ils sont donc nés après 1814.

 

 

Donation-partage par Jacques CHIVERT à ses parents

 

Par acte du 17 Février 1841, Jacques CHIVERT fait donation à titre de partage anticipé à ses deux enfants survivants.

Son fils, Urbain Constant lui succède comme boulanger à Restigné. Les biens donnés et partagés comprennent environ 9 hectares de terres, vignes et bois, une maison "où pend l'enseigne A L'ECU DE FRANCE" sur la route de Tours à Bourgueil, à Restigné, une autre maison à Restigné à la Closerie des Chevalliers et une troisième dans la même commune.

 

 

Décès de Jacques CHIVERT

 

Jacques CHIVERT, veuf depuis 1819, décéda à Restigné le 21 Février 1847.

Son fils et sa fille procédèrent au partage de ses biens le 18 Mars 1847 et leurs droits indivis dans la succession de Madame ALLAIN-MESCHINE, leur grand tante, qui comprenaient la maison à Restigné près de Cimetière, acquise à titre de licitation par les actes sus-énoncés des 19 Juillet et 27 Août 1835, et la pièce de terre et vigne acquise par Jacques CHIVERT le 25 Novembre 1843, après la donation-partage.

Les droits de succession (90 Frs 55) sont payés le 26 Juin 1847.

 

 

II - Joseph Pierre CHIVERT et Marie Marceline CHIVERT

 

Rappelons tout d'abord, pour la bonne intelligence de ce qui va suivre :

1°) Que les époux MESCHINE-DESGRAVIERES-DEMUZEAU eurent quatre enfants :

- François Théodore MESCHINE, boulanger à Restigné dont on ignore la descendance. On sait seulement de lui qu'il vendit le 27 Nivose An XII à Louis ALLAIN et Marie MESCHINE son épouse, une maison à Restigné qui avait appartenu à René Henry Pierre MESCHINE, son père.

- Louis Jean MESCHINE dont on ignore également la descendance.

- Marie Anne MESCHINE épouse ALLAIN en secondes noces décédée le 08 Mars 1835 sans enfants laissant ses petits neveux pour héritiers (Urbain Constant CHIVERT et Marie Marceline CHIVERT).

- René Charles MESCHINE époux BOUREAU, décédé en Juillet 1796 laissant 2 enfants : René MESCHINE serrurier à Restigné dont on ignore la date du décès et la descendance et Marie Anne MESCHINE née le 02 Septembre 1779 (acte de baptême) épouse de Jacques CHIVERT.

2°) Que les époux CHIVERT-MESCHINE eurent 3 enfants dont un (François Henry) décédé célibataire mineur ; les deux survivants étant : Urbain Constant CHIVERT boulanger à Restigné époux de Marie Eléonore GIRARD, et Marie Marceline CHIVERT qui épousera son cousin Joseph Pierre CHIVERT.

3°) Que Jacques CHIVERT avait 5 frères et soeurs :

- Anne CHIVERT épouse GERBERON dont on ignore la descendance.

- Claude CHIVERT époux HARDY dont on ignore la descendance.

- Marie CHIVERT épouse de Pierre GARDET boulanger à Restigné dont on sait seulement qu'ils eurent un fils : Pierre Joseph CHIVERT, aubergiste à Cheille.

- Joseph CHIVERT dont on ignore la descendance.

- René CHIVERT, boulanger à Restigné dont on ignore le nom de la femme, qui eut un fils : Joseph CHIVERT époux de Louise DARCOURT décédée après 1855.

 

Comme on le voit la famille CHIVERT était une famille de boulangers, alors que les MESCHINE étaient serruriers de père en fils.

 

(Louise DARCOURT épouse de Joseph CHIVERT était la fille de Pierre DACOURT et de Marie PRUNIER décédés avant 1818. Elle avait un oncle : Pierre PRUNIER et une soeur Anne DARCOURT épouse de Léonard LASSERRE, huissier (partage du 27 Décembre 1855).

 

Joseph CHIVERT-DARCOURT, fils de René CHIVERT eut cinq enfants :

1°) Marie Louise CHIVERT épouse de Joseph DESAUNAY receveur buraliste à Bourgueil;

2°) Louis Léonard CHIVERT, négociant à Saumur, décédé en 1886 qui épouse en premières noces Honorine CHEVALIER et en deuxièmes noces sa belle-soeur Rosa CHEVALIER née en 1832, décédée à Saumur le 04 Août 1904.

3°) Henriette Anne CHIVERT décédée célibataire à Bourgueil

4°) Joséphine CHIVERT épouse de Benjamin TAILLEBUIS demeurant à Bourgueil, qui eut une fille : Joséphine TAILBUIS épouse POIRIER.

5°) Joseph Pierre CHIVERT serrurier et marchand de fer à Bourgueil, né, semble-t-il en 1811 (voir permis de chasse de 1867 et 1862), qui épouse sa cousine Marie Marceline CHIVERT fille de Jacques CHIVERT-MESCHINE.

 

Aux termes de son contrat de mariage du 13 Septembre 1836, Joseph Pierre CHIVERT apportait en mariage "la boutique de serrurerie" que son père faisait valoir à Bourgueil, estimée outils et clientèle compris à 1.500 Francs et qu'il constituait en dot à son fils, et Jacques CHIVERT constituait en dot à sa fille la somme de 2.000 Francs en avancement sur ses droits dans la succession de sa mère.

Le 23 Janvier 1837, Joseph Pierre CHIVERT louait une maison à Bourgueil pour s'y loger.

Le 08 Décembre 1837, Marie Marceline CHIVERT léguait par testament authentique à son mari l'usufruit des biens de sa succession.

Le 09 Décembre 1842, Joseph Pierre CHIVERT, marchand de fer (et non plus serrurier) et Marie Marceline CHIVERT demeurant à Bourgueil achetaient une maison à Bourgueil rue du Commerce et rue du Pot, moyennant le prix de 8.000 Francs, et le 24 Mai 1847, ils achetaient un jardin à Bourgueil rue de l'Ormeau, clos de murs moyennant le prix de 1.900 Francs.

Les époux CHIVERT-CHIVERT eurent 2 enfants :

1°) Marie Alphonsine CHIVERT décédée le 25 Février 1853 (concession au cimetière de Bourgueil du 22 Février 1854).

2°) Marceline Anne CHIVERT née à Bourgueil le 13 Novembre 1840 qui épousa Eugène MESCHIN et décédera à Chinon le 31 Mai 1893.

 

Joseph Pierre CHIVERT semble avoir exploité avec succès son commerce de marchand de fer à Bourgueil. Peut-être fut-il aidé par l'oncle de sa femme, René MESCHINE qui était serrurier à Restigné. Lors du mariage de sa fille, en 1860, il avait déjà cessé l'exploitation de son commerce.

Le 15 Juillet 1855, il se fait délivrer un passeport par le Maire de Bourgueil pour se rendre à Bordeaux avec sa fille Marceline Anne alors âgée de 15 ans

Le 26 Janvier 1856, il achète un bois à Benais.

Sa femme, Marie Marceline CHIVERT, décède le 16 Décembre 1856 à Bourgueil à l'âge d'environ 40 ans.

L'inventaire est dressé le 12 Février 1857 par Me DURAND notaire à Bourgueil.

Par suite de ce décès, Urbain Constant CHIVERT est nommé subrogé tuteur de sa fille Marceline Anne, par délibération du conseil de famille du 26 Janvier 1857 dont les membres étaient :

- Joseph CHIVERT-DARCOURT, son aïeul maternel.

- Louis Léonard CHIVERT, son oncle paternel.

- Marie CHIVERT épouse DEZAUNAY sa tante paternelle.

- Urbain Constant CHIVERT son grand père maternelle.

- Pierre Joseph GARDET, cousin germain de la mère de la mineure.

- Félix CHIVERT-BARBIN demeurant à Saint-Patrice, cousin germain de la mère de la mineure. (Sans doute fils de Claude ou de Joseph CHIVERT).

 

Les droits de succession après le décès de Madame CHIVERT-CHIVERT sont payés les 11 et 12 Juin 1857 (920,75 Francs et 19 Francs 79).

Après le décès de sa femme, Pierre Joseph CHIVERT vend le 1er Septembre 1859, une maison à Bourgueil rue de l'Isle (Place Hublin) et le 23 Janvier 1860 des terres à Ingrandes, mais il achète le 05 Décembre 1860 une maison rue du Pot à Bourgueil et le 13 Novembre 1876 un bois à Restigné (il demeurait alors à Chinon).

En 1862 et 1867 il lui est délivré un permis de chasse par le sous-préfet de Chinon (en 1862 il demeurait à Bourgueil et en 1867 à Chinon).

D'après ces permis de chasse, il mesurait un mètre soixante cinq ou un mètre soixante neuf, il avait les yeux bruns, le nez gros et portait la barbe.

Joseph Pierre CHIVERT décéda à Chinon d'une crise cardiaque le 03 Décembre 1884 laissant sa fille, Marceline Anne pour seule héritières

D'après sa déclaration de succession, il possédait un jardin à Chinon rue Porte de la Barre, une maison à Bourgueil rue du Pot, 66 ares de terre et vigne et 30 ares de pré à Bourgueil.

C'était un bon vivant, très gai, qui aimait bien faire des farces à ses amis, sans doute pour se distraire de son précoce veuvage. Sa fille avait exigé qu'il vint habiter chez elle à Chinon car elle redoutait un peu ses frasques de veuf joyeux.

Il s'est toujours intéressé à l'exploitation de ses vignes de Bourgueil et de Restigné et en vendait le vin.

 

 

III - Marceline Anne CHIVERT épouse Eugène MESCHIN et Urbain Constant CHIVERT, son oncle

 

Marceline Anne CHIVERT est née à Bourgueil le 13 Novembre 1840. Elle épousa Eugène MESCHIN, caissier de banque à Chinon le 02 Septembre 1860. Elle eut un fils unique : Eugène Joseph Marcelin MESCHIN né à Chinon le 31 Octobre 1861. Elle décéda à Chinon le 31 Mai 1893.

Nous retracerons sa vie dans l'étude de la famille MESCHIN.

Elle était très liée avec son oncle Urbain Constant CHIVERT qui fut boulanger à Restigné qui avait épousé Marie Eléonore GIRARD. Aux termes de son contrat de mariage du 05 Octobre 1845, il possédait alors environ 5 hectares en diverses parcelles de terre, vigne et bois à Restigné et à Benais et une maison à Restigné.

Le 18 Mars 1847, il partage avec sa nièce divers immeubles dont une maison à la Motterie près le Cimetière commune de Restigné. qui dépendaient de la succession de Madame ALLAIN-MESCHINE.

En vertu de ce partage, il reçoit une partie de la maison et 22 ares 56 centiares de vigne à la Motterie.

Le 09 Mai 1847, il achète une vigne et une pièce de terre à Benais et le 04 Septembre 1847 un bois à Benais.

Le 24 Juin 1851, il achète une ancienne auberge nommée "La Chapelle" à Saint-Michel-sur-Loire et deux morceaux de terre à Pont Boutard, même commune, moyennant 2.200 Francs.

Le 25 Juin 1854, il achète un marais, pré et aulnaie à Pont Boutard commune de Saint-Michel-sur-Loire.

Il cesse son commerce de boulanger vers 1855, car dans un acte du 04 Février 1856, il est qualifié "ancien boulanger".

Le 27 Juillet 1856, il loue la maison et diverses pièces de terre à Pont Boutard.

Le 04 Février 1860, il achète la nue-propriété d'un grange et de terre commune de Continvoir.

Urbain Constant CHIVERT qui habitait encore à Restigné en 1861, décède à Benais le 12 Mai 1864, sans enfant, laissant pour seule héritière sa nièce Madame MESCHIN-CHIVERT.

Par acte reçu par Me CHIVERT (ce n'était pas un parent), notaire à Restigné le 27 Septembre 1864, Madame veuve Constant CHIVERT à abandonné l'usufruit auquel elle avait droit sur la succession de son mari, sauf sur une maison au bourg de Restigné et diverses parcelles de terre à Restigné et Saint-Michel-sur-Loire, mais à charge d'une rente viagère de 600 Frs par Madame MESCHIN-CHIVERT qui fut payée jusqu'à son décès.

Le 17 Décembre 1864, il est dressé un état des lieux de la maison de Restigné dont Madame veuve CHIVERT s'était réservée l'usufruit.

Le 14 Février 1865, Madame MESCHIN-CHIVERT échange une pièce de terre à Restigné dépendant de la succession de son oncle. C'est par cet acte qu'on connaît la date de décès d'Urbain Constant CHIVERT (12 Mai 1864 à Benais) et la date de l'inventaire dressé par Me CHIVERT après son décès (25 Mai 1864).

Peu après le décès de son mari, Madame CHIVERT-GIRARD perdit la maison et fut interdite ; elle avait pour tuteur Jean GIRARD-HUBERT, propriétaire à Benais (réclamation du Bureau de l'Enregistrement de Langeais par omission dans la déclaration de succession du 31 Octobre 1861).

Elle décéda dans la maison de Pont Boutard le 15 Janvier 1903 (réclamation du Bureau de l'Enregistrement de Bourgueil demandant le dépôt de la déclaration de succession).

 

 

IV - Quelques lettres

 

Nous n'avons que quelques rares lettres concernant la famille CHIVERT.

Une lettre de voeux, à l'orthographe fantaisiste, d'un ami adressée à Joseph Pierre CHIVERT le 1er Janvier 1858.

Une lettre d'un client, du 10 Avril 1858 à propos d'une commande de fer.

Le 02 Juin 1859, un de ses amis de Tours lui offre son appartement pour qu'il y séjourne avec sa fille pendant la session des Assises.

Une lettre du 21 Juillet 1861, demandant à Joseph Pierre CHIVERT de lui envoyer de son "bon vin de Bourgueil".

Une lettre du 31 Mars 1863 demandant un délai pour régler un billet.

Une lettre de Madame MESCHIN-CHIVERT à son père du 27 Octobre 1863, "le petit Eugène se porte à merveille ; il a très bon apétit". elle demande des nouvelles de son oncle Constant CHIVERT et désire savoir combien il a récolte de vin. "Il y a dans le coffre de la voiture un paquet pour ma tante Joséphine". (Joséphine CHIVERT épouse TAILBUIS).

Le 26 Novembre 1866, un client lui demande un délai pour le payer. Même lettre du 07 Décembre 1866.

Les 21 Mars 1869, 23 Mars 1869 et 21 Novembre 1869, un dénommé RONCE, entrepreneur de serrurerie à Périgueux écrit à propos de la succession de son oncle VINCELOT décédé à Chinon, demandant à Joseph Pierre CHIVERT de s'en occuper.

Le 28 Décembre 1878, Marie Louise CHIVERT lui adresse ses voeux et le 30 Décembre 1878, son autre nièce Madeleine CHIVERT lui adresse également ses voeux à peu près dans les mêmes termes. Il s'agit de ses nièces, filles de son frère Louis Léonard CHIVERT et de Rose CHEVALIER.

Parmi ces lettres on trouve :

- un petit billet écrit par Marcelline CHIVERT à sa maîtresse qu'elle appelle "Chère petite maman" se plaignant qu'elle ne soit pas encore venue la voir. Il s'agit de Marceline Anne CHIVERT qui avait perdu sa mère à 16 ans.

- un autre petit billet adressé à "Mademoiselle Marcelline CHIVERT à Saumur" par son amie de classe Marie PATURAL ainsi rédigé :

 

"Ma chère amie,

Je n'osais pas vous écrire mais puisque vous voulez bien je vous écrirez toujours et si vous le voulez bien nous continuerons et vous apporterai un bouquet vendredi ; ne soyez point fachée si je ne vous en ai pas donné un aujoud'hui, c'est parce qu'ils étaient promis. Adieu. Je suis pour la vie votre amie, vous le voulez bien. Réponse de suite."

 

 

V - Les descendants de Louis Léonard CHIVERT

 

On a vu que Joseph Pierre CHIVERT avait trois soeurs (Marie Louise épouse DESAUNAY, Henriette Anne décédée célibataire et Joséphine épouse TAILLEBUIS) et un frère : Louis Léonard CHIVERT qui était négociant à Saumur et qui décéda en 1886.

Il épousa en premières noces Honorine CHEVALIER et en deuxième noces sa belle soeur Rose CHEVALIER qui était née en 1832 et qui décéda à Saumur le 04 Août 1904.

 

De son premier mariage, il eut une fille :

Marthe CHIVERT qui épousa Victor BODIN, négociant en cuirs à Thouars, décédé à Saint-Gilles (Vendée), le 06 Janvier 1941, à 85 ou 90 ans.

Elle décéda elle-même à Saint-Gilles le 17 Janvier 1927.

Les époux BODIN-CHIVERT eurent quatre enfants :

1°) Hermine BODIN née le 11 Novembre 1873 qui épousa André LEROY, elle n'eut pas d'enfants. Elle habita à Paris, 10 rue Oudinot puis dans une maison de retraite à Malmaison. Son mari décédé avant 1939 était substitut du procureur de la Seine. Elle est décédée le 05 Janvier 1977 (obsèques à Saint-François-Xavier à Paris le 11 Janvier 1977).

 

2°) Marthe BODIN qui décéda célibataire vers 1870 ou 1880 .

 

3°) Germaine BODIN née le Novembre 1879 qui épousa René LEROY (décédé à Nantes le 02 Janvier 1942) (frère d'André LEROY) colonel à Nantes. Elle décéda à Nantes le 10 Septembre 1975 à 95 ans.

Les époux LEROY-BODIN eurent 3 enfants :

a) Germaine LEROY qui épousa Joseph PERRAULT industriel à Nantes et qui eut 7 enfants : Michel, Hélène, Yvonne, Jacques, Maurice, Cécile, François et Georges.

b) Jacques LEROY qui épousa Marie Louise WEIL-BOUVET. Ils adoptèrent un enfant : André.

c) Marie Cécile LEROY née en Juillet 1921 à Bonn (Allemagne) qui épousa Michel RENAULT industriel à Paris et qui eut 5 enfants : Micheline née le 1er Janvier 1944, Dominique (décédé), Jean François, Brigitte et Patrick.

 

4°) Victor BODIN né à Thouars le 02 Janvier 1887, ingénieur à Paris qui épousa en premières noces Mathilde KELLER juive, fille d'un rabbin ce qui provoqua le refus des parents BODIN pour consentir au mariage. Victor BODIN l'épousa cependant alors qu'elle était enceinte et elle fut baptisée pour pouvoir se marier (Hermine et André LEROY furent ses parrain et marraine). A la suite de ce baptême la famille KELLER rompit avec sa fille. Son fils, Victor fut tué à la guerre de 1939-1945 en Italie. Puis Victor BODIN père, épousa en deuxièmes noces, Françoise LALESQUE fille d'un chirurgien d'Arcachon, dont il eut 4 enfants : Yves, Jacques, François, et Jean Paul. Victor BODIN-LALESQUE décéda à Arcachon vers 1970.

 

 

 

De son deuxième mariage avec sa belle-soeur, Rose CHEVALIER, Louis Léonard CHIVERT eut cinq enfants :

1°) Marie Léonie CHIVERT décédée célibataire en bas âge.

 

2°) Maurice CHIVERT décédé célibataire en bas âge, né vers 1860.

 

3°) Madeleine CHIVERT née en 1866, religieuse à Saint-Mandé, décédée le 11 Août 1949.

 

4°) Marie Louise CHIVERT née le 23 Avril 1868 décédée célibataire à Saumur le 03 Mai 1942. (On a cité plus haut les lettres de voeux qu'écrivaient Madeleine et Marie Louise CHIVERT les 28 et 30 Décembre 1878 à leur oncle Joseph Pierre CHIVERT).

 

5°) Renée CHIVERT née le 22 Septembre 1864 qui épousa Paul GODET, imprimeur à Saumur (décédé le 23 Mai 1946). Elle décéda le 28 Décembre 1946 laissant cinq enfants :

a) Paul GODET né le 06 Novembre 1885, décédé le Janvier 1972, Lieutenant Colonel, qui épousa Gabrielle GERARD veuve en premières noces de Monsieur SAROLA dont elle avait eu un fils. De son mariage avec Gabrielle GERARD, Paul GODET eut un fils : Henri GODET né le 16 Juillet 1920, industriel à Paris, époux de Françoise DUBOIS dont il eut deux enfants : Alain et Chantal.

b) Marie Anne GODET née le 11 Juillet 1887, célibataire, demeurant à Saumur, décédée le 25 Novembre 1950 à Angers.

c) Louis GODET né le 28 Janvier 1894, décédé à la guerre, célibataire le 1er Octobre 1914. (Bataille de la Marne).

d) Geneviève GODET née le 11 Août 1899, religieuse des Soeurs de Saint Vincent de Paul à Athée (37) et précédemment à l'Haye-les-Roses.

e) Madeleine GODET née le 27 Février 1889 qui épousa le 25 Septembre 1913 Fernand CHARRON, Doyen de la Faculté Catholique des Sciences d'Angers. Les époux CHARRON-GODET sont décédés, la femme à Angers le Décembre 1960 et le mari à Angers le Février 1963.

Ils eurent quatre enfants :

1°) Noël CHARRON né le 11 Décembre 1921 à Angers, contremaître, qui épousa Susy OPICCI, originaire de Corse, dont il eut deux filles, Claude et

 

2°) Odile CHARRON née le 25 Mars 1917 à Angers, licenciée Es Sciences, épouse de Georges LINDEMANN (mariage à la Garenne Colombe du 1er Février 1946), ingénieur à Paris. Demeurant depuis à Gap (05000), 37 avenue d'Embrun.

Ils eurent 3 enfants :

a) Jean Noël LINDEMANN né à la Garenne Colombe le 22 Décembre 1946, diplomé HEC, époux de Renée .

b) Myriam LINDEMANN née à la Garenne Colombe le 20 Septembre 1948, professeur de mathématiques, épouse de Jean Marie THOMAS.

c) Dominique LINDEMANN né à la Garenne Colombe le 20 Janvier 1950, époux de Josette SAGNARD.

 

3°) François CHARRON né le 17 Juillet 1919 à Angers qui épousa Jacqueline CHARTIER, fille du notaire de Saint-Jean de la Motte (72). Il est ingénieur dans l'aviation à Paris et il a 4 enfants :

a) Mireille CHARRON née à le agrégée de Sciences, épouse de .

b) Béatrice CHARRON née à le , épouse de SANDRE ayant 4 enfants.

c) Elisabeth CHARRON née à le .

d) Marie Christine CHARRON née le 30 Décembre 1950.

 

4°) Paul CHARRON né le 28 Juillet 1914, ingénieur à Nantes qui épousa Jacqueline PEROT dont il eut 4 enfants :

a) Hubert CHARRON époux de .

b) Bertrand CHARRON.

c) Jacques CHARRON.

d) Patrick CHARRON.

 

Comme on vient de le voir les descendants de Louis Léonard CHIVERT sont particulièrement nombreux puisqu'en 1976 on ne compte pas moins de trente arrière-arrières petits enfants.

 

 

Résumé de la famille CHIVERT

 

Le plus ancien ancêtre connu de la famille CHIVERT est Claude CHIVERT qui décéda avant 1813. Il eut six enfants dont 3 étaient boulangers à Restigné. L'un d'eux épousa Marie Anne CHIVERT le 08 Pluviose An VI, fille d'une famille de boulangers et de serruriers à Restigné.

Les époux CHIVERT-MESCHINE eurent 3 enfants, dont l'une, Marie Marceline CHIVERT épousa son cousin Joseph Pierre CHIVERT le 13 Septembre 1836. Joseph Pierre CHIVERT fut serrurier à Bourgueil puis marchand de fer à Chinon. Il décéda à Chinon le 03 Décembre 1884.

De l'un de ses frères (Louis Léonard CHIVERT) sont issues les familles BODIN, LEROY, GODET et CHARRON.

Joseph Pierre CHIVERT eut deux filles dont l'une décédée en bas âge. L'autre, Marceline Anne épousa Eugène MESCHIN le 25 Septembre 1860 . Elle décéda à 53 ans à Chinon le 31 Mai 1893. Les époux MESCHIN-CHIVERT n'eurent qu'un fils : Eugène Joseph Marcelin MESCHIN décédé le 18 septembre 1926, père de Madame LEMAIGNEN.

Les biens immobiliers de la famille CHIVERT étaient situés sur les communes de Restigné, de Bourgueil et les communes environnantes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Famille Meschin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons vu en étudiant la famille CHIVERT que Marceline Anne CHIVERT avait épousé Eugène MESCHIN.

Eugène MESCHIN était le fils de Jean MESCHIN et d'Anne VAZEREAU.

Jean MESCHIN était lui-même le fils unique de Jean MESCHIN et Louise MESCHIN.

Il n'est pas possible de dire si les époux Jean et Louise MESCHIN étaient apparentés. Peut-être étaient-ils cousins ?

Notre étude de la famille MESCHIN sera divisée en deux chapitres :

- Le premier concernant le famille de Louise MESCHIN (branche MESCHIN-GATTET) qui s'éteint rapidement.

- Le second concernant le famille de Jean MESCHIN (branche MESCHIN-DAVID) qui s'éteint avec le décès d'Eugène Joseph Marcelin MESCHIN en 1926).

 

 

I - Branche MESCHIN-GATTET

 

Extrait des registres de baptêmes, mariages et sépultures de la Paroisse de Lerné, district de Chinon, département d'Indre-et-Loire, pour l'année 1768, délivré par le Secrétaire Greffier de la Municipalité de Lerné le 1er Mars 1793 An deuxième de la République :

"Le 29 Janvier 1768 a été baptisée Louise fille de Pierre MESCHIN, garde de la terre de Chavigny et de Marie GATTET sa légitime épouse. Le parrain a été Etienne PROUTEAU garçon et la marraine Louise MAUREAU, fille qui a dit ne savoir signer ; le père absent ; minute signée Etienne PROUTEAU et P.GUILLAU, vicaire".

Pierre MESCHIN est qualifié "garde de chasse de la Seigneurie de Chavigny, y demeurant paroisse de Lerné" dans un acte du 07 Mars 1779 et dans un acte de la veille (06 Mars 1779) "garde des chasses et bois de la terre de Chavigny". En vertu de ces actes il achète conjointement avec un sieur Louis BRECHOTTE, jardinier au château de Chavigny 6 boisselées de vignes aux Plantes, paroisse de Lerné, qu'il partage avec BRECHOTTE le 15 Mai 1780.

Il est décédé entre le 16 Floreal An VI, date à laquelle il achetait conjointement avec Jean MESCHIN son gendre, de Pierre MESCHIN cultivateur à Cinais, son neveu, des terres et vignes à Lerné, et le 27 Pluviose An IX, date à laquelle il est procédé à une expertise d'un bois lui ayant appartenu.

Marie GATTET sa femme est elle-même décédée avant le 26 Pluviose An X date à laquelle il est procédé au partage des biens des époux MESCHIN-GATTET entre:

- Pierre MESCHIN, leur fils, menuisier à Lerné époux de Marie PARFAIT.

- Marie MESCHIN, leur fille, épouse de François Barthélémy PERROTEAU (ou PROUTEAU).

Et le mineur Jean MESCHIN, leur petit fils par représentation de Louise MESCHIN leur fille décédée le 22 Thermidor An VIII épouse de Jean MESCHIN (ce dernier avait été nommé tuteur de son fils le 11 Pluviose précédent).

Les époux MESCHIN-GATTET possédaient de nombreuses terres, vignes et caves à Lerné et à Thizay désignées dans ce partage.

Nous retrouverons Jean MESCHIN dans l'étude de la branche MESCHIN-DAVID.

Marie MESCHIN de son premier mariage avec François Barthélémy PROUTEAU (ou PERROTEAU, ainsi dénommé dans une assignation du 21 Août 1809) cultivateur à Lerné, eut un fils : Louis PROUTEAU, sabotier à Lerné. Elle épousa en secondes noces Antoine MEIGNAN, cultivateur à Lerné, on ne sait rien de leurs descendants.

Quant à Pierre MESCHIN, il était né en 1765. Il était menuisier et fut maire de Lerné vers 1830. Il épousa à Seuilly le 15 Février 1798, Marie PARFAIT ainsi qu'il résulte de son acte de mariage inscrit sur les registres des actes de l'Etat Civil de la commune de Lerné (voir un extrait de ce registre, dossier CHIVERT). Marie PARFAIT était alors âgée de 26 ans, elle était fille de Charles PARFAIT, alors décédé et de Marguerite LEBLOIS demeurant à Seuilly.

Il décéda à Lerné le 26 Octobre 1848, après avoir institué son neveu Jean MESCHIN légataire universel par testament du 02 Juillet 1845.

Ce testament, déposé au rang des minutes de Me MORICET, notaire à Lerné le 08 Novembre 1848, est ainsi conçu :

"Moi Pierre MESCHIN, sain d'esprit quoique courbé sous le poids de 80 ans, assis en présence de Dieu en ma Chambre à coucher devant la seule croisée levant, fais ainsi mon testament. En témoignage de mon amitié et de ma confiance, je nomme mon légataire universel Jean MESCHIN, mon neveu demeurant à Chinon à charge par lui de pouvoir consciensieusement à assurer à Romain TAROT mon petit fils dont il est le curateur la portion de biens, meubles et immeubles que la loi lui réserve et je veux que, après la dite portion réservée par la loi audit TAROT, et les legs ci-dessous, la portion de biens ou argent soit employée aux frais de son apprentissage et de son entretien, et dans le cas ou ledit TAROT n'apprendrait rien ou se conduirait mal au grè de son tuteur, la somme qui resterait soit donné à un établissement d'orphelin, au choix de mondit légataire".

Suivent divers legs particuliers : 80 Francs pour ses frais funéraires, savoir 31 Francs pour sa sépulture et 13 Francs pour 36 messes à son intention et celle de sa femme, laquelle somme doit être remise à Monsieur PAIMPARE curé à Lerné, deux boisselées de terre au Champ Bacher à Jean MESCHIN, et 40 Francs à Anne PICOU, servante du curé de Lerné pour les soins qu'elle lui a donnés.

Pierre MESCHIN, de son mariage avec Marie PARFAIT avait eu une fille, Justine MESCHIN née vers 1805 qui épousa Romain TAROT, menuisier à Loudun fils de Jean TAROT demeurant à Loudun et de Marguerite HAYE, prédécédée.

Aux termes de leur contrat de mariage du 19 Novembre 1829, Romain TAROT apportait une maison à Loudun et une vigne même commune et 400 Francs en argent et meubles et Justine MESCHIN apportait du mobilier pour 1089 Francs.

Justine TAROT-MESCHIN décéda le 26 Avril 1833, laissant pour seul héritier son fils Romain TAROT, né en 1833, sous la tutelle légale de son père.

Le 27 Novembre 1842, Pierre MESCHIN, grand-père de Romain TAROT réunit le conseil de famille, attendu que son gendre "a dissipé par incapacité non seulement son propre patrimoine mais encore celui de son fils" pour lui retirer la tutelle.

Le conseil de famille comprend :

Du coté paternel :

- François TAROT, menuisier à Loudun, oncle du mineur.

- Auguste NASSON, menuisier à Loudun, oncle du mineur à cause de Marguerite TAROT sa femme.

- Pierre GUERINET, cordonnier à Lerné, oncle du mineur, à cause de Madeleine TAROT, sa femme.

Du coté maternel :

- Jean MESCHIN, cordonnier à Chinon, cousin du mineur.

- Louis PROUTEAU, sabotier à Lerné, cousin du mineur (c'était le fils de Marie MESCHIN et de François Barthélémy PROUTEAU ou PERROTEAU).

- Antoine MEIGNAN, cultivateur à Lerné, cousin du mineur à cause de Marie MESCHIN sa femme (remariée audit Antoine MEIGNAN).

Le conseil de famille nomme comme tuteur datif du mineur Romain TAROT, son cousin Jean MESCHIN qui lui rendra compte de sa tutelle le 26 Novembre 1857.

Romain TAROT était alors sabotier à Monts-sur-Indre.

Le 19 Mai 1834, Pierre MESCHIN avait établi une longue liste des questions à poser à un notaire, relatives à la mauvaise administration de Romain TAROT des biens de son fils mineur, sous l'influence de sa seconde femme qui maltraitait son beau-fils.

Le notaire répond point par point et écrit le 05 Octobre 1839 une autre note sur le même sujet.

Romain TAROT père, s'est établi à Saint Germain où il court à la misère. Il a dilapidé la dot de sa première femme, il a deux enfants de son deuxième mariage.

En juin 1852, il avait été établi une transaction entre Jean MESCHIN, cordonnier à Chinon agissant en qualité de tuteur de Romain TAROT, et Madame DUMOUSTIER-BRUNEAU demeurant à Lerné, propriétaire l'un et l'autre, de parcelle de terre à Lerné en vertu d'un partage passé devant Me RICHARD, notaire à Loudun le 05 Septembre 1735 entre les héritiers DEMEZIL, à propos d'un chemin mitoyen. Il résulte d'un extrait de ce partage de 1735 qu'il avait été composé 5 lots :

- L'un attribué à veuve MARRE-MESCHIN.

- Un autre à veuve GALLAIS-MESCHIN.

- Un autre à veuve ESNAULT-MESCHIN.

- Un quatrième à Monsieur BRUNEAU.

 

Madame DUMOUSTIER-BRUNEAU était Marie Célina BRUNEAU épouse de Ferdinand DUMOUSTIER dont sont issus les MAURICE (voir famille BRUNEAU et MEUNIER) apparentée à la famille DEMEZIL.

 

Le 19 Octobre 1787 (dossier MESCHIN), Gabriel DEMEZIL, tonnelier à Saumur Paroisse de Nantilly et Marguerite ROUSSELLE, sa femme avaient vendu à Jean MESCHIN, garçon mineur "demeurant par service domestique au château de Chavigny, paroisse de Lerné", des terres à Lerné.

 

On ignore la descendance de Romain TAROT et de ses oncles et tantes (François TAROT, Marguerite NASSON et Madeleine GUERINET).

 

II - Branche MESCHIN-DAVID

 

Jean MESCHIN-MESCHIN

 

Jean MESCHIN est né en 1765 du mariage d'Antoine MESCHIN et de Jeanne DAVID, laboureur à Lerné.

Il avait un frère, Antoine MESCHIN, né en 1761 décédé après 1817, cultivateur à Lerné.

Jean MESCHIN était lui-même cultivateur à Lerné et garde de la terre de Chavigny.

Il épousa Louise MESCHIN, née le 29 Janvier 1768, fille de Pierre MESCHIN également garde de la terre de Chavigny et de Marie GATTET.

Nous venons de voir qu'il avait acheté le 19 Octobre 1787 des terres à Lerné de Gabriel DEMEZIL et Marguerite ROUSSELLE.

Il fit de nombreuses autres acquisitions :

Le 16 Mars 1790 et le 08 Avril 1790 il achète des vignes et des terres à Lerné et Seuilly. Comme il est encore mineur, ces deux actes sont accompagnés de "lettres et ratifications" délivrées au nom de "Louis par la grâce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l'Etat, roi des Français".

Le 16 Juillet 1790 et 18 Novembre 1790, nouvelles acquisitions de terre et vigne à Lerné, de Pierre ANGEVIN et Françoise THIBAULT son épouse, journaliers à Lerné, dont il achètera encore de nombreuses terres. Il est encore mineur.

Le 08 Mars 1792 il fait un échange avec Thomas PROUTEAU, sabotier à Lerné (peut-être un frère de son beau-frère). Il est alors majeur, et demeure toujours "par service domestique" chez "M. DESME" à Lerné. Il s'agit de M. DESME de Chavigny dont la deuxième partie du nom patronymique a disparu avec la Révolution.

Le 28 Prairial An II, il achète des époux THIBAULT une cave et des terres. Il est alors boulanger à Lerné, mais le 16 Prairial An VI lors d'une acquisition d'un quart de boisselée de terre à Lerné appartenant à Marie CHARTON veuve de René THIBAULT, il est à nouveau cultivateur.

Nouvelles acquisitions le 189 Fructidor An VI et le 26 Ventose An VI où il est toujours qualifié de cultivateur, alors que dans la vente du 16 Floréal An VI par Pierre MESCHIN dont nous avons parlé dans le premier chapitre, il est dit : "domestique du citoyen DESME".

Il accumulait donc ses fonctions de garde de la terre de Chavigny, de petit cultivateur et de boulanger ce qui devait lui permettre de faire quelques économies qu'il employait en achats de petites parcelles de terres et vignes. Cependant il payait rarement comptant les prix de ces acquisitions ainsi qu'en témoignent diverses quittances s'échelonnant jusqu'en l'An XI.

Louise MESCHIN, sa femme décède à Lerné le 22 Thermidor An VIII (12 Août 1800) laissant pour seul héritier son fils, Jean MESCHIN né le 02 Frimaire An VI (23 Novembre 1797) ainsi que l'atteste son acte de naissance inscrit sur les registres de la commune de Lerné :

"Est comparu le citoyen Jean MESCHIN, domestique du citoyen DESME en cette commune, lequel, assisté du citoyen Pierre MESCHIN garçon menuisier, âgé de trente deux ans, son beau-frère, et de la citoyenne Marguerite GUILBEAULT, femme du citoyen RUBEAULT, âgée de soixante six ans ou environ, domiciliée en cette même commune, m'a déclaré que la citoyenne Louise MESCHIN sa femme et épouse en légitime mariage est accouchée ce matin à quatre heures en son domicile à Chavigny dans cette commune, d'un enfant mâle qu'il m'a présenté et auquel il a donné le prénom de Jean ....".

Jean MESCHIN père, "étant sur le point de passer en second mariage" fit dresser inventaire de ses biens, après le décès de Louise MESCHIN, le 15 Messidor An IX, en présence de Pierre MESCHIN, menuisier, oncle maternel du mineur "son tuteur spécial et légitime contradicteur" nommé à cette fonction par l'Assemblée des parents du 14 Messidor An IX. Suit la prisée détaillée du mobilier et des garde-robes des époux sans qu'il soit omis un seul mouchoir, jupon de droguet, "corps balenné couvert d'étamine", bonnets de coton, culottes ou "cornets de nuit", futailles, outils de jardinage, sacs de blé et de farine. Puis le citoyen Jean MESCHIN "a affirmé par sermet qu'il n'avait un sol d'argent monnayé". Le pauvre homme ! Après l'énumération des créances actives et passives, sont analysés les titres d'acquisition parmi lesquels on retrouve toutes celles ci-dessus mentionnées.

L'inventaire à peine clos, Jean MESCHIN épouse Rozalie OUVRE. Le contrat de mariage est passé le 19 Messidor An IX, 4 jours après l'inventaire.

"Le future épouse est prise avec ses droits paternels et maternels à échoir et la somme de neuf cent francs provenant de ses gains et épargnes".

L'extrait de son acte de naissance de la paroisse Saint-Honoré de Blois est ainsi rédigé :

"L'an mil sept cent soixante dix sept, le vingt neuvième jour de mai, par moi Vicaire soussigné a été baptisée Rose née d'aujourd'hui du légitime mariage de René OUVRAY et de Jeanne OLIVIER, maître cordonnier demeurant dans la Rue Beauvoir"...

On verra que le jeune Jean MESCHIN fils deviendra cordonnier ; est-ce sous l'influence du père de sa belle-mère ?

 

Après ce deuxième mariage, Jean MESCHIN continue à acquérir de nombreuses petites parcelles de terres et vignes par acte du 25 Pluviose An IX, 24 Brumaire An X, 17 Frimaire An XI (vente par Antoine MESCHIN, cultivateur à Lerné, frère de Jean MESCHIN), 16 Frimaire An XI, 25 Frimaire An XI, 18 Nivose An XI, 28 Prairial An XI, 27 Floréal An XII, 20 Prairial An XIII (Jean MESCHIN est alors qualifié Boulanger), 26 Nivose An XIII, 10 Avril 1808, 11 Octobre 1808, 14 Novembre 1809 (Jean MESCHIN cultivateur à Clos Pamprou commune de Lerné), 02 Décembre 1809, 03 Décembre 1810, 03 Mars 1811. A plusieurs de ces contrats d'acquisition sont joints des états hypothécaires. Dans ces actes, Jean MESCHIN est généralement qualifié de cultivateur, mais parfois aussi de gérant des terres du sieur DESME (ex Monsieur de CHAVIGNY).

Jean MESCHIN décède à Lerné le 12 Juin 1811 peu après minuit en son domicile au Clos Pamprou à 46 ans ainsi qu'en fait foi son acte de décès dressé sur la comparution de Pierre MESCHIN, menuisier, adjoint de Lerné, âgé de 46 ans et Antoine MESCHIN, cultivateur, âgé de 50 ans, demeurant à Lerné ; ses frère et beau-frère.

Dès le lendemain, 13 Juin 1811 Pierre MESCHIN, agissant en qualité de tuteur du mineur Jean MESCHIN, nommé à cette fonction par délibération du Conseil de Famille du 12 Juin (jour même du décès) en présence d'Antoine MESCHIN, subrogé tuteur, et Rozalie OUVRE, sa veuve, fait dresser inventaire au Clos Pamprou, au Côteau de Lerné. Le mobilier est inventorié sur les estimations de deux "Froupissières" dont Marie MORAIN femme de Jean FERME. Détail minutieux du mobilier, des garde-robes, fûts de vin, matériel de boulanger, bestiaux, etc .... Analyse des créances actives et passives et des nombreux actes d'acquisitions faites par Jean MESCHIN.

Le 07 Juillet 1811, il est procédé à la vente par adjudication du mobilier prisé en cet inventaire dont une partie est rachetée par la veuve MESCHIN. Il est intéressant de parcourir la longue liste des objets vendus, y compris la garde-robes et les prix d'adjudication.

Le 29 Août 1811, HERPAIN, chirurgien donne quittance de la somme de 80 livres 10 sols pour visites et médicaments donnés à Jean MESCHIN "lors de son facheux accident".

On ne peut réprimer une certaine émotion en lisant ces documents. A travers leur sécheresse, se révèle tout un drame familial.

Jean MESCHIN, fils d'un laboureur de Lerné, arrive à une certaine aisance grâce à son travail de la terre de Chavigny, de cultivateur et vigneron et de boulanger. Il perd sa première femme (peut-être sa cousine) alors qu'il avait 35 ans mais se remarie un an après. Ses affaires continuaient à prospérer si l'on en juge par les nombreuses acquisitions qu'il fit, et brusquement il meurt "d'un facheux accident" à 46 ans laissant un fils mineur de 14 ans.

La famille MESCHIN fait immédiatement bloc pour défendre le jeune orphelin contre sa belle mère, se réunit en conseil de famille le jour même du décès et fait dresser inventaire dès le lendemain. Pierre MESCHIN va prendre soin de son pupille et va gérer sa petite fortune. Il continue à habiter au Clos Pamprou avec sa belle mère jusqu'à son entrée en apprentissage ; on peut se demander pourquoi il n'a pas continué la culture des terres de son père.

 

 

Jean MESCHIN Fils

 

Pierre MESCHIN a conservé soigneusement les divers papiers concernant la tutelle de son neveu.

Le 1er Août 1811, il signe conjointement avec Rosalie OUVRE, veuve MESCHIN, un bail de terres à Lerné, précédemment exploitées par Jean MESCHIN.

Le 29 Août 1811, il paie le coût de la délibération du conseil de famille.

Le 17 Novembre 1811, il reçoit des fermages dus à son pupille.

Le 25 Décembre 1811, il paie le coût de l'estimation des immeubles de Jean MESCHIN, à laquelle il a fait procéder.

Le 16 Février 1812, il loue par adjudication les terres de Thizay.

Le même jour, il signe un titre nouvel du paiement d'une rente foncière d'une terre acquise par Jean MESCHIN, son beau frère, le 10 Germinal An VI (30 Mars 1798) joignant du couchant "veuve DESME de Chavigny".

Le jeune Jean MESCHIN ne semblait pas jouir d'une très bonne santé. Le 24 Mai 1812, Gille LABOURETTE reçoit de Pierre MESCHIN 3 francs pour une purgation donnée à Jean MESCHIN et le 30 Mai 1812 le chirurgien HERPAIN donne quittance à Pierre MESCHIN "de la somme de 24 sols pour remèdes fournis au jeune Jean MESCHIN pour les vers".

D'autres reçus concernent les arrérages de rentes, de fermages, de contributions des portes et fenêtres (55 centimes) pour "deux aulnes de coutil fournies à Jean MESCHIN pour une culotte ou pantalon", pour fourniture d'une croisée à petit bois "dans la chambre de demeure située au midi de la maison du Clos de Pamprou".

Le 25 Juillet 1812 :

"Reçu de Monsieur Pierre MESCHIN comme tuteur de Jean MESCHIN son neveu, la somme de 8 livres 5 sols pour 5 mois et demi d'instruction qu'on lui a donné tant en lecture qu'écriture" et le 16 Juin 1813 : "Reçu de Monsieur Pierre MESCHIN de cette commune la somme de quatre livres dix sols pour l'enseignement de son neveu Jean MESCHIN, et duquel il est tuteur".

Jean MESCHIN a donc reçu une certaine instruction jusqu'à l'âge de 16 ans. On s'étonne que son tuteur le mette alors en apprentissage chez un cordonnier. Peut-être n'était-il pas très doué pour les études ?

La dernière quittance pour frais d'enseignement est du 16 Juin 1813. Le 17 Juin Pierre MESCHIN, en présence et du consentement d'Antoine MESCHIN subrogé tuteur, contracte un contrat d'apprentissage avec Martin Etienne MEXME cordonnier à Chinon aux termes duquel :

"ledit MEXME s'oblige de montrer "et enseigner audit Jean MESCHIN l'état et métier de cordonnier sans rien lui sceller ni cacher et du mieux qu'il sera possible pendant le terme de dix huit mois qui ont commencé à courir à partir du 16 Mai dernier, pendant lequel terme ledit sieur MEXME promet et s'oblige de loger et nourir, coucher, blanchir et habiller ledit apprenti. Pour le rabiller sera fourni de morceux et pièces par ledit tuteur ; et enfin lui fera le même traitement qu'à lui-même. Ledit MEXME fournira audit apprenti une paire de soulliers neufs et lui accordera une heure et demi par jour pour apprendre à lire et à écrire. Pendant ledit apprentissage et pour indemniser ledit sieur MEXME tant de ses peines et soins pour enseigner audit Jean MESCHIN ledit état de cordonnier, que pour la nourriture à fournir audit apprenti, le marché fait et accepté entre les parties pour et moyennant le prix et somme de deux cent soixante seize francs, de laquelle somme ledit MESCHIN en a payé audit MEXME celle de quatre vingt francs à compte. Dont quittance, etc.....".

"Ledit Pierre MESCHIN promet faire tenir ledit apprenti assidu au travail dudit sieur MEXME et lui porter honneur et respect en tout ce qu'il lui commandera d'honnête. Dans le cas où ledit apprenti viendrait à perdre du temps pendant le cours dudit apprentissage, soit par maladie ou autrement, ledit Pierre MESCHIN promet faire remplacer par ledit apprenti autant de temps qu'il en aurait perdu et ce à la fin de son apprentissage".

"Et pour pot de vin du présent marché ledit Pierre MESCHIN a payé comptant audit MEXME qui l'a reçue, la somme de six francs".

Le 22 Septembre 1814, MEXME donne quittance à Pierre MESCHIN de la somme de 38 Frs pour "restant du prix de l'apprentissage".

Le même jour Pierre MESCHIN et Rose OUVRAY, veuve de Jean MESCHIN donnent quittance à un dénommé Joseph BLANDIN de la somme de 450 Frs qui lui avait été prêtée sur le produit de la vente des meubles de la communauté MESCHIN-OUVRAY.

On trouve encore divers autres reçus délivrés à Pierre MESCHIN pour le compte de son pupille pour paiement de différentes petites dettes de 1813 à 1816.

Le 28 Décembre 1816, il est procédé entre Pierre MESCHIN agissant en qualité de tuteur, Antoine MESCHIN agissant en qualité de subrogé tuteur de Jean MESCHIN et Rosalie OUVRAY, veuve de feu Jean MESCHIN, en son vivant, cultivateur, demeurant par service commune de Tureau, au partage de la communauté ayant existé entre elle et son mari, et de la succession de ce dernier.

Il est rappelé qu'il n'existe pas d'enfant de ce mariage et que la veuve est donataire de moitié en usufruit en vertu de son contrat de mariage. Il est procédé à la liquidation des reprises et récompenses en rappelant la vente du mobilier dont partie a été rachetée par le fils et la veuve. Puis il est procédé au partage des immeubles afin de déterminer ceux sur lesquels portera l'usufruit de la veuve. Les immeubles de la première communauté comprennent une cave en roc et environ 1 hectare de terres et vignes, ceux de la deuxième communauté cinq caves en roc et environ 2 hectares 30 de terres et vignes et les immeubles propres de feu Jean MESCHIN deux caves en roc, une petite boulangerie et cave, petite maison et environ un hectare de terres et vignes.

 

Plusieurs reçus sont encore délivrés à Pierre MESCHIN en sa qualité de tuteur de 1816 à 1820 pour diverses causes dont un, le 19 Mars 1818 pour fourniture de onze aulnes et demi de toile (36 livres), un autre du 07 Janvier 1819 délivré par Monsieur GENDRE, chirurgien "pour soins et remèdes administrés au jeune MESCHIN, cordonnier depuis le 03 Septembre 1818 jusqu'au 11 Décembre même année" (30 livres 12 sols), un troisième par la veuve CHARTIER pour avoir soigné dans sa maladie qui l'a affligé, étant chez Monsieur MEXME concierge de la maison d'arrêt de Chinon (10 Octobre 1819), un autre pour soins donnés à Jean MESCHIN, à la prison jusqu'à ce jour 23 Octobre 1820 et un dernier du 23 Novembre 1820 pour une demie bouteille d'aporême stomachique, une prise de poudre fébrifuge et une potion purgative (23 Novembre 1820).

Le jeune MESCHIN ne semblait vraiment pas jouir d'une bonne santé. Son apprentissage terminé il était resté ouvrier cordonnier chez Monsieur MEXME qui était en même temps concierge de la prison de Chinon. On remarquera qu'il était majeur depuis le 23 Novembre 1818 mais que Pierre MESCHIN, son tuteur, continuait à payer certaines dépenses pour son compte.

Le 25 Avril 1821, Jean MESCHIN, cordonnier demeurant en qualité d'ouvrier chez le sieur MEXME, ville de Chinon paroisse de Saint Etienne, ratifie le partage du 28 Décembre 1816, et le même jour Pierre MESCHIN, toujours menuisier à Lerné lui rend compte de sa tutelle et lui a remis toutes les quittances, titres et papiers de concernant, ainsi que les meubles qu'il avait achetés pour son compte.

Déjà le 08 Mai 1819, étant devenu majeur, Jean MESCHIN avait loué une bonne partie des terres et vignes lui appartenant.

Jean MESCHIN avait dû s'attacher à Martin Etienne MEXME, car il épouse en 1821 Anne VAZEREAU, soeur de la femme de son patron née en 1801 (inscription de sa tombe cimetière Chinon).

On sait peu de chose d'Anne VAZEREAU.

Elle avait deux soeurs :

1°) Françoise VAZEREAU, décédée en 1861 à Chinon, épouse de Martin Etienne MEXME qui décéda avant sa femme.

2°) Héloïse VAZEREAU, qui tenait un magasin de bonneterie à Chinon où elle décéda célibataire, vers 1895.

Elles étaient issues du mariage d'Urbain VAZEREAU, aubergiste à Chinon et de Françoise BARANGER, (voir jugement du 13 Thermidor An XIII à propos du paiement d'un billet à ordre dû par Urbain VAZEREAU et jugement du 16 Brumaire An XIV le condamnant à la restitution de fûts de vin).

Il semble que Jean MESCHIN se soit établi cordonnier à son compte peu après son mariage, prenant sans doute la suite de Martin MEXME.

Le 26 Juin 1823 Jean MESCHIN VAZEREAU, cordonnier demeurant à Saint Etienne commune de Chinon, achète de Françoise THIBAULT veuve de Pierre LANGEVIN une cave en roc avec cheminée et four, au Clos Pamprou commune de Lerné (il les collectionnait !).

En 1825, il va hériter de Rosalie OUVRAY, sa belle-mère.

On a vu que cette dernière, après le décès de son mari, était placée en service domestique commune de Tureau (partage du 28 Décembre 1816). En 1817, elle avait payé le coût d'une procuration pour la vente d'une maison à Blois qui devait appartenir à ses parents qui étaient, on le sait, cordonniers à Blois.

Le 22 Décembre 1824, elle demeurait à la Vaubelle, commune de Lerné et louait à "Meignant MESCHIN", cultivateur audit lieu, les immeubles qui lui avaient été attribués en vertu du partage du 28 Décembre 1816.

Le 07 Janvier 1825, elle faisait son testament authentique "étant malade de corps et couchée, mais saine d'esprit". Elle léguait à Jean MESCHIN, son beau fils, tous ses biens immeubles et plusieurs créances. Elle léguait à Anne VAZEREAU, sa femme, "une douzaine de chemises neuves et qui n'ont été portées qu'une fois". Elle léguait encore à "Jeanne OUVRAY femme Marie et Honorine OUVRAY ses soeurs" tout son mobilier.

"Je veux être enterrée à la dernière classe ; il sera employé cent cinquante francs tant audit enterrement qu'aux messes qui seront dites pour moi".

Le 09 Janvier 1825, elle rédige un codicille olographe stipulant que la réserve légale de sa mère soit prise sur ses meubles afin que le legs fait à son beau-fils ne soit pas entamé par cette réserve.

Elle décède le 30 Janvier 1825 à Lerné.

L'inventaire est dressé les 1er et 10 Mars 1825 à la requête de Jean MESCHIN, agissant en qualité de légataire à titre universel, de Jeanne OLLIVIER veuve de René OUVRE demeurant à Blois, Place Saint-Louis, sa mère, de Jeanne Catherine OUVRE épouse de Charles MARIE, ancien greffier de la justice de paix de Blois et d'Honorine OUVRE, couturière, demeurant à Blois.

La prisée du mobilier est faite par une "Foupicière".

Parmi la garde robes longuement détaillée, relevons : un déshabillé d'indienne vert, un d'indienne rouge, un de siamoise, un de siamoise rayé violet et un de coton gorge de pigeon et un déshabillé de coton noir, trente six chemises, vingt six paires de bas de laine, quatre autres mauvais déshabillés de coton et d'indienne, douze autres chemises, etc...

Cet inventaire contient l'analyse très complète des titres de propriétés conservés par la veuve MESCHIN, en sa qualité d'usufruitière, des immeubles de son mari, et l'analyse de 8 lettres émanant de sa soeur Honorine relatives à la vente de la maison de Blois pour payer les dettes de Monsieur OUVRE, père.

Les droits de succession sont payés le 09 Juin 1825 (235 Frs 29 cts).

Le 05 Mai 1825, il est procédé au partage de sa succession qui comprend quelques immeubles à Lerné (plusieurs caves, un jardin et un hectare 14 ares 03 centiares de terres) quelques créances et le mobilier.

Après le décès de sa belle mère, Jean MESCHIN achète le 24 Mars 1836 deux boisselées de friche à Lerné et procède le 21 Juin 1841 à un bornage avec "Charles Jean Pierre DEMEE de Chavigny, propriétaire de Lerné".

En 1848, Jean MESCHIN recueille la succession de son oncle et ancien tuteur Pierre MESCHIN décédé à Lerné le 26 Octobre 1848 qui l'avait institué légataire universel ainsi qu'on l'a vu sous le chapitre concernant Pierre MESCHIN.

On a vu également que Jean MESCHIN avait été nommé tuteur datif de Romain TAROT, petit fils de Pierre MESCHIN, le 27 Novembre 1842.

 

Le 28 Juillet 1864, Jean MESCHIN, qui n'est plus cordonnier achète de :

1°) Mademoiselle Joséphine MEXME, célibataire majeure demeurant à Chinon,

2°) Madame Sophie Adélaïde OUVRARD, veuve de Jules MEXME, horloger bijoutier, demeurant à Saumur, rue d'Orléans,

3°) Monsieur Victor MEXME, marchand chemisier, demeurant à Paris, 15 Boulevard Saint-Denis,

(madame veuve OUVRARD s'étant portée fort de ses deux fils Jules MEXME âgé de 11 ans et Eugène MEXME âge de 10 ans)

une portion de maison à Chinon, derrière la Cure Saint-Etienne appartenant aux vendeurs pour moitié (l'autre moitié appartenant à Madame MESCHIN VAZEREAU) pour l'avoir recueillie dans la succession de Françoise VAZEREAU leur mère, veuve de Martin Etienne MEXME, décédée à Chinon en 1861. Cette dernière possédait cette maison indivisément avec Madame MESCHIN VAZEREAU en vertu d'une donation partage du 24 Avril 1828 par les époux VAZEREAU-BARANGER.

 

Victor MEXME eut un fils : Etienne qui demeurait à Lille, décédé sans enfant vers 1910.

Jules MEXME eut deux enfants : Jeanne, décédée célibataire et Germaine née en Janvier 1885 qui épousa à plus de 40 ans Jules LORRAIN et décéda sans enfant.

Quant à Eugène, il épousa la bonne de sa mère et eut trois enfants établis épiciers et boulangers à Tours à et Saumur.

 

Le 26 Novembre 1864, le maire de Chinon autorise "M. MESCHIN-MEXME" (il s'agit sans doute de MESCHIN-VAZEREAU), marchand de noix rue Rabelais à avoir un entrepôt de noix rue Rabelais. Jean MESCHIN-VAZEREAU aurait-il alors fait, du moins momentanément ce commerce ?

 

Jean MESCHIN est décédé à Chinon le 21 mai 1868 et sa femme, née Anne VAZEREAU, le 14 Juillet 1881.

 

 

Eugène MESCHIN-CHIVERT

 

Les époux MESCHIN-VAZEREAU n'eurent qu'un fils : Eugène MESCHIN.

On ignore tout de son enfance.

Il était devenu "Caissier à la Maison de banque BLANCHET" à Chinon.

Il épousa Marceline Anne CHIVERT (voir famille CHIVERT) à Chinon.

Aux termes de son contrat de mariage du 25 Septembre 1860 il apportait en mariage, outre sa garde robe "et tous les objets servant à l'usage et à l'ornement de sa personne", une somme de quarante mille francs lui provenant de ses gains et économies. Il avait alors environ 38 ou 39 ans.

Ce contrat de mariage était signé en présence de :

- Urbain VAZEREAU, propriétaire à Chinon, oncle du futur.

- Charles ALLARD, propriétaire, capitaine retraité demeurant à Chinon, grand oncle du futur.

- Joseph CHIVERT, propriétaire à Bourgueil, grand père de la future.

- Urbain Constant CHIVERT, propriétaire à Restigné oncle maternel de la future.

- Louis CHIVERT, négociant à Saumur, oncle paternel de la future.

 

Le 21 Novembre 1865, Eugène MESCHIN, demeurant rue Rabelais à Chinon achète une maison à Chinon rue de la Réale (devenue depuis 5 rue Marceau) dont il fit son domicile.

On trouvera dans cette vente, les anciens titres de propriété de cette maison (Etude de Me FERME, notaire à Chinon), la purge des hypothèques inscrites, et une correspondance relative au paiement du solde du prix aux créanciers inscrits.

Le 30 Avril 1878, Monsieur et Madame MESCHIN-CHIVERT vendent des terres et vignes situées à Benais appartenant en propre à sa femme.

Le 22 Avril 1892, Monsieur Eugène MESCHIN-CHIVERT, propriétaire, demeurant à Chinon, rue de la Réale achète une maison rue de la Réale contiguë à la sienne, qu'il fait démolir, et qui devient le jardin de la maison 5 rue Marceau. Il y construisit aussi un nouveau corps de bâtiments dont Madame LEMAIGNEN, sa petite fille, alors âgée de 4 ans posa la première pierre.

Les époux MESCHIN-CHIVERT eurent un seul fils : Eugène Joseph Marcelin MESCHIN né à Chinon le 31 Octobre 1861. Monsieur MESCHIN faisait faire ses vendanges à façon et nous en avons plusieurs comptes.

Madame MESCHIN-CHIVERT est décédée à Chinon le 31 Mai 1893 et son mari le 24 Décembre 1895 (voir concession au cimetière de Chinon) à l'âge de 74 ans, d'une attaque de paralysie. C'était la troisième attaque. Il s'était bien remis des deux premières. Il tomba mort en venant ouvrir sa porte à son fils, qui s'inquiétait de ne l'avoir pas encore vu, la veille de Noël.

Après avoir été caissier de la Banque Bertrand à Chinon, il en était devenu fondé de pouvoir jusque vers 1891. Cette banque ayant fait faillite en 1893, Monsieur Eugène MESCHIN y perdit quarante mille francs.

C'était un homme intègre et très bon.

Il n'était pas très grand et portait des favoris.

 

Lors de leur décès, Monsieur et Madame MESCHIN-CHIVERT possédaient, outre les maisons 3 et 5 rue Marceau à Chinon, les terres et vignes propres à Monsieur MESCHIN sur les communes de Lerné, Seuilly et Thizay d'une contenance d'environ 6 hectares en 60 parcelles et les immeubles propres à Madame MESCHIN-CHIVERT comprenant une maison à la Motterie, près du cimetière, commune de Restigné, une autre maison à Restigné (l'usufruit à Madame veuve Urbain Constant CHIVERT) et environ 6 hectares de terres et vignes à Restigné, 2 hectares de terres et vignes à Benais, une maison rue du Pot et 66 ares de terres et vignes à Bourgueil, 30 ares de terres et vignes à Benais et 30 ares à Saint-Michel-sur-Loire, et enfin un hectare 30 de près et terres à Continvoir.

 

 

Eugène Joseph Marcelin MESCHIN

 

Eugène Joseph Marcelin MESCHIN est né à Chinon le 31 Octobre 1861.

Il fit ses études au collège Saint Grégoire à Tours, où il était élève au "Cours Supérieur de Grammaire" pendant le 4ème trimestre 1875. A cours de ce trimestre, il eut les mentions "très bien" en devoirs religieux, conduite, application, ordre et tenue et politesse ; et il obtint les notes de 19 en doctrine chrétienne, 1 en vers latins, 19 en thème latin, 7 en thème grec, 13, 19 et 20 en version latine et 21 en version grecque. Pendant l'année 1876-1877, se terminant le 1er Août, il était en "Cours d'Humanité", toujours avec d'excellentes notes ; il était en rhétorique en 1877-1878 et en 1878-1879 en cours de philosophie, toujours avec d'excellentes notes.

Il obtint son diplôme de bachelier le 11 Août 1879 et fit aussitôt son service militaire au 135ème régiment d'infanterie à Chollet du 08 Novembre 1879 et fut libéré en Novembre 1880 avec le grade de Sergent. Ayant satisfait aux "Examens prescrits" avec la mention très bien, il fut jugé susceptible de remplir un emploi d'officier de réserve.

Après sa libération, il fit sa licence en droit à la faculté de Poitiers où il obtint son diplôme de bachelier en droit le 25 Juillet 1883 et de Licencié en droit le 28 Juillet 1884. Il s'était inscrit le 19 Décembre 1883 à la "Société Dikazologique" à Poitiers.

Après avoir obtenu sa licence il devint avocat à Chinon et il épousa le 05 Juillet 1887, Marie Suzanne MEUNIER (voir famille MEUNIER).

De ce mariage est née le 25 mai 1888 une seule fille : Marie Suzanne Eugénie MESCHIN qui épousera Fernand LEMAIGNEN.

Eugène MESCHIN avait alors les cheveux et sourcils noirs, les yeux gris, le front haut, le nez gros, la bouche moyenne, le menton rond, le visage ovale ; il mesurait 1 mètre 73 (certificat d'aptitude à devenir officier de réserve - Voir également ses photos).

Il était ami intime de Gabriel MEUNIER, avec qui il passe son enfance à Chinon et qu'il retrouvera à la faculté de droit de Poitiers, ce qui explique son mariage avec sa soeur.

Il aurait voulu préparer Saint-Cyr, mais sa mère s'y opposa ; il conserva cependant toute sa vie un penchant pour l'armée ; officier de réserve, il faisait tous les deux ans des périodes militaires.

Après sa licence, il devint avocat à Chinon, d'abord dans une maison louée par lui, 12 rue Marceau qui avait appartenu à la famille MEUNIER et où était né Gabriel MEUNIER. Marie MESCHIN (Madame LEMAIGNEN) sa fille, naquit dans cette maison, dans la même chambre où était né son oncle Gabriel MEUNIER. Puis, après le décès de son père, il vint habiter sa maison 5 rue Marceau où il demeura jusqu'à la guerre de 1914. Sa profession d'avocat l'avait rapproché de Me JANVIER, notaire, et de Me ERLEVINT, avoué à Chinon, ils formaient un trio d'amis intimes.

Il faisait partie de nombreuses sociétés notamment la société des amis du vieux Chinon, la société Colombophile et surtout la société de Tir qu'il fonda.

L'été, il passait ses vacances avec sa famille et sa fille aux Sables d'Olonne.

Il s'occupait également de la gestion de ses terres et vignes à Lerné, Restigné et à Bourgueil et s'y rendait pendant les vendanges, mais sa femme l'accompagnait rarement à Restigné parce que la maison donnait sur le cimetière. Il était très adroit de ses mains et faisait de la menuiserie et de la maçonnerie.

En 1864, à l'âge de 33 ans, il fut atteint d'artériosclérose qui lui occasionnait de graves maux de tête et le rendait nerveux. Il se fit soigner pendant 3 mois à Paris où il loua avec sa femme et sa fille, pendant son traitement, un appartement 23 (ou 24) rue de Naples. Cette maladie était occasionnée par un excès de travail et le chagrin de la mort de sa mère. Le bruit de sa mort avait même couru à Chinon en 1895 et un de ses amis (Monsieur TESSIER) venu à son domicile pour présenter ses condoléances à sa famille, fut fort surpris de se faire ouvrir la porte par lui.

C'est à cause de son état de santé qu'il échangea le 16 Octobre 1902 avec Pierre GALAIS, notaire et Honorine MALECOT, son épouse demeurant à Lerné et Eugénie GALLAIS, épouse de Jean BOURREE, demeurant à Chinon, 16 parcelles de terres et vignes à Lerné provenant de la succession de Jean MESCHIN (partage du 26 Pluviose An X). En contre échange il reçoit la propriété de la Croix Marie, commune de Rivière, à trois kilomètres de Chinon, comprenant maison de maîtres, maison de basse cour, dépendances et 4 hectares 48 ares, le tout clos de murs. Eugène MESCHIN allait fréquemment se détendre dans cette propriété avec sa famille.

Vers 1902 ou 1903, il achète une maison, 7 rue Marceau à Chinon, contiguë à la sienne, parce qu'elle le joignait et espérant plus tard y loger sa fille si elle se mariait à Chinon.

Le 1er Septembre 1911, il loua pour 3, 6 ou 9 années cette maison à Monsieur Henri de PORTZAMPARC, employé principal à la Société Générale.

Le 1er Janvier 1912, il louait à Monsieur René Georges Le NORMAND, receveur des finances de Chinon, la maison située à Chinon, 1 rue Voltaire qui provenait de la succession de Madame FERME-PARE (ex rue Haute Saint-Maurice).

Il avait acheté en 1910 une automobile De Dion Bouton qu'il vendit pendant la guerre de 1914.

A la fin du mois de Juillet 1914, il participa à une visite des champs de batailles de la guerre de 1870, dans l'Est de la France, et fut pris d'une nouvelle attaque de sa maladie ; il dut rentrer en hâte à Paris puis à Chinon dans un état grave. Ayant été mobilisé quelques jours après, il rejoignit son unité à Niort mais en raison de sa maladie, il fut affecté à l'état major à Tours où il fit toute la guerre. A la fin de la guerre, il était Commandant et Chevalier de la Légion d'Honneur. Il habitait alors dans une maison qu'il avait louée, 11 rue de l'Alma à Tours (depuis rue Roger Salengro) à partir d'Octobre 1915 où il continua à habiter jusqu'à son décès. Il ne revint jamais à Chinon.

Sa maladie empira après la guerre ; il ne put pas reprendre sa profession d'avocat. Il était devenu irascible et Madame MESCHIN se plaignit fréquemment de son caractère dans les lettres qu'elle échangeait presque quotidiennement avec sa fille de 1918 à 1926 (voir vie Ernest LEMAIGNEN).

Il fit cependant plusieurs séjours à Périgny, chez son gendre, mais il marchait de plus en plus difficilement. Puis à partir de 1924 il devient encore plus irascible. Le 03 Août 1924, Madame MESCHIN écrit à sa fille "ce qui est terrible, c'est le cerveau ; depuis 15 jours il a beaucoup baissé ; il déménage à tout moment".

Cependant, le 14 Novembre il écrit une charmante lettre à sa fille et ses petites filles pour les remercier des roses qu'elles lui ont envoyées.

Cette longue maladie amenuisa considérablement les ressources du ménage, puisque Eugène MESCHIN avait cessé de travailler depuis la guerre. Il dut vendre presque tous ses biens, les uns après les autres, notamment la propriété de la Croix Marie le 09 Février 1920, et même la maison qu'il avait constitué en dot à sa fille, 52 rue Origet à Tours et qui appartenait à sa femme. On trouvera dans sa déclaration de succession l'énumération des immeubles qui lui étaient propres et qu'il vendit de 1920 à son décès notamment un hangar et un jardin à Chinon, rue Jules Roulleau, (ce dernier fut donné au presbytère de Chinon dont il était contigu), le clos Pamprou et 23 parcelles de terres, vignes, prés et bois à Lerné, Seuilly et Thizay, la maison de la rue de Pot à Bourgueil, le clos du Rochoir ou la Rivière à Bourgueil, une maison, jardin et terre à Pont Boutard, commune de Saint-Michel-sur-Loire, une maison, terres et bois à Restigné et à Benais, bref, la quasi totalité de ses biens propres. Les lettres de Madame MESCHIN à sa fille se font l'écho de ces diverses ventes.

On trouvera au dossier, une liasse de lettres et de factures concernant la propriété de Restigné, de 1905 à 1923 et une autre liasse des comptes d'Eugène MESCHIN concernant la façon des vignes de Restigné et Bourgueil et sa correspondance avec ses tacherons et fermiers de 1895 à 1924 (taille, soufrage, sulfatage, entretien des fûts, etc...).

Sa maladie s'étant encore aggravée, Eugène MESCHIN donna une procuration générale à sa femme par acte de Me GALICHON, notaire à Tours du 10 Juin 1925.

Il décéda à Tours 11 rue de l'Alma, le 18 Septembre 1926 (notoriété Me JANVIER, notaire à Chinon du 10 Janvier 1927) et fut inhumé au cimetière de Chinon (concession du 24 Septembre 1926). Il avait 64 ans et était malade depuis 32 ans.

 

Il résulte de la déclaration de succession que :

- Madame MESCHIN possédait encore, lors du décès de son mari, diverses valeurs de bourse, une maison à Chinon, 1 rue Voltaire et un pré aux Epinettes, commune de Chinon, le tout à elle propre.

- Monsieur Eugène MESCHIN possédait en propre la maison 5 rue Marceau à Chinon et la propriété de Restigné (sauf ce qui en avait été vendu ainsi qu'on l'a dit plus haut) c'est-à-dire : un chalet avec bâtiment d'habitation et d'exploitation, cour, jardin, terres et vignes d'une superficie de 83 ares au lieu-dit la Motterie, près le cimetière.

- La communauté comprenait la maison à Chinon, 7 rue Marceau, une maison à Chinon 9 rue Marceau et quelques valeurs de bourse.

 

Après le décès de son mari, Madame MESCHIN alla habiter à Tours et à Périgny avec sa fille et son gendre. C'était une personne distinguée, cultivée et très pieuse. Elle parlait parfaitement l'anglais et correspondait parfois dans cette langue avec son frère Dom Gabriel MEUNIER.

Elle supporta avec une grande résignation la maladie de son mari, et ses revers de fortune.

Elle avait une grande affection pour ses petites filles et son gendre.

Elle décéda à Périgny le 10 Janvier 1949.

 

Durant son veuvage, elle vendit la maison 1 rue Voltaire à Chinon en 1927, et le pré des Epinettes à Chinon ; les maisons 7 et 9 rue Marceau furent vendues (par acte de Me JANVIER, notaire à Chinon du 18 Août 1948) et la propriété de Restigné (par acte de Me THIBAULT, notaire à Restigné du 31 Décembre 1929). La maison 5 rue Marceau fut vendue après son décès par sa fille, Madame LEMAIGNEN en 1959.

Ainsi, en 1959, il ne restait plus aucun des immeubles acquis par les MESCHIN à Lerné et dans les communes environnantes, et par les CHIVERT à Restigné, Benais et Bourgueil, ni les maisons de Chinon, dont l'ensemble s'était trouvé réuni sur la tête d'Eugène MESCHIN-MEUNIER, du fait que ses ascendantes furent presque toujours des enfants uniques. Il est bien regrettable que quelques vignes du Chinonais ou de Bourgeuil n'aient pu être conservées. La maison de la Motterie à Restigné est aujourd'hui à peu près en ruines (1976).

 

 

Résumé sur la famille MESCHIN

 

La famille MESCHIN était originaire de Lerné où le premier ancêtre connu (Antoine MESCHIN-DAVID) était cultivateur au XVIIIe siècle.

L'un de ses fils, Jean MESCHIN était à la fois cultivateur à Lerné, garde de la terre de Chavigny et boulanger. Il épousa en premières noces Louise MESCHIN, vraisemblablement sa cousine dont il eut un fils également prénommé Jean et se remaria avec Rose OUVRAY dont il n'eut pas d'enfant. Il décéda d'un accident le 12 Juin 1811 laissant son fils mineur.

Il avait fait de nombreuses acquisitions de petites parcelles de terres, vignes et bois à Lerné, Seuilly et Thizay.

Jean MESCHIN, son fils, qui eut pour tuteur datif Pierre MESCHIN son oncle, fit son apprentissage de cordonnier chez Martin MEXME à Chinon et épousa la soeur de la femme de son patron. Il s'établit cordonnier à Chinon et y décéda le 21 Mai 1868 laissant un fils unique Eugène.

Eugène MESCHIN fut d'abord caissier à la banque Blanchet à Chinon puis fondé de pouvoir à la banque Bertrand (c'était vraisemblablement la même banque). Il épousa Marceline Anne CHIVERT et eut un fils unique : Eugène Joseph Marcelin. Il décéda le 31 Mai 1893.

Eugène Joseph Marcelin MESCHIN, avocat à Chinon, épousa Marie Suzanne MEUNIER dont il eut un seul enfant : Marie Suzanne Eugénie qui épousa Fernand LEMAIGNEN.

Il décéda le 18 Septembre 1926.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Famille Meunier

 

et

 

Les Familles

Carbonnier - Maurice -

Ferme-Pare

Bruneau - De Litardiere

Delage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La famille CHIVERT était originaire de Restigné et la famille MESCHIN de Lerné.

Quant à la famille MEUNIER, elle était originaire de Loudun.

Dès la première moitié du XIXe siècle ces trois familles étaient établies à Chinon.

 

La présente étude comprendra trois chapitres :

- Le premier concernant la famille MEUNIER dont sont issus :

1° - La famille de LITARDIERE

2° - La famille DELAGE

3° - Célestin Charles MEUNIER qui épousa Albertine Suzanne MAURICE, grand-père de Madame LEMAIGNEN.

 

- Le deuxième concernant la famille MAURICE avec ses alliances avec les familles BRUNEAU et DEMEZIL.

 

- Le troisième concernant la famille FERME-PARE, dont une fille, Caroline FERME épousa Louis Etienne MAURICE.

 

 

I - LA FAMILLE MEUNIER

 

Michel Célestin MEUNIER

 

Le plus ancien ancêtre connu de cette famille est Michel Célestin MEUNIER, né à Poitiers le 20 Août 1802, fils de François MEUNIER propriétaire à Loudun où il décéda le 08 Avril 1831 et de Louise BARBAT (ou BARBOT) qui habitait en Décembre 1832 à Poitiers.

Il avait un frère et quatre soeurs et possédait indivisément avec eux "un domaine situé au Grand Pont, commune de Chasneuil près Poitiers, et dont les dépendances, s'étendent tant sur ladite commune que dans celles de Migne, consistant en maison d'habitation, bâtiments d'exploitation, jardins, terres labourables, prés, chènevières et vignes dépendant de la succession de son père" (contrat de mariage MEUNIER-CELSE).

Le 08 Août 1827, il achète de Dame Modeste Zéline AUMAISTRE veuve de Louis Olivier MOLANT, demeurant à Loudun et de ses 3 enfants mineurs, avec promesse de ratification à leur majorité, une pharmacie à Loudun, rue du Puits Saint Gilles comprenant :

"Comptoirs, balances, poids, vases, pots, mortiers, pilons, boites, alambics, poëlettes, deux poëlons, une presse scellée dans le mur de la maison, toutes espèces d'onguents, sirops, gommes, sels, élixirs, en un mot tout ce qui est réputé ustensiles et pharmacie et drogues".

"Sous l'expresse réserve de la part de ladite dame veuve MOLANT, du vin de Seguin, des eaux magnésiennes, du sirop de Harembure, du sucre, du miel de première qualité, du chocolat au lichen, de tous les objets qu'elle a à titre de dépôt, de plusieurs bandages et de toutes les créances".

Cette vente est consentie moyennant le prix de quinze mille francs payé comptant à concurrence de cinq mille francs, les dix mille francs de surplus étant payables au plus tard le 24 Juin 1847 avec intérêt à 5 %.

A cette vente interviennent les père et mère de l'acquéreur qui hypothèquent au profit de la venderesse "la maison, ferme et dépendances de Signy située communes de Vendoeuvre et circonvoisines dans l'étendue du bureau des hypothèques de Poitiers".

Ce solde de prix de vente fut payé le 13 Janvier 1828 par Marie Jean Baptiste CARBONNIER et Marie FRICOT, sa femme demeurant à Loudun, dont Michel Célestin MEUNIER avait épousé la fille, Marie Hélène, (contrat de mariage du 25 Novembre 1827) à l'aide des fonds qu'ils avaient constitué en dot à leur fille.

Marie Hélène CARBONNIER était née le 22 Juillet 1809 à Loudun, où son père demeurait encore en 1844.

Du mariage des époux MEUNIER-CARBONNIER est né à Loudun le 26 Septembre 1828 un fils : Célestin Charles MEUNIER dont la vie sera étudiée plus loin.

 

Marie Hélène CARBONNIER décéda 3 ans après cette naissance, à Loudun le 14 Novembre 1831 et Michel Célestin MEUNIER se remaria un an après (contrat de mariage du 15 Décembre 1832) avec Marie Anne Joséphine Elisa CELSE, née à Alezunne (Aube), le 26 Novembre 1811, du mariage de Jean Basile CELSE, garde magasin et contrôleur de timbre extraordinaire et de Joséphine Jeanne COUTURE, demeurant à Tours, rue Colbert.

 

Il n'est constaté aucun apport en mariage de la future épouse ; par contre Michel Célestin MEUNIER apportait ses droits non liquidés dans sa première communauté, notamment la pharmacie de Loudun et les biens propres suivants :

1°) Une borderie appelée Le Liseau, commune de Seneche, canton de Neuville, arrondissement de Poitiers.

2°) 33 pièces de terres, prés, bois et vignes dépendant du Domaine de la Blaiserie, commune de Seneche.

3°) Le tiers d'une créance hypothécaire de 247 Frs 50 (250 livres tournois).

4°) Une rente perpétuelle et foncière de 21 Frs 83 (22 livres tournois).

On ignore comment il était propriétaire de ces biens.

5°) Le sixième indivis avec ses frère, soeurs et neveux dans le Domaine de Grand Pont, commune de Chasneuil dépendant de la succession de son père.

Au cours de sa première communauté, il avait acquis un clos de vigne au Clos Gourdet, commune de Venier, une vigne aux Caves, commune de Loudun et une petite maison aux Quatre Croix même commune avec une vigne (compte de tutelle du 09 Avril 1844).

 

Ses relations avec son fils Célestin Charles semblent avoir été assez tendues, car sa seconde femme n'avait aucune sympathie pour son beau fils qui, en fait, avait été élevé par sa grand-mère, Madame CARBONNIER-FRICOT.

Il le fit d'ailleurs émanciper le 23 Mars 1844 (il avait alors pour subrogé tuteur son grand-père Marie Jean Baptiste CARBONNIER) et lui rendit compte de sa tutelle le 09 Avril suivant.

 

Cependant, il venait voir de temps à autre son fils à Chinon, après son mariage. On raconte qu'il faisait parfois le voyage à pieds de Loudun à Chinon (25 kms) et qu'à peine arrivé il allait à Port-Boulet, toujours à pieds (12 kms) pour voir construire le pont du chemin de fer sur la Loire.

Nous n'avons aucun document permettant de retracer la vie de Michel Célestin MEUNIER au cours de son deuxième mariage.

Il était encore pharmacien à Loudun lors du mariage de son fils en 1858.

Il est décédé en 1884, à l'âge de 82 ans et sa femme quelques années après.

 

De son deuxième mariage, il eut 2 enfants :

1°) Marie Blanche Elisa MEUNIER, qui était majeure en 1859 et qui épousa Jean Horace Adolphe ACQUARRON, médecin à Mont-sur-Guesnes près de Loudun (contrat de mariage du 11 Septembre 1859). La descendance des époux ACQUARRON-MEUNIER est inconnue.

2°) Blanche MEUNIER qui épousa Monsieur JAMET, médecin à Loudun. De ce mariage est issue une fille, Blanche JAMET décédée célibataire après 1920, cousine germaine de Madame MESCHIN-MEUNIER qu'elle deshérite.

 

 

FAMILLE CARBONNIER

 

On a vu que Michel Célestin MEUNIER avait épousé en premières noces Marie Hélène CARBONNIER, fille de Marie Jean Baptiste CARBONNIER qui vivait encore à Loudun en 1844 et de Marie Anne FRICOT qui décéda après 1858.

La famille CARBONNIER était originaire de l'Eure.

Il résulte en effet d'une donation-partage reçue par Me Louis Alexandre COMMECY, notaire royal à Chaumont (Oise) le 03 Août 1814, que Marie Frédéric ROUTIER veuve en premières noces de François CARBONNIER en son vivant menuisier à Gisors et veuve en secondes noces de Jean Baptiste GOBERT, alors âgée de 58 ans, avait fait donation à ses quatre enfants, savoir :

1°) Marie Jean Baptiste CARBONNER, son fils issu de son premier mariage, alors homme de confiance à Loudun.

2°) Jean Baptiste GOBERT, charretier à Delincourt (Oise).

3°) Marie Frédéric GOBERT épouse de Jacques Maurice MORAND, garde-moulin à Delincourt.

4°) Marie Françoise GOBERT épouse de Frédéric SEDILLE, maçon à Delincourt.

Ces trois derniers issus de son deuxième mariage.

Le troisième lot échu à Marie Jean Baptiste CARBONNIER comprenait des terres à Delincourt.

Marie Jean Baptiste CARBONNIER vivait encore à Loudun en 1844 et sa veuve vint habiter chez son petit fils Célestin Charles MEUNIER à Chinon, après son mariage. Elle y décéda vers 1864 au 12 de la rue de la Réale.

Marie Jean Baptiste CARBONNIER était d'origine modeste. On ignore quelle fut sa profession, si ce n'est en 1814, la vague qualité d'homme de confiance. Pourquoi vint-il à Loudun épouser Marie Anne FRICOT ? Celle-ci paraît avoir eu une certaine fortune. Ses parents possédaient la propriété du Pin à Angers et dans cette ville deux maisons, 124 et 126 Faubourg de Pressigny. On a vu que les époux CARBONNIER-FRICOT avaient constitué une dot de 10.000 Frs à leur fille, ce qui permit à leur gendre d'acheter sa pharmacie.

Il résulte d'un bordereau d'inscription hypothécaire du 10 Janvier 1840 prise à la garantie du paiement du solde des prix de vente des immeubles d'Angers que les père et mère de Madame CARBONNIER-FRICOT étaient : Etienne FRICOT, décédé le 11 Juin 1839 et Delphine COURTOIS qui lui survécut.

Ils avaient 3 autres enfants :

1°) Rose FRICOT, célibataire,

2°) François FRICOT, sabotier à Quelaines (Mayenne) décédé avant 1839 laissant lui-même 3 enfants : François FRICOT, demeurant à Quelaines, Renée FRICOT, épouse de François ANGOT, demeurant à Quelaines et Alexandre FRICOT, menuisier à Quelaines.

3°) Une autre fille, décédée avant 1839, épouse de René Edouard VALLERAY dont elle avait eut une fille.

Les époux CARBONNIER- FRICOT devaient être propriétaire de certains biens immobiliers à Loudun.

Ils avaient acquis notamment une maison à Loudun, 5 rue du Bourg Joly le 29 Février 1836, et le 28 Février 1831, la maison et le Moulin de Ripaille, commune de Bournan (contrat de mariage MEUNIER-MAURICE du 05 Septembre 1858).

 

 

LE MOULIN DE RIPAILLE

 

"Le Moulin de Ripaille, en la paroisse de Bournan, pays de Loudunois, consistant en une maison composée d'une chambre basse, chambre haulte, granges, deux écuries, cour, jardin, joignant d'un côté au chemin tendant de la Commanderie de Moullene à aller au Moulin de Ripaille, d'autre côté le chemin du Moulin de Lhommeau à aller au bourg de Bournan un bois taillis contenant deux septrées"..... et diverses pièces de terres et prés (vente du 20 Août 1700) avait été acquis par les époux CARBONNER-FRICOT, de Mademoiselle Charlotte Gilbert de FAROUILLE des FORGES le 28 Février 1831.

Nous possédons une importante liasse de titres de propriété, baux et aveux et pièces de procédure concernant ce Moulin qu'il est très intéressant de consulter.

Le plus vieux document est la copie établie au XVIe ou XVIIe siècle d'un bail du 04 Juin 1405. On trouve ensuite les titres suivants :

04 Avril 1494 - Vente à Abel du Marconnay.

02 Janvier 1559 - Echange avec le Seigneur de Marconnay.

08 Janvier 1586 - Un très beau parchemin de 14 pages concernant une transaction avec un Seigneur de Nazelles, baron de Saint-Médard.

09 Avril 1647 - Arpentage et désignation détaillée des terres avec énonciation des titres de propriété.

18 Avril 1691 - Bail par Marc Antoine ACERE, escuyer, Seigneur des Forges, Vézières, Ripaille et autres lieux, à Urbanne DUBIN veuve de Jacques BABOUARD, marchand meunier des Moulins de Ripaille avec tournants et virants, moulin frumentier et moulin mouturier et ustensiles d'iceux, moyennant 120 livres en argent et le paiement des rentes consistant en nombreux boisseaux de froment, gâteaux, chapons, beurre, etc...

1679 - Visite du Moulin de Ripaille (état estimatif).

22 Novembre 1690 - Transaction entre Marc Antoine ACERE, Seigneur des Forges, Vézières et Ripaille demeurant à Paris, rue Neuve des Petits Champs, paroisse Saint-Roch, et Salomon GUERIN qui avait lui vendu une partie du Moulin de Ripaille, l'acquéreur lui en ayant laissé la jouissance en usufruit "à cause de sa pauvreté".

20 Mars 1699 - Vente par Marc Antoine ACERE, alors en son château des Forges, paroisse de Saint-Cittroine, à Vital ROCAS, escuyer, Seigneur de Lanou, demeurant paroisse de Venez "de six septiers de bled seigle de rente noble foncière et féodale faisant partie des sept septiers de blé seigle de rente appellé la rente des maîtres due chacun an au jour et feste de Saint Michel à la recette ordinaire de la Seigneurerie de Vézières....... à raison de la maison des Maîtres de Ripaille..... mouvant du fief et Seigneurie de Berrie".

20 Août 1700 - Vente par Vital ROCAS, sieur de la Noue demeurant à Angers à François JAMINAU, marchand tanneur à Loudun.

13 Septembre 1720 - Aveu de foi et hommage lige à Monseigneur François DREUX, chevalier baron de Brevic, Seigneur de la Varanne et autres places à cause de sa baronnerie de Bevric par Augustin de FERRIOL, conseiller du Roi en sa cour et parlement de Metz, Seigneur des Forges pour le fief maison seigneurie Moulin appartenances et dépendances de Ripaille (suit la désignation). Voir aussi la copie, non datée, d'un très bel aveu au Duc de la Tremouille, baron de Bevric.

23 Mai 1727 - Vente par Augustin de FERRIOL à Nicolas de FAROUÏL, escuyer, Seigneur du Plein, paroisse de Chalois, de la terre et seigneurie des Forges en la paroisse de Saint Cytroine, pays Loudunois, de la maison terre et seigneurie de Vézières et du Moulin de Ripaille, moyennant 43.000 livres.

05 Décembre 1733 - Foy et hommage par Dame Marie Gilberte Le RICHE veuve de Messire Nicolas de FAROUÏL, en sa qualité de dame garde noble de ses enfants mineurs, au baron de Berrie.

Suivent une trentaine de baux, visites, reçus de fermages ou de rentes, aveux, ventes, transactions, apurement de comptes avec les meuniers, etc, concernant le Moulin de Ripaille, qu'il serait trop long d'énumérer ici.

En 1814 commence un long procès entre Mademoiselle Marie Gilberte Charlotte de FAROUÏL des Forges demeurant en son hôtel particulier, 7 rue Michaudière à Paris et son voisin le Général François Fournier de Verrières, maréchal de Camp, propriétaire du Moulin d'Humeau distant de 500 mètres en amont de celui de Ripaille, relatif à un détournement du cours d'eau.

Il est très amusant de lire ces nombreuses pièces de ce procès qui dure jusqu'en 1828.

De semblables litiges à propos de l'eau du Moulin de Ripaille auront encore lieu en 1842, 1854 et 1876.

C'est peut-être parce qu'elle était excédée par ce litige que Mademoiselle des Forges vendit le Moulin à Marie Jean Baptiste CARBONNIER le 28 Février 1831.

Le 02 Octobre 1849, Madame veuve CARBONNIER-FRICOT et son petit fils Célestin Charles MEUNIER louent le Moulin de Ripaille à Parfait SAULNIER et Madeleine MOREAU, sa femme.

 

On ignore jusqu'à quelle date le Moulin de Ripaille est resté dans la famille MEUNIER. Il à été vendu par Célestin Charles MEUNIER à une date qu'il a été impossible de préciser, mais après 1876 sans doute vers 1880.

 

Le Moulin de Ripaille s'appelle aujourd'hui Moulin de Freval, en face de la ferme de Ripaille. La roue existe toujours, mais le canal d'eau est asséché depuis longtemps. Le bâtiment d'habitation a été restauré et forme dépendance d'une assez importante propriété contiguë construite depuis.

Le Moulin de l'Humeau est détruit.

Ripaille se trouve sur un petit chemin à l'ouest de la route de Fontevrault à Loudun, environ à 2 Kms au sud du croisement de cette route avec celle de Bournand aux Trois Moutiers.

 

 

Frère et soeurs de Michel Célestin MEUNIER

 

Familles VERRIET DE LITARDIERE ET DELAGE

 

Michel Célestin MEUNIER avait cinq frère et soeurs :

1°) Michel MEUNIER dit "l'ainé" qui était propriétaire rue Sainte Opportune à Poitiers en 1844 et dont la descendance est inconnue.

 

2°)..........MEUNIER, descendance inconnue.

 

3°) Jeanne Joséphine MEUNIER, épouse d'Etienne THIBAULT décédée sans enfants le 06 Décembre 1834, laissant pour héritiers ses frères et soeurs. Le 02 Février 1844, Michel Célestin MEUNIER et Michel MEUNIER aîné, cédèrent aux époux DELACROIX-FRADIN ci-après nommés, tous leurs droits successifs dans la succession de leur soeur Jeanne Joséphine.

 

4°) Françoise Placide MEUNIER qui épousa Jean DELACROIX-FRADIN, propriétaire, demeurant à Poitiers, rue de l'Hôpital Général. Il eurent deux enfants :

a)............ FRADIN père rédemptoriste à Poitiers.

b)........... FRADIN épouse de............ DELAGE. Ils eurent un fils : Gabriel DELAGE, décédé après 1934, qui épousa Elise BOUDET, propriétaire à Plantadis (Vienne). (Elise BOUDET avait une soeur épouse ARDENT). Du mariage DELAGE-BOUDET naquirent 8 enfants :

- Paul DELAGE décédé célibataire vers 1908.

- Marie DELAGE épouse SEJOURNET qui demeurait à Gençais en 1944.

- Genny DELAGE épouse JOUANNEAU lequel fut tué à la guerre 1914-1918, (ces deux dernières soeurs jumelles) demeurant à Limoges.

- Madeleine DELAGE religieuse à Lourdes, décédée vers 1960.

- Louise DELAGE épouse PRADELLE.

- Lucie DELAGE épouse CAMBON.

- Jean DELAGE, curé de Boisseuil (Haute Vienne), décédé en 1943.

- et Geneviève DELAGE.

5°) Sophie (?) MEUNIER qui épousa un SAVARD et qui eut deux enfants :

 

A) Pauline SAVARD née en 1820 épouse de Delphin ETEVE décédée sans enfant à Lussac le 22 Septembre 1898 (voir son faire-part de décès).

 

B) Et une autre fille qui épousa VERRIET de LITARDIERE. Ils eurent quatre enfants :

a) Le Docteur Arthur VERRIET de LITARDIERE, décédé avant 1907 qui eut 2 enfants :

- Jacques décédé célibataire à la bataille de la Marne en 1914.

- Hélène qui épousa Yannick DES ROSEAUX décédée en Avril 1945 à la Trimouille (Vienne).

b) Le Docteur Louis VERRIET de LITARDIERE qui eut trois enfants :

- Augustin décédé célibataire après 1907.

- Marcel décédé célibataire.

- Renée épouse de Gaston DUPONT, médecin à Lussac (Vienne) vivait en 1945 (voir lettre à sa cousine Madame MESCHIN-MEUNIER du 05 Septembre 1945 donnant des nouvelles de sa famille).

Ils eurent 3 enfants :

- Pierre DUPONT.

- Odette DUPONT.

- Geneviève DUPONT qui épousa un russe et demeurait boulevard Henri IV à Paris en 1945.

c) Une fille qui épousa Philippe de la BICHE dont elle eut deux enfants :

- Henri de la BICHE qui eut lui-même 3 enfants : Hilaire, François et Marie Madeleine.

- Une fille qui épousa Pierre de GOUTTE PAGNON dont elle eut 6 enfants : Louis-Charles, Anne, Marie, Henriette, Marguerite et Colette.

d) Une autre fille qui épousa un MAUXION (décédée avant 1898) dont elle eut un Fils : J. MAUXION qui eut lui-même deux enfants : Eugène et Marie.

 

 

Célestin Charles MEUNIER

 

Célestin Charles MEUNIER est né à Loudun le 26 Septembre 1828 du premier mariage de Michel Célestin MEUNEIR avec Marie Hélène CARBONNIER. Il perdit sa mère à l'âge de 3 ans et on a vu que son père l'émancipa et lui rendit compte de sa tutelle en 1844. Il fut élevé par sa grand-mère CARBONNIER.

Il épousa le 06 Septembre 1858, Albertine Suzanne MAURICE (voir famille MAURICE ci-après) à Chinon.

Il résulte de son contrat de mariage reçu par Me FERME, notaire à Chinon, le 05 Septembre 1858, qu'il était alors greffier à Chinon et qu'il apportait en mariage divers meubles, une somme de 8.350 Frs, diverses valeurs de bourse et créances pour un montant de 28.426 Frs, et en outre, ainsi qu'on l'a vu plus haut, ses droits étant de moitié avec Madame CARBONNIER, sa grand-mère dans le Moulin de Ripaille et une maison, 5 rue du bourg Joly, à Loudun.

Sa femme apportait une dot de 21.800 Frs en créances diverses et le pré des Epinettes à Chinon que son père avait loué aux époux PLOUZEAU le 14 Mai 1857.

Le 16 Avril 1863, il achète une petite parcelle de terre à Chinon.

Le 04 Septembre 1863, il loue à la Communauté des Dames Augustines à Saint-Louan, commune de Chinon, le pré des Epinettes, commune de Chinon, qui appartenait à sa femme.

Le 02 Janvier 1865, il achète le Greffe du Tribunal Civil de Chinon moyennant le prix de 30.000 Frs.

Le 21 Novembre 1865, il vend au département de la Vienne, la maison située à Loudun, 5 rue du bourg Joly qui dépendait de la succession de Madame CARBONNIER sa grand-mère, décédée vraisemblablement quelques mois auparavant (on sait qu'elle était venue habiter chez son petit fils depuis son mariage).

Il habitait alors à Chinon, rue de la Réale n°12, dans une maison dont il était locataire et où est née Madame LEMAIGNEN.

Il eut deux enfants :

1°) Gabriel Charles MEUNIER, né à Chinon le 05 Juillet 1859 qui fut bénédictin à Solemmes et décéda au Mont Saint-Michel le 20 Février 1934 (voir famille MESCHIN et correspondances avec Madame LEMAIGNEN sa nièce) dont la biographie va être retracée ci-après.

2°) Marie Suzanne MEUNIER, née à Chinon, le 22 Avril 1868 qui épousa Eugène Joseph Marcellin MESCHIN et décéda à Périgny le 10 Janvier 1949, mère de Madame LEMAIGNEN.

Il dut vendre son greffe vers 1892 et acheta le 06 Février 1893, une maison à Tours, rue Origet n°8 (depuis n°52) récemment construite, à titre de placement pour 18.000 Frs.

Il habitait alors 1 rue Saint Maurice à Chinon (rue Voltaire n°1) où il est décédé.

En 1895, il achète dans la prairie de Saint-Mexme à Chinon, le pré de la Prévoté qu'il loue le 28 Mai 1895.

Le 21 Juillet 1899, intervient entre lui et divers autres propriétaires des Caves Peintes à Chinon, un procès contre un sieur MAUNY qui encombrait la cour commune des Caves Peintes avec sa charrette. Cette cave avait été acquise par lui le 30 Avril 1878.

Une inscription à l'entrée de la rue des Caves Peintes précise :

"Je scay où est la cave peinte à Chinon. J'y ai bus maints verres de vin frais". RABELAIS.

 

Célestin Charles MEUNIER décède à Chinon le 22 Septembre 1907 d'une crise d'urémie, 1 rue Voltaire à Chinon.

Madame MEUNIER-MAURICE décède à Chinon le 03 Mai 1909 d'un cancer de l'estomac.

Leurs successions confondues comprenaient :

- Diverses valeurs de bourse et créances hypothécaires pour un montant de 118.403 Frs.

- Une maison à Chinon rue Voltaire qui était propre à Madame MEUNIER-MAURICE.

- La maison rue Origet à Tours.

- Une cave aux Caves Peintes à Chinon.

- Le pré de la Prévoté (71 ares 09) à Chinon.

- Le pré des Epinettes à Chinon 1 Hectare 16 ares) propre à Madame.

Ces biens sont partagés entre leurs deux enfants, Madame MESCHIN et Dom Gabriel MEUNIER, par acte de Me JANVIER, notaire à Chinon du 25 Mars 1914, à l'avantage de Madame MESCHIN.

 

Célestin Charles MEUNIER était d'un caractère jovial et bon vivant. Il portait des favoris (voir photos), sa femme était très musicienne et aimait les réunions de la société bourgeoise de Chinon.

 

 

Dom Gabriel MEUNIER

(Voir dossier le concernant)

 

Ainsi qu'on vient de la voir, Gabriel Charles MEUNIER est né à Chinon le 05 Juillet 1859. Il fut élevé au collège Saint Grégoire à Tours, tenu par des Jésuites. Il passa son bachot à la faculté des Lettres de Poitiers en Avril 1878 (diplôme du 27 Octobre 1878) et commença à préparer son droit à Poitiers avec son ami et compatriote Eugène MESCHIN qui épousera sa soeur.

Mais il songe déjà à entrer dans les ordres et fait de nombreux séjours à l'abbaye de Liguge.

Par une lettre du 25 Septembre 1878, il informe ses parents qu'il s'est ouvert de ses intentions à Monsieur le curé de Saint Etienne de Chinon ; il indique qu'il fera ses adieux à sa famille de Sainte-Maure (les MAURICE) et demande à ses parents d'accepter généreusement le sacrifice de la séparation.

Le 29 Septembre 1878, il écrit à sa mère :

"Je comprends le chagrin que ce sacrifice peut te causer, mais, tu le sais, il est impossible de passer encore l'hiver dans cette situation.... Ce n'est pas pour la vie que nous nous disons Adieu ; c'est pour trois mois, pour six mois, et crois-tu que cet adieu ne te serait pas plus pénible dans six mois. Quant à réfléchir, je ne fais que cela depuis un an. Je sais ce que je perds et ce à quoi je m'engage.... Viens si tu veux à Tours ou à Poitiers avec papa..... Il faudra m'apporter ma malle avec de l'argent......"

 

Le 07 Octobre 1878, il écrit à nouveau à ses parents :

"Moi non plus je n'oublierai jamais le moment où nous nous sommes dit Adieu. Mais papa va beaucoup trop loin en disant que c'est pour toujours..... Je vous avoue que je n'ai jamais été si mal à mon aise que vendredi matin en quittant Chinon et en prenant la ligne de Tours. A Sainte-Maure je me suis arrêté et j'ai causé avec ma tante Louise (Louise MAURICE). Dans la soirée je suis allé dire Adieu à ma bonne tante "Marie Etienne" (Caroline MAURICE qui était religieuse)".

Il arrive le lendemain à Solemmes :

"Encore une fois mes chers parents vous savez que je n'ai point quitté la maison paternelle sans regrets ; mais j'ai été content de vous savoir consentir et accepter généreusement le sacrifice..... J'aurai une charmante petite cellule..... mon diplôme de Poitiers n'est pas encore signé". (Il s'agit de son diplôme de bachelier qui, on l'a vu sera en effet délivré sur le 27 Octobre 1878).

 

Après son noviciat à Solemmes, il prononce ses voeux le 29 Juin 1880, peu avant l'expulsion des Bénédictins en vertu de la Loi sur la dissolution des congrégations.

 

Le 07 Novembre 1880, sa tante Caroline MAURICE (Soeur Marie Etienne) écrit à sa soeur Albertine MAURICE épouse de Célestin Charles MEUNIER (père et mère de Dom Gabriel MEUNIER) pour leur relater en détail cette expulsion :

"Cet acte barbare a duré onze heures et a commencé à trois heures du matin.... quatre cent hommes de troupe assiègent l'Abbaye avec le sous-préfet de la Flèche.... On a enfoncé les portes de l'église où les Pères priaient, puis celles des cellules.... Il fallut quatre gendarmes par moine pour les expulser à la grande indignation de la population de Solemmes. A cinq heures du soir tout était fini....."

Le lendemain de cette expulsion, Dom Gabriel relate à ses parents les événements de la veille dans une longue lettre dont les détails confirment ceux de Soeur Marie Etienne :

"Consummatus Est ! Les vandales nous ont chassé hier de la maison de Dieu, mais ça n'a pas été chose facile. Le siège à duré près de onze heures.... une ou deux compagnies d'artillerie se rangèrent tout autour de la place et jusque sur les bords de la Sarthe.... Pendant ce temps nous nous barricadâmes comme il faut..... La petite porte d'entrée tint bon environ une heure et demi. La porte du cloître ne dura pas longtemps.... Ils crochetèrent toutes les portes fermées des cellules au nombre d'au moins 60 à 80. Mais ils ne trouvèrent qu'une dizaine de frères âgés barricadés ; tous les autres étaient au Choeur... L'infâme sous-préfet faisait les cent pas dans la cour... Nous chantions les psaumes dans le choeur avec les laïques, hommes et femmes... On fit une nouvelle barricade avec les chaises... Enfin parut un crocheteur, un voyou de Paris et probablement de Nouméa... Enfin un affreux diable à écharpe tricolore entre et crie d'abord qu'il ordonnait au peuple de sortir. Toutes les dames crièrent qu'elles ne sortiraient pas. Un de nos père lança contre eux l'excommunication.... Alors on fit entrer au milieu du choeur une compagnie d'artillerie ; nous chantions encore plus fort.... Alors au moins 20 gendarmes brisèrent la table de communion et enportèrent les dames.

Plusieurs eurent besoin de 3 ou 4 gendarmes pour les trainer, puis on fit de même pour tous les laïcs. Alors cet affreux sous-préfet entra et alla jusqu'à la Stalle du Père Abbé qui l'excommunia... Alors les gendarmes nous ont emporté un à un. Ils se sont mis au moins à cinq pour m'emporter etc..."

Il faudrait citer cette lettre intégralement.

 

Le 11 Novembre, Dom Gabriel relate également cette expulsion dans une lettre à sa mère. Les moines se sont dirigés vers Sable en coule et tête nue et ont été dirigés vers une petite propriété aux environ de Bouère (Mayenne). Dom Gabriel est retourné à Solemmes chercher quelques menus objets. Dans les corridors ce ne sont que des débris de portes arrachées de leurs gonds.

Son père est venu le voir pendant qu'il était retourné à Solemmes pour l'aider à faire quelques paquets, ainsi qu'il résulte d'une autre lettre envoyée en Novembre à sa mère.

Il ne semble pas que les Bénédictins aient été longtemps absents de Solemmes, ils y revinrent discrètement. Le couvent resta occupé par un détachement de gendarmerie pendant 14 ans (voir le journal "Le Matin" du 21 Août 1901). Les Bénédictins furent à nouveau expulsés de Solemmes le 14 Septembre 1901 et de l'abbaye de Saint-Maur le 23 Septembre 1901 après la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat mais cette fois-ci sans violence (voir photos et articles de journaux).

Dom Gabriel était à Solemmes vers 1885 et il est nommé peu après sous-prieur à l'abbaye de Saint-Maur de Glanfeuil (Maine-et-Loire) où il resta jusqu'en Novembre 1895 date à laquelle il est envoyé à l'abbaye de Farnborough, près de Londres, pour en prendre la direction.

Dans l'église de cette abbaye, alors nouvellement construite se trouvaient les tombeaux de Napoléon III et du Prince Impérial. L'Impératrice Eugénie résidait à proximité, à Farnborough-Hill dans une somptueuse résidence, et y avait appelé les Bénédictins.

Le 21 Novembre 1895, Dom Gabriel fait une retraite à Solemmes et invite son père et Eugène MESCHIN son beau-frère à venir le voir à l'abbaye de Saint-Maur ; il annonce qu'il va partir le 09 Décembre pour Farnborough où deux Pères se sont déjà rendus. "S.M. L'Impératrice a voulu les conduire elle-même à pied de son château au Prieuré, au grand ébahissement de la population. En ce moment on fait les réparations aux frais de sa majesté, bien entendu".

Le 05 Décembre 1895, le père Edouard du Coetlosquet, Abbé de Saint-Maur de Glanfeuil écrit à Madame MEUNIER qu'il vient de conduire à la gare Dom Gabriel "En traversant la Loire et en jetant un dernier regard sur l'abbaye de Saint-Maur, il n'a pu retenir ses larmes, mais cela n'a duré qu'un moment".

Le 07 Décembre il est à Solemmes et annonce son départ pour l'Angleterre à Saint Michael's Priory à Farnborough, espérant que la traversée en mer sera calme (il a toujours eu la frayeur des traversée de la Manche).

Le 22 Novembre 1895 et le 08 Janvier 1896, Madame Sophie de LITARDIERE, née SAVARD, sa cousine, lui adresse ses félicitations pour sa nomination à Farnborough.

On trouvera dans le dossier plusieurs photos et articles de journaux sur Farnborough, la copie d'une prière du Prince Impérial "trouvée dans son missel" et des lettres à sa mère.

Le 18 Janvier 1907, il lui écrit :

"S.M. L'Impératrice est repartie hier pour la France. Cette année je ne l'ai pas vue en dehors du confessional ; quant je suis allé lui faire visite, la semaine dernière, elle venait de sortir en voiture".

Il était en effet son confesseur attitré.

Nous avons de nombreuses cartes ou lettres datées de 1905,1906 et 1907 donnant des nouvelles de sa santé, du temps, de ses retraites.

Il a assisté à une séance de la Chambre des Lords. Il voyage beaucoup en Angleterre, notamment en Cornouaille, ou à l'Ile de Wight où il est quelque temps aumônier des Bénédictines du couvent de Wentor à Cowes. Il vint en France plusieurs fois notamment en 1901, puis en 1907 et en 1919 à la mort de son père et de sa mère, en 1905 pour ses 25 ans de profession et enfin en 1921, date à partir de laquelle il y demeura, ayant été nommé Chapelain du Mont Saint-Michel après le décès du père Bénédictin qui remplissait cette fonction, et survenu pendant son séjour en France. (L'Impératrice Eugénie était décédée en 1919).

Ses parents vinrent le voir en Angleterre vers 1900 ; ils eurent un accident de voiture.

A partir de 1921, il fit plusieurs séjours à Tours ou à Périgny (voir correspondance de Madame MESCHIN et de Madame LEMAIGNEN).

Nous n'avons pas d'autres lettres de lui, car les Allemands s'en emparèrent au domiciles de Madame LEMAIGNEN à Tours durant la guerres 1939-1945, croyant y trouver de précieux renseignements sur l'Angleterre.

Il écrivit plusieurs ouvrages religieux :

- En 1907, une traduction en 2 volumes des oeuvres du Père Faber prédicateur jésuite en Angleterre (1506-1546). (Voir au dossier une reproduction de son portrait, une notice publicitaire sur cette traduction, un article dans la Semaine Religieuse de Tours du 24 Mai 1907 et un autre article dans "l'Univers" du 28 Mars 1907)

- En 1924, un petit opuscale sur le Mont Saint-Michel.

- En 1929, "La vie de M. BOURAY, le Vincent de Paul de la Touraine (1594-1651)".

- En 1929, également "Sous la Garde des Anges" où il retrace les expériences mystiques de plusieurs Saints avec les Anges, pour lesquels il avait une grande vénération.

Enfin nous conservons de lui deux carnets de dessins assez remarquables, au crayon et allocution qu'il prononça au mariage de sa soeur le 06 Juillet 1887 (imprimée chez son parent Paul GODET, à Saumur)

Il décéda au Mont Saint-Michel le 20 Février 1934.

Il est enterré dans le petit cimetière de l'abbaye de Solemmes.

 

 

II - LA FAMILLE MAURICE

 

 

On a vu que Célestin Charles MEUNIER avait épousé à Chinon, le 06 Septembre 1858, Albertine Suzanne MAURICE (livret de famille et contrat de mariage du 05 Septembre 1858).

Albertine Suzanne MAURICE était la fille de Louis Etienne MAURICE, négociant à Chinon et de Caroline FERME (voir famille PARE-FERME plus loin).

En vertu de leur contrat de mariage du 25 Novembre 1837, il avait été constitué au futur époux par ses parents une dot de 22.000 Frs, et à la future épouse par ses parents une dot de 21.000 Frs.

 

Louis Etienne MAURICE était adjoint au maire de Chinon et décéda du tétanos le 13 Septembre 1866 à la suite d'un accident qui lui était survenu alors qu'il surveillait, en qualité d'adjoint, les travaux de construction de l'usine à gaz de Chinon. (Concession au cimetière de Chinon du 23 Octobre 1866). (Nous possédons son écharpe d'adjoint).

Sa femme décéda à Chinon le 13 Avril 1882 (concession du 28 Avril 1882).

 

Louis Etienne MAURICE était issu du mariage de Nicolas André MAURICE, né à Sainte-Catherine de Fierbois, demeurant à Sainte-Maure de Touraine, et de Sophie HUET.

Il avait un frère Jules MAURICE, huissier à Sainte-Maure, époux de Marie Louise BARANGER.

Par acte du 05 Août 1842, Madame veuve MAURICE-HUET avait fait donation partage à ses deux enfants. Le lot échu à Louis Etienne MAURICE comprenait uniquement des créances hypothécaires.

On ignore la date du décès de Madame MAURICE-HUET.

 

 

I - Descendance des époux MAURICE-FERME :

Du mariage des époux MAURICE-FERME étaient nés cinq enfants :

1°) Albertine Suzanne MAURICE épouse de Célestin Charles MEUNIER.

 

2°) Caroline MAURICE, religieuse au Ursulines à Tours (Soeur Marie Etienne), décédée vers 1882 à 42 ans.

 

3°) Ludovic MAURICE, négociant en fer à Chinon, né en 1845, décédé à Chinon en 1912, époux de Valentine ARCHAMBAULT qui eurent une fille, Antoinette décédée célibataire en 1920 à Chinon (née en 1876).

Ludovic MAURICE et Antoine dit Aimé ARCHAMBAULT-BRARD, son beau-père demeurant à Langeais, louaient le 19 Août 1883 deux pièces de terre aux Marais commune de Varennes, plantées en osiers.

Le 02 Mai 1894, Célestin Charles MEUNIER cautionnait une reconnaissance de dette souscrite par Ludovic MAURICE, son beau-frère, envers les liquidateurs et contrôleurs de la banque de Chinonet du Poitou pour une somme de 28.000 Frs après réduction de sa dette envers cette banque de 47.667,40 Frs, garantie hypothécairement sur une maison quai Jeanne d'Arc à Chinon appartenant à Ludovic MAURICE.

Cette dette dut être payée, au moins en partie par Célestin Charles MEUNIER (certificat de radiation à lui délivré le 20 Octobre 1899).

 

4°) Marie Stéphane MAURICE qui fut notaire à Lerné où il décéda le 13 Octobre 1913, époux de Marie Françoise DUMOUSTIER décédée à Lerné le 13 Juillet 1911 dans sa 60e année (inscription sur sa tombe au cimetière de Lerné).

Cette dernière était la fille de Ferdinant DUMOUSTIER, notaire à Lerné qui épousa entre 1849 et 1852, (voir transaction de Juin 1852 au dossier MESCHIN), sa cousine Marie Célina BRUNEAU. Il est décédé à Lerné le 31 Janvier 1873 dans sa 48e année (inscription de la tombe au cimetière de Lerné).

Marie Célina BRUNEAU (ou Marie Françoise d'après l'inscription de sa tombe à Lerné, décédée à Lerné dans sa 76e année le 26 Avril 1895), était la fille de Pierre Louis BRUNEAU, receveur des Contributions à Lerné, décédé le 07 Mai 1843, époux de Françoise Marie TEXIER-DUPARC.

Ce Pierre Louis BRUNEAU était le fils de Pierre Osvald BRUNEAU, notaire Royal à Lerné, décédé en Mars 1811, époux de Victoire De La PORTE, fille de Gabrielle Françoise DEMEZIL, décédée le 31 Juillet 1780 et de Eléonore René De La PORTE, décédé le 03 Avril 1770.

Le frère de Gabrielle Françoise DEMEZIL était Pierre Jean DEMEZIL, Grand Juge à Tours dont les descendants furent César DEMEZIL, médecin à Couture et Jean MARTIN-DEMEZIL.

Voir tableau généalogique de la famille DEMEZIL et tableau généalogique de la famille BRUNEAU, ce dernier établi par Lucie MAURICE.

Les époux MAURICE-DUMOUSTIER eurent deux enfants :

a) Ferdinand MAURICE, né le 13 Mai 1873, capitaine, décédé sans enfant le 30 Juin 1915.

b) Lucie MAURICE, née le 12 Mai 1875, décédée célibataire à Tours le 15 Janvier 1949 (tombe au cimetière de Lerné).

 

5°) Marie Stéphanie MAURICE, épouse de Paul HUARD, décédé à Paris le 15 Février 1907 (Monsieur HUARD était négociant à Saint Cyr-Saint Symphorien en 1876). Du mariage des époux HUARD-MAURICE naquirent deux enfants :

a) Thérèse HUARD née le 25 Mai 1871, décédée en 1946, qui épousa en premières noces Homer HINAULT, administrateur des Colonies et en secondes noces, après 1920, MOZER DE MATEI. Elle n'eut qu'un enfant : André HINAULT décédé à l'âge d'un an.

b) Alice HUARD née le 1878, décédée à Marseille le 24 Février 1949 qui épousa le Décembre 1917 Henri DURIF, banquier à Lyon, décédé en 1940. Elle eut deux enfants :

- Marie Thérèse DURIF, née en 1919, épouse ROSECHI, décédée sans enfant à Marseille.

- Paule DURIF, née en 1920, épouse BEYENS, qui eut un enfant.

 

 

II - Descendants des époux MAURICE-BARANGER :

Jules MAURICE, huissier à Sainte-Maure et Marie Louise BARANGER son épouse, eurent deux enfants :

1°) Louise MAURICE, née vers 1850, décédée célibataire à Tours en 1924.

2°) Jules MAURICE, juge au tribunal de Chinon qui épousa Mélanie GILLET, né le 02 Juillet 1866, décédé à Chinon le 10 Octobre 1897. Les époux MAURICE-GILLET eurent 2 enfants :

a) Paul MAURICE décédé célibataire.

b) Louise MAURICE, épouse d'Albert HERPIN, demeurant à Chinon.

Les époux HERPIN-MAURICE eurent 2 enfants :

- Hubert HERPIN décédé célibataire.

- Odette HERPIN décédé à Tours, épouse de Emile VRIGNONNEAU demeurant à Huismes (37). Ils eurent deux enfants : Yvonne et Ghislaine.

 

 

III - LA FAMILLE FERME-PARE

 

 

On a vu que Louis Etienne MAURICE avait épousé Caroline FERME, (dont nous avons le portrait peint en 1831. Il est indiqué au bas de ce portrait qu'elle avait alors 12 ans).

Elle était issue du mariage de Urbain Auguste FERME, négociant en mercerie et bonneterie, rue Haute Saint-Maurice à Chinon, décédé à Chinon le 19 Juin 1841 (concession au cimetière) et de Suzanne PARE décédée à Chinon le 14 Août 1852 (concession au cimetière).

 

Une tradition familiale veut que Suzanne PARE soit une descendante du célèbre chirurgien Ambroise PARE (1517-1590). Nous avons les portraits des père et mère de Suzanne PARE, qui vivaient au XVIIIe siècle. (Au dos du portrait de la femme se trouve cette inscription mystérieuse "A Monsieur, Monsieur ARNAULT, visiteur à l'Hautel des Fermes à Amiens").

 

De ce mariage était également issue Marie Laure FERME, épouse de Maurice DELEGARDE, notaire à Azay-le-Rideau, décédé à Chinon en 1864.

Les époux DELAGARDE-FERME eurent trois enfants :

1°) Albertine DELAGARDE, épouse BRETHOUSE, dont la descendance est inconnue.

2°) George DELAGARDE, décédé célibataire vers 1890

3°) Auguste DELAGARDE, qui fut notaire, après son père, à Azay-le-Rideau, il fut destitué et vécut en Algérie. Il décéda après 1885 laissant un fils.

 

Le 20 Mai 1885, étant clerc de notaire chez Me VIDAL à Soukahras (Algérie), il écrivait à son cousin par alliance, Charles MEUNIER, greffier à Chinon, une longue lettre demandant des nouvelles de sa famille qu'il a quittée en 1873 après sa destitution. Il avait appris en son temps la mort de sa tante Madame MAURICE-FERME. Mais il n'a pas reçu de faire part du décès de sa cousine Caroline.

Il se félicite d'apprendre que les HUARD ont su faire fortune en peu de temps et pense que Ludovic MAURICE exerce toujours son commerce de fers. Il a appris la retraite de Stéphane MAURICE, notaire à Lerné et souhaite à Charles MEUNIER de vendre son greffe pour prendre un repos bien mérité. Il est heureux d'apprendre que Suzanne, sa fille, est bien mariée.

Il demande des nouvelles d'un ami, Monsieur CESVET, qui pourrait l'aider à le faire nommer à nouveau notaire, car il ne désespère pas d'y parvenir ; il a fait faire une pétition dans ce sens par "tout Ain-Beida", y compris la "population indigène" que le député JOUBERT avait transmise au Ministre de la Justice ; il s'est même adressé au Président de la République WILSON, mais celui-ci lui a répondu qu'il fallait attendre un changement de ministère. Puis il ajoute :

"Pour ce qui est de mes malheurs conjugaux, je n'ai ni le temps ni le coeur de vous entretenir ; et comme j'ai l'estomac peut être encore plus mauvais que celui de ma pauvre mère, je craindrais de rendre la bonne bouillabaise que ma femme vient de me servir à déjeuner.

Deux mots donc seulement sur ce tristre sujet.

Le 2 Octobre 1880, Madame, de mon consentement, partait pour passer un mois à Alger dans sa famille. Elle n'était pas revenue au bout de trois mois. Et un beau jour, j'apprends par l'un de ses frères qu'elle s'était envolée avec le capitaine du Bureau Arabe d'Aïn-Beida même, qui nous avait annoncé à tous son absence momentanée, pour prendre un congé de six mois en France.

Vers le 15 Janvier 1881, une affaire importante m'appelle à Constantine, où, en descendant de voiture je me trouve nez à nez avec le capitaine qui se met vite à jouer des pieds. Arrivé à l'hotel, la maitresse, sans que je lui demande rien, me vite au courant de la situation. Je m'habille, vais au Parquet et donne l'ordre écrit au Procureur de faire arrêter la donzelle.

Mais la justice étant devenue top boiteuse, Madame eut le temps de prendre le train pour Philippe-Ville. Je fis alors jouer le télégraphe ; en descendant de voiture, elle fut arrêtée. Le lendemain elle était à Constantine entre deux gendarmes et conduite à la prison. Une lettre d'elle m'inspira de la pitié et au bout de trois jours je la fis relaxer. Je ne l'ai plus revue, mais je sais qu'elle vit toujours avec son capitaine qui commande actuellement le Bureau Arabe de Batna et qu'elle a fait deux ou trois enfants qui ont été déclarés son le nom du père seul.

Elle et son marlou ont tout mis eu oeuvre pour me nuire et leurs agissements ont le plus, pour ne pas dire tout à fait, contribué à ma révocation. Mais en voila assez, ça m'écoeure.

En me relisant je vois qu'il m'a échappé de vous dire que ma femme m'avait fait une bonne bouillabaise. Eh oui, je me suis remarié à la mode d'Afrique. Je ne puis me passer de femme, surtout au point de vue de la nourriture. J'ai l'estomac si délabré, qu'il a besoin d'être soigné d'une façon toute particulière. Et puis je suis bien tombé, bien mieux que la première fois. Ma petite femme a 23 ans. Elle est pleine de prévenances pour son vieux et entre nous deux règne un magnifique bébé de 16 mois qui fait toute ma joie. Je n'ai jamais vu d'enfant aimer autant son père. C'est toujours grande fête quand je rentre à la maison, mais quand il faut que je sorte, c'est un déluge de larmes.

......dites moi donc le nom de celui de mes créanciers qui a exercé mes droits pour arriver à la vente par licitation de nos immeubles.

Lundi, quand vous recevrez cette lettre je serais en mer depuis 2 heures du matin ; grande partie de pêche aux palangles en famille. Et quelle bouillabaise. Je dis bien "pêche en famille", car quoique marié irrégulièrement cela n'empêche pas ici qu'une femme qui se conduit bien soit reçue dans les ménages réguliers. Aussi vais-je partout avec la mienne et mon bébé".

"Jeudi 21 - Pas de chance ! En rentrant diner hier soir je trouve le docteur en train de remettre l'épaule gauche de mon bébé, venant de faire une forte chute. Adieu ma partie de pêche !".

 

Après le décès d'Urbain Auguste FERME, intervint un partage entre sa veuve et ses filles le 13 Octobre 1841.

Il fut attribué à Madame veuve FERME :

- 62.100 Frs à prendre sur la valeur de la maison de commerce exploitée à Chinon, rue Haute, ce qui était une somme importante à l'époque.

- Diverses créances hypothécaires pour 37.455 Frs.

- Le mobilier.

- Une voiture à quatre roues, une carriole, un Tilbury, une charrette, un tombereau et un cheval.

- Du vin et de l'argenterie.

- Une maison à Chinon, rue Haute Saint-Maurice, dite la maison neuve (20.000) comprenant au rez-de-chaussée, deux salons et une chambre à coucher ; au premier étage, un salon de compagnie avec balcon sur la rue, chambre à coucher avec terrasse, différents cabinets de toilette et chambres de domestiques ; au second étage, deux chambres à coucher avec alcôves et cabinet de toilette ; grenier, cave voûtée, cellier, buanderie, cuisine, salle à manger ; hangar, écurie. Entrée avec porte cochère (près le tribunal).

- Clos à Sainte-Radegonde avec caves et pressoir à Chinon.

- Un pré Saint-Jacques à Chinon (84 ares).

- Le pré des Epinettes à Chinon (1 hectare 16 ares).

Il fut attribué à Madame MAURICE-FERME :

- Diverses créances hypothécaires pour 23.334 Frs.

- Du mobilier.

- Une maison rue Haute Saint-Maurice à Chinon (20.000) et cul de sac Negron qui servait alors à l'exploitation du commerce de Monsieur et Madame MAURICE-FERME.

- La Closerie des Roches (1 hectare 3 ares 69 centiares).

 

Les époux FERME-PARE possédaient aussi une maison rue des Caves Peintes à Chinon (reconnaissance de tolérance d'ouverture d'une porte sur la cour de cette maison du 1er Février 1821).

Le 04 Février 1828, ils avaient acquis une portion de maison rue de l'Impasse à Chinon joignant une autre maison qui leur appartenait déjà, et le 20 Février 1828, une autre portion de maison appartenant au même vendeur, rue du Negrou à Chinon, joignant la maison appartenant déjà aux acquéreurs.

Le pré des Epinettes avait été acquis par les époux FERME-PARE le 08 Avril 1827, moyennant 6.350, en remploi par la femme d'un immeuble qui lui était propre situé commune de Souzé près de Saumur.

Le 15 Juillet 1838, les époux FERME-PARE se rendent adjudicataires d'une maison à Chinon rue Haute Saint-Maurice, joignant sans doute celles dont ils étaient déjà propriétaires et la reconstruisent entièrement.

En 1839 et 1840 intervient un procès avec un voisin de cette maison à propos d'un mur mitoyen.

Le 19 Septembre 1849, Madame veuve FERME-PARE loue le pré des Epinettes aux époux PLOUZEAU.

Le 24 Novembre 1842, elle verse à la paroisse de Chinon un capital de 420 Francs 88 centimes pour faire dire, à perpétuité 13 messes.

Le 18 Février 1851, elle fait une donation partage à ses deux filles.

Madame MAURICE-FERME reçoit :

La maison à Chinon rue Haute Saint-Maurice (maison neuve du partage du 13 Octobre 1841, entièrement reconstruite peu après son acquisition du 15 Juillet 1838) évaluée 20.000 Frs.

Quant à Madame DELAGARDE, elle recevait seulement une somme de 10.000 Frs, mais Madame MAURICE payait à sa mère une somme de 10.000 Frs.

En outre la donatrice stipulait une rente viagère à son profit de 500 Frs par an à la charge de chacune de ses filles.

Madame FERME-PARE décéda le 14 Août 1852 à Chinon.

Le 21 Octobre 1852, ses filles firent donation à la fabrique de l'église Saint-Etienne à Chinon, de la somme de 480 Francs pour faire dire à perpétuité 14 messes basses par an.

Le 14 Février 1853, ses filles procédèrent au partage de sa succession. Le lot échu à Madame MAURICE-FERME comprenait :

- Le pré des Epinettes, commune de Chinon.

- Le Clos Sainte-Radegonde, commune de Chinon.

- Diverses créances hypothécaires et mobilier pour 49.542 Frs.

Restaient dans l'indivision :

- Une maison à Chinon, rue Haute Saint-Maurice contiguë à la maison neuve.

- 22 ares de pré, commune de Rivarennes.

- Un petit Clos et quelques parcelles de terre, commune de Rigny acquis par Madame veuve FERME-PARE durant son veuvage.

 

Madame Caroline FERME, fille des époux FERME-PARE, avait perdu son mari, mort du tétanos, négociant à Chinon rue Haute, le 13 Septembre 1866.

Le 30 Décembre 1876, elle fit une donation partage à ses cinq enfants (voir plus haut famille MAURICE) au nombre desquels était Madame MEUNIER (Albertine Suzanne), grand-mère de Madame LEMAIGNEN.

Madame MEUNIER-MAURICE recevait en vertu de cet acte :

- La maison de Chinon, rue Haute Saint-Maurice occupée en partie par les époux MEUNIER-MAURICE.

- Le pré des Epinettes a elle constitué en dot.

Madame Caroline FERME veuve de Louis Etienne MAURICE, décéda à Chinon le 13 Avril 1882.

 

 

 

Résumé sur la famille MEUNIER

 

La famille MEUNIER était originaire de Loudun ou des environs au XVIIIe siècle.

 

Michel Célestin MEUNIER né le 20 Août 1802, à Poitiers, s'établit pharmacien à Loudun et épousa Marie Hélène CARBONNIER dont la famille était originaire de l'Eure, puis s'installa à Loudun. Cette famille avait également des attaches en Mayenne et à Angers.

Michel Célestin MEUNIER eut 5 frère et soeurs dont sont issues les familles DELAGE et VERRIET de LITARDIERE.

De son premier mariage avec Marie Hélène CARBONNIER, il eut un fils Célestin Charles MEUNIER, greffier au Tribunal de Chinon qui épousa Albertine Suzanne MAURICE le 6 Septembre 1858.

 

La famille MAURICE était originaire de Sainte-Catherine de Fierbois.

Un des membres de cette famille, Nicolas André MAURICE demeurant à Sainte-Maure de Touraine eut notamment un fils Louis Etienne MAURICE qui épousa le 25 Novembre 1837, Caroline FERME, fille d'Urbain Auguste FERME et de Suzanne PARE.

Les époux MAURICE-FERME eurent 5 enfants dont Albertine Suzanne qui épousa Célestin Charles MEUNIER et Marie Stéphane MAURICE, notaire à Lerné époux de Marie DUMOUSTIER descendants des familles BRUNEAU et DEMEZIL.

 

Les époux MEUNIER-MAURICE eurent deux enfants :

- Gabriel Charles MEUNIER, bénédictin à Solemmes.

- Marie Suzanne MEUNIER qui épousa Eugène Joseph Marcellin MESCHIN, dont est issue leur fille unique, Madame LEMAIGNEN.

 

 

 

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Histoire des familles Bezard Lemaignen et Aubert
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