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Histoire des familles Bezard Lemaignen et Aubert
3 décembre 2018

Saga Bezard-Lemaignen 2/4

 

 

 

IV - PIERRE SAMUEL BEZARD-PORCHER

ET LEON LEMAIGNEN-BEZARD

 

Alors que nous possédons une quantité considérable de documents sur BEZARD-LEGRAND, nous n'en avons que très peu pour retracer la vie de son fils, Pierre Samuel : quelques actes notariés, une maigre correspondance et un lot de factures de couturière, d'épicier, d'entrepreneurs et autres fournisseurs, constituent notre seul documentation que ne permet pas de se faire une opinion précise sur ce que fut la vie de Pierre Samuel BEZARD qui ne semble pas avoir eu le caractère de forte personnalité de son père.

Il est né à Blois en 1783 ; il était le deuxième enfant de BEZARD-LEGRAND...... Nous ne savons rien de son adolescence, il ne dut pas faire des études très sérieuses car son style et son orthographe sont déplorables. Il a travaillé dans le commerce de son père que celui lui cédé en 1814.

On a vu qu'il avait épousé au début de Février 1812, Emelie Marguerite PORCHER.

Sa femme lui avait apporté en dot, outre des créances et objets mobiliers, et 120 pièces d'eau de vie, la petite et la grande Closerie de Favras, commune de Feings (voir famille AUCHER-PORCHER).

Peu après son mariage, aux termes d'un partage en date du 08 Août 1812 de la succession du grand-père de sa femme décédé le 20 Juillet 1812 (voir famille AUCHER-PORCHER) sa femme reçoit une métairie à la Poulinière, commune de Pruniers, deux maisons, rue des Limozins à Romorantin, une autre maison, faubourg de Blois à Romorantin, et diverses pièces de terre.

On a vu également que Monsieur et Madame BEZARD-LEGRAND avait donné à leur fils Pierre Samuel le 12 Septembre 1820, outre la propriété des Portes Rouges à Périgny, la Closerie de Villejoint, une maison, deux maisons à Blois, rue Porte Chartraine, impasse du Cul de Sac du Cygne et deux maisons rue Chemonton à Blois.

Enfin, après le décès de sa mère, Madame BEZARD-PORCHER reçoit (partage du 21 Janvier 1854 - Famille AUCHER-PORCHER) une maison, rue Chemonton à Blois, une Closerie à Beauregard, une Closerie aux Grouets et des créances (famille AUCHER-PORCHER).

Au cours de son mariage, Pierre Samuel BEZARD a vendu tous ces immeubles et à des dates qui ne peuvent être précisées ; il n'en subsistait en tout cas aucun lors de son décès. En outre, il vendit en 1827 le fonds de commerce de marchand de tissus que lui avait donné son père.

Il résulte d'une facture du 06 Mars 1823, qu'il exerce encore son commerce, 98 Grande Rue à Blois, mais le 12 Mars 1827 on trouve une facture TROTIGNON-DESVARENNES, successeur de Monsieur BEZARD-PORCHER, 98 Grande Rue à Blois, "Magasin de Draperies, Rouenneries, Nouveautés".

Il est vraisemblable qu'il vendit ce fonds de commerce peu après le décès de son père, vers 1825, ne se sentant aucune vocation pour le commerce.

TROTIGNON-DESVARENNES, c'est au surplus ce qui résulte de ces livres de comptes arrêtés en 1825, revendit ce fonds de commerce à un dénommé Léon BRUERE (facture du 09 Novembre 1831) qui était peut être un cousin de Madame BEZARD-PORCHER et qui s'installa ensuite à Poitiers.

Léon BRUERE avait revendu ce fonds de commerce à un dénommé Prosper CORBIN qui ce qui qualifie sur une facture de 1853 "Marchand d'étoffes et de tissus, 98 Grande Rue à Blois, successeur de BRUERE".

Pierre Samuel BEZARD n'a donc pas continué longtemps l'activité commerciale de son père et a vécu de la produit de la réalisation de ses nombreuses propriétés immobilières.

Il a cependant consacré une partie de ses réalisations à l'amélioration de sa propriété de Périgny. Il fait en effet de nombreuses acquisitions de terres à Périgny et Villeromain (au moins une quinzaine d'hectares), construit une nouvelle écurie (bail du 16 Août 1841) qui doit être le garage actuel, une importante grange en 1853 (grande LOISEAU) et acquière au nom de sa fille en 1855 une partie du parc et la maison du bas de la propriété (maison du jardinier et grange).

En outre, il fait entièrement construire vers 1856 la maison actuelle à l'emplacement de l'ancienne maison de maître, dont il ne conservera que le salon qui devient la cuisine.

Nous ne possédons malheureusement aucun devis ni aucun plan de cette construction, qui parait-il aurait coûté 25.000 Frs. Il a été retrouvé depuis la rédaction de ce texte un mémoire de travaux de menuiserie effectués en Janvier 1857 daté du 02 Mai 1857 et acquitté le 27 Septembre 1857 s'élevant à 1.354 Frs 69 centimes et un mémoire de travaux de plâtrerie de la même date acquitté le 30 Septembre 1857 ; ces deux mémoires visés par Monsieur MARGANNE, architecte à Vendôme. Samuel BEZARD n'a pas dû habiter longtemps la maison puisqu'il est décédé le 20 Octobre 1857.

Il semble que le fermier est continué à habiter quelques temps encore les anciens bâtiments de la ferme, démolis depuis, et qui se trouvaient en bordure de la rue, puisque les bâtiments de la ferme LOISEAU ne furent construits qu'en Juin 1868. (Dossier Titres de Propriété de Périgny).

En 1821, il fait dresser un plan et un relevé cadastral de ses propriétés de Périgny et de Villeromain. Il aménage la disposition du parc et remplace le jardin potager et le verger entourés de charmilles qui se trouvaient devant la nouvelle maison, par une pelouse. Tous les visiteurs admirent son parc, ses dahlias et ses bosquets. On lui doit la disposition des pelouses et parcs sensiblement dans leur état actuel.

S'il n'hésite pas à dépenser des sommes importantes à la mise en état de sa propriété et à diverses constructions, il semble discuter cependant avec parcimonie certaines dépenses. Par exemple un certain GOURDET de Périgny, lui écrit le 06 Décembre 1830 :

"Je suis bien surpris de ce que vous êtres fâché mal à propos au sujet du marché que nous avions terminé de la rivière ; vous dites à tout le monde que nous vous avions demandé 16 sous et qu'au contraire, à preuve de témoin nous vous avons demandé que 10 sous. Je suis très mécontent du mépris et de l'influence des faux rapports que vous faites partout où vous allez. Je vous ai toujours servi fidèlement et honnêtement..... Vous n'avez donc point d'amour propre pour dire des choses semblables..... Je ne suis point surpris des sottises que plusieurs individus vous ont couvert, parce que vous forcez à vous en dire quoique ferme que l'on soit. Ce n'est point avoir de bon sang dans les veines que de quitter de bons ouvriers. Je souhaite que vous soyez aussi bien servi comme vous l'avez été depuis que je travaille pour vous, j'espère que vous ne direz plus de mensonge......".

 

Malgré l'intérêt qu'il porte à Périgny, Pierre Samuel BEZARD n'y séjournait pas d'une façon régulière. Il a d'ailleurs eu plusieurs domiciles. D'abord, 98 Grande Rue à Blois jusqu'à la cessation de son commerce. Il habite ensuite rue Fontaine des Elus, puis en 1849 à Vendôme, Faubourg Saint-Bienheuré (pourquoi ?) et en 1851 à Blois, rue du Bourgneuf n°52 où il habite encore en 1854. Ce n'est semble-t-il qu'après 1859 qu'il vint habiter sa nouvelle maison de Périgny où il décéda.

Malgré ces différents domiciles, il semble bien qu'il était surtout attaché à Périgny : le 20 Décembre 1834, il fait un don de 100 Frs à la commune de Périgny pour la construction du presbytère.

Mais son domicile légal est certainement à Blois, du moins dans les premières années car il reçoit une convocation "de se trouver le 24 Janvier 1832, à midi à l'Hôtel de la Mairie de Blois, en tenue d'hiver, pour aller au devant de l'Etat Major du 17ième Léger", en sa qualité de musicien de la Garde Nationale de Blois".

On sait que Pierre Samuel BEZARD et Emelie Marguerite PORCHER eurent une fille : Emelie Marie Brigitte née à Blois le 29 Juillet 1813 (portrait peint en 1819, avec un petit chat dans les bras). Elle fit semble-t-il de bonnes études (peut-être à l'Institution de Mademoiselle BARDET, 18 rue Chemonton à Blois qui invitait encore ses parents à une distribution des prix le 20 Août 1849). En tout cas, elle rédige ses lettres avec aisance sans aucune faute d'orthographe, contrairement à ses parents, et avec une belle écriture.

Emelie Marie Brigitte BEZARD épouse à Blois le 29 Juillet 1833 Léon LEMAIGNEN-VILLORCEAU, avocat, né à Vendôme le 12 Février 1809 (mariage religieux à l'église Saint-Louis), demeurant à Vendôme, rue de la Grève chez son père.

C'est à l'occasion de ce mariage qu'a été établie le 24 Octobre 1833 une longue facture de pâtisserie, petits fours, sirops, bonbons et autres friandises par LEVAIN-ESTIENNE, Confiseur Distillateur et Glacier, 9 place du Marché Neuf à Blois.

A titre de curiosité on consultera une facture du 24 Juillet 1851 pour fourniture de chocolat par "La Maison Spéciale de Fabrique de Chocolats Perfectionnés POULAIN, 68 Grande Rue à Blois". Il s'agit du fondateur de la Chocolaterie POULAIN qui n'avait alors qu'un magasin artisanal de fabrique de chocolat ainsi que mon grand-père MORIN me l'avait déjà dit.

Le contrat de mariage est reçu le 10 Juillet 1833 par Me Auguste PARRAIN, notaire à Blois en présence du père du futur époux et de Louis Coradin AUCHER, son cousin germain à cause de Nelly LEMAIGNEN, son épouse ; et, du côté de la future épouse, de ses père et mère, de Madame veuve PORCHER-AUCHER, sa grand-mère, de Jean-Louis PORCHER son oncle, ancien notaire demeurant alors à Blois, rue d'Angleterre, et de Marie Laure PORCHER, sa cousine.

Il est constitué en dot à la future épouse par ses père et mère, 2.000 Frs de trousseau, 3.000 Frs de meubles et 40.000 Frs d'espèces.

Les futurs époux étaient très lointainement cousins par un ancêtre commun : Jacques LEMAIGNEN-FLEURIAU, né à Talcy en 1665, décédé à Ménars le 24 Mars 1740 qui eut au moins dix enfants dont :

1°) Benoît Nicolas LEMAIGNEN époux de Marguerite DELAUNAY, qui eut 6 enfants notamment Catherine Marguerite épouse de François AUCHER, grand-mère de Madame BEZARD-PORCHER.

2°) André LEMAIGNEN, époux de Marie HEMERY qui eut 17 enfants, dont André Michel LEMAIGNEN qui de son 2ème mariage avec Marie Anne Victoire POIRIER eut un fils François LEMAIGNEN dit VILLORCEAU, père de Léon LEMAIGNEN.

La famille LEMAIGNEN était d'ailleurs si nombreuses qu'on se retrouve souvent les membres mêlés à l'histoire des BEZARD. Rappelons qu'un fils LEMAIGNEN était camarade, aux armées de Beaujour BEZARD. Une dame veuve LEMAIGNEN était libraire à Blois en 1824-1825, ainsi qu'il résulte d'une facture de fournitures livrées à BEZARD-PORCHER.

On ne sait pas grand chose sur la vie des époux LEMAIGNEN-BEZARD au début de leur mariage.

Léon LEMAIGNEN avait soutenu sa thèse de licence en droit à la Faculté de Droit de Paris le 10 Mars 1832 sur l'absence (2 pages et 1 page de droit romain en latin !).

Il était avocat à Blois et le jeune ménage habitait rue Fontaine des Elus, avec les époux BEZARD-PORCHER.

Le 05 Août 1833, Monsieur et Madame BEZARD-PORCHER vendent à Monsieur et Madame Léon LEMAIGNEN-BEZARD en emploi de la dot de Madame LEMAIGNEN-BEZARD, la Closerie de Favras, ayant appartenu à la famille AUCHER-PORCHER, deux maisons à Blois, rue Chemonton et une petite maison aux Basses Granges, commune de Blois.

Léon LEMAIGNEN revendit la Closerie de Favras à Divers acquéreurs en 1840 et 1844 (voir copie de la déclaration de succession de Madame veuve Léon LEMAIGNEN - Dossier Léon LEMAIGNEN).

Léon LEMAIGNEN fit plusieurs acquisitions de terres pour agrandir Périgny en 1836, 1837, 1838 et 1845. On se demande pourquoi ces acquisitions ont été faites par lui et non par son beau-père, qui d'ailleurs en faisait aussi dans les mêmes années.

Du mariage des époux LEMAIGNEN-BEZARD est né un fils unique, à Blois, le 27 Mai 1835 : Léon Ernest LEMAIGNEN qui fut élevé par sa mère, après le décès de son père survenu à Saint-Maurice, près de Paris le 29 Juillet 1854 (exactement, jour pour jour, 21 ans après son mariage).

Pour essayer de mieux connaître Pierre Samuel BEZARD, il n'est pas inutile de parcourir les quelques lettres que nous avons de lui, de sa femme, ou de ses parents. Elles nous apportent quelques renseignements sur son caractère, sa santé, ses occupations, quoiqu'avec infiniment moins de détail que la correspondance de son père.

Pierre Samuel BEZARD ne fut pas un procédurier comme son père. Il ne nous est resté qu'une petite liasse de procédures en 1816 contre un certain LEGENDRE, marchand, rue des Orfèvres à Blois pour recouvrement d'une facture de marchandises qu'il lui avait vendues.

Pierre Samuel semblait préférer aux choses de négoce, les bals et soirées chez des amis et des réceptions à sa propriété de Périgny.

 

D'une facture d'un voiturier du 20 Janvier 1834 :

"Note des voyages de Monsieur BEZARD, propriétaire à Blois pour le mariage de Mademoiselle sa fille : pour l'avoir mené à l'église et ramené : 6 francs ; du 13 Janvier : pour avoir mené et ramené Monsieur BEZARD et 4 personnes du bal : 3 francs 50 ; du 16 Janvier : avoir conduit Monsieur BEZARD et 4 personnes, aller et venir, au bal de Mlle DEFRAY : 3 Frs 50 ; du 18 Janvier : avoir mené et ramené 4 personnes, etc....".

Le 04 Février 1841, il est invité au bal chez le Comte et la Comtesse LEZAY-MARNESIA, un peu plus tard chez Me RIFFAULT, notaire à Blois (avec sa fille), le 15 Janvier 1847 au bal donné par Monsieur et Madame LEMAIGNEN-BARAULT ; le 19 Juin 1848 au mariage de Mademoiselle Nelly LEMAIGNEN, fille des LEMAIGNEN-BARAULT avec Léon VALIN, qui aura lieu à l'église Saint-Nicolas le 27 Juin 1848.

 

Le 22 Septembre 1836, une demoiselle AMAURY, de Tours (est-ce une cousine descendante de LEGROUX BEZARD ?) lui écrit :

"Monsieur et cher voisin" (pourquoi voisin ?)......

"Nous sommes charmés que vous nous ayez fait part de l'affermage de votre terre.... Votre campagne deviendra plus agréable à habiter ce dont nous nous félicitons ; nous attendrons le beau temps pour jouir ensemble de vos jolies promenades.... Nous vous remercions infiniment de vos bonnes intentions pour notre jardin qui a besoin de la surveillance charitable de nos bons voisins, étant trop éloignés pour nous en occuper nous-mêmes.

Nous vous applaudissons d'avoir un cheval à vous.....

Nous allons sortir de chez nous et nous aurons bien du plaisir à voir les dispositions de votre joli pré ; nous irons en juger le plus tôt possible. Embrassez le joli Ernest. Mille choses honnêtes et amicales à Monsieur Léon et ne m'oubliez pas auprès de Madame PORCHER".

Le 18 Août 1843, la même demoiselle AMAURY qui signe "votre sincère et éternelle ami" lui écrit, toujours de Tours (mon cher voisin), pour lui exprimer son plaisir de le revoir, peut-être, à la distribution des prix à la pension d'Ernest. Elle remercie des détails que BEZARD lui donne dans sa dernière lettre :

"Nous voyons que vous avez pu raccommoder votre curé avec la société ; il ne peut qu'y gagner ne voyant chez vous que des personnes aimables et estimables.

Nous apprenons avec plaisir que Madame PORCHER, votre bonne maman se porte toujours assez bien pour conserver le goût des voyages ; engagez la donc à faire celui de Tours avec vous tous, maman, papa et petit-fils, quel bonheur pour nous de vous revoir encore.... J'ai de très belles fleurs surtout de beaux dahlias, ce qui me rappelle le temps où j'enviais le vôtres à Périgny ; je voudrais bien pouvoir encore admirer vos charmants bosquets, car je crois bien que tout cela s'embellit de jour en jour. Nous vous félicitons de votre agréable voisinage du Coudray" (qui donc habitait alors au Coudray ?).

Présentez nos respects à Monsieur le Curé de Périgny quand vous le verrez".

 

Par acte de Me ROLLAND, notaire à Vendôme du 12 Décembre 1841, Marguerite Bonne AMAURY et Madeleine Emelie AMAURY, sa soeur, toutes deux célibataires demeurant à Tours, vendaient à BEZARD-PORCHER des près à Bezard, qu'elles avaient acquis de BEZARD-LEGRAND le 03 Novembre 1817, et par acte du même jour, elles vendaient à Léon LEMAIGNEN des terres à Périgny qu'elles avaient recueillies dans la succession de leur soeur, Mlle Marie Rose AMAURY, décédée à Vendôme quelques années avant et qui les avait elle-même acquises de GODINEAU (titres de propriété de Périgny).

 

Le 08 Août 1846, il reçoit une lettre d'un dénommé BOUCHER, demeurant à Périgny qui l'entretient de "l'élection communale" qui doit avoir lieu à Périgny le Dimanche 08 Août 1846 à 7 heures du matin. Certains électeurs voudraient élire Pierre Samuel BEZARD et d'autres Léon LEMAIGNEN : "Il faudrait chercher le moyen de se mettre bien d'accord pour que l'un de vous deux fasse partie du Conseil".

 

La nièce de Madame BEZARD, Laure DUTHEIL, lui écrit le 31 Décembre 1844 une lettre de bonne année, pleine de banalités mais qui révèle un événement économique :

"Vous deviez, Ma Bonne Tante, venir cet été avec mon oncle, passez quelques temps avec nous ; il me semble avoir entendu dire que le chemin de fer serait inauguré à Blois ce mois de Mai et ce ne serait pas bien de ne pas l'étrenner. Si Emelie et Léon étaient aussi assez aimables pour venir, pendant la belle saison, faire une nouvelle excursion dans notre grande ville (Paris) accompagnés du Cher Petit Ernest, oh alors ! cette année sera réellement heureuse pour nous".

 

Le père de Laure, Jean-Louis PORCHER écrit à son beau frère Pierre Samuel le 07 Janvier 1849 : il s'occupe de plusieurs affaires qui lui donnent beaucoup d'embarras, notamment de la succession d'Antonin TRINQUART, un cousin ; il a dîné la veille chez LEROUX ; est-ce le fils d'Anne BEZARD, le cousin de Pierre Samuel ?

 

Le 29 Juillet 1849, Madame BEZARD-PORCHER écrit à sa mère que Monsieur ALARDET ira la voir le lendemain. Ce ALARDET revient souvent dans la correspondance des BEZARD et de Jean-Louis PORCHER, c'était un lointain cousin.

 

A partir de cette année 1849, les lettres de Pierre Samuel n'ont guère trait qu'à ses ennuis de santé.

 

Le 25 Octobre 1849, étant à Blois, il écrit à sa femme, Faubourg Saint-Bienheuré à Vendôme :

"Ma Chère Amie, j'ai vu Monsieur DESFRAY (son médecin) qui m'a recommandé de prendre de l'exercice, des bains le soir avant de me coucher et de prendre en me mettant au lit une cuillère de "Locqu" (remède) pour faire dormir, et même dans la nuit dans le cas ou une ne suffirait pas. Tu comprends le vif désir que j'éprouve à me rendre auprès de vous trois ; je fais tout pour une prompte guérison ; je me résous à faire tous mes efforts. Je viens de voir Monsieur "Daute Clocque" (de Haute Cloque ?) qui a vu notre maison ; il a écrit à une famille de Paris en attendant la réponse il en fera part à Mr MANTOIS (?), dans le cas où il y aurait apparence d'arrangement. Il pense que la personne préférera acheter vu qu'il désirerait faire parqueter" (de quelle vente s'agit-il ?).

 

Puis il donne des nouvelles de plusieurs amis ; puis il revient sur sa santé:

"Je désire vivement me trouver parmi vous et mettre de l'ordre à nos affaires. J'ai vaincu la tristesse. Dieu venant à mon aide m'accordera j'espère le bonheur d'être plus à moi, seul moyen d'être heureux".

 

Trois jours après, le 26 Octobre, il écrit à nouveau à sa femme uniquement pour l'entretenir de sa santé :

"Je profite de l'occasion de M. DELAFORGE (est-ce le Châtelain de Danzé qui était ami de Madame François LEMAIGNEN-VILLORCEAU ?) pour vous donner à vous trois de mes nouvelles. Les souffrances aiguës que j'éprouve depuis longtemps ont été moins fortes cette nuit ; j'attribue cela à un locque que m'a donné Monsieur DESFRAY, m'a-t-il dit pour me faire dormir suivant l'ordonnance ; je l'ai pris bien exactement et ai pu dormir, je ne reste pas agité ; j'en ai pour quelques jours et me persuade avec tout le courage possible que le mieux doit en résulter, ô ma bien bonne et adorable amie. Je vous avoue que mes souffrances sont au-dessus de mes forces et que ce matin notre bonne maman (Madame PORCHER) a traité de singeries en disant que seul je pouvais guérir par des promenades, beaucoup de distractions, surtout de la gaieté, etc.... Je vous embrasse du meilleur de mon coeur ; ton époux pour la vie. J'embrasse bien tendrement mon adorable enfant".

 

Le 11 Décembre 1849, Madame BEZARD-PORCHER, alors à Vendôme, Faubourg Saint-Beinheuré écrit à sa mère :

"qu'elle espère aller bientôt la voir, ça dépendra comment mon mari s'accoutumera. Ici il parait raisonnable ; dans ce moment il croit qu'il s'accoutumera avec le temps ce qui adoucira un peu nos peines..... Mon mari, Emelie, Ernest et moi t'assurons de nos respects et amitiés".

 

Pierre Samuel écrit 4 jours après à sa belle mère, le 15 Décembre, étant à Vendôme :

"Je fais tout pour m'habituer étant près de ma femme, ma fille et notre excellent Ernest lequel à pour moi mille bontés. La maladie ne m'a pas laisser la vie supportable. Je prie Dieu de me soutenir dans mes projets qui sont, comme vous le voyez bien raisonnables ; mes étouffements sont moins fréquents, etc..."

 

Le 12 Janvier 1851, Madame BEZARD-PORCHER est à Périgny, elle écrit à sa mère :

"J'ai remis au messager un petit paquet de tilleul pour toi. J'irai demain à Villeromain pour avoir de tes nouvelles. A la campagne, en ce moment il y a beaucoup de boue".

 

Le 03 Juin 1851, elle écrit de Vendôme à sa mère :

"Je viens de recevoir à l'instant une lettre de Monsieur BEZARD qui nous dit qu'ils se portent bien tous les deux (qui ?). Il nous tranquillise ; dès que je saurais quelque chose de nouveau je te l'écrirai. Je désire que toutes ces affaires là finies, nous puissions vivre en paix".

 

Lettre de BEZARD, datée de Paris du 04 Juin 1851 à sa belle mère "Le bon frère PORCHER a tenu à vous écrire ..... nous sommes tous dans l'attente d'une bonne solution. Ca va autant bien que possible"......

 

Il s'agit dans ces deux dernières lettres de la santé de Léon LEMAIGNEN ainsi qu'on le verra ci-après.

Le 30 Août 1851, BEZARD alors à Blois demande à sa belle-mère de lui envoyer des prunes pour faire des confitures et le 05 Septembre 1851, de Périgny, il lui écrit :

"Nous profitons du bon voisin GIRARD qui descend à la Gerbe d'Or pour vous envoyer 2 perdrix et 1 caille avec du cresson pour mettre dessous. Ernest les a tuées aujourd'hui à 3 heures 1/2 du soir. La chasse est très abondante".

 

Le 18 Octobre 1851, il écrit à sa femme pour lui raconter son voyage aux Blanchardières auprès de son "bon frère".

Le lendemain, 19 Octobre, Ernest LEMAIGNEN qui demeure avec sa mère à Tours, rue de la Grandière où ils sont allés habiter pour permettre à Ernest de poursuive ses études au collège des Jésuites, écrit à ses grands-parents qu'ils sont maintenant tout à fait installés à Tours. Il les invite à venir les voir et ils iraient rendre visite à Monsieur DEMEZIL à sa campagne. Il est entrée en rhétorique et est tout à fait habitué.

Puis le 30 Novembre suivant il leur écrit à nouveau ; lui et sa mère vont aller dîner chez les DEMEZIL.

Le 1er Avril 1852, Madame LEMAIGNEN-BEZARD écrit à sa mère pour lui donner des nouvelles d'Ernest, qui a été légèrement malade.

Ernest écrit d'ailleurs à sa grand-mère le 03 Avril 1852 que sa grippe est sur son déclin. Mais la bonne Bathilde à la fièvre et sa mère un rhume.

Le 08 Juin 1852, elle écrit à nouveau qu'Ernest va mieux, mais la "Crue" l'a fatigué. Elle a hâte de revenir à Périgny. Elle désire des nouvelles de Monsieur ALARDET.

Même lette semblable du 24 Juin 1852.

Le 29 Avril 1852, Pierre Samuel BEZARD est à Périgny et sa santé n'est pas plus brillante. Il écrit à sa femme alors chez sa mère, rue du Bourg Neuf à Blois (on se déplaçait beaucoup à cette époque".

"Je reçois ta lettre et vois avec bonheur que notre excellente mère a eu la visite de son pasteur. Il est 4 heures 1/2 Monseigneur nous quitte accompagné de Monsieur DORE et Mr VENAULT qui doit aller voir Vendredi à Villeromain. J'étais près de M. DORE ...... (illisible). Monseigneur m'a dit : j'irai vous voir à Périgny. A l'issu du dîner avec 20 autres personnes qui l'ont accompagné, et au milieu du Bourg, dans la conversation il s'est aperçu que j'étais essoufflé .... Je me demanda excuse de ce qu'il avait été trop vite, et il tenu, ainsi que M. DORE que je lui donnas mon bras. La promenade chez nous a duré 1/4 d'heure par le plus beau temps possible. Il nous a comblé de ses vifs remerciements et de sa bénédiction. Votre maison admirable est bien les Champs Elysées. M. LAURAND me l'avait bien dit. M. VENAULT a été reçu par Monseigneur avec joie lorsque à Villeromain je lui ai dit qu'il venait mercredi et passer le jeudi avec nous.

Il me dit "c'est votre parrain il est l'homme le plus aimable et le plus obligeant ; il tient de la famille".

 

Monsieur DORE était le curé de Périgny qui écrivait en 1821 à Madame BEZARD-LEGRAND et Mr VENAULT, devint Vicaire Général à Blois. Il était parent de Me Jacques LEMAIGNEN-MORIET (testament de Madame veuve LEMAIGNEN-MORIET) - (Voir chapitre "Enfant de Jacques LEMAIGNEN-FLEURIAU).

Le 10 Juin 1852, Ernest écrit à ses grands-parents que M. DEMEZIL et sa femme ont l'intention d'aller voir M. ALARDET vers le 15 Août. Les vacances seront probablement le 11 ou le 12 Août.

Le 12 Octobre 1852, il invite ses grands-parents à venir le voir à Tours pendant la visite du Président (Louis Napoléon) :

"Il y a de grands préparatifs. La rue Royale est remplie de mats où flottent des banderoles. Des estrades vont être élevées sur la place du Palais de Justice. Le défilé aura lieu depuis l'embarcadère jusqu'au Palais de Justice ; il remontera la Rue Royale jusqu'à la rue de l'Archevêché pour se rendre à St Gratien. Le Président ouvrira le bal avec Mlle DE COURTIGIS, fille du Général. La Mairie et le Musée seront réunis par un pont suspendu. Toute la ville sera illuminée.

Je suis entré en philosophie..... Toute la famille DEMEZIL est à la campagne".

 

Le 16 Octobre 1853, Jean-Louis PORCHER écrit à sa nièce Emilie LEMAIGNEN-BEZARD au sujet du recouvrement d'une créance douteuse contre M. de SAINT-LOUP et lui indique qu'il a demandé conseil à leur voisin LEMAIGNEN : qui est ce LEMAIGNEN qui doit être un juriste ? Il l'invite à venir le voir à Paris, car, lui, ne veut plus revenir en Blésois depuis qu'il a fait faillite....

Le 10 Janvier 1854, Emilie LEMAIGNEN-BEZARD écrit à sa mère :

"Ernest est actuellement à Paris. Il n'a pas le temps de s'ennuyer ; il est une partie du jour à l'Etude et le soir en soirée. Il est allé Samedi dernier passer la soirée chez M.DORE (qui devint Commissaire de Police à Blois) où il y avait 7 ou 8 jeunes gens et s'est bien amusé. Il va ce soir chez un autre jeune homme qui est également chez M. DEMEZIL et qui est très bien et d'une bonne famille. Il est de l'âge d'Ernest. Vendredi il compte aller au bal qui a lieu à la Mairie au profit des pauvres, et de Mercredi en huit à la Préfecture où il y a 4 soirées. Tu vois que pour Ernest voilà de quoi l'occuper. Nous avons eu Dimanche la Famille DEMEZIL à dîner. M. DEMEZIL est aussi étourdi qu'à l'ordinaire. J'ai un quart de vin que je fais soutirer et qui est tout prêt à envoyer à Blois ; M. DEMEZIL m'a vendu un quart de cidre qui est très bon".

 

Ernest, après son bachot, était donc entré à l'Etude de M. DEMEZIL, avoué à Tours.

 

Nous n'avons aucun renseignement sur la vie de Pierre Samuel BEZARD depuis 1854 jusqu'à son décès survenu vraisemblablement à Périgny où il habitait alors le 20 Octobre 1857. Encore, ne connaissons-nous la date de son décès que par l'inscription sur sa tombe dans le cimetière de Périgny.

Quelle était exactement la maladie dont il se plaignait, n'était-elle pas due à son manque d'activité, comme le prétendait sa belle-mère ?

Il donne l'impression d'un personnage assez falot, surtout après la forte personnalité de son père, instable, inactif et tourmenté.

Il semble que lors de son décès il ne possédait plus aucun immeuble à Blois.

Sa veuve continua à habiter à Périgny où elle décédera le 27 Juillet 1877 à 84 ans.

D'après sa photographie, c'était une dame assez petite, à l'allure austère et autoritaire, paraissant bien avoir eu le même caractère que sa mère, Madame PORCHER-AUCHER.

 

 

Maladie et décès de Léon LEMAIGNEN

 

On a vu ci-dessus que Madame Léon LEMAIGNEN-BEZARD dans une lettre du 03 Juin 1851 et que Pierre Samuel BEZARD dans une lettre du 04 Juin 1851 faisaient allusion à la santé de Léon LEMAIGNEN. Celui-ci avait été traumatisé par les événements de la révolution de 1848, peut-être sous l'influence de l'oncle de sa mère, Jean-Louis PORCHER (voir sa correspondance) et, après avoir été un brillant avocat à Blois, où il demeurait rue Fontaine des Elus, dut être hospitalisé dans une maison de santé à Paris, puis à Saint-Maurice près de Paris où il décéda six ans après, le 29 Juillet 1854 à l'âge de 45 ans.

 

Le 04 Juin 1848, Laure DUTHEIL écrivait à Pierre Samuel BEZARD, son oncle:

"Aussitôt après avoir reçu ce matin votre lettre, mon père s'est mis en route pour prendre des renseignements sur les meilleurs maisons de santé et sur les meilleurs médecins.... Il m'a chargé de vous tracer ces quelques lignes pour vous tranquilliser et vous dire que nous nous occupions de vous avec toute l'activité et l'intérêt dont nous sommes susceptibles. Il s'est rendu chez notre médecin qui est un des premiers de Paris pour avoir des informations et être guidé par lui dans ses démarches ....

Je vous dirais combien nous sommes affectés par le malheur qui vous a frappés, mes chers parents ....... Espérons que nos prières seront exaucées ; c'est du fond du coeur ce que je demande à la Providence. Quant au logement pour Amélie, elle n'a pas besoin de s'en occuper dans ce moment. Elle descendra avec son fils d'abord chez mon père ; nous sommes en mesure de les recevoir ; puis elle avisera après à ce qu'elle veut faire ...."

Laure DUTHEIL ajoute à cette lettre quelques lignes très affectueuses pour "Amélie" (Emilie LEMAIGNEN)

 

Il ne semble pas que les recherches de Jean-Louis PORCHER aient alors abouti et Léon LEMAIGNEN a dû rester à Blois, car le 1er Juin 1849, un an après, il écrivait à Ernest LEMAIGNEN, qu'ayant reçu une lettre de son beau frère BEZARD :

"Il s'était mis à la recherche d'une maison convenable. Ma fille de son côté à pris de renseignements. La maison que M. AUBRY vous a indiquée est celle sur laquelle nous avons d'abord jeté nos vues, mais les prix en sont élevés ; d'un autre côté salle commune .... Celle de Passy est sur les bords de la Seine, l'air y est délicieux et l'établissement que le Docteur BLANCHE y possède, et que j'ai visité est très bien tenu et son prix convenable. C'est 500 frs à donner de suite en amenant le malade et 4 à 500 Frs pour chacun des mois suivants..... Pendant le traitement toutes les relations seront suspendues avec la famille, et on ne pourra voir le malade que lorsque le médecin le jugera possible. Il aura deux chambres, l'une pour séjourner, l'autre pour coucher..... Si après plusieurs mois il n'allait pas mieux, on lui affectera un gardien ce qui fera une somme de 100 Frs par mois....".

Suivent d'autres détails. Il y a un jardin et une salle de billard. Le Docteur BLANCHE peut recevoir dès maintenant le malade dans son établissement, 2 rue de Seine à Passy.

 

Le 18 Juin 1849, Jean-Louis PORCHER écrit à sa mère :

"Je n'entrerai ici dans aucun détail sur l'installation de Léon dans la maison de santé de Monsieur BLANCHE à Passy, ma soeur te les aura donnés de vive voix. Notre malade s'y trouve très bien et dit lui-même qu'il est dans une très bonne maison ; il n'y a que les deux gardiens qui lui déplaisent ; je lui ai dit que c'était l'usage de la maison et il s'est résigné. Il y a déjà une amélioration très sensible dans sa santé et il ne déraisonne que lorsqu'il tombe sur la politique ; sur le reste, ses idées sont très suivies et il se loue de tous les soins qu'on lui prodigue. Il a écrit hier une lettre à sa femme ; on ne dirait jamais que c'est celle d'un homme dans sa position. Espérons donc que le temps le rétablira tout à fait. Les médecins ne veulent qu'il ne voit ni sa femme ni son fils....".

Le même jour (18 Juin 1849) Pierre Samuel BEZARD écrit à sa belle-mère, Madame PORCHER-AUCHER une lettre dont l'orthographe est toujours aussi invraisemblable :

"Notre bon Léon va un peu mieux. PORCHER l'a trouvé chez le Docteur BLANCHE lisant le journal. Il aime beaucoup le Docteur BLANCHE et le regarde comme son sauveur et un véritable père. Léon vient d'écrire à sa femme, et il lui fait part du chagrin qu'il éprouve, des peines qu'il lui cause ... puis il bivouaque disant que son fils pourra faire un laboureur....".

Malheureusement, un mois après la santé de Léon LEMAIGNEN empirait définitivement, car Jean-Louis PORCHER écrivait à sa mère le 20 Juillet 1849 que Pierre Samuel BEZARD et sa fille étaient arrivés à Paris la veille

"à 1 heure après midi en très bonne santé... Ce matin à dix heures nous sommes partis pour Passy ; nous y avons vu Léon, mais seulement de derrière une persienne au bas de laquelle son médecin, qui était avec lui, lui a fait tenir une conversation dans laquelle il a complètement déraisonné. Il se porte très bien physiquement, mais au moral, il est bien malade. Je persiste dans mon opinion qu'il ne se rétablira jamais. C'est un homme perdu pour sa famille. Cependant ses médecins n'ont pas tout à fait perdu espoir.....".

Jean-Louis PORCHER se plaint ensuite de la situation à Paris qui est devenue une ville invivable par suite des événements politiques consécutifs à la Révolution ; il aspire à quitter Paris pour venir profiter du calme de la campagne.

On sait que le 04 Juin 1851, Jean-Louis PORCHER écrivait :

"Nous sommes dans l'attente d'une bonne solution ; ça va autant bien que possible....".

Cependant, Léon LEMAIGNEN dut quitter la maison du Docteur BLANCHE à une date indéterminée, puisqu'il est décédé à Saint-Maurice 3 ans après. Nous n'avons aucune précision sur ces dernières années ni sur son décès.

Le 05 Juin 1849, il avait donné une procuration générale à sa femme pour gérer ses affaires.

Madame LEMAIGNEN-BEZARD avait été nommée tutrice à l'interdiction de son mari par délibération du Conseil de Famille tenue devant le Juge de Paix de Blois le 16 Avril 1851.

Par acte de Me PELTEREAU, notaire à Vendôme du 05 Septembre 1862 confirmant un acte sous signatures privées du 15 Mars 1857, il était procédé entre elle et son fils Ernest, au partage de communauté et de la succession de Léon LEMAIGNEN avec reddition de compte de tutelle à Ernest. La communauté était entièrement absorbée par la reprise de la dot de Madame LEMAIGNEN.

La succession de Léon LEMAIGNEN comprenait, outre diverses créances, les terres acquises par lui à Périgny et Villeromain, les fermes de la Foresterie et des Usages à Danzé dont il avait hérité de son père François LEMAIGNEN-VILLORCEAU (tous les autres immeubles recueillis par lui dans la succession de son père avaient déjà été vendus - Voir famille FERRON).

Madame Emilie LEMAIGNEN-BEZARD habitait soit à Tours soit à Périgny avec Ernest. Elle décéda à Tours le 14 Avril 1895 à 82 ans.

Fernand LEMAIGNEN a connu sa grand-mère et son arrière grand-mère, Madame BEZARD-PORCHER, qu'on appelait à Périgny "les deux grand mères".

Madame Emilie LEMAIGNEN-BEZARD semble avoir été une femme de grand caractère ; malgré la maladie et le décès de son mari, elle s'est consacrée avec courage et sérénité à l'éducation de son fils. C'était bien la petite fille de BEZARD-LEGRAND.

Ainsi prend fin la famille BEZARD qui fait désormais place à la famille LEMAIGNEN.

 

 

Avant d'étudier la famille LEMAIGNEN il convient de faire l'historique des familles DEMEZIL et FERRON qui se sont alliées, ainsi qu'on le verra, à François LEMAIGNEN-VILLORCEAU, puis à son petit fils Ernest LEMAIGNEN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Famille Demezil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA FAMILLE DEMEZIL et
LES FAMILLES TIRONNEAU - VERITE et COUSIN

 

 

Ainsi qu'on l'a vu dans l'histoire de la famille BEZARD (Chapitre V - Famille BEZARD-PORCHER et LEMAIGNEN), Léon Ernest LEMAIGNEN avait épousé le 23 Septembre 1862 Louise DEMEZIL, fille unique de César DEMEZIL, médecin à Couture et de Pauline TIRONNEAU.

La généalogie des familles DEMEZIL et TIRONNEAU peut être assez aisément établie à l'aide de l'importante liasse de titres de propriété de la Ferme de Mons, commune de Marolles-les-Saint-Calais dont ces familles était propriétaires.

Outre leur intérêt généalogique, ces titres méritent une étude attentive car ils sont presque complets depuis 1573 ; non seulement ils permettent de suivre les différents propriétaires de cette ferme depuis cette date reculée, mais aussi la désignation des bâtiments et des terres qui la composent, qui n'ont guère variés pendant les quatre siècles où cette ferme est restée aux mains de la même famille, sauf peut-être une courte interruption de 1771 à 1787. De plus, le lieu de Mons, ou Mont, était un petit fief hommagé par plusieurs vassaux dont il est très intéressant de lire les déclarations d'héritage et devoirs de cens et rentes rendus au sieur de Mons et payables le jour de Toussaint en la recette de cette Seigneurie (sans doute la grande chambre à cheminée gothique qui existe toujours) qui avait droit de basse justice.

Le lieu de Mons relevait lui-même de l'abbaye de Saint-Calais, à cause de son fief de la Margerie. Foi et hommage simple à charge de 15 deniers de service chaque an payable le jour et fête de Saint-Calais (1er Juillet) en l'église Notre-Dame de Saint-Calais (déclaration d'héritage du 26 Mars 1764).

 

 

LA FAMILLE COUSIN

 

Le Dimanche 10 Décembre 1573, honorable femme Catherine VALLET, veuve de Robert ROUSSEAU demeurant à Tours, paroisse de Saint Saturnin vendait à honnête personne Germain COUSIN, marchand, demeurant à Marolles près de Saint-Calais et Mathurine ANGEVIN, sa femme, le lieu, fief, terre et seigneurie appelé, près de Saint-Calais, ainsi que lesdits fief, terre et métairies se poursuivent en maison, grange, étables, toits à bêtes rousses, courtils, garennes à connils, terres labourables ou non, bois de haute futaie, prés, noues, pâtures entourées de haies et buissons.

Germain COUSIN et Mathurine ANGEVIN son épouse, décèdent avant 1608 laissant quatre enfants qui se partagent leurs biens le 12 Janvier 1621, savoir :

1°) Magdeleine COUSIN, décédée avant 1628, épouse de Rougelin ROUSSEAU demeurant à Cormenon (était-il apparenté à Robert ROUSSEAU dont la veuve avait vendu le fief de Mons le 10 Décembre 1573 ? c'est possible).

2°) Michel COUSIN, notaire royal à Saint-Calais qui vivait encore 1621.

3°) Germain COUSIN, marchand à Saint-Calais, époux de Laure MOUSSU.

4°) Barbe COUSIN époux de Laurent (ou Florent) GLANDAZ, demeurant à Cormenon qui vivait encore en 1621.

Les enfants de Germain COUSIN et de Mathurine ANGEVIN avaient payé le solde du prix d'acquisition du fief de Mons le 04 Janvier 1608.

 

Aux termes d'un partage en date du 12 Janvier 1621 intervenu entre les enfants de Germain COUSIN et Mathurine ANGEVIN, le fief de Mons fut attribué pour 2/3 à Magdeleine COUSIN, épouse de Rougelin ROUSSEAU et pour 1/3 à Germain COUSIN.

Le 14 Août 1628, Jacques ROUSSEAU, marchand à Montoire, et Rougelin ROUSSEAU, son frère, marchand, demeurant à la Chapelle Vicomtesse, se partagèrent les 2/3 du fief de Mons échus à leur parent Rougelin ROUSSEAU et Magdeleine COUSIN.

En vertu de ce partage les 2/3 du fief de Mons furent attribués à Jacques ROUSSEAU qui les vendit le 24 Juin 1641 à Germain COUSIN l'aîné, marchand, demeurant à Saint-Calais, époux de Laure MOUSSU, déjà propriétaire de l'autre tiers en vertu du partage du 12 Janvier 1621 (voir la reproduction quasi intégrale de cette vente dans l'analyse des titres de propriété de Mons avec l'indication de l'origine de propriété).

 

Germain COUSIN, époux de Laure MOUSSU décéda à une date qui n'a pu être précisée laissant deux enfants :

1°) Françoise COUSIN, dame de Mons, veuve en 1678 de Charles FROGER, avocat à St-Calais qui eut un fils, Charles FROGER, prêtre au diocèse de Chartres qui vivait en 1724. Françoise COUSIN hérita d'une partie du fief de Mons et le donna en avancement d'hoirie à son fils lors de sa prêtrise.

2°) Germain COUSIN, marchand à Saint-Calais, sieur de Mons qui épousa en premières noces, Renée de TERNAY et en secondes noces Claude BAGOT. Il décéda en Août 1679 laissant :

1°) De son premier mariage :

Renée COUSIN, épouse de Louis BARBIN, sieur de BEAUREGARD, Conseiller du Roi et son Lieutenant au siège de l'élection de Château-du-Loir.

2°) De son deuxième mariage :

- Germain COUSIN, curé de Coulanges.

- Françoise COUSIN, épouse de François VERITE, avocat à Saint-Calais, décédé avant 1719.

- Marguerite COUSIN, épouse de Jean CHASSELOUP, avocat à Mondoubleau, décédé sans enfant avant 1719.

Ses trois derniers, mineurs en 1688.

 

En vertu du partage en date du 20 Février 1688 de la succession de ce Germain COUSIN, décédé en Août 1679, l'autre partie du fief de Mons fut attribué à Claude BAGOT, veuve dudit Germain COUSIN.

Renée COUSIN, épouse de Louis BARBIN de BEAUREGARD eut vraisemblablement trois enfants :

1°) Louis BARBIN, prêtre à Besse-Sur-Braye.

2°) Renée BARBIN, demeurant Paroisse St-Martin à Château-sur-Loir.

3°) Louis BARBIN, de BEAUREGARD, conseiller du roi et Lieutenant de l'élection de Château-du-Loir, comme son père, époux d'une dame CLOPET.

Le 30 Juillet 1719, Louis BARBIN de BEAUREGARD, époux CLOPET acquit à titre de licitation de Germain COUSIN, curé de Coulanges, et de François VERITE, veuf de Françoise COUSIN, ayant agi pour le compte de ses enfants mineurs, les 2/3 appartenant à Germain COUSIN et aux mineurs VERITE, comme héritiers de Marguerite COUSIN, épouse CHASSELOUP, de la partie du fief de Mons, dont il était lui-même propriétaire pour 1/3 comme héritier de ladite dame COUSIN-CHASSELOUP.

L'autre partie du fief de Mons qui appartenait à Françoise COUSIN, épouse FROGER fut vendue le 13 Janvier 1724 par son fils, Charles FROGER, prêtre au diocèse de Chartres et Louis BARBIN, prêtre à Besse qui décéda le 20 Avril 1752 laissant pour héritier, notamment, Hardouin Pierre BARBIN, sieur de Villiers, la Vieillière, Mons et autres lieux, prêtre à Besse, fils des époux Louis BARBIN de BEAUREGARD-CLOPET qui devint seul propriétaire de cette partie du fief de Mons en vertu d'un partage avec ses cohéritiers qui n'a pas été retrouvé.

En sorte que Hardouin Pierre BARBIN réunit sur sa tête la totalité du fief de Mons. Il le vendit le 24 Décembre 1771 à Louis Antoine de SERIGNAC, comte de Sérignac, ancien capitaine au régiment du Roi infanterie, seigneur de nombreux lieux, demeurant au château de Bellemont, paroisse d'Ardins et Armagnac, province de Gascogne, alors présent en son château de Patin, paroisse de Savigny, moyennant 6.000 livres payées comptant, mais avec réserve d'usufruit du vendeur. Il est constaté dans cette vente la remise de 52 titres de propriété. Hélas il en manque beaucoup !

 

Comme on vient de le voir la transmission du fief de Mons depuis 1573 jusqu'en 1771 est singulièrement compliquée. Mais ces nombreux partages et licitations auxquels elle a donné lieu, permet de reconstituer assez fidèlement la généalogie de la famille COUSIN.

 

 

LA FAMILLE VERITE

 

On a vu que le 30 juillet 1719, Louis BARBIN de BEAUREGARD avait acquis à titre de licitation une partie du fief de Mons de ses cohéritiers et notamment de François VERITE ayant agi pour le compte de ses enfants mineurs issus de son mariage avec Françoise COUSIN.

Qui étaient ces enfants ?

 

Il résulte de deux quittances écrites à la suite de l'un des 3 exemplaires de cette licitation que le prix en avait été payé à :

1°) Jacques François VERITE, prêtre, neveu de Marguerite COUSIN, époux CHASSELOUP, le 10 Février 1721.

2°) Anne VERITE, nièce la ladite dame, le 11 Février 1730.

 

Ce sont donc incontestablement le frère et la soeur, enfants de François VERITE et de Françoise COUSIN.

Ils étaient l'un et l'autre mineurs en 1719. Jacques François VERITE est majeur en 1721 et sa soeur en 1730. Jacques François est donc né vers 1695 et sa soeur sans doute quelques années après (tout au plus 9 ans après).

Or, on verra ci-après (famille TIRONNEAU) qu'une Marie Madeleine Louise VERITE, avait épousé, étant âgée de plus de 25 ans, Louis Pierre PERINEAU.

Il résulte de son contrat de mariage en date du 05 Octobre 1779 qu'elle était fille de Charles VERITE, marchand à la Ferté-Bernard et qu'elle avait une tante : Marie Anne VERITE, témoin à son mariage.

On peut dès lors se demander si Charles VERITE n'était pas un troisième enfant de François VERITE et de Françoise COUSIN. Qui, dans ce cas, serait donc né avant 1719 ; mais il aurait eu plus de 60 ans lors du mariage de sa fille, ce qui est beaucoup.

On peut également se demander si la tante Marie Anne VERITE ne serait pas la même que Anne VERITE née au plus tard en 1704, qui aurait eu 75 ans lors du mariage de sa nièce.

Cette hypothèse serait séduisante car elle éblirait le lien entre la famille COUSIN, propriétaire du fief de Mons et la famille TIRONNEAU qui en devint propriétaire en 1787.

Mais il est assez difficile de s'y rallier, car elle repose sur la présomption de l'existence d'un 3ème enfant de François VERITE et de Françoise COUSIN dont il n'est nullement fait mention à la suite de la licitation de 1719. Et si elle était vrai, il faudrait admettre que Charles VERITE et Anne (ou Marie Anne) VERITE sa soeur, étaient bien âgés lors du mariage de Marie Madeleine Louise VERITE.

On remarquera en outre que Jeanne Marie Anne DAGOREAU, épouse de Thomas Antonin TIRONNEAU (voir ci-après) avait un frère : Jean Baptiste François DAGOREAU qui épousa une Anne Emilie VERITE (décédée le 10 Janvier 1866).

Si nous ne sommes pas certain de l'ascendance de Charles VERITE, du moins connaissons-nous sa descendance, notamment par un inventaire en date du 31 Décembre 1838 après le décès de François Marie LHEUREUX.

Précisons tout d'abord que Charles VERITE avait, ainsi qu'on vient de le voir, une soeur Marie Anne VERITE. Il avait épousé Marie Renée MOULINEUF décédée le 05 Octobre 1779, fille de Louis Nicolas Gervais MOULINEUF qui avait eu 3 autres filles : Madeleine Louise, Françoise Louise et Louise demeurant toutes à la Ferté-Bernard lors du mariage de leur nièce.

 

Du mariage de Charles VERITE et de Marie Renée MOULINEUF sont issus 4 enfants :

1°) Marie Madeleine Louise qui épousa Louis Pierre PERINEAU (contrat de mariage du 05 Octobre 1779) lequel était fils de Pierre PERINEAU, demeurant à Bonneval, décédé avant 1779 et de Anne BEAUPERE (ou BEAUPAIRE). Louis Pierre PERINEAU avait une soeur : Marie Anne épouse de Jean-Louis ROULON-BAILLY, notaire royal à Bonneval et maire de cette ville en 1779.

2°) Louis Charles René VERITE qui eut une fille Sophie, qui épousa Pierre Jean Baptiste GIGAULT de la BEDOLLIERE, directeur des Contributions Indirectes à Fontenay-le-Comte.

3°) Henriette VERITE.

4°) Marie Louise VERITE.

L'une de ces deux dernières épousa André LHEUREUX, fils de François LHEUREUX et de ...... FERGON. De ce mariage sont issus 3 enfants :

1°) Edme François LHEUREUX décédé avant 1838.

2°) Alexandre Iris LHEUREUX, décédée avant 1838, qui épousa Isidore CLOTTE, pharmacien à la Ferté-Bernard.

3°) François Marie LHEUREUX, officier, décédé à Cherre près de la Ferté-Bernard le 11 Décembre 1838, sans enfant, laissant pour légataires universelles ses cousines : Madame GIGAULT de la BODELLIERE et Madame Anne Marie Charles PERINEAU, épouse de Michel TIRONNEAU.

 

 

LA FAMILLE DAGOREAU

 

Ce Michel TIRONNEAU, qui était notaire à Couture et dont la généalogie sera établie plus loin, était le fils de Thomas Antonin TIRONNEAU, notaire à Saint-Calais et de Jeanne Marie Anne DAGOREAU.

Cette dernière avait 4 frères et soeurs :

1°) Jean Baptiste François DAGOREAU, décédé à la Loutière, commune de Cogners (Sarthe) le 09 Octobre 1834, époux de Anne Emilie VERITE décédée le 10 Janvier 1866 sans enfant.

Elle était certainement parentes des VERITE dont la généalogie précède.

Un procès intervint entre les héritiers et représentant de son mari au nombre desquels figurait Madame LEMAIGNEN-DEMEZIL (voir dossier famille TIRONNEAU - Voir aussi une lettre de Me MARTELLIERE-BOURGOGNE, avocat à Vendôme adressée à Ernest LEMAIGNEN le 09 Décembre 1867 - dossier Ernest LEMAIGNEN-lettres et une lettre d'Ernest LEMAIGNEN à Jean-Louis PORCHER du 04 Mai 1867).

2°) Marie Angélique DAGOREAU, décédée avant 1868, épouse LEGRAND qui eut un fils, Charles qui vivait en 1868.

3°) Pierre Louis DAGOREAU, médecin à Saint-Calais, décédé après 1834 qui eut 4 enfants :

- Léopold époux de Claire PRUVOST décédé à Saint-Calais le 20 Novembre 1866 sans enfant.

- Louis.

- Edmond.

- Thomas.

Ces trois derniers décédés avant 1834.

4°) Gabriel Paul Louis DAGOREAU, qui eut 3 enfants :

- Félix Louis Léonor DAGOREAU, Capitaine d'Infanterie de Marine en retraite en 1868 demeurant à Suresne rue du Clos.

- Eugénie Léopoldine Pauline DAGOREAU, veuve en 1868 de François Benjamin BERTIN demeurant à Paris, 249 rue Saint-Jacques.

- ....... DAGOREAU, épouse GUELDRY, décédée avant 1868 qui eut un fils : Louis Victor Sophie Frédérick GUELDRY, gérant d'atelier, demeurant en 1868 à Paris, 64 rue Amelot.

 

Le 30 Septembre 1922 (voir dossier lettres adressées à Madame LEMAIGNEN-MESCHIN) une amie de Madame LEMAIGNEN, Mademoiselle Andrée de LAVERNETTE, qui avait fait sa connaissance à Tours où son père était mobilisé pendant la guerre de 1914 avec M. MESCHIN, lui écrivait de Saint-Calais, où elle était alors chez sa tante Mlle de la POTERIE, 1 rue Lhermite :

"Je voudrais vous donner un tableau généalogique DAGOREAU. J'y renonce car je m'embrouille dans tous ces demi-frères et soeurs. Ma tante me parle de tant de choses que ma pauvre cervelle ne peut les retenir. J'ai vu hier la maison de Madame DAGOREAU dans l'Impasse qui porte son nom. (Il s'agit certainement de Madame DAGOREAU-VERITE). Et je n'ai pas encore saisi s'il y avait une parenté entre M. DUCOUDRAY (il en sera question plus loin) et la fameuse Madame DAGOREAU. C'est égal le monde est bien petit et c'est curieux de se retrouver ainsi en pays de connaissance".

Puis dans une lettre du 28 Mars 1923, Mademoiselle Andrée de LAVERNETTE, alors dans la propriété de ses parents à Montrevost par Cuisery (Saône et Loire) explique à Madame LEMAIGNEN que sa mère avait une tante, L. de MONTREVOST, qui avait épousé un de la Poterie, lequel était le frère de Timoléon de la Poterie époux d'Hortense TIRONNEAU, soeur de Michel TIRONNEAU, grand-père de Louise DEMEZIL qui épousera Ernest LEMAIGNEN.

 

 

LA FAMILLE TIRONNEAU

 

La premier membre de la famille TIRONNEAU que nous connaissons est : Thomas Antoine TIRONNEAU, notaire royal à Saint-Calais époux de Jeanne Marie Anne DAGOREAU.

Il acheta le 10 Novembre 1787 à Louis Antoine de SERIGNAC le lieu, fief et domaine de Mons, situé Paroisse de Marolles et tous les sujets et censitaires qui en dépendent, relevant à foi et hommage simple du fief de Margerie de l'abbaye royale de Saint-Calais, sous le devoir de 15 deniers et service le jour de Saint-Calais, rachats et autres droits suivant la coutume.

Le tout appartenant au Seigneur de SERIGNAC, d'acquêt qu'il en a fait de Pierre Hardouin BARBIN de VILLIERS, prêtre ; cette vente consentie moyennant le prix de 2.000 livres payées comptant, contient une description précise des pièces de terre de la ferme de Mons avec leur dénomination actuelle.

Et le même jour, Thomas Antoine TIRONNEAU, achète également de Louis Antoine de SERIGNAC "ce qui faisait la composition du lieu nommé le Petit Mortier situé paroisse de Marolles", dont l'acte contient également la désignation détaillée, et qui forme le surplus de la ferme de Mons, acquise par le sieur de SERIGNAC de Pierre Hardouin de VILLIERS.

Cette vente a lieu moyennant 6.240 livres dont 1.240 livres payées comptant. Les 5.000 livres de surplus sont payables le 1er Mai 1788 avec intérêts au denier vingt. On ne s'explique pas pourquoi il a été établi deux actes de vente séparés du domaine de Mons.

Thomas Antoine TIRONNEAU décéda à Saint-Calais le 18 Décembre 1819 laissant 6 enfants :

1°) Thomas Jean Michel TIRONNEAU, greffier de la justice de paix de Saint-Calais.

2°) Me Michel TIRONNEAU, notaire royal à Saint-Calais.

3°) Jeanne Antoinette TIRONNEAU, épouse de René Jacques DUCOUDRAY, propriétaire, demeurant à la Ganterie, commune de Montaille.

4°) Mlle Sophie TIRONNEAU, majeure en 1820, demeurant à Saint-Calais.

5°) Henry Anne Hortense TIRONNEAU, épouse de René Thimoléon GUILLOT de la POTERIE, percepteur, demeurant à Conflans.

6°) Me Benjamin TIRONNEAU, notaire royal, certificateur et commissaire priseur à Saint-Calais.

Le 09 Décembre 1820 ils se partagèrent les biens dépendant de la succession de leur père et ceux qui leur avaient été donnés par leur mère le 10 Juin 1820.

Aux termes de ce partage de la ferme de Mons, minutieusement décrite tant en ce qui concerne les divers bâtiments dont on indique même les dimensions que les terres, est attribuée conjointement à Me Michel TIRONNEAU et à Sophie TIRONNEAU.

Une maison à Saint-Calais, grande rue, près de l'église dont Madame veuve TIRONNEAU avait la jouissance, restait indivise entre les 6 enfants.

On ne sait rien de plus de Thomas Jean Michel TIRONNEAU, si ce n'est qu'il eut une fille : Renée Joséphine TIRONNEAU, épouse de Philippe Charles CHARBONNIER qui était ancien notaire royal à Saint-Calais en 1840 et qui fut subrogé-tuteur de Louise DEMEZIL sa cousine par alliance (nomination de subrogé-tuteur du 26 Février 1840).

Madame DUCOUDRAY décédé sans enfant en Février 1851.

Sophie TIRONNEAU décéda célibataire après avoir vendu le 08 Février 1840 à Me Michel TIRONNEAU, son frère, la moitié lui appartenant dans la Ferme de Mons.

Madame GUILLOT de la POTERIE décéda après 1854 laissant une fille, Léopoldine, célibataire à Saint-Calais vers 1930 et un fils Avoué à Saint-Calais.

Benjamin TIRONNEAU décéda après 1854.

Quant à Me Michel TIRONNEAU, il épousa Anne Marie Charles PERINNEAU (dont il existe à Périgny un tableau peint en 1845, un an avant son décès) fille de Louis Pierre PERINNEAU, marchand à Bonneval qui avait épousé (contrat de mariage du 05 Octobre 1779) Marie Madeleine Louise VERITE, fille, ainsi qu'on l'a vu, de Charles VERITE. Les époux PERINNEAU-VERITE étaient majeurs de plus de 25 ans lors de leur mariage.

Louis Pierre PERINNEAU était fils de Pierre PERINNEAU, demeurant à Bonnval décédé avant 1779 et d'Anne BEAUPERE (voir ci-dessus : Famille VERITE).

Me Michel TIRONNEAU, décéda après 1840 et sa femme à Couture le 19 Décembre 1846 laissant deux enfants :

1°) Pauline TIRONNEAU qui épousera César DEMEZIL.

2°) Marie Hortense TIRONNEAU qui épousera Jean-Jacques ROUSSEAU, percepteur à Troo, fils de Jacques ROUSSEAU (décédé après 1848) demeurant à Montoire, et de Marie Marguerite DUCLOS (contrat de mariage devant Me GOBET, notaire à Montoire du 13 Août 1791). Les époux ROUSSEAU-TIRONNEAU décédèrent : pour le mari avant 1840 et pour la femme à Troo le 13 Avril 1840 laissant un seul fils : Jean Jacques Charles ROUSSEAU qui décèdera lui-même à Montoire le 22 Novembre 1854 à l'âge de 19 ans.

 

Outre Jean Jacques ROUSSEAU, était née du mariage des époux ROUSSEAU-DUCLOS, une autre fille dont on ignore le prénom, qui épousa un certain AUBONNELLE, dont elle eut 5 enfants qui vivaient tous en 1856, à savoir :

1°) Justine AUBONNELLE, épouse de Jean Charles CORMIER, marchand, Faubourg Saint-Lubin à Vendôme.

2°) François Just AUBONNELLE, marchand à Blois.

3°) Adèle AUBONNELLE, épouse d'Alexis Valentin ROTTIER, demeurant à Villedieu.

4°) Joseph Paul AUBONNELLE, marchand à Oucques.

5°) Jean Dominique CAZAUBON, fabricant de robinets, demeurant en 1856 à Paris, 76 rue de Nazareth, époux d'Augustine Cécile TASSET, sans doute petit fils issu d'un cinquième enfant.

 

 

LA FAMILLE DEMEZIL

 

On vient de voir que Pauline TIRONNEAU, l'une des deux filles de Me Michel TIRONNEAU, notaire à Couture, avait épousé César DEMEZIL.

César DEMEZIL était né à Tours le 24 Mars 1805 du mariage de Pierre André DEMEZIL, avoué, licencié de droit, juge suppléant au Tribunal Civil de Tours et membre de la commission administrative des prisons, demeurant à Tours, 12 rue de la Chèvre où il décédera en 1843, avec Marie Françoise Madeleine MESTAYER (ce sont sans doute les portraits des parents de Marie MESTAYER qui se trouvent à Périgny sur le palier du 1er étage).

La généalogie des familles MESCHIN, MAURICE et BRUNEAU nous donnent les précisions suivantes sur les ascendants de Pierre André DEMEZIL.

Le plus ancien ascendant connu est un Jean DEMEZIL, né vers 1640, époux VALLANSION qui eut 8 enfants dont Bernard DEMEZIL qui épousa Gabrielle GINET décédée en 1763. Elle était fille de Jean GINET et de Reine GAUDIN décédée le 18 Septembre 1742. Elle avait 5 frères et soeurs dont Jean GINET, prêtre à Rome, Pierre GINET, Procureur au Parlement de Paris et René GINET, Procureur au Présidial de Tours.

Les époux DEMEZIL-GINET eurent 3 enfants :

1°) .........DEMEZIL, curé de Ligre, décédé à Lerné près de Chinon dans une maison qui lui appartenait devenue depuis le presbytère.

2°) Gabrielle Françoise DEMEZIL, décédée le 31 Juillet 1780, épouse d'Eléonore René de la PORTE décédé le 03 Avril 1770 d'où sont issues les familles BRUNEAU - MAURICE et MESCHIN.

3°) Jean Pierre DEMEZIL, Grand Juge à Tours, époux de Rosalie MESTAYER, père de Pierre André DEMEZIL, né le 14 Juin 1774, décédé le 22 Mai 1843 (note portée par Fernand LEMAIGNEN sur son carnet de compte à la date du 25 Août 1924).

Du mariage de Pierre André DEMEZIL sont issus deux enfants :

1°) César DEMEZIL.

2°) Pierre DEMEZIL qui décéda célibataire à Tours le 17 Février 1871, en son domicile, 18 rue de la Préfecture (inventaire du 22 Février 1871 et partage du 25 Avril 1871).

Marie Françoise Madeleine MESTAYER décéda avant 1816 et son mari, Pierre André DEMEZIL, se remaria (contrat de mariage du 07 Septembre 1816) avec Louise Antoinette Emilie THEVENOT dont il eut un fils : Ernest Antoine DEMEZIL né à Tours le 18 Novembre 1817 qui fut Avoué à Tours, rue de la Grandière n°13, licencié en droit. Il épousa à Naveil le 26 Octobre 1846, Augustine Odile Lucie MIROIR née à Luneville le 11 Juin 1828.

Elle était la fille d'Alexandre Auguste MIROIR, né à Laigle le 19 Août 1787, Chevalier de la Légion d'Honneur, chef d'escadron à Dole (Jura) décédé à Naveil le 21 Juin 1851 et de Eugénie Madeleine Victoire LEMAIGNEN née à Vendôme le 24 Janvier 1808, décédée à Luneville le 24 Juillet 1828.

Eugénie LEMAIGNEN était la soeur de Léon LEMAIGNEN comme étant issue avec lui du mariage de François LEMAIGNEN-VILLORCEAU avec sa deuxième épouse : Madeleine Eugénie FERRON (voir famille FERRON et famille LEMAIGNEN).

On sait que Léon LEMAIGNEN épousa Emilie Marie Brigitte BEZARD dont il eut un fils : Léon Ernest LEMAIGNEN qui épousa Louise DEMEZIL fille de César DEMEZIL.

 

Il est curieux de relever ces imbrications entre la famille DEMEZIL et la famille LEMAIGNEN d'une part, et avec la famille MESCHIN d'autre part.

 

Les époux MIROIR-LEMAIGNEN, s'étaient mariés à Naveil le 11 Septembre 1827 (contrat de mariage Me RENOU, notaire à Vendôme du 09 Septembre 1827).

C'est également à Naveil que se marie leur fille avec Ernest Antoine DEMEZIL et que décéda Alexandre Auguste MIROIR. Cela n'est pas surprenant, car on verra plus loin que la famille FERRON était propriétaire de la Closerie de la Béguinière à Naveil. Cette Closerie avait été attribuée à Augustine Odile Lucie MIROIR, alors mineure, en vertu d'un partage du 13 Janvier 1830 analysé dans les titres de propriété de la Ferme du Bois aux Moines à Danzé. Cette Closerie fut vendue le 13 Juillet 1851 par acte de Me ROLLAND, notaire à Vendôme. Elle appartient aujourd'hui (1975) aux Consorts VIGNEAU.

Alexandre Auguste MIROIR avait une soeur : Julie Catherine Luce MIROIR, née à Laigle le 29 Juin 1789 décédée à la Béguinière, commune de Naveil, en son domicile le 25 Février 1845, célibataire, laissant pour seul héritier son frère (notoriété Me ROLLAND, notaire à Vendôme du 18 Novembre 1851).

Ernest Antoine DEMEZIL décéda à Tours le 17 Mai 1860 et Augustine Odile Lucie MIROIR son épouse, décéda à Tours le 29 Janvier 1902, laissant deux enfants :

1°) Marie Eugénie Marthe DEMEZIL, née à Tours le 08 Avril 1850, décédée à Joué-les-Tours, célibataire, le 02 Novembre 1884.

2°) Henri Ernest DEMEZIL né à Tours le 21 Mars 1848, décédé à Tours le 30 Avril 1907. Il fut clerc de notaire et travailla dans la même Etude qu'Ernest LEMAIGNEN (voir correspondance Ernest LEMAIGNEN, qui étant au collège de Tours après la mort de son père, avait pour amis intimes les époux DEMEZIL-MIROIR et leurs enfants ; il habitait d'ailleurs avec sa mère auprès de chez eux, rue Garandière).

Henri Ernest DEMEZIL épousa à Saint-Dyé sur Loire le 08 Août 1871, Marguerite FOUCAULT née à Blois le 25 Juillet 1849 décédée à Tours le 1er Octobre 1923.

Madame veuve DEMEZIL-FOUCAULT était une amie intime de son cousin Fernand LEMAIGNEN et c'est elle qui provoqua son mariage avec sa lointaine parente Marie MESCHIN.

 

Par Madame DEMEZIL-FOUCAULT, nous retrouvons encore un lien avec la famille LEMAIGNEN. En effet, François LEMAIGNEN-VILLORCEAU avait épousé en premières noces Marie Madeleine ELLEN née à Chateaudun le 1er Décembre 1778, décédée le 06 Décembre 1799.

De ce mariage était issue une fille : Marie Louise Caroline Nanine LEMAIGNEN, née à Paris le 04 Décembre 1799, décédée à Blois le 22 Décembre 1856 qui épousa à Navel le 06 Février 1821 Philippe FOUCAULT.

Du mariage FOUCAULT-LEMAIGNEN naquirent 3 enfants :

1°) Emile Eugène FOUCAULT (voir famille FOUCAULT).

2°) Marie Hélène FOUCAULT qui fut religieuses.

3°) Philippe François FOUCAULT né à Blois le 11 Décembre 1822, pharmacien à Blois, décédé à Saint-Dyé sur Loire le 29 Novembre 1870 qui épousa à Saint-Dyé le 28 Août 1848 Marie BEGENNE décédée à Tours le 05 Mars 1895.

Marie BEGENNE était née à Saint-Dyé le 14 Juillet 1827 du mariage de Jean Raphaël Auguste BEGENNE et de Marie Elise ROGER. Cette dernière était la fille de Charles Michel ROGER et de Sophie BRERONT. Charles Michel ROGER avait épousé en premières noces Marie Brigitte BEZARD, fille de BEZARD-LEGRAND (voir famille BEZARD-LEGRAND - lettre G).

 

Du mariage des époux FOUCAULT-BEGENNE est issue Marguerite FOUCAULT susnommée, épouse de Henri Ernest DEMEZIL.

 

Du mariage des époux DEMEZIL-FOUCAULT est issue une fille Marie DEMEZIL née à Joué-les-Tours le 19 Juin 1872, décédée au Carroir, commune de Soing-en-Sologne le 23 Décembre 1944 qui épousa à Joué-les-Tours Henri Georges MARTIN, né le 1er Janvier 1866, fils de Georges MARTIN, Chevalier de la Légion d'Honneur et Magistrat.

Henri Georges MARTIN, demeurant à Neuilly-sur-Seine, puis à Blois, décéda à Blois le ......... Janvier 1962.

 

Du mariage MARTIN-DEMEZIL naquirent 3 enfants :

1°) Madeleine MARTIN, née le 11 Janvier 1896, décédée le 03 Septembre 1896.

2°) Jacques MARTIN, né le 30 Novembre 1896, décédé le 02 Mars 1897.

3°) Jean MARTIN-DEMEZIL, né à Paris le 28 Novembre 1913, archiviste à Blois, puis à la Quantinière, commune de Vallières-les-Grandes qui épousa à Paris le ....... Septembre 1941 Jacqueline DUVAL née à Paris le 12 Mars 1915 (qui était apparentée aux AUCHER).

 

Après avoir étudié les ascendants et la branche collatérale DEMEZIL-MIROIR, revenons à César DEMEZIL et à sa fille Louise qui épousera Ernest LEMAIGNEN.

César DEMEZIL est né à Tours le 24 Mars 1805 ainsi qu'il résulte de son diplôme de Docteur en Médecine.

Son contrat de mariage (le 04/01/1837) avec Pauline TIRONNEAU fut reçu par Maître PESSON, notaire à Couture le 31 Décembre 1836.

Il était lors de son mariage Docteur en Médecine de la Faculté de Paris (diplôme délivré le 03 Avril 1832) et habitait déjà à Couture lors e son mariage.

Une tradition familiale prétend qu'il était également Docteur en Droit, ce qui ne serait pas surprenant étant donné qu'il appartenait à une famille de Juristes. Son grand-père était grand juge à Tours et son père Avoué à Tours. Son demi frère (Ernest Antoine) licencié en droit fut également Avoué à Tours.

Pourquoi César DEMEZIL, dont la famille habitait à Tours est-il venu s'établir médecin à Couture? Peut-être par goût de la nature.

César DEMEZIL était un homme très cultivé. Son importante bibliothèque qui nous a été conservée le prouve et il semble que ses connaissances médicales et scientifiques étaient solides et même en avance sur son temps. Il avait pressenti, avant Pasteur, l'existence des microbes. On trouve parmi ses livres, une histoire naturelle en 24 volumes, plusieurs traités médicaux et de nombreuses oeuvres littéraires. Ernest LEMAIGNEN, dans sa correspondance, parle souvent du "Bon Docteur" qui était tout dévoué pour ses clients.

Il existe à Périgny un tableau (palier du 1er étage) le représentant un livre à la main, en 1845.

Il perdit sa femme le 29 Décembre 1839, c'est à dire à deux jours près, trois ans après son mariage et deux mois après la naissance de sa fille Louise née à Couture le 27 Octobre 1839. Sa fille eut alors pour nourrice une Dame HERVE, de Couture, avec les descendants de laquelle la famille LEMAIGNEN est toujours restée en relations (aujourd'hui : Pierre HERVE demeurant au Fief commune de Couture, fils de Victor HERVE).

Le 26 Février 1840, le conseil de famille nomme comme subrogé tuteur de Louise DEMEZIL, son cousin germain Philippe Charles CHARBONNIER, ancien notaire à Saint-Calais. Parmi les autres membres du conseil de famille figuraient Michel TIRONNEAU, ancien notaire à Couture, son aïeul maternel et René Timoléon GUILLOT de la POTERIE, propriétaire, demeurant à Saint-Calais, son "bel oncle" du côté maternel à cause de Dame Henry Anne Hortense TIRONNEAU, son épouse.

Le 05 Mars 1840, Michel TIRONNEAU, ancien notaire à Couture et Anne Marie Charles PERINNEAU, son épouse, firent donation-partage de leurs immeubles à Marie Hortense TIRONNEAU leur fille, veuve de Jean Jacques ROUSSEAU et à la mineure Louise DEMEZIL, leur petite fille.

Aux termes de cet acte, il échu à Madame veuve ROUSSEAU une maison à Couture dite la Pavillon et diverses parcelles de terres, près et vignes à Coutures et à la mineure Louise DEMEZIL, la ferme de Mons, commune de Marolles-les-Saint-Calais et Sarge.

Le 15 Avril 1844, César DEMEZIL procéda au partage de la communauté ayant existé entre Pierre André DEMEZIL, son père, décédé en 1843 et Louise Antoinette Emilie THEVENOT, sa deuxième épouse et de la succession de son père, entre lui, Madame veuve THEVENOT, Ernest Antoine DEMEZIL son demi-frère et Pierre DEMEZIL, son frère. Ce partage, qui ne concernait pas les immeubles, comprenait de nombreuses créances et plusieurs valeurs de bourse.

Il fut suivi d'un partage sous signatures privées en date du 1er Novembre 1847 concernant le mobilier et les immeubles, à l'exception toutefois de la maison, 12 rue de la Chèvre à Tours. En vertu de cet acte il fut attribué à César DEMEZIL une pièce de vin et diverses créances et argent comptant.

Le 09 Janvier 1847, César DEMEZIL, en sa qualité de tuteur naturel et légal de sa fille Louise procéda avec Jacques ROUSSEAU, aïeul et tuteur datif du mineur (Jean Jacques) Charles ROUSSEAU, au partage de diverses créances dépendant de la succession de Anne Marie Charles PERINNEAU, leur grand-mère décédée à Couture le 19 Décembre 1846, veuve de Michel TIRONNEAU. Et le 12 Décembre 1848, il fut procédé à un partage complémentaire des créances dépendant de la succession de Madame veuve TIRONNEAU-PERINEAU, et du produit de la vente de son mobilier.

Le 29 Juillet 1855, il fut procédé par acte de Me GUION, notaire à Montoire, à la licitation des immeubles dépendant de la succession du mineur Jean Jacques Charles ROUSSEAU décédé à Montoire le 22 Novembre 1854. Ces immeubles étaient ceux qui avaient été attribués à sa mère, Marie Hortense TIRONNEAU, veuve de Jean Jacques ROUSSEAU aux termes de la donation-partage sus énoncée du 13 Avril 1840. Cette licitation eut lieu entre Madame Marie Marguerite DUCLOS, veuve de Jacques ROUSSEAU, aïeule paternelle dudit mineur ; et pour la ligne maternelle, Louise DEMEZIL, Benjamin TIRONNEAU ancien notaire à Saint-Calais et Madame Henri Anne Hortense TIRONNEAU veuve de René Timoléon GUILLOT de la POTERIE.

En vertu de cet acte, diverses pièces de terre, près et vignes, deux caves en roc situés à Couture et la maison dite le Pavillon au bourg de Couture furent adjugés à Louise DEMEZIL moyennant le prix de 11.200 Frs.

Ces divers immeubles, à l'exception de la maison furent vendus par Ernest LEMAIGNEN et Fernand LEMAIGNEN à diverses dates, dont la dernière le 09 Février 1951 (acte Me CROYERE) et la maison de Couture fut vendue à Monsieur André SAULNIER-LAFAILLE en 1973, après ventes en 1963, en divers lots, du terrain situé devant cette maison.

 

Louise DEMEZIL épousa à Couture le 23 Septembre 1862 (contrat de mariage Me DUBOIS, notaire à Couture du 22 Septembre 1862) Léon Ernest LEMAIGNEN, qui, alors qu'il était étudiant, vivait avec sa mère rue de la Grandière à Tours, près de la maison des époux DEMEZIL-MIROIR, ce qui lui permit sans doute de faire la connaissance du Docteur DEMEZIL, frère d'Ernest Antoine DEMEZIL-MIROIR. Louise DEMEZIL était une grande jeune fille de 22 ans, fort douce et aimant la campagne "où elle est avec son père qui était autrefois médecin à Couture près de Montoire mais qui a cessé à cause de sa mauvaise vue", ainsi que l'écrivait sa future belle-mère le 23 Juillet 1862 (voir correspondance d'Ernest LEMAIGNEN).

Après le mariage de sa fille, César DEMEZIL continua à vivre à Couture. Sa fille et son fils venaient souvent l'y voir. Lui-même allait assez fréquemment à Périgny. On sait qu'il y fut appelé d'urgence lorsque son petit fils Edmond LEMAIGNEN fut atteint du croup. Il se faisait accompagner par son domestique, Pierre, qui logeait alors dans la petite pièce située à côté du garage.

César DEMEZIL décéda à Couture le 03 Novembre 1869. Il est enterré au cimetière de Couture.

Après son décès, Me TAILLARDA, notaire à Saint-Dyé, ami des LEMAIGNEN établit un état de sa fortune le 28 Février 1870. Elle comprenait diverses valeurs de bourse, mobilier et créances s'élevant à 159.605,39 Frs et en outre, la ferme de la Chaise, commune de Chemille-sur-Deme et par extension communes de Montroveau, Epeigne et Couture qui lui provenait vraisemblablement de ses parents. Elle fut vendue par Fernand LEMAIGNEN par acte de Me ROY, notaire à Chemille-sur-Deme du 07 Novembre 1922, moyennant 118.000 Frs, au fermier qui avait proposé d'en payer le prix en Louis d'Or. Mais Fernand LEMAIGNEN préféra de bons billets de la Banque de France !

 

 

Il a été ainsi possible d'établir la généalogie de la famille DEMEZIL, depuis environ 1640. Elle était on l'a vu, lointainement apparentée à la famille MESCHIN par les BRUNEAU et les MAURICE et aux descendants de François LEMAIGNEN-VILLORCEAU.

Du côté maternel, on peut établir la généalogie de Louise DEMEZIL épouse d'Ernest LEMAIGNEN, par les femmes (familles TIRONNEAU, VERITE et COUSIN) jusqu'en 1573, si toutefois l'hypothèse de la filiation de Charles VERITE avec Françoise COUSIN épouse de François VERITE est vraie.

César DEMEZIL et Pauline TIRONNEAU, son épouse, sont enterrés au cimetière de Couture (a peu près au centre du cimetière vers le côté droit). Chacun dans une tombe en pierre, les deux tombes entourées d'une grille en fer. Au début de l'année 1993, les croix de pierre de ces deux tombes furent brisées par vandalisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Familles

 

Lancelot - Brillard

Denyau - Fouquet - Pitard

Melot - Peziere - Deras

Vallery et Breton

et Ferron

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

François LEMAIGNEN-VILLORCEAU (1773-1837) était le père d'Eugènie Madeleine Victoire LEMAIGNEN, épouse d'Alexandre MIROIR et de Léon LEMAIGNEN (1809-1854), le grand-père d'Ernest LEMAIGNEN (1835-1903) et l'arrière grand-père de Fernand LEMAIGNEN (1870-1951).

 

Il avait épousé en secondes noces (étant veuf en premières noces de Marie Madeleine ELLEN) Madeleine Eugénie FERRON (1782-1809) fille de Claude Joseph FERRON et de Madeleine BRETON, dont la famille était originaire de Danzé où elle possédait notamment une maison au bourg, les fermes des Brosses, du Pré, des Saulettes et les Bigotteries de la Foresterie et du Bois aux Moines.

 

Une volumineuse liasse de titres de propriété, partages et pièces de procédures, comprenant plus de 200 pièces remontant aux premières années du XVIIe siècle, permet de retracer la généalogie de l'histoire de cette famille BRETON et de celles avec lesquelles elle était apparentée (familles DROUET, MELOT, LANCELOT, BRILLARD, PEZIERE, DERAS, DENYAU, FOUQUET, PITARD, VALLERY et HOUSSET).

 

La lecture de certains titres du XVIIe siècle est souvent difficile, voire impossible. Ce n'est qu'après leur examen minutieux et souvent par un raisonnement déductif qu'il a été possible de rétablir la généalogie de ces familles malgré l'absence quasi générale de dates de naissance, de mariage et de décès et l'habitude, courant à cette époque, de donner le même prénom aux fils aînés pendant plusieurs générations.

 

Les professions, les lieux-dits des biens possédés qui sont généralement les mêmes que ceux actuels, les procès, permettent de retracer sommairement la vie de ces familles, ancêtres du côté maternel de Léon LEMAIGNEN, depuis l'époque d'Henri IV.

LA FAMILLE LANCELOT

 

Le premier titre qui nous soit parvenu de cette famille date du 28 Mars 1591. Il commence ainsi :

"Sachent tous presens et advenir que en la cour du Roy nostre Sire Duc de Vendosmois à Vendosme, en droit, pardevant nous Estienne ROGOT notaire juré d'icelle, en la maison de Pierre DROUET au bourg de Danzé, d'avant midi, personnellement establi Pierre LANCELOT, laboureur, demeurant à Boisrond paroisse de Danzé. Lequel tant en son nom que comme se faisant fort de ses enfants a reconnu et confessé avoir vendu par héritage à Berthelot LANDRON tixier en toiles demeurant audict lieu en ladicte paroisse pour au nom et comme curateur de Lou, Jacques et Guillaume les HUETS, enfants de deffunct Simon HUET et Guillemine GAILLARD, leur père et mère, pour eux leurs hoirs et ayant cause, c'est à savoir : ce qui peut appartenir audit LANCELOT à cause de ses dits enfants, en une chambre de maison à cheminée et basse cour situés près le bourg de Danzé, le reste de laquelle chambre de maison à cheminée et basse cour devant appartient auxdicts Lou, Jacques et Guillaume Les HUETS.... par ledict LANCELOT audict nom, avec l'issue de la cour de ladicte maison et basse cour. Tenues les dictes choses de Monsieur Le Cellerier de l'Abbaye de la Saincte Trinité de Vendosme, sous le devoir de (en blanc dans le titre) cet acte et est faicte ceste présente vendition pour et moyennant le prix et la somme de quatre (illisible)....".

Les témoins de cet acte sont Jehan LANCELOT demeurant à Danzé et Gilles ...... moulinier, demeurant à Saint-Firmin-des-Près. Seul Jehan LANCELOT sait signer.

En Février 1606, nous trouvons un François LANCELOT, marchand à Danzé, époux de Jehanne AUGEREAU qui achète de Laurent GIRARD, laboureur à Danzé, neuf boisselées de terres aux Allets paroisse de Danzé.

Il est vraisemblable que Pierre LANCELOT qui vivait en 1591 était le père, veuf à cette date, de François et de Jehan LANCELOT, tous deux marchands à Danzé.

Nous ne savons rien d'autre de ce Pierre LANCELOT qui vivait dans la deuxième moitié du seizième siècle, ni de François LANCELOT. Il est cependant intéressant de noter que c'est l'ancêtre le plus éloigné de la famille LEMAIGNEN, dont nous ayons des traces sur des titres de propriétés.

M. de SAINT VENANT dans son dictionnaire (verbo "La Henrière"), indique qu'il existait en 1607 un Jehan LANCELOT héritier de Jehan FOUSCHER et de Anne AUGUEREAU, et en 1643 une Jeanne LANCELOT épouse de Pierre NEILZ, marchand à Vendôme.

Mais nous sommes mieux renseignés en ce qui concerne son fils Jehan LANCELOT qui était marchant à Danzé en 1614.

Le 06 Avril 1638, il achète, pardevant François FOUQUET, notaire à la Baronnerie de Mondoubleau, deux boisselées de terre aux Paillarderies, paroisse de Danzé, appartenant à Françoise HUET, veuve de Simon..... demeurant à Danzé et des Dames HUET demeurant au Plessis, paroisse de Crucheray en vertu de la procuration qu'elles lui ont données par acte de Me GIRAULT, notaire à Villeromain le 04 Avril précédent.

Le 05 Avril 1604, Anthoine HUET, laboureur à Danzé et Marie GAILLARD, sa femme, sans doute parents des HUETS, comparants à cet acte et à celui du 28 Mars 1591 sus énoncé, avaient vendu à une Mathurin HUET de Danzé, dix boisselées de terre à la corde et mesure de Vendôme situées à Danzé). Le 03 Décembre 1642, il achète devant Thomas BRILLARD, notaire à Danzé, de François LE BRETON, notaire et tabellion à Vendôme des terres à Danzé et le 27 Novembre 1651 de Charles GUINEBAULT, laboureur à Danzé et Jeanne TALBOT, sa femme, d'autres terres à d'Anzé.

Il participe au partage des successions BRILLARD-PILLON du 12 Mars 1651 (voir ci-après famille BRILLARD) en qualité de père et tuteur de son fils Jehan, à cause de Renée BRILLARD sa défunte épouse.

Le 10 Juin 1655, il achète de ...... JACQUEMIN, veuve de Mathurin TALBOT, demeurant à la Pierre, paroisse de Danzé, en son nom et comme tutrice naturelle de Julienne TALBOT sa fille, et de François POUTHOIR et Anne TALBOT sa femme demeurant aux Petites Allées, paroisse de Danzé et de Mathurin TALBOT, laboureur, demeurant au Marchais Rond, paroisse de Danzé, une portion de corps de logis aux Saulettes, paroisse de Danzé, joignant d'un côté veuve MELOT et Charles GUINEBAULT et environ 35 boisselées de terre.

Il est décédé entre cette dernière date et le 23 Mars 1658.

Nous ignorons quelle était la nature du commerce qu'il exerçait. Nous verrons que de nombreux membres de ces familles étaient qualifiés de "Marchand" ou de laboureur sans qu'il soit fourni aucune indication sur la nature exacte de leur commerce.

De son mariage avec Jehanne AUGEREAU, Jehan LANCELOT eut trois enfants : Pierre, Thomas et Jehan et peut-être Toussaint, curé de Danzé en 1644 puis à Pezou en 1658 (à moins que ce dernier ne soit son frère).

 

A - Pierre LANCELOT

On ignore la profession et le domicile de Pierre LANCELOT ; il était marié à Perrine MELOT (voir famille MELOT ci-après). Il est décédé avant le 17 Octobre 1637, laissant un fils mineur : François LANCELOT (partage MELOT du 17 Octobre 1637), dont on ne sait rien, et sans doute décédé célibataire car il ne figure pas au nombre des héritiers de Jehan LANCELOT.

 

B - Thomas LANCELOT

Thomas LANCELOT était marchand et laboureur à Danzé. Il était marié à Anne BRILLARD (voir famille BRILLARD ci-après). Il est décédé le 10 Juillet 1663 (acte de renonciation à communauté de 25 Juillet 1663) laissant sa veuve et plusieurs filles : Anne, épouse HOUSSET ; Renée, épouse de Thomas MICHON ; nous ignorons les prénoms des autres. (Voir requête du 26 Janvier 1682). Elles étaient encore mineures le 28 Février 1675.

Il possédait des biens sur la paroisse de Chauvigny.

En 1647, il intente un procès à Marie SALLIER, veuve de Jehan Julien JUMEAU, propriétaire d'un pré à Bourgneuf, paroisse de Danzé, clos d'une haie dans laquelle se trouvaient deux ormeaux que la veuve JUMEAU fit abattre par son fils Mathurin JUMEAU. Thomas LANCELOT, propriétaire d'une terre contiguë dépendant de la ferme du bourg à Danzé, revendique la propriété de ces ormeaux. Il en résulte une procédure qui s'échelonne sur les années 1647 et 1648 dont nous sont parvenues plus de trente pièces de rapports, assignations, auditions de témoins, enquêtes, contredits, etc.....

Le 04 Juillet 1650, il reconnaît devoir à Jacques VIBRAY, marchand à Vendôme, 90 livres tournois pour vente et livraison de huit moutons, lignages, une vache et un porc rouge.

Le 31 Janvier 1653, pardevant Thomas BRILLARD, notaire à Danzé, Thomas LANCELOT, laboureur et Anne BRILLARD, sa femme, vendent à Messire Françoise MELOT, prêtre curé à Danzé une pièce de terre de vingt boisselées à Danzé, moyennant 100 livres tournois à raison de 100 sols la boisselée.

Le 12 Mars 1654, il achète un petit clos de terre appelé le Puisard, appartenant à Toussaint BARRE, marchand boucher à Danzé, époux de Mathurine RAGOT, toujours par acte de Thomas BRILLARD qui recevra presque tous les actes ci-après.

Le 12 Avril 1656, Thomas LANCELOT, marchand, et Anne BRILLARD son épouse vendent à Jean BRETON, laboureur, demeurant au Bois ....... paroisse de Danzé, époux d'Anne TUILLIER, une boisselée et demie de terre plantée en vigne au clos de la Croix à Azé.

"La vendition faite pour et moyennant le prix et la somme de 12 livres tournois, de laquelle somme a été payée comptant par le moyen de ce que l'acquéreur a tenu quitte ledit LANCELOT de la somme de cent dix sept sols trois deniers pour sel de gabelle quy luy debvait pour la moitié de son taux de l'année dernière dont ledit acquéreur était l'année dernière collecteur de la paroisse de Danzé, et le surplus que ledit acquéreur a promis payer au vendeur dans dimanche prochain venant".

Dès lors, Thomas LANCELOT et sa femme vendent les terres et corps de logis dont ils sont propriétaires, y compris ceux qui ont été attribués à sa femme dans le partage de succession de ses parents, à Mathurin BRILLARD et Magdeleine PILLON du 12 Mars 1651 (voir famille BRILLARD).

Ces ventes sont les suivantes :

Du 25 juillet 1656, par acte de Thomas BRILLARD, notaire à Danzé, à Jean DENIAU, sagetier (?) demeurant à Danzé, époux de Mathurine DUTIOCHE (?) cinq boisselées de terre labourables en guéret au Pipain, quatre boisselées au Poirier Rouge et une autre pièce en guéret au même lieu ainsi que six boisselées aux Savoins (?) "ladite vendition faite et moyennant la somme de cent huit livres tournois en raison de six livres tournois pour chacune boisselée, le tout à la mesure et corde de Vendôme".

Du 06 Juillet 1656 à Toussaint DENIAU, laboureur, demeurant aux Bigotteries et Jeanne LEBLOY (nommé BLOY dans d'autres titres), sa femme, le bout d'une grange aux Bigotteries moyennant 47 livres tournois.

Du 03 Septembre 1656, à Me Jacques BOURGOGNE, procureur du Roy en la maréchaussée de Vendôme et notaire des finances de son Altesse Royale demeurant à Vendôme (sans doute ancêtre des BOURGOGNE, avoués à Vendôme au XIXe siècle), 18 boisselées de bois aux Bigotteries provenant du partage de la succession BRILLARD du 12 Mars 1651.

Le 10 Mai 1657, il vend à Jehan LANCELOT, marchand, demeurant à Danzé, 21 boisselées de terre moyennant le prix de "six vingt trois livres tournois" compensé en partie par une obligation de 12 livres tournois souscrite par lui au profit dudit Jehann LANCELOT, le ...... Juin 1653. Cette vente est alors qualifiée d'acte gracieux.

Cette obligation n'est pas la seule souscrite par Thomas LANCELOT. On en trouve une première de 67 livres souscrite le 14 Juin 1651 au profit de Toussaint LANCELOT, prêtre à Pezou, qui était peut-être son oncle ou son frère, une autre du 14 Février 1656 (illisible).

Le 22 Mai 1658, pardevant DUGUE, notaire et tabellion à Vendôme, il reconnaît devoir à Toussaint LANCELOT le jeune, prêtre demeurant à Pezou, la somme de onze livres tournois avec constitution de rente sur un corps de logis à Danzé et diverses boisselées de terre.

Et les ventes continuent presque chaque année.

Le 14 Mai 1658 (illisible).

Le 30 Mars 1659, à Urbain GILOUZE (?), laboureur à la Haie Bergerie, paroisse d'Azé et Madeleine DENIAU, sa femme, de 7 boisselées de terre.

Le 04 Septembre 1659, à Toussaint DENIAU et Jehanne BLOY, sa femme, d'une maison, jardin et fosse aux Bigotteries.

Le 06 Mai 1660, pardevant Pierre MOREAU, notaire à la Chastellenie de Lisle, à Jehan LANCELOT, procureur au siège de Vendôme, demeurant à Vendôme, de "deux boisselées de terre en nature de pré, à croître ou diminuer à la corde et mesure de Vendôme, situées au lieu appelées les Noues" paroisse de Danzé, moyennant 14 livres tournois.

On peut se demander si ce Jehan LANCELOT, procureur, est le même que Jehan LANCELOT qui achète le 10 Mai 1657 en compensation de sa créance de Juin 1653, alors qualifié de marchand ? Ou bien ce dernier était-il le père du procureur ?

Le 04 Janvier 1662, Thomas LANCELOT, qualifié marchand, alors que dans plusieurs des actes précédents il était qualifié de laboureur, vend à Messire François MELOT, prêtre curé de Danzé, 9 boisselées de terre labourable, dépendant du fief des Bigotteries, moyennant 85 livres.

Et encore ces ventes ne sont-elles pas les seules, car dans un acte d'acceptation bénéficiaire par sa veuve, du 30 Octobre 1683, qui sera analysé plus loin, sont énoncées toutes les ventes faites par les époux LANCELOT, comprenant celles ci-dessus, dont nous avons les titres, mais plusieurs autres, notamment sous seing privé.

L'une de ces ventes, du 10 Mai 1657, pardevant Thomas BRILLARD, notaire à Danzé mérite d'être partiellement reproduite. Par cet acte les époux LANCELOT vendent à Jehan LANCELOT, marchand à Danzé :

"Une pièce de terre labourable étant ensemencée en avoine contenant 14 boisselées à la corde et mesure de Vendôme située aux Chasteaux paroisse de Danzé, joignant .... etc.... Item une autre pièce de terre labourable et noue située au lieu appelé des Noues..... dite paroisse, ladite terre ensemencée en bled meteil, ledit bled avoine réservé par ledit vendeur avec la paille d'iceux, contenant icelle 5 boisselées aussi à la corde et mesure de Vendôme, à croître ou à diminuer au fur et à raison de la vendition ci-après, à la charge desdits vendeurs de bailler et livrer audit acquéreur un boisseau pour chacune boisselée, mesure de Vendôme, tant bled que avoir au fur et à raison de ce qui est en espérance de moisson, au jour de Toussaint prochain venant, suivant l'arpentage qui en sera fait par lesdits vendeurs dans 15 jours prochain venant ..... Tenues lesdites choses du fief et Seigneurerie des Bigotteries .... sous le devoir et hypothèque de trois sols quatre deniers que doit le Chasteau à la Seigneurie des Couetteries .... le tout payable au jour de la Vigille de Saint Martin d'huic ..... Item une autre pièce de terre labourable contenant quatre boisselées et demi ..... joignant d'un côté Messire François MELOT, curé de cette dite paroisse .... tenue de la terre à Seigneurie du Bouchet Touteville .... etc....".

"La vendition faite pour et moyennant le prix et somme de six vingt trois livres tournois ; sur laquelle somme a été payée comptant par ledit acquéreur auxdits vendeurs et notre présence et vue de nous, savoir la somme de 70 livres tournois en argent et 41 livres tournois pour demeurer quitte de pareille somme que lesdits vendeurs (illisible ....) acquéreur oblige de pareille somme tant par obligation que promesse qui ont été présentement remises entre les mains desdits vendeurs pour ladite obligation qui est de douze livres qui demeure entre les mains audit acquéreur pour servir d'hypothèque.... et le surplus sera payé par ledit acquéreur auxdits vendeurs après l'arpentage fait plus ou moins en faire se doit le tout conformément audit arpentage".

"Le présent contrat néanmoins fait à condition de grâce réservée par lesdits vendeurs pour le temps de .......aud'huy, et à eux accordés par ledit acquéreur pour le temps dont nous les avons jugé de leur consentement (illisible) et.... du vin de marché, faisant la somme de 6 livres 3 sols tournois dépensés, et le surplus payé à la fille desdits vendeurs dont quitte pour ce regard.... jugé, fait et passé en notre Etude audit Danzé en présence de Thomas BRILLARD, chirurgien et Jacques DHERBILLY demeurant audit Danzé. Ladite Anne BRILLARD et DHERBILLY nous ont déclaré ne savoir signer de ce faire interpelles" etc....

On ne peut pas dire que ce contrat soit rédigé dans le français du grand siècle.

Le 04 Janvier 1662, Thomas LANCELOT et sa femme avaient vendu, nous l'avons vu, une de leur dernière pièce de terre.

Le 25 Juillet 1663, Anne BRILLARD, veuve de Thomas LANCELOT expose "que depuis quinze jours déjà son mari est décédé, à la communauté duquel elle a du renoncer et de fait y renonce par les présentes, jurant et affirmant par serment de ce priée, n'avoir disposé d'aucun meuble de leur communauté .... etc...".

Thomas LANCELOT est donc décédé le 10 Juillet 1663, ayant dilapidé tous ses biens et ceux de sa femme.

Dans un document du 30 Octobre 1683, après le décès de la veuve LANCELOT, il est exposé qu'elle avait renoncé à la communauté d'entre elle et son mari "comme lui étant plus onéreuse que profitable attendu le mauvais ménage dudit défunt qui avait contracté grande quantité de dettes et consommé la plus grande partie de ses biens de lui et de ladite BRILLARD".

Puis il est dit que la veuve LANCELOT ayant réfléchi "comme une bonne mère, ne voulut pas pousser plus outre" et demanda que ses enfants acceptent la succession de leur père sous bénéfice d'inventaire.

Anne BRILLARD, veuve de Thomas LANCELOT dut décéder peu avant le 08 Novembre 1681 car à cette date une "lettre de chancellerie" accorde le bénéfice d'inventaire à Renée LANCELOT, sa fille, épouse de Thomas MICHON, car tel est notre plaisir. Donné à paris le 08 Novembre de l'an de grâce 1681 de notre règne le trente neuf".

La succession de la veuve LANCELOT ne devait pas être plus avantageuse que celle de son mari car des pièces de procédure du 12 Janvier 1682, et 20 Avril suivant intentée par Renée LANCELOT et Thomas MICHON son mari, héritière sous bénéfice d'inventaire de Anne BILLARD sa mère, contre des dames religieuses Ursulines de Vendôme, exposent "que la succession de la défunte BRILLARD leur était plus onéreuse que profitable".

Le 26 Janvier 1682 :

"Thomas MICHON, mari de Renée LANCELOT, fille de défunt Thomas LANCELOT et de Anne BRILLARD ses père et mère.... remontre que lui et sadite femme ont renoncé à la succession dudit deffunct LANCELOT et se sont seulement porté héritiers souls bénéffice d'inventaire de ladite deffunte BRILLARD. Et comme ils ont quelque prétention sur la succession dudict deffunt, à laquelle leurs aultres soeurs enfants dudit deffunt ont aussy renoncé en telle sorte qu'elle demeure vaccante, il requiert qu'il soit nommé et pourvu d'un curateur à ladite succession vaccante contre lequel il puisse diriger son action à laquelle fin il nomme la personne de Jean RAPICOST, laboureur, de la paroisse de Chauvigny". (Il s'agit plutôt de Jean RAPICAULT - Voir 30.10.1683).

Nous apprenons par cette requête que Thomas LANCELOT et Anne BRILLARD avait au moins trois filles, mais nous ne connaissons que celle prénommées Anne et Renée, dont nous parlerons plus loin.

(Famille BORDIER-MICHON et famille VALLERY-HOUSSET).

 

C - Jehan LANCELOT

Jehan LANCELOT était l'aîné des enfants de Jehan LANCELOT et de Jehanne AUGEREAU.

Nous ne connaissons pas la date de sa naissance. Nous savons seulement qu'il était mineur lors du partage BRILLARD du 12 Mars 1651 et qu'à cette date il était déjà veuf de Renée BRILLARD, soeur d'Anne BRILLARD épouse de son frère Thomas (voir famille BRILLARD), mais il était majeur le 23 Mars 1658 date à laquelle il présente une requête au Bailly de Vendôme contre Jean FOUQUET pour borner une champ.

Le 25 Janvier 1662 il achète de Denys CHEVAYE, laboureur à la Ville-aux-Clerc, époux d'Anne PONTHOIRE, 39 boisselées de terre à Danzé.

Dans cet acte, il est qualifié, comme dans tous les actes suivants le concernant : "Procureur au Siège de Vendôme".

On peut se demander comment le fils de Jehan LANCELOT, petit marchand à Danzé, encore que ce dernier possédât certains biens, a pu acheter la charge de procureur à Vendôme. Il avait alors 30 ou 35 ans. Peut-être est-ce grâce à la fortune de sa femme ? Quoiqu'il en soit on ne manquera pas de noter la différence de situation entre lui et son frère Thomas à qui il fait plusieurs prêts pour essayer de remédier à son impécuniosité.

Le 29 Mai 1666, il achète par acte devant Mathurin TASSINEAU, notaire et tabellion royal à Blois, de Jeanne, Elisabeth et Marie GILLOT filles majeures, demeurant à Blois, paroisse Saint Solemmes et de Judith GILLOT leur soeur majeure demeurant aussi à Blois, un corps de logis, 22 boisselées, 3 septéres et demi de terre labourable, un clos de terre d'une boisselée à la Douardière paroisse de Danzé, 10 boisselées de terre aux Sionniaires paroisse de Danzé, 8 boisselées de terre au même endroit, 38 boisselées de terre à Piergrandin (?), d'autres boisselées à la Douardière, 9 boisselées à Pionne (?), 7 boisselées au Clos de ..... (?) dépendant de la succession de Jeanne GAUSSANT veuve de Isaac MORIN, bourgeois à Blois.

Lors de cette vente il demeure à "Dansay" ; le notaire de Blois n'était pas très fixé sur l'orthographe de ce bourg.

On peut se demander si les venderesses n'étaient pas adeptes de la "religion prétendue réformée", en raison de leurs prénoms et de celui de leur père, et si, de ce fait, elles n'auraient pas été contraintes de vendre en raison de la révocation de l'Edit de Nantes ?

Cette vente est consentie moyennant le prix de mille trois cent livres tournois et trente livres tournois de "vin de marché" qui seul fut payé comptant. Les treize cents livres de prix principal étaient stipulées payables "dans deux années d'huy prochain avec le profit d'intérêts à raison d'un sol par livre à courir d'aujourd'huy jusqu'au paiement". Les venderesses durent intenter une procédure contre les héritiers de Jehan LANCELOT, qui sera relatée plus loin, pour se faire payer.

On peut même se demander s'il n'a pas dû emprunter pour envisager le paiement de ces 1.300 livres, ou pour toute autre cause, car le 24 Octobre 1666, François DAUDU, beau-père de son neveu par alliance René MELOT s'oblige avec lui au paiement d'une rente de 15 livres tournois constituée au profit des religieuses du Calvaire à Vendôme.

Jehan LANCELOT décéda avant le 17 Novembre 1671, date à laquelle, on le verra plus loin, est rendu un jugement en paiement du prix de la vente du 29 Mai 1666, contre ses héritiers.

Il avait seulement tout au plus 44 ans lors de son décès, peut-être seulement 40 ans. Il avait perdu sa femme étant encore mineur, et ne laissait pas d'enfant.

Il est difficile de savoir quels étaient ses héritiers en raison de la complexité des règles de dévolution successorale dans l'ancien droit coutumier, notamment dans la coutume d'Anjou dont il relevait.

Marcel PLANIOL fait allusion à cette complexité dans son "Traité élémentaire de Droit Civil", édition 1905, Tome III page 339.

Les acquêts suivaient le sort des meubles et étaient dévolus aux plus proches parents. C'est pourquoi, on trouve presque toujours un partage des meubles simultanément à un partage des immeubles. Mais dans le cas Jehan LANCELOT nous n'avons pas ce partage des meubles.

Les biens immobiliers propres, à défaut d'enfant, étaient dévolus à la famille dont ils provenaient, par application de la règle PATERNA PATERNIS ; MATERNA MATERNIS.

Or; plusieurs années après le décès de Jean LANCELOT le 15 Janvier 1674, il fut établi un partage de ses immeubles entre ses héritiers du "côté maternel" ; en fait il s'agit des parents de sa femme, les BRILLARD, dont provenaient sans doute ces biens ; mais les BRILLARD n'étaient nullement les ancêtres maternels de Jean LANCELOT ; mystère de la dévolution successorale de l'ancien régime !

Ce partage du 15 Janvier 1674 mentionne au surplus qu'ils sont faits "suivant et conformément aux partages cy devant faits entre les héritiers dudit deffunct du costé paternel et ceulx du costé maternel", ce qui concernerait le partage des meubles et acquêts.

Aux termes de ce partage qui a pu être entièrement reproduit car nous en avons deux exemplaires, ce qui en a facilité la lecture, Jehan LANCELOT laissait comme héritiers de côté maternel :

1°) Anne BRILLARD, veuve de Thomas LANCELOT et ses enfants (2ème lot).

2°) Marin DENIAU, Marie DENIAU épouse de Mathurin PLESSIER et Toussaint DENIAU époux de Jehanne LE BLOY, tous enfants de Simon DENIAU et de Magdeleine BRILLARD son épouse prédécédée (1er lot).

3°) Pierre BRILLARD (4ème lot).

4°) Thomas BRILLARD (6ème lot).

5°) Pierre FOUQUET, François FOUQUET, Jehanne FOUQUET, les enfants de François DAUVERGNE, et Françoise FOUQUET épouse de Louis RENARD, enfants de François FOUQUET et de Jehanne BRILLARD (3ème lot).

6°) René MELOT, Julienne (ou Jeanne) MELOT, épouse de René MELOT, et leurs enfants, et Cézard MELOT, enfants de René MELOT et de Marie BRILLARD (5ème lot).

C'est à dire, tous les BRILLARD ou leurs descendants alors vivants. (Voir famille BRILLARD ci-après).

Il semble bien que François DAUVERGNE était le mari de Jehanne FOUQUET (voir ci-après : C- Jehanne BRILLARD).

Mais du côté paternel (d'après la coutume d'Anjou) Jehan LANCELOT laissait comme héritiers, outre Cézard MELOT, Julienne (ou Jeanne) MELOT, et René MELOT, déjà nommé comme étant enfants de Marie BRILLARD, Jean MELOT, sa soeur épouse de Charles BALLON, et une autre soeur épouse de Pierre PEZIERE (tous trois enfants de Jacques MELOT le jeune). Tous ceux-ci sont en effet mis en cause en 1671 et 1682 dans la procédure de recouvrement du prix de la vente du 29 Mai 1666.

Mais d'après la généalogie que nous connaissons de la famille MELOT (voir ci-après famille MELOT), Jehan LANCELOT devait encore avoir pour héritiers, de ce côté : François MELOT, curé de Danzé, le ou les enfants de Magdeleine MELOT, une MELOT épouse PASQUIER, Judith MELOT et Julienne MELOT (ou les enfants inconnus de ces trois dernières).

Ce partage du 15 Janvier 1674 pose d'ailleurs un problème de date. Il débute ainsi : "Le quinzième jour de Janvier 1674 pardevant nous Jehan BEAUSSERON, notaire en Vendômois ...." ; puis, après la désignation détaillée des six lots, et l'énoncé des conditions accessoires du partage, ont lit : "Le tout conformément aux deux premiers partages faits entre lesdits héritiers dudit deffunct LANCELOT, tant du côté paternel que maternel, sans y déroger, faits et arrêtés ce jourd'huy troisième jour de Janvier 1675, etc...." sur la deuxième copie de ce partage cette dernière date est au surplus surchargée. un peu plus loin il est dit que ce partage est fait en exécution d'un "jugement rendu pour ce faire de Monsieur "le Bailly du Vendômois.... en date du 18 Décembre 1674, ce partage ne peut être que du 03 Janvier 1675 ou du 15 Janvier 1675 ; mais quelle est la bonne date ? Sans doute en écrivant "15 Janvier 1674" le notaire se croyait-il encore en 1674.

Ce qui confirme d'ailleurs, que ce partage a bien dû être fait en 1675 et non en 1674, c'est que la "Choisie" qui y fait suite est datée du 28 Février 1675, devant "Louis MARTIN, notaire en la baronnerie de Mondoubleau, pour l'absence de Me Jean BEAUSSERON, notaire à Vendôme".

Ce partage comporte encore deux anomalies inexplicables.

La femme de René DAUVERGNE est dénommée Jeanne au début du mariage ; puis Julienne dans la choisie, avec la précision qu'elle est décédée ("René DAUVERGNE mai de deffunte Julienne MELOT").

La "Choisie" se réfère à la coutume de Chartres, alors que les biens sont incontestablement dans le ressort de la coutume d'Anjou.

Il est cependant intéressant de relever les signatures autographes des copartageants sur l'un des exemplaires ; celui-ci n'est-il pas la minute authentique, distraite du Minutier de Me Jean BEAUSSERON ? Cependant il est écrit sur parchemin, ce qui n'était pas d'usage pour les minutes des notaires.

Les biens ainsi partagés dépendant de la succession de Jehan LANCELOT comprennent un corps de logis à Danzé, sans précision du lieu-dit, divisé entre les 6 lots, et de nombreuses boisselées de terre, pré, bois et vignes sur Danzé, et certaines sur Epuisay et Azé, représentant au total environ 55 hectares. Les principaux lieux-dits cités sont : la Douardière, la Haie Bergerie, le Clos du Houx, la Borde, la Boulatière (Epuisay), les Marchais, le Moulin à Vent, lieux-dits toujours dénommés à l'époque actuelle.

 

 

Poursuites en paiement du prix de la vente du 29 Mai 1666

 

Les 1.300 livres tournois formant le prix de la vente du 29 Mai 1666 stipulées payables "dans deux années d'huy prochain" n'étaient toujours pas payées au décès de Jehan LANCELOT. Aussi les venderesses, Jeanne, Judith et Marie GILLOT assignèrent-ellesses héritiers en paiement et obtinrent du Bailly de Vendôme le 17 Novembre 1671 un jugement condamnant au paiement de cette somme :

- Jean MELOT, marchand.

- Jacques PEZIERE.

- Charles BALLON et sa femme.

- Me Thomas BRILLARD.

- Me Pierre BRILLARD.

- François et Pierre FOUQUET.

- La veuve Thomas LANCELOT.

- La veuve DAUVERGNE "du bourg d'Azé" (c'est sans doute Jehanne FOUQUET).

La signification de ce jugement, avec la formule exécutoire n'ayant eu aucun effet, un nouveau jugement est rendu par le Bailly de Vendôme, onze ans après, le 16 Mai 1682, visant expressément le jugement du 17 Novembre 1671. Ce deuxième jugement est signifié le 23 Mai 1682 aux mêmes héritiers que ci-dessus, et le 26 Mai, en outre, à Thomas MICHON à cause de sa femme héritière de deffuncte Anne BRILLARD, veuve de Thomas LANCELOT. Les exploits d'assignation sont "donné au Pallais de Vendôme pardevant nous Jean de REMILLY, Seigneur de la Champignière et du Coudray, conseiller du Roy et de son ..... civil et criminel du pays Duché de Vendômois". Sur un titre du 25 Juin 1656 ont lit : "Jean de REMILLY, Seigneur de la Champignière et du Coudray, conseiller de Monseigneur le Duc, Bailly Juge ordinaire Civil et Criminel du pays de Vendômois.".

Ces assignations semblent prouver que Jean MELOT, Charles BALLON, et Jacques PEZIERE étaient héritiers de Jehan MELOT (par leur épouses en ce qui concerne les deux derniers) ils ne pouvaient l'être qu'en leur qualité d'enfants de Jacques MELOT le Jeune alors décédé. (Ils ne peuvent pas être les enfants de René MELOT et de Marie BRILLARD, car dans ce cas, ils auraient été parties du partage de 1675, avec Cézard MELOT , la femme DAUVERGNE et René MELOT fils). Toutefois, le doute subsiste en ce qui concerne Jacques PEZIERE ; nous connaissons un Jacques PEZIERE qui était époux de Marie LENOIR (voir ci-après famille MELOT) ; il semble qu'il était le fils de Pierre PEZIERE ; sans doute ce dernier était-il marié à une MELOT, fille de Jacques MELOT le Jeune, tous deux décédés avant 1671 ? Ce n'est qu'une hypothèse plausible mais non vérifiée.

On peut aussi se demander pourquoi l'assignation de 1682 a été faite à la femme de Thomas MICHON (Renée LANCELOT), et ne l'a pas été faite aux deux autres filles de Thomas LANCELOT et d'Anne BRILLARD ?

Pourquoi cette procédure n'a-t-elle pas été signifiée non plus aux autres héritiers de Jehan LANCELOT (les DENYAU, François LANCELOT, Magdeleine MELOT ou ses enfants, Jacques PASQUIER-MELOT, Judith MELOT et Julienne MELOT, ni Cézard MELOT et René MELOT ?). Peut-être ces assignations ne nous ont-elles pas été transmises ?

Rappelons que c'est sans doute à l'occasion de cette procédure que Thomas MICHON présenta le 26 Janvier 1682 une requête tendant à faire nommer Jean RAPICOST, curateur à la succession vacante de Thomas LANCELOT (voir ci-dessus à la fin de l'étude sur ce dernier).

On ignore si le prix de cette vente fut jamais payé. Comme on le sait, Jehan LANCELOT n'eut pas d'enfants. Nous retrouverons les descendants de sa famille dans les familles BRILLARD et MELOT.

LA FAMILLE BRILLARD

 

On a vu que Thomas LANCELOT avait épousé Anne BRILLARD et que Jehan LANCELOT avait épousé Renée BRILLARD. C'étaient les filles de Mathurin BRILLARD, notaire à Danzé et de Magdeleine PILON (ou PILLON).

En Février 1606, Mathurin BRILLARD, notaire et .... (?) demeurant à Danzé, époux de Magdeleine PILLON, achète de Françoise LANCELOT, marchand, demeurant au bourg de Danzé (sans doute fils de Pierre LANCELOT) la moitié d'un corps de logis composé de deux chambres dans l'une desquelles il y a cheminée, à Danzé.

Le 03 Janvier 1610, Robert DROUET, laboureur à Villemalin, paroisse de Crucheray, vend avec promesse de ratification par Jehanne LECONTE, sa femme, à Mathurin BRILLARD, qualifié alors de marchand, demeurant à Danzé, époux de Magdeleine PILLON "huit boisselées de terres plantées en bois taillis à la corde et mesure de Vendôme situées à la Taille de la Fontaine, paroisse de Danzé, joignant d'un côté et d'un bout à Jehan DROUET.... Trois boisselées de terre labourable situées au Boulleau de cette paroisse, joignant d'un côté à Thomas BRILLARD ..... d'un bout à Simon DAUVERGNE ....".

 

Mathurin BRILLARD et Magdeleine PILLON décèdent avant le Dimanche 12 Mars 1651 date à laquelle il est procédé, après midi, pardevant Simon BROSSET le jeune notaire et arpenteur en la Cour de Lisle et suivant la permission de Monseigneur le Bailly du Vendômois ou Monsieur son Lieutenant en date du même jour, au partage de leurs successions en sept lots, entre :

1°) Magdeleine BRILLARD, veuve de feu Simon DENYAU, fille aînée.

2°) Me Thomas BRILLARD, son frère.

3°) Toussaint DENYAU, fils de feu Simon DENYAU (pour assister sa mère).

4°) Jehan LANCELOT, père et tuteur de Jehan LANCELOT, son fils à cause de deffuncte Renée BRILLARD, sa femme.

5°) Maître François FOUQUET aussi notaire à cause de Jehanne BRILLARD, sa femme.

6°) Maître René MELOT, aussi père et tuteur des enfants de lui et de deffuncte Marie BRILLARD sa deffuncte femme.

7°) Honneste personne Thomas LANCELOT à cause d'Anne BRILLARD, sa femme.

8°) Maître Pierre BRILLARD.

 

Ce partage concernait "des logis et bâtiments, terres labourables et non labourables, prés, pastures et bois taillis". Le troisième lot (seul désigné dans ce partage) qui comprenait des bâtiments aux Bigotteries, paroisse de Danzé et environ 90 boisselées à cause d'Anne BRILLARD, sa femme.

 

Les époux BRILLARD-PILLON laissaient donc sept enfants. Parmi eux, nous avons déjà rencontré Renée BRILLARD, épouse de Jehan LANCELOT, décédée très jeune sans enfant.

Nous ne savons rien de Thomas BRILLARD, si ce n'est qu'il était notaire à Danzé, comme son père, (il était encore notaire le 26 Octobre 1664) ni de Pierre BRILLARD, dont on ignore la profession et dont on sait seulement qu'il habitait Danzé, qu'il était marié à Marie ESNAULT, et qu'il vendit à Jehan LANCELOT le 16 Avril 1653, pardevant son frère Thomas BRILLARD, une pièce de terre aux Bigotteries, paroisse de Danzé.

Marie BRILLARD épouse de René MELOT est décédée avant le 12 Mars 1651 (voir famille MELOT).

Mais nous avons plus de renseignements sur les trois autres enfants : Anne, Magdeleine et Jehanne.

 

 

 

A - Anne BRILLARD

Elle avait épousé Thomas LANCELOT. Elle est décédée peu avant le 08 Novembre 1681 laissant plusieurs filles mineurs, le 28 Février 1675, parmi lesquelles nous connaissons Anne, épouse HOUSSET et Renée, épouse MICHON (voir ci-dessus "Thomas LANCELOT").

 

B - Magdeleine BRILLARD

C'était la fille aînée. Elle avait épousé Simon DENYAU, dont elle était veuve lors du partage du 12 Mars 1651. Elle était décédée lors du partage de Jehan LANCELOT, c'est à dire avant le 15 Janvier 1674 (ou plutôt 1675).

Elle eut au moins trois enfants :

1°) Toussaint DENYAU, fils aîné, laboureur, demeurant aux Bigotteries, paroisse de Danzé, époux de Jeanne LEBLOY qui achetait de Thomas LANCELOT le 06 Juillet 1656, un bout de grange aux Bigotteries, et le 04 Septembre 1659, du même Thomas LANCELOT, une maison, un jardin et une fosse aux Bigotteries. Il est décédé avant le 15 Janvier 1675 laissant un fils prénommé également Toussaint, âgé de 21 à 22 ans à cette date.

2°) Marie DENYAU, épouse de Mathurin PLESSIER, laboureur à la Haye Bergerie, paroisse d'Azé. Il se faisait fort "des autres frères et soeurs" de sa femme lors du partage du 15 Janvier 1674 (ou 1675).

3°) Marin DENYAU, laboureur à la Bretonnerie, paroisse de Romilly, lors du même partage. Il avait un fils, André DENYAU, marguillier de l'église de Danzé, curateur le 02 Juillet 1708 des enfants mineurs de Thomas MICHON et de Renée LANCELOT (Anne, Jeanne et Madeleine).

Magdeleine BRILLARD, épouse de Simon DENYAU eut sans doute encore deux autres enfants :

1°) Madeleine DENYAU, épouse de Urbain GILOUZE (?), laboureur à la Haye Bergerie qui achète sept boisselées de terre à Thomas LANCELOT le 30 Mars 1659.

2°) Jean DENYAU, sagetier (?) à Danzé qui achète également des terres à Thomas LANCELOT le 25 Juin 1656.

 

En 1978, il existait à Danzé des familles BRILLARD et DENIAU. Il serait intéressant de savoir si ce sont des descendants de ceux qui y vivaient au XVIIIe siècle.

 

C - Jehanne BRILLARD

Jehanne BRILLARD avait épousé Me François FOUQUET, notaire à la Barronnerie de Mondoubleau (voir vente du 06 Avril 1638) qui la représente lors du partage BRILLARD du 12 Mars 1651. Ils sont tous deux décédés avant le 17 Novembre 1671, puisqu'à cette date, ce sont leurs enfants "François et Pierre les FOUQUET" qui sont condamnés au paiement du prix de vente dû par la succession de Jehan LANCELOT.

Ils laissaient quatre enfants, ainsi qu'il résulte du partage du 15 Janvier 1674 de la succession de Jehan LANCELOT :

1°) Jeanne FOUQUET.

2°) Françoise FOUQUET, épouse de Louis RENARD.

3°) Pierre FOUQUET, notaire en la Cour de Vendôme, à Danzé (vente du 25 Janvier 1662). Il a exercé pendant au moins trente ans puisqu'il était encore notaire le 11 Avril 1691 (partage LE BRETON. Voir famille MELOT) et le 14 Avril 1694 (acte de cette date énoncé dans la pièce de procédure du 05 Mai 1725. Voir famille PEZIERE).

4°) François FOUQUET le jeune, marchand à Danzé, qui vivait encore le 26 Février 1699, date à laquelle il achetait pardevant Marin MAILLET, l'aîné, notaire à Azé, de Jean GUILLEMEAU, homme de peine demeurant à la Charmoise, paroisse d'Azé, deux boisselées de terre en jardin et une boisselée de vigne aux Saulettes, paroisse de Danzé.

On a vu que le partage du 15 Janvier 1674 cite les enfants FOUQUET, au même rang que les "enfant de François DAUVERGNE". Ce François DAUVERGNE doit être vraisemblablement le mari de Jeanne FOUQUET.

De ces quatre enfants, nous ne connaissons que les descendants de François FOUQUET le jeune, dont nous allons maintenant retracer l'histoire et celle de la famille PITARD.

LA FAMILLE FOUQUET

 

C'est un partage du 31 Mars 1727 qui nous donne la clef des généalogies des familles FOUQUET et PITARD.

"Partage en deux lots des biens immeubles demeurés de la succession de deffunt François DAUVERGNE vivant laboureur demeurant paroisse de Danzé qui lui étaient eschus de succession de deffunte Jullienne PITARD sa mère, qui appartiennent pour une moithié à Michel PITARD aussy laboureur, demeurant aux Solettes dite paroisse de Danzé, et l'autre moithié à chacuns de Claude BALLU, tailleur d'habit, demeurant audit lieu des Solettes, dite paroisse, au nom et comme mary de Jeanne FOUQUET, François FOUQUET aussy laboureur demeurant au bourg et paroisse de Naveil, en la maison de François BRAULT en quallité de domestique, et à Martin FOUQUET aussy laboureur demeurant audit lieu des Solettes, dite paroisse de Danzé ; ladite femme BALLU avec lesdits FOUQUET, enfants et héritiers de deffunte Louise PITARD leur mère qui estait soeur dudit PITARD, et en cette quallité héritiers par représentation de leur dite deffunte mère pour l'autre moithié dudit deffunt DAUVERGNE leur cousin germain et nepveu dudit PITARD susestably. Lesquels héritages ont été mis et divisés en deux lots et partagés par lesdits BALLU et FOUQUET auxdits noms, comme étant leur dite defunte mère plus aisnée que ledit PITARD, pour estre choissy par iceluy PITARD, suivant et au désir de la Coutume d'Anjou et au dedans de laquelle sont lesdits héritages assis et situés. Au fait desquels partages a esté procédé ainsy qu'il s'ensuit pardevant nous Marin MORILLET, notaire royal en résidant à Azé soussigné le trente et un dernier jour de Mars l'an mil sept cent vingt sept avant midy.

Premièrement pour le premier lot partagé, aura et appartiendra des ce jourd'huy à toujours mais, c'est à savoir une chambre à cheminée, four au pignon d'icelle, une antichambre dans ladite chambre servant d'écurie, grenier au dessus, cour, la moithié du jardin devant ladite chambre avec la moithié du jardin de derrière, le tout en un tenant situé à la Paillarderie paroisse dudit Danzé, joignant etc.....

Item la moithié de vingt boisselées de terre etc... sera celuy à qui echerra ledit pressent lot tenu et obligé de payer auxdits BALLU et FOUQUET auxdit noms, la somme de huit livres pour les frais de partage tant pour le temps qu'ils ont passé à faire lesdits partages, que pour la dépance faitte en procédant à iceux, payable dans quinze jours d'huy.

Second et dernier lot et partage, aura et luy appartiendra aussi de ce jourd'huy à toujours mais c'est à savoir, une grange, cour et la moithié du jardin devant etc......

....tous les héritages partagés .... que les parties ont estimé, valloir la somme de trois cents livres".

Suivent les conditions ordinaires du partage (paiement des droits seigneuriaux, obligation de prendre les biens tels qu'ils existent et de se souffrir les passages de la façon la moins dommageable, partage en deux des récoltes ensemencées, etc... Le second lot a été choisi par Michel PITARD et le premier est demeuré à BALLU et aux FOUQUET. Les parties, fors ledit PITARD ont déclaré ne savoir signer, mais les deux témoins ont signé. Les biens partagés représentent une superficie de 104 boisselées (5 H 34 CA).

Nous apprenons par ce partage qu'il existait en 1727 trois enfants FOUQUET :

1°) Jeanne FOUQUET, épouse de Claude BALLU, tailleur d'habits, demeurant aux Saulettes, paroisse de Danzé.

2°) Martin FOUQUET, laboureur aux Saulettes.

3°) François FOUQUET, laboureur domestique chez François BRAULT à Naveil.

Ils étaient les trois enfants de Louise PITARD, alors décédée, et d'un FOUQUET. Or, nous savons qu'il existait un François FOUQUET le jeune, marchand à Danzé, fils de Me François FOUQUET, notaire en la Baronnerie de Mondoubleau, qui achetait des terres aux Saulettes le 26 Février 1699. Il était le frère de Pierre FOUQUET et avait été mis en cause avec lui (Pierre et François les FOUQUET) pour le paiement du prix de vente dû par la succession de Jehan LANCELOT, le 17 Novembre 1671. Il était donc majeur à cette date et par conséquent il avait dû naître avant 1646. Il parait douteux qu'il soit le mari de Louise PITARD car cette dernière est décédée avant 1727 alors domestique à Naveil est décédé, on le verra plus loin, en 1764. Il est donc vraisemblable qu'il était né vers 1690-1700. S'il avait été le fils de François FOUQUET le jeune, son père aurait eu environ cinquante ans lors de sa naissance, ce qui est beaucoup.

Il parait beaucoup plus plausible de penser que François FOUQUET le jeune (fils de François FOUQUET, notaire à Mondoubleau) eut un fils appelé lui aussi François FOUQUET le jeune dont nous trouvons la trace dans un aveu du 14 Mai 1721 pour une terre aux Bigotteries, paroisse de Danzé (son père aurait eu alors au moins soixante quinze ans ce qui paraît beaucoup). Dans cet aveu il est qualifié de laboureur, alors que l'autre était marchant en 1699. Il semble donc bien que ce soit ce deuxième François FOUQUET le jeune qui épousa Louise PITARD et qui eut pour enfants : Jeanne FOUQUET épouse de Claude BALLU, Martin FOUQUET et François FOUQUET de Naveil.

Nous ne savons rien des deux premiers de ces enfants, mais nous sommes mieux renseignés en ce qui concerne François.

Plusieurs acte de l'année 1735 que nous analyserons en étudiant la famille PITARD, nous apprennent que François FOUQUET avait épousé Julienne PITARD, sa cousine en deuxième mariage, étant veuf en premières noces d'Anne Marie HOUSSET dont il eut un fils : Jullien François FOUQUET décédé avant le 06 Avril 1764 et qu'il était alors laboureur à la Lombarderie paroisse de Danzé. Le 03 juillet 1735 il fait une déclaration d'Héritage aux Religieux de l'Abbaye de la Trinité à Vendôme, et il fait d'autres déclarations d'héritage le 13 Novembre 1736, le 13 Décembre 1739, le 23 Décembre 1739 et le 20 Juillet 1740.

Sa femme Julienne PITARD est décédée avant le 05 Juin 1759 car un "titre nouvel" de cette date, confirmant l'obligation de payer une rente de 4 livres 4 sols résultant d'un titre du 10 Mai 1698 est souscrit par :

1°) Michel FOUQUET, journalier à Beaulieu, paroisse d'Azé.

2°) François FOUQUET, laboureur à la Roullière dite paroisse.

3°) René LORILLIER, journalier, demeurant à la Chapelle Vicomtesse au nom de Julienne FOUQUET sa femme, et se portant fort de :

- Pierre FOUQUET leur frère majeur. "Héritier pour 1/4 de Julienne PITARD leur mère au jour de son décès femme de François FOUQUET, laquelle était héritière en partie de Michel PITARD, son frère".

Nous apprenons ainsi, outre la date approximative du décès de Julienne PITARD, le nom de ses quatre enfants.

François FOUQUET eut un cinquième enfant, prénommé encore François (le cinquième de ce nom) garde à Azé, issu de son premier mariage avec Anne Marie HOUSSET.

François FOUQUET-PITARD vivait encore le 17 Août 1763, date à laquelle il louait à compter de la Toussaint 1763 le bordage des Saulettes à Félix BELUE et Marguerite BRULE sa femme.

Il l'avait déjà loué le 19 Août 1757 à Charles VOISIN et Jeanne BALLU, sa femme.

François FOUQUET, veuf en secondes noces de Julienne PITARD, décéda avant le 06 Avril 1764.

En effet, à cette date devant Gilles François de TREMAULT, conseiller du Roy, Lieutenant général civil et de police au bailliage royal de Vendôme, comparait Denis POMMIER, marchand, demeurant paroisse d'Azé, seul expert par lui nommé d'office le 31 Mars précédent, pour déposer le rapport qu'il a été chargé d'établir, serment préalablement prêté, en vue de la vente des bâtiments du bordage des Saulettes, terres, prés, noues, grains et bestiaux dépendant des successions de François FOUQUET et de Julienne PITARD, à la requête de :

1°) Michel LEVE, laboureur à la Baratterie, paroisse de Danzé au nom et comme père "vitric" (beau-père) et tuteur institué par justice de Julien, Jeanne, Louise et Marie FOUQUET, enfants mineurs de Julien François FOUQUET, laboureur et de Jeanne MARTELLIERE aujourd'hui femme dudit LEVE.

2°) René LORILLIER, laboureur à Romilly, oncle paternel desdits mineurs à cause de Julienne FOUQUET sa femme.

3°) Michel FOUQUET, journalier, oncle paternel desdits mineurs demeurant aux Fontaines, paroisse de la Madeleine à Vendôme.

4°) François FOUQUET, garde à Azé, oncle paternel.

5°) Pierre FOUQUET, garçon majeur, laboureur à Danzé, oncle.

"Lesdits mineurs FOUQUET héritiers en partie par représentation de leur dit père de deffunts François FOUQUET et de Julienne PITARD leurs aïeuls paternels, et ladite femme LORILLIER et lesdits Michel, François et Pierre FOUQUET aussi héritiers conjointement avec lesdits mineurs desdits deffunts FOUQUET et de ladite PITARD, leur père et mère".

Suit la teneur de l'expertise de Denis POMMIER (nous retrouverons ce Denis POMMIER dans l'étude sur la famille DERAS) en date du 05 Avril 1764 faite en présence de François FOUQUET, Michel LEVE, René LORILLIER, Michel et Pierre FOUQUET, attendus de 8 heures à 9 heures du matin ne se sont pas présentés.

Les bâtiments sont minutieusement décrits et les réparations à y faire sont estimées. Il est intéressant de lire ces désignations très détaillées concernant tant les bâtiments que les travaux.

Puis il est procédé à l'estimation des bestiaux (une cavale à poil gris âgée de 9 à 10 ans, une autre cavale à poil blanc âgée de 10 à 11 ans, une autre cavale à poil noir âgée de 6 ans, une vieille vache âgée de 9 ans à poil rouge, une autre vache de même poil âgée de 5 ans, une taure noire femelle âgée de 15 à 16 mois).

Enfin, il est procédé à la visite des terres (347 boisselées soit 18 hectares et un quartier de pré) le tout en paroisse de Danzé.

"Lesquelles terres, noues, prés et bâtiments nous estimons devoir valoir en égard aux réparations et réfections qui sont a y faire, la mauvaise culture des terres, leur maigreur et celles qui sont en friche, et non compris les bleds qui sont en terre, à la somme de huit cent cinquante livres".

Le 14 Mai 1764, pardevant Antoine FERRAND, notaire royal au bailliage de Vendôme, résident et colloqué au bourg et paroisse d'Azé, furent présents :

1°) Michel LEVE, laboureur, demeurant à la Baratterie, paroisse de Danzé et Jeanne MARTELLIERE, sa femme, veuve de Jullien François FOUQUET en son vivant laboureur, fils du premier mariage de deffunt François FOUQUET, laboureur et de la deffunte Anne Marie HOUSSET. Ladite MARTELLIERE , mère et tutrice naturelle et de droit de Jullien, Jeanne, Louise et Marie FOUQUET, enfants mineurs d'elle et dudit Jullien François FOUQUET et ledit Michel LEVE à cause de sa dite femme, procédant au nom et comme tuteur aux personnes et biens desdits mineurs, élevé à ladite charge par acte .... etc....en conséquence de l'avis des parents desdits mineurs décerné et homologué.... etc...

2°) René LORILLIER, laboureur, demeurant à Bréviande, paroisse de Romilly du Perche, veuf de Julienne FOUQUET, fille dudit feu François FOUQUET et de deffunte Julienne PITARD seconde et dernière femme dudit FOUQUET.

"Procédant ledit Michel (sic) LORILLIER au nom et comme père et tuteur naturel et de droit de Michel, Pierre et Jean LORILLIER ses enfants mineurs et de ladite deffunte Julienne FOUQUET et par représentation d'elle, aussi héritiers pour un cinquième dudit feu François FOUQUET leur aïeul, et pour un quart en la succession de ladite deffunte Julienne PITARD leur ayeulle.

3°) François FOUQUET, garde, demeurant à Morillon, paroisse d'Azé et Jacquine ROYER, sa femme.

4°) Michel FOUQUET, journalier et Marguerite BRISIOUX, sa femme, demeurant aux Fontaines, paroisse de la Madeleine de Vendôme.

5°) Pierre FOUQUET, garçon laboureur majeur, demeurant au bourg et paroisse de Danzé.

"Lesquels dits François et Pierre et Michel FOUQUET sont aussi enfants desdits deffunts François FOUQUET et Julienne PITARD et leurs héritiers, savoir : pour un cinquième en la succession de leurdit père et pour un quart en celle de leur dite mère".

Lesquels voulant procéder à la vente et adjudication "au plus offrant et dernier enchérisseur" des biens dépendant des successions de François FOUQUET et Julienne PITARD, ont fait faire "des annonces et publications à l'issue des grandes messes paroissiales de Danzé et partout où besoin a été". Puis elles ont requis le notaire de donner lecture du procès verbal d'experts du 05 Avril 1764.

Plusieurs enchères sont portées dont la dernière par Me Léonard BRETON, greffier au bailliage royal de Vendôme y demeurant paroisse Saint-Martin, à la somme de 1.135 livres. L'heure de midi étant arrivée (on avait commencé à 10 heures) et plus aucune enchère n'étant portées, le notaire prononça l'adjudication au profit de Léonard BRETON (il était le père de Madeleine BRETON, épouse de Claude Joseph FERRON dont la fille épousa François LEMAIGNEN-VILLORCEAU).

Ensuite figure la désignation des bien vendus (bâtiments, terres, prés, bestiaux, récoltes) énoncés dans le rapport d'expert du 05 Avril 1764.

Il est constaté la remise à l'acquéreur de douze anciens titres de propriété des 15 Janvier 1674 (c'est le partage de la succession Jehan LANCELOT), 6 Mai 1664, 26 Octobre 1664, 26 Février 1699, 31 Mars 1727, 19 Mars 1735 (2), 1er Avril 1735, 10 Mai 1735, 30 Juillet 1735, 20 Février 1745 et 10 Mars 1750 (tous ces titres nous sont parvenus, sauf le dernier).

Enfin, sont énumérées les nombreuses dettes des époux FOUQUET-PITARD que l'acquéreur doit payer sur son prix d'acquisition.

Ensuite de ce procès-verbal d'adjudication figure le texte des affiches et annonces faites en vue de la vente, puis la quittance en date du 20 Mai 1764, par un créancier, à Léonard BRETON de la somme de 694 livres à lui due par les successions FOUQUET-PITARD qui paraissaient très obérées. Il n'a pas dû rester grand chose aux héritiers sur le prix de la vente.

Il est intéressant de consulter de procès-verbal d'adjudication, très complet et très lisible, et de la comparer avec deux états des terres du Bordage des Saulettes établis par Léonard BRETON après son acquisition indiquant les joignants et quelques acquisitions postérieures.

On ne peut manquer de remarquer qu'au XVIIIe siècle, le règlement d'une succession était beaucoup plus rapide qu'aujourd'hui. L'ordonnance du bailly pour la mise en vente et du 31 Mars 1764. L'expert procède à son estimation le 05 Avril ; l'adjudication a lieu le 14 Mai et les créanciers sont payés le 20 Mai. Heureux temps !

Nous ne possédons plus, après cette adjudication, aucun renseignement sur la famille FOUQUET.

Nous savons seulement que Pierre FOUQUET, fils de François FOUQUET et de Julienne PITARD, qui était laboureur en 1759, était Maître de Forges à Danzé le 09 Février 1768 et époux de Marie Anne BLAIN. Il achetait alors un bâtiment et des terres à la Vieille Métairie et au Prieuré, paroisse de Danzé, et une chambre à cheminée, bâtiments et terres aux Bigotteries dépendant des successions de Charles DORE et de Magdeleine VALLERY (voir ci-après famille VALLERY). Le 05 Novembre 1778, il faisait un échange avec Claude Joseph FERRON ; il était alors maréchal ferrant.

 

 

L'histoire de la famille FOUQUET de 1638 à 1778

peut se résumer ainsi

 

François FOUQUET était notaire à la Barronnerie de Mondoubleau en 1638. Il avait épousé Jehanne BRILLARD. Il est décédé avant le 17 Novembre 1671 laissant quatre enfants dont l'un, Pierre, était notaire à Danzé.

L'aîné de ce quatre enfants, dit François FOUQUET le jeune était majeur en 1671. Il dû naître vers 1630-1635. Il était marchand à Danzé. Il est décédé après 1699.

Son fils, appelé aussi François FOUQUET le jeune était laboureur à Danzé. Il dut naître vers 1660-1665. Il épousa Louise PITARD et décéda après 1727, laissant trois enfants majeurs lors du décès de sa femme qui survint avant 1727.

Si ces deux "FOUQUET le jeune" n'étaient qu'une même personne, elle serait née vers 1630-1635 et décédée après 1727 à 92 ou 97 ans, ce qui parait invraisemblable. De plus, ses enfants seraient nés vers 1655. Or son fils (François FOUQUET époux HOUSSET et PITARD en 2è noces) est né vers 1690-1700.

Ce deuxième François FOUQUET le jeune, eut trois enfants : Jeanne épouse de Claude BALLU, Martin et François, ce dernier épousera en premières noces Anne Marie HOUSSET. Il était domestique à Naveil, puis fut laboureur à la Lombarderie, commune de Danzé. Il dut naître vers 1690-1700. De ce mariage il eut un fils : Jullien François FOUQUET, laboureur à la Roullière, paroisse d'Azé, époux de Jeanne MARTELLIERE, qui eut quatre enfants : Julien, Jeanne, Louise et Marie, tous mineurs en 1764. Il a dû naître vers 1720-1730. Il décéda bien avant 1764 et sa veuve se remaria à Michel LEVE, laboureur à la Baratterie, commune de Danzé.

François FOUQUET, veuf d'Anne Marie HOUSSET, épousa en secondes noces vers 1725-1730, Julienne PITARD, décédée avant 1759, dont il eut quatre enfants, qui étaient majeurs au décès de leur mère, à savoir :

1°) Pierre FOUQUET époux de Marie Anne BLAIN, d'abord laboureur puis maître de Forges à Danzé.

2°) Michel FOUQUET époux de Marguerite BRISIOUX, journalier à Beaulieu puis aux Fontaines, paroisse de la Madeleine à Vendôme.

3°) François PITARD, garde à Azé.

4°) Julienne FOUQUET, décédée après 1759, mais avant 1764, épouse de René LORILLIER (ou LORILLER) journalier à la Chapelle Vicomtesse, puis laboureur à Bréviande, paroisse de Romilly.

François FOUQUET veuf en secondes noces de Julienne PITARD décéda au début de l'année 1764 et tous ses biens furent aussitôt vendus pour payer ses dettes. Il semble qu'après le décès de sa deuxième épouse, ses affaires soient devenues fort obérées. Il avait loué le bordage des Saulettes dès 1657. Il avait dû cependant continuer la culture de quelques parcelles de terre puisqu'il possédait à son décès, trois chevaux et deux vaches. Mais les bâtiments des Saulettes étaient en très mauvais état, plusieurs parcelles de terre en friche et il devait de nombreuses dettes, notamment au curé COSSON de Danzé "vingt et une livres pour paille, balle et agrats que ledit sieur curé aurait fourni et livré depuis peu pour engratter ledit bordage".

Les biens hérités de Jehan LANCELOT, des BRILLARD, de Me François FOUQUET, notaire, de Louise PITARD et de Julienne PITARD furent acquis par Léonard BRETON.

 

 

LA FAMILLE PITARD

 

Le partage du 31 Mars 1727 analysé au début de l'étude sur la famille FOUQUET concerne "les biens immeubles demeurés de la succession de deffunt François DAUVERGNE, vivant laboureur, demeurant paroisse de Danzé, qui lui étaient eschus de la succession de deffunte Julienne PITARD sa mère, qui appartiennent pour une moithié à Michel PITARD aussy laboureur demeurant aux Solettes dite paroisse de Danzé et l'autre moithié" aux enfants FOUQUET "enfants et héritiers de deffunte Louise PITARD, leur mère qui estait soeur dudit PITARD".

Louise PITARD épouse de François FOUQUET, Michel PITARD, laboureur aux Saulettes et Julienne PITARD, épouse DAUVERGNE étaient donc frère et soeur.

Nous avons rencontré Louise PITARD décédé avant 1727, en étudiant la famille FOUQUET.

Nous ne savons rien de Julienne PITARD ni de son mari ; nous ne connaissons même pas son prénom. Nous savons seulement qu'ils étaient tous deux décédés avant le 31 Mars 1727 et qu'ils avaient un fils unique, François DAUVERGNE décédé sans enfants peu avant cette date, laissant pour héritiers, Michel PITARD son oncle, pour moitié, et les enfants Jeanne, Martin et François FOUQUET ses cousins, pour l'autre moitié.

Quels étaient les parents de Michel PITARD, Louise PITARD et Julienne PITARD ? Nous l'ignorons. Mais en retraçant l'histoire de Jehan LANCELOT, marchand à Danzé, père du procureur, nous avons vu qu'il avait acheté le 10 Juin 1655, un corps de logis aux Saulettes, et des terres ; ces immeubles joignaient notamment un Michel PITARD.

Par ailleurs, le 26 Octobre 1664, Michel PITARD, maître maréchal de forges, demeurant à Danzé, époux d'Anne GUILLONE, achète, pardevant Me Thomas BRILLARD, notaire à Danzé, de Pierre DROUET le jeune, père et tuteur de Pierre, Marie, Françoise et ...... les DROUET, enfants de lui et de deffunte Marie GUILLONE sa deffunte femme, douze boisselées et demi de terre faisant la moitié d'un clos de terre appelé le Champ à ..... paroisse de Danzé, provenant de la succession de deffunt Messire Toussaint LANCELOT vivant prêtre curé de Pezou.

Et le 06 Mai 1664, le même Michel PITARD achète l'autre moitié de ce clos, de Me CALLAUX-DUGUE, notaire en, demeurant à Pezou et de Marie LANCELOT sa femme.

Ce Michel PITARD époux d'Anne GUILLONE, était peut-être le père de Michel, Louise et Julienne PITARD. C'est vraisemblable, mais nous n'en avons aucune preuve.

En revanche, nous possédons de nombreux actes concernant Michel PITARD, deuxième du nom, laboureur aux Saulettes, copartageant du partage du 31 Mars 1727.

Il résulte d'une déclaration d'héritage du 14 Mai 1721, épinglée à la vente sus énoncée du 26 Octobre 1664, que Michel PITARD, laboureur aux Saulettes (sans doute fils de Michel PITARD, maître maréchal de Forges à Danzé) frère de Louise PITARD et de Julienne PITARD, était alors veuf avec des enfants mineurs de Madeleine PLOUSE (?). Nous verrons plus loin que c'était sa première femme, et qu'il était marié en secondes noces à Anne BRANCHE, qu'il avait six enfants (trois du premier mariage et trois du second). Un contrat de vente du 30 Juillet 1735 nous apprend la date de son décès. Cet acte très intéressant sur de nombreux points, mérite d'être reproduit en grande partie.

"Pardevant nous Jacques BARRE, notaire royal à Vendôme soussigné, furent présents François ESNAULT vigneron et Marie PITARD sa femme ..... demeurant au lieu de Calais, paroisse de Lunay ....... lesquels ont vendu ....... de ce jourd'huy à toujours mais ...... avec garantie de tous troubles et évictions, dettes, hypothèques et autres empêchements généralement quelconques, à François FOUQUET, laboureur, demeurant à la Lomberderie, paroisse de Danzé .... C'est à savoir, la sixième partie auxdite vendeurs appartenant des propres de la dite Marie PITARD, d'un bordage appelé les Saulettes situé en ladite paroisse de Danzé consistant en une maison, une estable et une petite grange en ruine, douze septrées ou environ de terre labourable et noues en dépendant (une septrée = un arpent ou douze boisselées. Donc environ sept hectares et demi). Le tout indivis et à partager avec Jullienne PITARD, femme de l'acquéreur et femme de la venderesse (sic) et avec leurs autres frères et soeurs. Venu et eschu ledit bordage de la succession de deffunt Michel PITARD, père de la venderesse décédé depuis cinq mois en ça. Relevant ledit bordage et dépendant des Sieurs Religieux Bénédictions de Vendôme à cause de leur fief de l'Infirmerie, du fief des Bigotteries et autres, sous les anciens droits et devoirs seigneuriaux soit en argent, grains ou autrement. Et encore chargé de quatre livres quatre sols de rente de la nature qu'elle est due aux héritiers MANCHEAU ..... à prendre la dite sixième partie dudit bordage ....... avec la sixième partie des fruits et revenus d'iceux actuellement pendants par les racines ..... Cette vente faite pour et moyennant le prix et somme de quatre vingt livres que ledit acquéreur à présentement payé comptant audit vendeur qui l'a prise et reçue en escus de six livres et autre bonne monnaie ayant cours en ce royaume à vue de nous notaire et des témoins soussignés, dont sont contents et en tiennent quitte iceluy acquéreur, réservant seulement lesdits vendeurs du consentement dudit acquéreur, une busse de pommes de rennettes et autres de toutes espèces franches qu'il iront cuillir et chercher sur ledit lieu, a esté convenu par clause expresse et essentielle du présent contrat, et que l'acquéreur acquittera les vendeurs du douaire acquis à la veuve dudit deffunt Michel PITARD qu'elle a droit d'avoir sur ledit bordage comme aussy qu'il acquittera ledit vendeurs des tailles et autres impositions dudit deffunt PITARD et généralement de toutes autres dettes connues ou inconnues de la succession dudit Michel PITARD et de sa communauté avec sa veuve ....... Et pour les épingles de ladite venderesse l'acquéreur luy a payé trente sols en vin de marché, quarante sols dépensés entre les parties et le tout déboursé par l'acquéreur ...... Jugé et fait passé à Vendôme en notre Etude, l'an mil sept cent trente cinq le trentième jour de Juillet après midy en présence de Jean RENARD, tailleur d'habits, et de Pierre GIRAULT, marchand tonnelier, demeurant en cette dite ville, témoins à ce requis et appelés. Lesdits vendeurs ont déclaré ne scavoir signer de ce faire interpellés .... Controllé et insinué à Vendôme le premier Août mil sept cent trente cinq. Reçu trente six sols - Signé LANEAU".

On ne peut s'empêcher de constater que la formulation de cet acte de licitation n'a guère changé depuis trois siècles. Si ce n'est le rappel des droits seigneuriaux, et l'énonciation des divers accessoires don test assorti le prix de vente (épingles de la venderesse, vin de marché, et autres dépenses). On notera la réserve du douaire de la veuve venderesse et la réserve expresse de la récole de pommes rennettes, bien que les immeubles soient vendus avec leurs récoltes "pendantes par racine". Enfin ce titre, et ce n'est pas son moindre intérêt, nous apprend que Michel PITARD est décédé vers le 1er Mars 1735. Plus précisément il a du décéder quelques jours avant, car dès le 02 Mars il était procédé à la vente des meubles dépendant de sa communauté, ainsi qu'on le verra plus loin.

Le 20 Février 1745, pardevant Barthélémy MOTHERON, notaire en la Cour de l'Abbaye Cardinale de Très Sainte Trinité de Vendôme, colloqué au bourg et paroisse de Danzé, Michel PITARD; laboureur et Renée MOTRON sa femme demeurant à Beaulieu, paroisse d'Azé, vendent également à François FOUQUET et Julienne PITARD, sa femme, le sixième lui appartenant dans le bordage des Saulettes, désigné comme dans la licitations précédente (mais la grange est en ruine "comme à bas") dépendant de la succession de deffunt Michel PITARD père du vendeur décédé depuis onze ans en de ça. Cette vente moyennant la somme de quatre vingt livres, comme la précédente.

Préalablement à ces deux licitations, que nous avons relatées d'abord, parce qu'elles nous précisent la date du décès de Michel PITARD, ses héritiers avait procédé au partage de ses biens, mais non sans difficultés comme on va le voir.

Le 19 Mars 1735, c'est à dire peu après le décès de Michel PITARD, il est procédé au partage en deux lots des immeubles dépendant de sa succession, pardevant Jean PASQUIER, notaire et tabellion commis de la chatelenie de La Ville-aux-Clercs et Seigneurie de la haute justice des Vieilles métairies et autres lieux. Un autre exemplaire de ce partage est daté du 1er Avril 1735. Pourquoi ces deux exemplaires à des dates différentes ?

Les deux lots sont composés de bâtiments aux Saulettes, terres et noues au même lieu, au Buisson, au Château et à la Paillarderie à charge de payer le douaire de la veuve PITARD née Anne BRANCHE.

L'un des lots était destiné à François FOUQUET époux de Julienne PITARD, demeurant à la Lombarderie, paroisse de Danzé, à Michel PITARD laboureur à Azé et à François ESNAULT, marchand à Lunay ; l'autre à Anne BRANCHE veuve de Michel PITARD au nom et comme gardienne de ses enfants mineurs.

 

Michel PITARD avait en effet eu deux épouses :

La première, Madeleine PLOUSE (?) (déclaration d'héritage du 14 Mai 1721 sus énoncé) dont il eut trois enfants ;

1°) Julienne PITARD, épouse de François FOUQUET.

2°) Marie PITARD, épouse de François ESNAULT, vigneron à Lunay.

3°) Michel PITARD, laboureur à Beaulieu, paroisse d'Azé, époux de Renée MOTHERON.

La deuxième, Anne BRANCHE dont il eut également trois enfants, mineurs à son décès et encore mineurs au décès de leur mère en 1745 :

1°) François PITARD.

2°) Anne PITARD,

qui décéderont sans enfants,

3°) Marie PITARD qui épousera Gervais TROUILLARD.

 

Dans ce partage, Anne BRANCHE veuve PITARD était assistée de Claude BALLU "son neveu" (voir famille FOUQUET) qui lui conseille de choisir le second lot plus avantageux pour ses enfants mineurs qui pourront, lorsqu'ils seront majeurs, "faire refaire" ce partage.

A la suite de ce partage est expédié la vente des meubles dépendant de la communauté de Michel PITARD, en date du 02 Mars 1735, c'est à dire, peu après son décès. Cette vente mentionne les noms des différents enchérisseurs et le montant de leurs enchères. il est adjugé notamment :

- Une paire de chenets en fer, une pelle à feu, un petit rôtissoire, une broche à percer et une crémaillère pour 2 sols 10 deniers.

- Une vieille cognée, deux mauvais gouets et deux pieux à fendre pour 1 sol 15 deniers.

- Une vieille charrue roulante et son vieux soc pour 3 sols.

- Une fourche à trois doigts pour 9 sols 6 deniers.

- Trois mauvaises pelles à bêcher et une vieille pelle de bois pour 1 sol 1 denier.

- Une chèvre à poil gris âgée de 5 ans pour 3 sols.

- Un chalis de bois de noyer fort usé avec une vieille paillasse pour 2 sols.

- Une petite chèvre à poil noir âgée de 2 ans pour 2 sols 10 deniers.

- Un biquet pour 2 sols.

- Un vieux banc fermant à clef, une vieille poule.

- Un vieux coffre, une baratte, une vieille vache d'âge inconnu (5 sols), une méchante couverture (12 deniers), deux vieilles busses dans lesquelles il y a des poires cuites (3 sols 13 deniers), une vieille maie (12 deniers), un petit lit de plumes meslées et la ensouillé (2 sols 3 deniers), des boisseaux de chenevis, des boisseaux d'avoine mesure de Vendôme, une vieille table, deux bancelles et une vieille paire de souliers, une mauvaise poche, un bissac et une mauvaise chaise, deux mauvais draps et un autre très mauvais, deux busses dans lesquelles il y a de la boisson et un vieux quart aussi plein de boisson très mauvaise (la boisson réservée par la veuve PITARD), un chien barbet (10 sols), une vieilles braye à broyer le chanvre, paille, balles, foin et fumier et une échelle (18 sols 15 deniers), deux petits cochons (100 sols).

TOTAL DE LA VENTE : 80 livres, 2 sols, trois deniers.

 

 

 

Le 04 Mai 1735, Michel PITARD fils, assigne la veuve PITARD à comparaître devant Jean PASQUIER, notaire à La Ville-aux-Clercs, pour prendre connaissance du partage du 1er Avril 1735 et de procéder à la choisie des lots. Les enfants PITARD du premier lit et Anne BRANCHE comparaissent devant Me PASQUIER le 10 Mai. "Laquelle Anne BRANCHE veusve PITARD a été refusante d'accepter lesdits partages et de choisir pour lesdits mineurs".

Le Mardi 21 Juin 1735 "dans une des chambres du sieur Jacques LEGAY, marchand aubergiste, demeurant au bourg de la Ville-aux-Clercs ou pend pour enseigne l'image de Saint-Jacques attendu que le Palais et auditoire d'ycelle chatellenie sont impraticables et hors d'état d'y pouvoir tenir nos audiences ordinaires et extraordinaires", Jude Henri PINEL, licencié es loi avocat au parlement et bailliage de Vendôme, bailly juge ordinaire civil criminel et de police de la Chatellenie de la Ville-aux-Clercs, ordonne que le partage du 13 Mars 1735 sera exécuté en sa forme et teneur ; et il "adjuge une provision de vingt livres à la veuve PITARD à valoir sur ce qui lui doit revenir de la vente des meubles de la communauté que sur l'évaluation qui sera faite de son douaire et de son habit de deuil".

Le 10 Décembre 1735, François FOUQUET présente une requête au bailly de la Seigneurie de la Haute Justice de La Ville-aux-Clercs et des Vieilles Métairies pour obtenir que la veuve PITARD "vuide et déloge" une grange des Saulettes où elle s'est enfermée, ce qui empêche de battre le blé qui y est entassé, afin de payer les créanciers de la succession, et la contraindre à occuper une maison vacante dépendant de cette succession. Le 19 Décembre, l'huissier "prie, somme et requiert" la veuve PITARD de quitter cette grange "jusqu'après le bat des grains" et que faute par elle de le faire, François FOUQUET fera transporter ses meubles dans maison vacante. A quoi la veuve PITARD a répondu "qu'elle n'entend pas sortir de ladite grange qu'il n'en ait été ordonné autrement, le tout en présence de la nommée GUILBERT demeurant à Cuillerave, paroisse de Danzé où j'ai trouvé ladite BRANCHE qui s'était évadée de chez elle".

Le 07 Janvier 1736, elle fait déclarer par huissier à François FOUQUET qu'elle entend rester dans cette grange dont elle est propriétaire en vertu des partages. Elle est assistés de Rolland GUENETTE son procureur.

On ignore si Anne BRANCHE a consenti à sortir de sa grange et si François FOUQUET a pu battre le blé.

Il semble qu'Anne BRANCHE soit décédée avant le 10 Mars 1745, c'est à dire plus de dix ans après ces événements, car à cette date Michel PITARD agissant en qualité de tuteur des mineurs François, Anne et Marie, enfants d'Anne BRANCHE, ratifie le partage du 1er Avril 1735. Si Anne BRANCHE avait été encore vivante, c'est elle qui aurait agi au nom et "comme gardienne" de ses enfants plutôt que son beau fils. Il est précisé dans cet acte du 10 Mars 1745, que Michel PITARD n'avait plus aucun intérêts dans les biens des mineurs, ayant vendu le 1/6 lui appartenant desdits biens à François FOUQUET, le 20 Février 1745, et l'autre sixième a été vendu par Marie PITARD épouse ESNAULT le 30 Juillet 1735 au même François FOUQUET (voir ci-dessus).

Il a donc fallu attendre le décès d'Anne BRANCHE pour que puisse enfin se terminer le règlement de la succession de Michel PITARD qui cependant, n'était pas très importante si l'on en juge par la mauvaise qualité du mobilier qui a été vendu après son décès et son peu d'importance. On imagine aisément les tensions et les querelles qui ont dû exister entre les enfants du premier mariage et leur acariâtre belle-mère.

Il résulte des actes qu'on vient d'analyser que Michel PITARD, laboureur aux Saulettes, fils de Michel PITARD, maître maréchal de Forges à Danzé, est décédé dans les derniers jours de Février 1735.

Il avait deux soeurs :

- Louise décédée avant 1727, épouse de François FOUQUET.

- Julienne, décédée avant le 31 Mars 1727, épouse d'un DAUVERGNE.

 

Il avait épousé en premières noces Madeleine PLOUSE (?) décédée avant le 14 Mai 1721 dont il eut trois enfants :

1°) Julienne, épouse de François FOUQUET (fils du mari de Louise PITARD) décédée avant 1759. C'était la fille aînée.

2°) Marie, épouse de François ESNAULT, vigneron à Lunay.

3°) Michel, laboureur à Beaulieu, paroisse d'Azé, époux de Renée MOTHERON.

Ces trois enfants étaient mineurs le 14 Mai 1721.

Nous verrons plus loin que ce dernier, Michel PITARD est décédé à Vendôme, peu avant le 31 Juillet 1774, ayant vendu tous ses biens après le décès de sa femme.

Michel PITARD, laboureur aux Saulettes, après le décès de sa première femme, Madeleine PLOUSE (?) épousa en secondes noces après le 14 Mai 1721, Anne BRANCHE qui décède en 1745 et dont il eut aussi trois enfants : François, Anne et Marie qui étaient encore mineurs en 1745. Marie PITARD épousera Gervais TROUILLARD, charpentier à la Chapelle-Vicomtesse.

Ces renseignements sont confirmés par deux notes établies vraisemblablement par Léonard BRETON en vue de la rédaction de deux actes d'acquisition d'immeubles à Danzé appartenant à la famille PITARD, des 8 Mai 1773 et 26 Juin 1773 (voir ci-après Léonard BRETON).

L'une de ces notes se réfère expressément au partage ci-dessus analysé du 1er Avril 1735 et de sa ratification du 10 Mars 1745 et rappelle avec précision les parentés ci-dessus.

La seconde note a été établie en vue de la rédaction de la vente du 08 Mai 1773 et mentionne également sans contestation possible ces parentés. Elle précise en outre que Michel PITARD et Renée MOTHERON eurent trois enfants :

1°) Michel PITARD, garçon majeur demeurant à Vendôme.

2°) Catherine PITARD, épouse de François DHERBILLY (laboureur à Danzé aux termes de la vente du 08 Mai 1773).

3°) Marguerite PITARD, (mineure le 08 Mai 1773).

Or; il a été indiqué dans ces deux ventes du 08 Mai 1773 et du 26 Juin 1773, reçues par Me RENOU, notaire à Vendôme, que François et Anne PITARD (enfants de Michel PITARD et d'Anne BRANCHE) étaient les frères et soeurs de Catherine et Marguerite PITARD, alors qu'ils étaient en réalité leur oncle et tante.

De plus, dans un partage du 15 Janvier 1762 qui se trouve dans les titres de propriété de la ferme de la Foresterie à Danzé, il est dit que "pardevant Charles MANSION, nottaire royal garde notte au bailliage de Vendôme, résidence de Saint-Firmin, y demeurant, sont volontairement comparus en personne Gervais TROUILLARD, charpentier, demeurant au bourg et paroisse de la Chapelle-Vicomtesse, au nom et comme mary de Marie PITARD, fille et héritière pour un sixième au total de deffuns Michel et Anne PITARD ses frères et soeurs germains décédés sans hoirs .....". Or, Michel n'était pas décédé sans héritiers puisqu'on sait qu'il avait trois enfants (Michel, Catherine et Marguerite) issus de son mariage avec Renée MOTHERON. Le frère décédé sans héritier était en réalité François.

Il n'est pas sans intérêt de reproduire la suite de ce partage qui confirme ce que nous savons déjà sur la dévolution de la succession de Michel PITARD-BRANCHE :

....."Ses frère et soeur germains décédés sans hoirs ce qui fait qu'il revient à la ditte femme TROUILLARD des biens de laditte succession de son deffunt père, un quart au total ayant six enfants vivant lors du décès dudit deffunt père PITARD, tant du premier que du second lit"......

 

 

Nous venons de voir que les trois derniers descendants connus de la famille PITARD étaient Michel, Catherine et Marguerite. Ils vendirent les biens qui dépendaient des successions de leurs parents, notamment les Saulettes, paroisse de Danzé à Léonard BRETON les 08 Mai 1773 et 26 Juin 1773. Léonard BRETON avait déjà acquis les 14 Mai 1764 et 16 Juin 1764, les parts appartenant dans ces biens aux enfants de François FOUQUET (voir ci-dessus "Famille FOUQUET" et ci-après "Léonard BRETON").

Le dernier acte que nous possédons concernant la famille PITARD, est une renonciation par Marguerite PITARD à la succession de son père, le 31 Juillet 1774. Cet acte mérite d'être intégralement reproduit, car il nous apporte des précisions intéressantes sur les derniers membres de la famille PITARD :

Marguerite PITARD, fille majeure de 25 ans (on a vu qu'elle était mineure dans l'acte du 08 Mai 1773, ce qui nous précise approximativement la date de sa naissance) domestique demeurant au bourg d'Oucques, "chez le sieur Jacques BRIZION, aubergiste, paroisse de Saint-Jean, fille de feu Michel PITARD vivant journalier (il était auparavant laboureur) décédé en la Ville de Vendôme, et de deffuntes Renée MOTTERON sa femme, décédée avant ledit PITARD son mari, au Village de Beaulieu, paroisse d'Azé, et leur présomptive héritière avec Michel PITARD son frère germain, absent du pays, et Catherine PITARD femme de François DHERBILLY sa soeur germaine"...... renonce aux successions de sa mère et de son père "lequel à sa mort n'a laissé aucun mobilier, étant retiré à Vendôme après avoir vendu tout ses mobiliers......".

Comme on le voit, la famille PITARD s'éteignit assez misérablement. Elle vendit ses biens à François FOUQUET, puis à Léonard BRETON. Michel PITARD époux MOTHERON finit ses jours comme journalier à Vendôme après avoir vendu ses meubles. Son fils Michel, garçon majeur qui ne semble pas avoir eu de profession bien précise, quitta le pays en 1773 ou 1774. Sa fille Marguerite, également célibataire était domestique d'auberge à Oucques. Quant à Catherine, épouse de François DHERBILLY, on ignore ce qu'elle devint après 1773.

LA FAMILLE MELOT

 

Nous avons vu que le procureur Jehan LANCELOT avait deux frères :

1°) Thomas LANCELOT qui épousa Anne BRILLARD.

2°) Pierre LANCELOT qui épousa Perrine MELOT.

Après avoir étudié la famille BRILLARD, il convient d'étudier maintenant la famille MELOT, et auparavant de relater le peu que nous savons de la famille de Marie DROUET, mère de Perrine MELOT.

Le 28 Mars 1591, Pierre LANCELOT, laboureur à Boisrond, paroisse de Danzé vendait une maison à un certain Berthelot LANDRON, texier en toiles au bourg de Danzé. Cette vente était signée "en la maison de Pierre DROUET au bourg de Danzé".

Nous apprenons par un partage du 17 Octobre 1637 que nous analyserons plus loin, que ce Pierre DROUET était marchand à Danzé, époux de Judith GIROUST, tous deux décédés avant le 16 Janvier 1631. En effet, à cette date, par acte de DENYAU, notaire royal et arpenteur à Mondoubleau, relaté dans l'acte du 17 Octobre 1637, il est procédé au partage des biens dépendant des successions de Pierre DROUET et de Judith GIROUST, entre :

- Pierre DROUET.

- Judith DROUET, femme de François DUBOIS.

- Suzanne DROUET, épouse de François RUAU.

- Renée DROUET, épouse de Jehan DESTILLARD.

"Tous enfants et héritiers dudit deffunt DROUET et de ladite GIROUST", pour moitié.

L'autre moitié ayant été dévolue à Marie DROUET, fille "aisnée de deffunt Pierre DROUET en son vivant marchand demeurant au bourg de Danzé et de Judith GIROUST sa femme". L'acte du 17 Octobre 1637 contient partage de cette autre moitié entre les héritiers de "deffunte Marie DROUET et honneste personne Jacques MELOT".

Les cinq enfants de Pierre DROUET et Judith GIROUST étaient donc : Pierre, Judith, Suzanne, Renée, Marie (cette dernière décédée avant le 17 Octobre 1637).

Pierre DROUET le jeune, épousa Marie GUILLON, décédée avant le 26 Octobre 1664, laissant trois enfants mineurs à son décès : Pierre, Marie et François les DROUET (vente sus-énoncée à Michel PITARD).

Dans une vente du 03 Janvier 1610, que nous avons énoncée dans l'étude de la famille BRILLARD, on trouve un Robert DROUET, laboureur à Villemalin, paroisse de Crucheray, époux de Jehanne LECONTE qui vend un bois à Danzé joignant notamment Jehan DROUET. Nous ignorons qui étaient ces Robert et Jehan DROUET et nous ne savons rien d'autre sur la famille DROUET.

Nous ne savons rien non plus de Marie DROUET, fille de Pierre DROUET et de Judith GIROUST, ni de son mari Jacques MELOT, si ce n'est qu'ils sont tous deux décédés avant le 17 Octobre 1637, laissant, aux termes du partage de cette date, huit enfants :

1°) Messire Françoise MELOT, prestre-curé de la paroisse de Danzé.

2°) Me René MELOT, sergent ordinaire en.

3°) Magdeleine MELOT, épouse de Pierre RINDIE (?), marchand.

4°) .... MELOT, épouse de Jacques PASQUIER.

5°) Judith MELOT, épouse de François (?) GENTILS.

6°) Julienne MELOT.

7°) Jacques MELOT le jeune, marchand.

8°) Perrine MELOT, épouse de Pierre LANCELOT (tous deux décédés avant le 17 Octobre 1637, laissant un fils mineur : François LANCELOT, lui-même sans doute décédé sans enfant avant son oncle Jehan LANCELOT).

Dans ce partage, il est fait mention d'honorable homme André MELOT, receveur des droits des tailles à Vendôme" qui était créancier d'un rente sur l'un des immeubles partagés. Etait-ce un frère de Jacques MELOT-DROUET ?

Le 16 Novembre 1637, avant midi, devant Anthoine FERRON, notaire (à quelle résidence ?) il est précédé à la "choisie" des huits lots de ce partage (qui comprennent des bâtiments au bourg de Danzé et aux Saulettes et environ douze hectares de terre) entre :

"- Honneste personne Jacques MELOT le jeune, marchand, au nom et comme se faisant fort dudit François MELOT (LANCELOT) fils mineur de deffunt Pierre LANCELOT et de ladite Perrine MELOT et de PASQUIER et Julienne les MELOT ses enfants desquels il est tuteur et promettant leur faire avoir ces présentes pour agréables."

"- René MELOT, Sergent en demeurant au bourg et paroisse de DANZE."

"- Jacques MELOT le jeune."

"- François (?) GENTILS à cause de Judith MELOT sa femme demeurant paroisse de Busloup."

"- Pierre RUNDIE (?) à cause de ladite Magdeleine MELOT sa femme.

Héritiers de ladite Marie DROUET leur mère".

Le partage est fait "suivant et de coutume d'Anjou sous laquelle se régissent et gouvernent lesdits héritages".

"Ledit Jacques MELOT le jeune audit nom a prist et choisy :

* A scavoir pour ledit PASQUIER MELOT le second desdits lots,

* pour ladite Julienne le quart d'iceulx,

* ledit GENTILS audit nom de sixième lot,

* ledit Jacques MELOT le jeune le septième d'iceulx,

* ledit Maistre François MELOT le huitième lot,

* et partant, est demeuré audit Pierre RUNDIE (?) le cinquième et dernier desdits lots".

On remarquera que le premier lot a été omis. Il ne pouvait pas revenir au mineur François LANCELOT (appelé par erreur "François MELOT"). Le prénom de la femme PASQUIER n'est jamais mentionné. Judith et Julienne MELOT était mineures et avaient pour tuteur leur frère Jacques.

Il nous a paru nécessaire de reproduire avec exactitude les passages du partage du 17 Octobre 1637 et de la "Choisie" du 16 Novembre suivant, concernant les noms, prénoms et qualités des copartageants, car nous ne trouverons guère plus de précisions sur eux dans les titres postérieurs et il est très difficile de pouvoir comprendre quels furent leurs descendants.

Nous allons essayer de le faire en reprenant chacun des sept enfants de Jacques MELOT et de Marie DROUET (on a dit que leur petit fils, François LANCELOT, fils de leur fille Perrine, était vraisemblablement décédé sans enfant avant son oncle Jehan LANCELOT, puisqu'on ne le retrouve pas au nombre de ses héritiers).

 

A - La femme de Jacques PASQUIER - Judith MELOT et Magdeleine MELOT

On ne sait rien de la femme de Jacques PASQUIER (même pas son prénom) ni de Judith MELOT épouse de François (?) GENTILS dont on sait seulement qu'elle demeurait à Busloup ; ni non plus, de Magdeleine MELOT dont le nom du mari (RUNDIC ?) est indéchiffrable et dont on sait seulement qu'il se prénommait Pierre et qu'il était marchand.

 

B - Jullienne MELOT

Jullienne MELOT était mineure en 1637 (ainsi que Judith). On pourrait penser qu'elle a épousé René DAUVERGNE. En effet, dans l'acte de "Choisie" du 28 Février 1675 faisant suite au partage de la succession de Jehan LANCELOT du 15 Janvier 1674, il est mentionné, parmi les copartageants, "René DAUVERGNE, mari de deffunte Jullienne MELOT et tuteur des enfants de lui et d'elle".

Il est vrai qu'au début de ce partage, la femme de René DAUVERGNE est prénommée "Jeanne". On ne peut donc affirmer avec certitude que Jullienne MELOT était la femme de René DAUVERGNE, ni, dans ce cas, qu'elle était décédée avec des enfants mineurs avant le 28 Février 1675. D'autant plus que dans ce même acte, il est dit que le cinquième lot a été choisi par "lesdits MELOT et DAUVERGNE se faisant fort de Cézard MELOT leur frère". Or, on va voir que Cézard MELOT était le frère de Jeanne MELOT. René DAUVERGNE serait donc le mari de Jeanne MELOT comme il est dit au début du partage du 15 Janvier 1674, et non Jullienne.

Le doute subsiste. Cependant, nous verrons plus loin (cf les PEZIERE) que Jullienne MELOT avait vraisemblablement épousé un PEZIERE.

Rappelons pour mémoire, que la procédure du 17 Novembre 1671, dirigée contre les héritiers de Jehan LANCELOT, mentionne "la veuve DAUVERGNE du bourg d'Azé". Comme nous l'avons dit, c'était sans doute Jehanne FOUQUET. Le partage du 28 Février 1675 mentionne "les héritiers de François DAUVERGNE". Il est permis de penser que Jehanne FOUQUET serait décédée entre 1671 et 1675 et que son mari se prénommait "François". François DAUVERGNE était-il un frère de René ? Et parmi les "héritiers de François DAUVERGNE" n'y avait-il pas le mari de Julienne PITARD décédée avant le 31 Mars 1727 dont le fils s'appelait aussi François ?

Autant de questions sans réponses.

 

C - François MELOT

François MELOT était "prestre curé de Danzé". Il l'était déjà le 17 Octobre 1637 (partage MELOT).

De Saint Venant, dans son "Dictionnaire du" signale qu'il était déjà curé de Danzé en 1630. Il ajoute : "en 1682 il lègue ses livres aux Capucins de Vendôme".

Il est décédé, certainement très âgé, avant le 11 Avril 1691.

En effet :

"Le onzième jour d'avril mil six cent quatre vingt onze, après midi, en notre Cour de Vendôme, Pardevant nous Pierre FOUQUET notaire d'icelle résidant à Danzé soussigné, fut présent et personnellement establi honneste personne Estienne BRILLARD marchand (simagier ?) demeurant à Danzé mary de Margueritte LE BRETON sa femme héritière en partie à cause de (Jacques ?) FIRMIN de deffunt Messire François MELOT vivant prestre curé de Danzé, comme (héritière ?) à cause de (Jacques ?) FIRMIN et Messire Mischel LE BRETON pratissien demeurant audit Danzé pour faire la division en deux lots des biens qu'il leur est eschu en nature ..... avec leurs autres héritiers dudit deffunt ..... MELOT leur oncle, auquel partage nous y avons vaqué à la requête dudit FIRMIN plus ..... dudit LE BRETON .... Premier lot, etc ....." (maison et terres notamment aux Saulettes).

Le premier lot est choisi par Michel LE BRETON et le second est demeuré à Estienne BRILLARD.

Les témoins sont : Pierre VALLERY, Maréchal de Forges et Pierre PEZIERE.

Comme on le constate, ce partage ne nous éclaire pas beaucoup sur les qualités des héritiers de Messire François MELOT prestre-curé de Danzé.

Nous apprenons qu'il était l'oncle de Marguerite LE BRETON, épouse d'Estienne BRILLARD, marchand à Danzé, et de Messire Michel LE BRETON, praticien à Danzé. Ces derniers étaient-ils frère et soeur ? C'est vraisemblable ; mais alors pourquoi Marguerite LE BRETON intervenait-elle au partage, "à cause de Jacques FIRMIN ?" et pourquoi ce partage était-il fait à la requête de Jacques FIRMIN, alors que les deux lots sont divisés uniquement par Michel LE BRETON et Estienne BRILLARD ? Qui est ce Jacques FIRMIN ? Comment les enfants LE BRETON peuvent-ils être neveu et nièce de François MELOT ? Ils ne pouvait être que les enfants ou plutôt, les petits enfants d'une de ses soeurs, mais laquelle ? Magdeleine, Judith ou la femme PASQUIER. Dans ce cas, François MELOT aurait été leur grand oncle et non leur oncle, comme l'indique ce partage.

 

D - René MELOT

Nous sommes mieux renseignés sur les descendants de René MELOT qui était "sergent ordinaire en" et époux de Marie BRILLARD décédée avant le 12 Mars 1651 (voir famille BRILLARD). Il est décédé avant le 15 Janvier 1674 (ou 1675) date du partage de la succession de Jehan LANCELOT.

Il avait trois enfants mineurs en 1651 :

1°) Cézard MELOT, dont on ne sait rien.

2°) Jeanne MELOT, qui était peut-être l'épouse de René DAUVERGNE.

3°) René MELOT, époux de Marie DAUDU.

Nous connaissons un peu René MELOT grâce à plusieurs titres et pièces de procédure que nous allons analyser.

"Le 24 Octobre 1666 : pardevant Antoine CHARAY, notaire et tabellion à Vendôme, honneste personne François DAUDU, l'un des gardes des plaisirs et forrités (?) de son Altesse de Vendôme, demeurant à la Jousselinière paroisse de Saint-Ouyen, honneste personne René MELOT son gendre fermier de la terre et seigneurye du Plessis paroisse de Crucheray, promettant faire ratifier les présentes à Marie DAUDU sa femme, et honorable homme Me Jean LANCELOT procureur au siège de Vendôsme, demeurant à présent à Danzé", reconnaissent solidairement avoir vendu et constitué une rente de quinze livres tournois au profit des "Révérendes Dames Mères Religieuses du couvent de Nostre Dame du Calvaire de Vendôsme, Soeur Renée Marie de Sainte-Anne, prieure, Soeur Heleine de la Conception, Soeur prieure, Soeur Scolastique de Saint-Joseph, doyenne, Soeur Marie du Saint Sacrement, doyenne", présentes et acceptantes par toute leur communauté.

Cette rente est constituée "sur une maison manable, grange, étables, cour, jardin, terres labourables et non labourables et autres appartenances au nombre de trente septrés ou environ situées à la Jousselinière paroisse de Saint Ouyen" appartenant à Charles DAUDU. Et sur une maison et appartenances "size proche le grand cimetière, huit septrées de terres labourables ou environ sises à la Varennes de Vendôme" appartenant à René MELOT. Et "sur le lieu et métayrie de la Haybergerie "situés à la paroisse d'Azé et de Danzé consistant en maison manable, grange, terres labourables et autres appartenances", appartenant à Jehan LANCELOT.

Cette constitution de rente est consentie moyennant trois cent livres tournois. Elle est faite au parloir du couvent. Suit la ratification par Marie DAUDU.

Le 19 Juin 1674, les Révérendes Mères Bénédictines du Calvaire de Vendôme, vendent "à Soeur Renée COTTEREAU, tourière au dehors dudit couvent, demeurant paroisse de la Madeleine à Vendôme" la rente ci-dessus, due par François DAUDU et Jeanne BOURGUINEAU sa femme, deffunt René MELOT et Marie DAUDU sa femme.

Nous apprenons par cet date que René MELOT est décédé avant le 19 Juin 1674 et que François DAUDU, son beau père, était marié à Jeanne BOURGUINEAU.

Le 13 Juillet 1674 "sur l'heure de quatre le relevée" la Soeur Renée COTTEREAU fait signifier cette cession à "Jean MELOT, hoste, demeurant au faubourg Saint-Georges audit Vendosme, en la maison où pend pour enseigne les Trois Marchands, héritier de deffunt Me Jean LANCELOT vivant procureur, tant pour lui que pour ses autres cohéritiers ....... parlant à Marguerite BALLON femme dudit Jean MELOT".

Ce Jean MELOT n'est pas un fils de René.

Il est fils de Jacques MELOT ainsi que nous le verrons (chapitre "E-Jacques MELOT").

 

En vertu d'un acte reçu par Toussaint MICHAU, notaire à Vendôme le 26 Décembre 1682, Me Jacques CHAROT, diacre du diocèse de Chartres demeurant à Vendôme paroisse Saint-Martin, "ayant les droits de Renée BERNAY veuve de deffunt Mathurin ROULLEAU qui était héritier de deffuncte Renée COTTEREAU" reconnaît avoir reçu de "Charles MATELLIERE, fermier du prieuré de Danzé, au nom et comme curateur aux personnes et aux biens des enfants mineurs de deffunct René MELOT et Marie DAUDU, sa femme demeurant audit Danzé", ladite somme payée "en Louis d'or et d'argent et autres monnaies ayant cours".

Marie DAUDU est donc décédée avant le 26 Décembre 1682, laissant des enfants mineurs, parmi lesquels nous ne connaissons qu'Elisabeth MELOT, épouse de Pierre PILON, laboureur, demeurant à la Jousselinière, paroisse de Saint-Ouen qui, le 07 Novembre 1710 donne assignation à André DENYAU, marguillier de l'église de Danzé, au nom et comme curateur des enfants de Thomas MICHON et de Renée LANCELOT, héritiers de Jehan LANCELOT pour avoir paiement de la rente constituée le 24 Octobre 1666, dans le bénéfice de laquelle Elisabeth MELOT était subrogée en vertu de la quittance du 26 Décembre 1682.

 

E - Jacques MELOT

Jacques MELOT le jeune était marchand. Il es décédé avant le 17 Novembre 1671. On ignore le nom de sa femme.

Il pourrait sembler qu'il ait eu trois enfants, car le jugement du 17 Novembre 1671 mentionne, parmi les héritiers de Jehan LANCELOT : "Jean MELOT, marchand, Jacques PEZIERE, Charles BALLON et sa femme". Le jugement du 16 Mai 1682 condamne les mêmes personnes, citées dans le même ordre. On pourrait donc penser que Jean MELOT, la femme de Jacques PEZIERE et la femme de Jacques BALLON, étaient frère et soeurs, et enfants de Jacques MELOT. Mais nous allons voir que Jacques PEZIERE ne peut être un gendre de Jacques MELOT (voir famille PEZIERE ci-après). Il semble donc bien que Jacques MELOT n'eut que deux enfants : Jean MELOT et la femme de Charles BALLON dont on ignore le prénom.

Jean MELOT, qualifié marchand dans la procédure de 1671, était qualifié "hoste" dans l'assignation du 13 Juillet 1674. Il demeurait à Vendôme, faubourg Saint-Georges, dans une maison où pendait l'enseigne des Trois Marchands ; il était marié à Marguerite BALLON, sans doute soeur de Charles.

On ne trouve aucune autre trace de la famille MELOT dans les documents qui nous sont parvenus, à l'exception des PEZIERE dont nous allons maintenant parler.

LA FAMILLE PEZIERE

 

Nous venons de citer, parmi les membres de la famille MELOT, un certain Jacques PEZIERE qui est souvent signalé comme étant un héritier de Jehan LANCELOT.

Ce Jacques PEZIERE apparaît déjà dans un acte du 25 Décembre 1668.

"Pardevant Jullien PINEVOYSE l'aîné, notaire et tabellion à Vendôme fut présent Jean GOISLARD, sieur de l'Espau, Officier de feu son Altesse Royalle Monseigneur le Duc d'Orléans, demeurant à Vendôsme, paroisse de la Madeleine, lequel a baillé à titre de rente foncière annuelle et perpétuelle du jour de la feste du Sainct Jean Baptiste dernier passé à toujours mais, à honorable homme Jacques BEZIERE, archer en la maréchaussée de Blésois et Vendosmois, et Marie LENOIR sa femme, demeurant au forbourg Sainct Georges dudit Vendosme, pavé Sainct Lubin, une maison située au forbourg Sainct Georges composée de deux chambres basses se joignant l'une l'autre, une chambre haulte sur celle de devant, une escurie au derrière desdits chambres basses, grenier sur les chambres et l'escurie, le tout en un tenant .... etc ..." moyennant une rente de douze livres tournois par an.

Qui était ce Jacques PEZIERE et pourquoi a-t-il été condamné le 17 Novembre 1671 en paiement du prix de vente dû par les héritiers de Jehan LANCELOT ?

Puisqu'il était marié à Marie LENOIR en 1668, il ne pouvait être le mari d'une fille de Jacques MELOT en 1671. Dès lors on se demande en vertu de quelle parenté il était assigné en 1671 parmi les héritiers de Jehan LANCELOT, d'autant plus qu'il ne figure pas dans le partage de la succession de Jehan LANCELOT du 15 Janvier 1674 ni dans la "Choisie" du 28 Février 1675, alors que César MELOT et René MELOT y figurent. Mais rappelons que ces trois derniers étaient les enfants de René MELOT et de Marie BRILLARD et qu'ils intervenaient du chef de leur mère (en vertu de la règle "Materna Marternis") et non en tant que représentant de la famille MELOT.

Par ailleurs, Jacques PEZIERE ne saurait être rattaché aux familles BRILLARD, FOUQUET ni PITARD dont nous connaissons parfaitement les membres. Il se rattache donc incontestablement aux MELOT, mais comment ?

En raisonnant par élimination on est amené à constater qu'il ne pouvait être que le fils des filles MELOT ; or, il ne pouvait pas être un fils de Magdeleine MELOT qui était épouse de Pierre RINDEC (?) ni de la fille MELOT épouse de Jacques PASQUIER, ni de Judith qui était épouse GENTILS.

Il ne pouvait donc être que le fils de Jullienne MELOT dont nous avons vu que nous avions des doutes sérieux sur le nom de son mari, et qui était vraisemblablement un PEZIERE. Jullienne MELOT devait être décédée en 1671, c'est pourquoi la procédure a été dirigée contre son fils Jacques époux de Marie LENOIR.

Il apparaît bien que ce soit la seule explication possible pour justifier que Jacques PEZIERE était héritier de Jehan LANCELOT ainsi qu'il est dit à plusieurs reprises dans les procédures de 1671 et de 1682.

La recherche de cette filiation n'est pas sans intérêt car nous verrons par la suite que Jacques PEZIERE est un ascendant de François DERAS, grand-père de Madeleine BRETON qui épousa Claude Joseph FERRON, beau-père de François LEMAIGNEN-VILLORCEAU.

 

 

Les enfants de Jacques PEZIERE et de Marie LENOIR

 

Jacques PEZIERE, archer en la maréchaussée de Blésois et, et Marie LENOIR sa femme, sont décédés avant le 27 Décembre 1694.

En effet, à cette date intervient une transaction entre :

1°) Mademoiselle Françoise GAUDRY, veuve de noble maître Jehan GOISLARD sieur de l'Epau, demeurant à Vendôme, paroisse St-Martin.

2°) Jehan BELLEVILLE, huissier au bailliage de Vendôme et Marie PEZIERE sa femme, héritière de Jacques PEZIERE et Marie LENOIR ses père et mère, demeurant à Vendôme, paroisse St-Lubin.

Madame GOISLARD de l'Epau "était sur le point de faire mettre à exécution certain jugement par elle obtenu de ce siège le 05 Novembre dernier à l'encontre dudit BELLEVILLE" et contre Jehan YVONNEAU et sa femme et Christophe FORTIN aussi héritiers desdits défunts PEZIERE et LENOIR "ledit FORTIN comme père et tuteur des enfants mineurs de lui de défunte Françoise PEZIERE sa femme".

Il est exposé dans cette transaction que les héritiers PEZIERE devaient à la Dame de l'Epau "18 livres pour une année et demi de rente foncière de 12 livres par an, eschues au jour de Saint Jean Baptiste passé assignés sur les biens et héritages délaissés par lesdits PEZIERE et sa femme, et spécialement sur une maison située au faulxbourg Saint Georges de cette ville" ; c'est la rente constituée en vertu du contrat du 25 Décembre 1668 sus énoncé.

La Dame de l'Epau "était sur le point de faire visiter ladite maison afin de la faire remettre en état attendu qu'elle a été presque toute insandyée et est à présent inhabitable, pour obliger lesdits BELLEVILLE et sa femme, YVONNEAU et sa femme, ensemble ledit FORTIN esdits noms, à faire rétablir ladite maison et payer lesdits arrérages" et était en droit de faire saisir les héritages délaissés par Jacques PEZIERE et Marie LENOIR.

En vertu de cette transaction, Jean BELLEVILLE et sa femme se sont engagés personnellement à payer à l'avenir cette rente foncière annuelle et perpétuelle de 12 livres "à compter du jour de Noël dernier passé" et, en conséquence, ils ont été subrogés par la créancière dans tous ses droits et actions contre les héritiers PEZIERE.

En outre, Jean BELLEVILLE et sa femme ont hypothéqué la maison du faubourg Saint Georges "dépendant desdits succession que ne sont pas encore partagées", et, en outre, une maison située au Bois-aux-Moines, paroisse de Naveil consistant en une chambre basse, grenier dessus, étable à côté, jardin devant, et un quartier de vigne au Clos Montaigu, paroisse de Villerable, ces deux derniers immeubles acquis par les époux BELLEVILLE.

Il semblerait, d'après cette transaction, que les époux PEZIERE-LENOIR n'avaient que trois enfants :

1°) Marie, épouse de Jean BELLEVILLE, huissier au bailliage de Vendôme.

2°) Françoise, décédée avant le 27 Décembre 1694, épouse de Christophe FORTIN, laissant des enfants mineurs.

3°) Une troisième fille, épouse de Jean YVONNEAU.

Or, nous allons voir qu'ils avaient en réalité cinq enfants. On peut se demander pourquoi les deux autres ne sont pas intervenus dans la transaction ci-dessus rapportée.

Le Samedi 05 Mai 1725, en la chambre du Conseil du Palais de Vendôme, en présence de M. de TREMAULT, Lieutenant général civil et de police, ROUGER assesseur civil et criminel, CADOT, conseiller et RIGAULT lieutenant particulier civil et criminel, rapporteur, est rendue une sentence à la requête de "Mathurin DERAS, père et tuteur naturel des enfants issus de lui et de deffunte Catherine PEZIERE sa femme, qui était fille et héritière pour un cinquième de deffunt Jacques PEZIERE et Marie LENOIR" contre Marie PEZIERE veuve de Jean BELLEVILLE, fille aînée de Jacques PEZIERE et de Marie LENOIR, pour qu'il soit procédé au partage en cinq lots de leurs successions, partage auquel la veuve BELLEVILLE aurait dû procéder en sa qualité de fille aînée suivant la coutume d'Anjou.

Il est expliqué dans cette sentence que la veuve BELLEVILLE avait joui des revenus de ces successions depuis 29 ans, c'est à dire, depuis 1696, ce qui confirme que les époux PEZIERE-LENOIR étaient décédés avant 1694, comme nous l'avons vu.

Cette sentence énumère les très nombreuses opérations actives et passives relatives à la gestion des biens indivis et notamment "la vente faite par Marguerite PEZIERE fille majeure dudit deffunt BELLEVILLE de la cinquième partie des héritages à elle appartenant en la succession de deffunt Jacques PEZIERE et Marie LENOIR ses père et mère moyennant la somme de 200 livres dont elle l'aurait tenue quitte au moyen de ce que de sa part, il la tenait quitte de tous les logements, nourriture et entretien qu'il lui avait fournis pendant six ans" (acte de PINEVOISE du 18 Novembre 1697).

Les dépenses mentionnées concernent notamment un bordage à Sainte-Anne (voir ci-après, famille DERAS).

Cette sentence nous apprend ainsi les noms des deux autres enfants des époux PEZIERE-LENOIR :

1°) Catherine, épouse de Mathurin DERAS (décédée en 1720 comme on le verra plus loin) ayant des enfants mineurs en 1725.

2°) Marguerite, majeure en 1697. On remarquera qu'elle est qualifiée par erreur "fille majeure dudit deffunt BELLEVILLE" alors qu'elle était en réalité fille des époux PEZIERE-LENOIR puisque son nom patronymique était "PEZIERE". Elle avait vécu pendant 6 ans au domicile de Jean BELLEVILLE son beau-frère.

Elle nous apprend aussi que Jean BELLEVILLE était décédé avant le 05 Mai 1725.

Il est encore fait mention dans cette sentence d'un "sieur BELLEVILLE curé de Villeneuve" qui était peut-être un fils de Jean BELLEVILLE.

Il résulte d'un jugement du 09 Février 1726 que le bordage de Sainte-Anne était loué à François SASSIER qui reconnaissait devoir aux héritiers de Jacques PEZIERE et Marie LENOIR "la somme de 102 livres pour trois années de fermage échues au jour de Toussaint 1724, d'un corps de logis et dépendances situés au bourg et paroisse de Sainte-Anne, et quatre vingt trois boisseaux deux tiers de boisseaux de blé pour moissons de terre, sous déduction de 45 sols qu'il a payé pour une clef et un sepeau (chaine de fermeture)". Ce jugement dispose que François SASSIER devra acquitter, sur les fonds qu'il doit, une rente foncière due à une demoiselle Marie DEMERE, le surplus devant être affecté aux réparations à faire au bordage de Sainte-Anne. Il résulte d'un autre jugement du 02 Mars 1723 que cette rente était due à Marie DEMERE en vertu de la transaction sus énoncée du 27 Décembre 1694. (Voir plus loin le long procès entre Marie DEMERE et les héritiers de Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE).

Nous verrons que Catherine PEZIERE est décédée vers 1720 et que Mathurin DERAS son mari est décédé en 1735.

Nous ne savons rien de plus des enfants de Jacques PEZIERE et de Marie LENOIR, mais nous connaissons les descendants de Catherine PEZIERE et de Mathurin DERAS.

 

 

Les enfants de Catherine PEZIERE et de Mathurin DERAS

 

Nous les connaissons par une déclaration d'héritage du 10 Avril 1728, parfaitement écrite et qu' il est intéressant de reproduire intégralement :

"Déclaration des héritages que j'ai Mathurin DERAS, marchand demeurant au bourg et paroisse d'Azé, au nom et comme père et tuteur de Mathurin, François, Catherine et Jeanne les DERAS, enfants issus de moy et de deffunte Catherine PEZIERE ma femme à eux échus et advenus de la succession des deffunt Pierre PEZIERE leur père ayeul.

Tiens et advoüe tenir de vous mes Révérendes Dame abesse Religieuses et couvent de l'abbaye Royalle de la Virginité, Ordre de Citeaux au Diocèze du Mans, à cause de votre fief et Seigneurie des Curées situé paroisse de Villerable.

C'est à scavoir quatre boisselées de terre labourable situées aux Curées paroisse dudit Villerable joignant d'un costé à la dame veuve Me Mathurin GUINETTE vers solaire, d'autre costé du sieur DELAUNAY, d'un bout aux Dames Religieuses du Calvaire vers abas, d'autre bout à (en blanc).

Item trois boisselées de terre labourable situées audit lieu dite paroisse joignant d'un costé à la Dame DUVAL vers galerne, d'autre costé René LEROY, des deux bouts comme dessus.

Item deux boisselées de terre situées audit lieu dite paroisse joignant d'un costé à la ditte veuve Me GUINETTE vers solaire, d'autre costé au sieur PORCHER, d'un bout au Sieur CADOT vers abas, d'autre bout à la Dame veuve Me GUINETTE.

Tenu de vous mesdites Dames sous le devoir et hipotèque de deux sols six deniers de cens, cinq sols et une poulle de rente par arpent païable par chacun an à vostre recette ordinaire, au four banal à Vendôme devant la Place le jour de Sainte Catherine vingt cinq novembre.

Et outre tenu à droit de relief.

Lesdits héritages cy dessus appartiennent aux dits enfants à cause de deffunte Catherine PEZIERE leur mère, de la succession dudit deffunt Pierre PEZIERE leur père ayeul.

Qui est tout ce que je tiens et avoüe tenir de vous mesdites dames sous lesdits devoirs que je vous en suis tenu faire et payer par chacun an audit jour et lieu cy dessus.

Lesdits cens et rentes portans vantes, amendes, et autres proffits de fief quand le cas y echet suivant la coutume du pays, en témoing de quoy je vous en rend et baille la présente ma déclaration à laquelle j'ai fait arrest et ycelle affirme véritable et fait signer à ma requeste aux notaires roïaux soussignés auxquels j'ai déclaré ne savoir signer. Fait ce deuxième jour d'Avril mil sept cent vingt huit. Signé : J. NOURY notaire, MAILLET notaire. Controllé à Vendôme le dix Avril mil sept cent vingt huit. Reçu six sols , signé GILLET".

Cette déclaration d'héritage nous apprend les noms des quatre enfants de Catherine PEZIERE et de Mathurin DERAS.

Le père de Catherine PEZIERE y est prénommé Pierre, alors que nous savons que son véritable prénom était Jacques .

La famille PEZIERE était peut être originaire de Villerable, puisque Jacques PEZIERE y possédait quelques parcelles de terre.

Rappelons, à titre indicatif, que nous avons rencontré un Pierre PEZIERE qui était témoin dans un acte du 11 Avril 1691 : c'était peut être celui que nous connaissons sous le prénom de Jacques ?

LA FAMILLE DERAS

 

Mathurin DERAS (ou DERAST) veuf de Catherine PEZIERE est décédé en son domicile à Azé le 1er ou 2 Mai 1735. Il était cabaretier.

L'inventaire après son décès est dressé par Me Pierre BRETON, notaire royal à Azé les 5 et 6 Mai et 16 Novembre 1735 à la requête de :

- Mathurin DERAS, laboureur à Lancé, son fils.

- Catherine DERAS, sa fille, épouse de Gabriel POMMIER, marchand à Danzé (il fut ensuite laboureur à la Haie Bergerie paroisse d'Azé). Catherine était veuve en premières noces de Michel BARRE.

- Jeanne DERAS, sa fille, majeure, demeurant avec son père (elle épousera Pierre VALLERY et décédera en 1741).

- Magdeleine BORDIER, veuve de François DERAS, en son vivant laboureur à Azé, au nom et comme mère et tutrice naturelle de Madeleine et François DERAS, ses enfants mineurs, ayant pour curateur Pierre BERRY, laboureur, demeurant au Grand Buisé, paroisse d'Azé, nommé à cette fonction par acte du Lieutenant général de bailliage royal de Vendôme du 03 Mai 1735. Mathurin DERAS était donc décédé quelques jours avant, peut être le 1er ou le 02 Mai.

Nous verrons plus loin que François DERAS époux de Magdeleine BORDIER était décédé un peu plus d'un mois avant son père, le 25 Mars 1735.

L'estimation des meubles est faite par Joseph FERRAND, marchand à Teillé, paroisse d'Espereuse et par Joseph REGNARD, marchand à Courtozé. La prisée n'est pas rapportée. L'actif de succession, y compris les meubles s'élevait à 1.195 livres 14 sols et le passif à 229 livres 4 sols.

Les 17, 18 et 24 Novembre 1735 il est procédé par le même Pierre BRETON à la vente des meubles qui étaient restés en la possession de sa fille Jeanne. Le produit de cette vente s'élève à 1.130 livres 15 sols 6 deniers. C'est par cette vente qu'on apprend que Mathurin DERAS était cabaretier à Azé (dans les actes antérieurs il était qualifié de marchand).

Indiquons dès maintenant, pour comprendre l'analyse des derniers documents que nous possédons concernant la famille DERAS que :

a - Mathurin DERAS le jeune, épousa Anne DORE et décéda avant le 08 Décembre 1743. Il avait plusieurs enfants mineurs à son décès dont un fils : Pierre DERAS, né le 1er Mars 1733, laboureur à Averdon.

b - Jeanne DERAS, épouse de Pierre VALLERY décédée en 1741 sans enfants.

c - François DERAS, laboureur (ou "Soixton" dans d'autres titres, c'est à dire bordager) à Azé, époux de Magdeleine BORDIER, décédé le 25 Mars 1735 eut deux enfants : François DERAS, décédé mineur en Septembre 1747 et Madeleine DERAS, née le 12 Septembre 1733 à Azé qui épousera Léonard BRETON et dont la fille épousera Claude Joseph FERRON et sera la belle-mère de François LEMAIGNEN-VILLORCEAU.

d - Catherine DERAS épousa en premières noces Michel BARRE dont elle eut deux enfants : Catherine qui épousa Marin DAY, et Marie qui épousa Denis POMMIER. Elle épousa en secondes noces, Gabriel POMMIER, laboureur à la Haie Bergerie dont elle eut trois enfants : Gabriel , Denis et Pierre. Elle est décédée avant le 20 Juin 1753.

Ces précisions préalables sont nécessaires pour comprendre la longue procédure qui dura du 16 Mai 1753 au 18 Septembre 1767, entre les membres de cette famille, concernant un bordage à Sainte-Anne.

L'analyse des pièces de cette procédure présente le grand intérêt de nous donner des renseignements précis sur les dates de naissance et de décès de la plupart des enfants DERAS et de leurs conjoints, ce qui nous manquait fâcheusement en ce qui concerne les membres des familles que nous avons étudiées jusqu'à maintenant puisque, bien souvent, c'est par un raisonnement déductif que nous avons trouvé leurs dates de naissance et de décès approximatifs et même leur filiation.

Cette procédure débute par une assignation en date du 16 Mai 1753 "à comparaître pardevant et en l'audience de Monsieur le Lieutenant général du bailliage Royal de Vendôme à huitaine suivant l'ordonnance au Palais dudit lieu, heure d'audience ordinaire des plaids", à la requête de :

"- Magedeleine DRAS fille et héritière de défunt François DERAS en son vivant "Soiton" (bordager) et de Magdeleine BORDIER sa veuve, depuis veuve et René DOLIVEUX et actuellement femme de Louis MENANT maître d'école à Vendôme, et encore héritière de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE ses aïeuls paternels du chef et par représentation dudit François DERAS son père, et de Jeanne DERAS sa tante paternelle, et encore héritière de François DERAS son frère germain décédé en minorité émancipée d'âge ..... demeurant à Vendôme paroisse de Saint-Martin ....".

Contre :

"- Gabriel POMMIER laboureur demeurant à la Haie Bergerie paroisse d'Azé, tant en son nom à cause de la communauté qui a eu cours entre lui et Catherine DERAS, sa femme, que comme tuteur des enfants mineurs issus de lui et de ladite defunte Catherine DERAS sa femme, fille et héritière en partie desdits défunts Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE, ses père et mère, et de ladite Jeanne DERAS tante desdits mineurs dont ils sont héritiers par représentation et du chef de ladite Catherine DERAS leur mère et de Marin DAY laboureur et de Catherine BARRE sa femme aussi fille et héritière de ladite Catherine DERAS issus de son premier mariage avec deffunt Michel BARRE, etc....".

"- Denis POMMIER marchand et cabaretier à Azé et Marie BARRE sa femme aussi fille et héritière de Catherine DERAS issue de son premier mariage avec ledit deffunt Michel BARRE, etc...."

" Et encore ledit Denis POMMIER au nom et comme tuteur et curateur de Pierre DERAS fils mineur de deffunt Mathurin DERAS qui était aussi fils mineur et héritier desdits deffunts Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE ses père et mère".

"Et Pierre DERAS mineur émancipé "ayant pour curateur Denis POMMIER".

Cette assignation leur était faite pour :

"Répondre et procéder sur ce que ladite Catherine PEZIERE, ayeulle paternelle de l'adjournante (Madeleine DERAS) étant décédée la première dès l'année 1720, et le deffunt Mathurin DERAS son ayeul ayant toujours continué de jouir non seulement de tous les biens et effets de leur communauté qui a continué à défaut d'inventaire, et François DERAS père de ladite adjournante étant décédé le 25 Mars 1735, avant le décès dudit Mathurin DERAS son père et ayeul de l'adjournante qui n'est décédé qu'au mois de May de la même année, Magdeleine BORDIER veuve dudit François DERAS et mère de l'adjournante n'étant lors âgée que de vingt deux ans deux mois ainsi qu'il est justifié par son extrait batistaire du 1er Mars 1713 certifié par le sieur COSSON curé de la paroisse de Dané ........ Il aurait été procédé à un inventaire devant BRETON notaire royal à Azé le 05 Mai 1713 et jours suivants des biens de la succession dudit Mathurin DERAS fils, père dudit Pierre DERAS mineur héritier pour un quart en la succession dudit Gabriel POMMIER comme mari de ladite Catherine DERAS ; héritier pour un quart en la succession de ladite deffunte Jeanne DERAS ; et ladite Magdeleine BORDIER, mère de l'adjournante etc...

Puis il est exposé dans cette assignation que :

"Mathurin DERAS fils, père de Pierre DERAS, Gabriel POMMIER et Catherine DERAS sa femme, et Jeanne DERAS, profitant du bas âge de la minorité de Magdeleine DERAS et de François DERAS son frère et de la minorité de Magdeleine BORDIER leur mère qui ne pouvait valablement seule estre en droit pour eux, ont non seulement disposé et se sont appropriés tous les effets de la succession et de la communauté continuée desdits deffunts Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE ayeuls de l'adjournante, et des deniers procédant à la vente publique des meubles", et encaissé les créances, "mais encore de tous les biens desdites successions, même des biens propres de ladite PEZIERE et notamment d'un bordage situé paroisse de Sainte-Anne composé de deux chambres à feu, grenier dessus, un cellier à côté et trois petites écuries, grenier au dessus de l'une d'icelle, grange, deux jardins clos, contenant environ douze boisselées, relevant du fief du Chatelet".

Ce bordage, dont le lieu-dit n'est pas mentionné (mais qui d'après une note du dossier de procédure entre Marie DEMERE et les héritiers DERAS, ci-après analysé, était situé :

"Vis à vis l'église" comprenait ou outre cent deux boisselées de terre, six enclos de vignes, quatre autres boisselées, "scize près l'Eglise et près la croix dudit lieu et paroisse de Sainte-Anne", huit autres boisselées "abutant au chemin de Sainte-Anne à aller à la Galloche et d'amont au chemin de la Guignardière à aller au Chatelet", dix huit autres boisselées de terres labourables, "quatre autres boisselées au lieu appelé le Pont de Sainte-Anne abutant d'amont au chemin de Sainte-Anne à la Rougerie" deux autres boisselées aux caves, abutant au chemin de Crucheray, deux autres boisselées au même lieu, "et plusieurs autres terres et héritages qui font partie des dépendances dudit bordage".

Ce bordage de Saint Anne contenait donc au moins neuf ou dix hectares.

Il est encore reproché aux héritiers DERAS de s'être approprié et d'avoir joui et disposé d'autres bien et rentes dépendant desdites successions situés sur la paroisse d'Epuisay contenant environ 18 boisselées de terre et bois, et de s'être emparé des meubles dépendant desdites successions.

Puis il était demandé, après restitution de ces biens, leur partage en trois lots.

 

Cette assignation, comme on vient de la voir, nous apporte des précisions très intéressantes sur la généalogie des enfants DERAS, et nous apprend que Catherine PEZIERE possédait des biens assez important à Sainte-Anne (et même à Epuisay). Nous savions déjà que son père possédait des terres à Villerable, ce qui confirme que la famille PEZIERE devait être originaire de cette région.

Avant d'analyser les autres pièces de cette procédure, résumons les faits.

Mathurin DERAS, cabaretier à Azé décède vers le 1er Mai 1735, veuf de Catherine PEZIERE, laissant 3 enfants : Catherine épouse en premières noces de Michel BARRE et en deuxièmes noces de Gabriel POMMIER, Mathurin et Jeanne décédés sans enfants en 1741 ; et deux petits enfants : François DERAS (décédé mineur en 1747) et Magdeleine DERAS, par représentation de François DERAS décédé un mois avant son père, époux de Magdeleine BORDIER.

Catherine DERAS avait eu 5 enfants de ses deux mariages : Catherine BARRE épouse de Marin DAY, Marie BARRE épouse de Denis POMMIER, Gabriel POMMIER, Denis POMMIER et Pierre POMMIER.

Quant à Mathurin DERAS le jeune, il avait un fils : Pierre DERAS.

Lors du décès de Mathurin DERAS père, le 1er mai 1735, Magdeleine BORDIER sa belle fille avait 18 ans, et Magdeleine DERAS, sa petite fille, 2 ans.

Les enfants DERAS continuent à gérer les biens dépendant de la succession de leur père sans se soucier de leur belle soeur, Magdeleine BORDIER, ni de leur nièce Magdeleine DERAS. A l'âge de 20 ans, cette dernière se fait émanciper et avec le concours de sa mère, intente la procédure en demande en partage contre ses oncles et tante des biens dépendant des successions de ses grands parents, comprenant notamment le bordage de Sainte-Anne qui était un propre de sa grand mère, et qui était laissé à l'abandon par ses cohéritiers.

 

Ceci dit, reprenons l'analyse des pièces de procédure :

Le 11 Juillet 1753, Magdeleine DERAS comparait devant le lieutenant général civil et de police au bailliage royal et prevoste de Vendôme et déclare que Louis MENANT, son père Vitric (son beau père, troisième mari de sa mère) n'a pas en sa possession certains documents, inventaires et autres pièces qu'il avait remis au Clerc de Me DESCHAMPS procureur à Vendôme, le 08 Septembre 1752 .....

Le 11 Août 1753, le lieutenant général prend acte des déclarations de Louis MENANT qui s'engage à rapporter ces documents.

Le 15 Décembre 1753, il est ordonné à nouveau à Louis MENANT de produire ces documents. Le même jour de longues conclusions sont présentées au lieutenant général en réponse à celles qui avaient été présentées par les défendeurs concernant notamment une somme de huit cents livres que Mathurin DERAS aurait donnée à son fils François lors de son mariage. Le procureur de Magdeleine DERAS s'élève contre "l'odieuse chicane des deffandeurs" et demande qu'on en vienne à un juste réglement car les défendeurs ont incontestablement "toujours joui et disposé de tous les biens et revenus dépendant des successions de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE". Il est fait référence, dans ces conclusions à l'ouvrage de "Monsieur de LIVONNIERE, les Règles du Droit Français, chapitre neuf", à l'article 98 de la coutume d'Anjou, et à un certain juriste célèbre du nom de DUPINEAU.

Le 22 Décembre 1753, la cause est renvoyée "après les Rois" (après la fête des Rois, 6 Janvier 1754).

Le 12 Janvier 1754, les parties sont renvoyées devant Me DELATOUCHE et Me BODINEAU leurs avocats.

Le 13 Mars 1754, Magdeleine DERAS assigne Denis POMMIER après le décès de Gabriel POMMIER. Nous verrons plus loin que Gabriel POMMIER, après le décès de sa femme Catherine DERAS survenu avant le 20 Juin 1753 s'était remarié avec Marie PETIT et décéda avant le 23 Mars 1754.

Le 23 Mars 1754 intervient un jugement de reprise d'instance.

Dans toutes ces pièces de procédures, sont longuement reprises les qualités héréditaires des parties dans les mêmes termes, exactement, que dans l'assignation primitive du 16 Mai 1753.

Le 12 Novembre 1755, Magdeleine DERAS, fille émancipée demeurant à Vendôme chez le sieur MENANT son père vitric déclare que son frère François DERAS est décédé à Vendôme en Septembre 1747 et qu'il leur est échu la moitié du bordage de Sainte-Anne loué à bail à ferme moyennant un fermage de 198 livres 4 sols et qu'il ne dépend aucun autre bien fond de "ladite" succession. Elle a payé un droit casuel de 39 sols "faute d'avoir satisfait dans les six mois de l'ouverture de la succession". Il est encore indiqué dans cette pièce que Mathurin DERAS est décédé en Juin 1750. Nous verrons plus loin (procès Marie DEMERE) qu'il était déjà décédé lors d'une requête, en date du 08 Décembre 1743.

A partir de cette date, nous ne possédons plus aucune pièce de procédure relatives à cette demande en partage. Il semble que les parties aient abandonné la voie judiciaire et aient tenté un règlement amiable.

En effet, le 03 Juillet 1755, pardevant Jean Jacques GIRARD, notaire royal à Vendôme, comparait Joseph CHASSELOUP, maçon tailleur de pierre et entrepreneur de bâtiments demeurant à Vendôme, paroisse Saint-Martin, qui a été requis par Denis POMMIER tant en son nom que comme tuteur des enfants mineurs de Gabriel POMMIER son frère, par Pierre DERAS, laboureur à Tourailles, et pas Louis MENANT, époux de Madeleine BORDIER, pour procéder à l'expertise des travaux à faire aux bâtiments du bordage de Sainte-Anne "afin d'en éviter le cablir et dépérissement total". Ce bordage appartient, dit cet acte, en outre, à Marin DAY, dit "Colidon" demeurant à Danzé, époux de Catherine DERAS, et à Pierre DERAS, garçon majeur. Joseph CHASSELOUP déclare "faire cette estimation en son honneur et conscience".

"Premièrement, il faut remettre à la porte de la maison un poteau de 7 pieds de long et de 5 à 6 pouces de carissage ; se servir de l'ancien chapeau et refaire le bousillage d'au dessus. Pour fourniture et façon il convient de débourser la somme de 3 livres".

"Plus à la croisée de la chambre il est nécessaire de fournir et placer 2 barres de fert pesant 6 livres pourquoi il convient de débourser 36 sols".

"Plus au plancher de ladite chambre refiler à neuf une toise de planches et fournir la quenouilleau de terre et foin qu'il conviendra....".

Suit le détail de l'estimation de toutes les réparations à faire aux toitures, fenêtres, planchers, pignon de la grange "qui est prêt à câbler" et qu'il faut consolider, à la chaine et au treuil du puits etc.....

Le 15 Juillet 1755 est établi un marché de ces réparations entre les héritiers DERAS et Toussaint LAROCHE et Jacques BRILLARD entrepreneurs avec les conditions de paiement des travaux s'élevant à la somme de 156 livres.

Mais ces réparations urgentes une fois effectuées, le litige ne semble pas réglé pour autant, car le 26 Février 1757 "le sieur Léonard BRETON, principal notaire à la Chatellenie de l'Isle, demeurant au Temple lés Vendôme, paroisse Saint-Lubin, assisté de Me Pierre GAUSSANT son procureur, agissant au nom et comme mari de Magdeleine DERAS fille de deffunt François DERAS et de Madeleine BORDIER sa veuve, depuis veuve de René DOLIVEUX et à présent femme du sieur Louis MENANT maître d'écriture, héritière en partie du chef, et par représentation dudit DERAS son père, de Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE ses ayeuls paternels, et encore héritière de Jeanne DERAS sa tante paternelle etc....", déclare qu'il reprend l'instance pendante.

Magdeleine DERAS s'était donc mariée avec Léonard BRETON, entre le 03 Juillet 1755, date de la visite des bâtiments de Sainte-Anne où elle était encore qualifiée de fille mineure, et le 26 Février 1757.

Léonard BRETON, en décidant de reprendre l'instance a du contraindre les adversaires à composer car un accord intervient le 12 Décembre 1757, pardevant Michel Thomas MARGANNE, notaire royal à Vendôme, entre :

- Léonard BRETON, praticien, et Madeleine DERAS sa femme, demeurant à Vendôme, paroisse Saint-Martin.

- Marin DAY, laboureur, mari de Catherine DERAS, demeurant à Danzé.

- Denis POMMIER, marchand, mari de Marie BARRE, demeurant à Azé.

- Gabriel POMMIER, garçon majeur, demeurant à Danzé.

- Pierre POMMIER, garçon mineur, demeurant à Azé.

- Pierre DERAS, garçon mineur de 25 ans, émancipé, demeurant à Françay.

Il est rappelé l'assignation du 16 Mai 1753 en demande en partage des successions de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE sa femme, puis les jugements du 11 Août 1753 et 12 Janvier 1754 sus-énoncés, la reprise d'instance après le décès de Gabriel POMMIER, la reprise d'instance par Léonard BRETON du 26 Février 1757 après son mariage avec Magdeleine DERAS ; puis il est dit que sur les avis et conseils de leurs avocats les parties ont procédé à la transaction aux termes de laquelle il a été convenu que le tiers d'actif net à partager, d'après l'inventaire des 5 et 6 Mai et 16 Novembre 1735, étant de 88 livres, 15 sous, 3 deniers obole sera payé à Léonard BRETON et sa femme, par Pierre DERAS qui lui paiera en outre le tiers de cette somme soit 29 livres 11 sous 9 deniers, en sa qualité d'héritier de Jeanne DERAS sa tante. Que le deuxième tiers étant de 88 livres 15 sous, 3 deniers obole sera aussi payé audit BRETON et sa femme par Marin DAY et Catherine BARRE sa femme, Denis POMMIER et Marie BARRE sa femme, Gabriel, Denis et Pierre POMMIER, ainsi que le tiers de ce tiers (29 livres 11 sous 9 deniers) en leur qualité d'héritiers de Jeanne DERAS.

"Sauf à eux à se faire tenir compte ainsi qu'ils aviseront bon être, par Marie PETIT, veuve et seconde femme dudit deffunt Gabriel POMMIER et actuellement femme de Michel DUFAIX pour ce qu'elle pourrait en être tenue à leur égard, comme ayant été commune avec ledit Gabriel POMMIER".

"Et quant aux 29 livres 11 sous 9 deniers restant dû troisième tiers pour parfaire la somme totale de 266 livres 5 sous et 10 deniers obole, (montant de l'actif net à partager) ledit BRETON et sa femme s'en feront faire raison par ladite BORDIER leur mère et belle père, attendu qu'elle les a reçus ou du moins qu'ils ont été confondus lors du partage du mobilier de ladite Jeanne DERAS femme VALLERY".

"Quant aux revenus des biens immobiliers comprenant le bordage de Sainte-Anne dont la désignation détaillée est rappelée (loué à Michel BRETON pour 9 ans à compter de la Toussaint 1736, moyennant 38 livres d'argent et un boisseau et demi de blé par boisselée), deux clos se terre entourés de haies vives à Epuisay contenant environ 14 boisselées de terre, trois boisselées de bois, et une autre boisselée (affermés 5 livres dix sous au sieur CATHODEAU) ils ont payés à Léonard BRETON et sa femme dans la même proportion".

Au total, Léonard BRETON et sa femme devront recevoir de Pierre DERAS la somme de 249 livres 15 sous 9 deniers, et pareille somme de Denis POMMIER, Gabriel, Denis et Pierre POMMIER. Ces sommes ont été payées comptant, à l'exception de celle de 108 livres 4 sous due par la veuve CATHODEAU pour fermage des terres d'Epuisay.

Enfin, les copartageants se sont obligés à payer à Léonard BRETON et sa femme le coût des travaux de réparation du bordage de Sainte-Anne et les frais du partage.

Ainsi se termine cette longue procédure commencée le 16 Mai 1753 ; mais ce réglement ne concerne que les espèces et revenus des successions de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE. Les immeubles demeurent dans l'indivision. Léonard BRETON va acquérir les parts des cohéritiers de sa femme au moyen des trois actes suivants :

 

A - Le 09 Avril 1758, pardevant Michel Thomas MARGANNE,

- Marin DAY, laboureur et Catherine BARRE sa femme, fille et héritière de Catherine DERAS veuve en premières noces de Michel BARRE, à son décès femme de Gabriel POMMIER, demeurant au bourg et paroisse de Danzé,

- Gabriel POMMIER, garçon majeur, maréchal ferrant, demeurant à Haye de Champ, paroisse de Saint-Firmin,

- Denis POMMIER aussi garçon majeur, laboureur, demeurant paroisse de Danzé,

- Pierre DERAS, laboureur, demeurant paroisse d'Averdon, majeur de 25 ans depuis le 1er Mars 1758.

Après avoir pris connaissance du réglement du 12 Décembre 1757 sus-énoncé, et l'avoir confirmé, vendent à Léonard BRETON praticien et à Madeleine DERAS sa femme, savoir :

Pierre DERAS, la tierce partie d'un petit bordage situé paroisse de Sainte-Anne.

Marin DAY et Catherine BARRE sa femme, Gabriel et Denis POMMIER, chacun pour 1/5è dans un tiers dudit bordage, "les deux autres cinquième appartenant à Denis POMMIER, marchand à Azé, mari de Marie BARRE et à Pierre POMMIER, mineur, frère des vendeurs, et l'autre tiers à la femme BRETON".

Il est rappelé que ce bordage, sommairement désigné, appartenait "à Pierre DERAS comme lui étant échu de la succession de Catherine PEZIERE son aïeule paternelle pour un quart, et pour un tiers dans un quart de la succession de Jeanne DERAS sa tante paternelle, et à ladite femme DAY et auxdits Gabriel et Denis POMMIER comme leur étant échu de la succession de Catherine DERAS leur mère".

Le prix de vente a été payé à la vue du notaire et des témoins "en écus de six livres et autre monnaie ayant cour en ce royaume" par Léonard BRETON, déduction faite des sommes qui lui étaient dues par les vendeurs en vertu du réglement du 12 Décembre 1757.

 

B - Le 18 Janvier 1759, pardevant Antoine FERRAND, notaire royal au bailliage de Vendôme, résidant à Azé, Denis POMMIER, aubergiste à Azé et Marie BARRE sa femme, après avoir approuvé et fait approuver par sa femme le réglement du 12 Décembre 1757, vendent à Léonard BRETON qui est devenu "commis à l'exercice du Greffe Civil et Criminel du bailliage royal et prevostal de Vendôme", un cinquième dans le tiers du bordage de Sainte-Anne, moyennant le prix de 60 livres, sur lequel l'acquéreur a retenu la somme de 20 livres 17 sols 3 deniers à lui due par les vendeurs.

 

C - Enfin, beaucoup plus tard, le 18 Septembre 1767, Pierre POMMIER, laboureur, demeurant paroisse de Saint-Amand vend à Maître Léonard BRETON, devenu Greffier au bailliage royal de Vendôme, la cinquième partie dans un tiers appartenant au vendeur dans le bordage de Sainte-Anne moyennant la somme de 60 livres "en principal achat et vin de marché" sur laquelle Maître BRETON a payé à la vue du notaire en écus de 3 livres et monnaie ayant cours celle de 3 livres 5 sols, le surplus étant compensé par pareille somme due par le vendeur à Me BRETON en vertu du réglement du 12 Décembre 1757.

Me Léonard BRETON et sa femme deviennent ainsi seuls propriétaires du bordage de Sainte-Anne, ce qui met fin à la procédure commencée 14 ans plus tôt. On ignore ce que sont devenus les terres et bois d'Epuisay.

A partir de cette dernière vente, nous n'avons plus aucune trace des enfants DERAS dans les titres qui nous sont parvenus.

 

 

Procédure entre Marie DEMERE et les héritiers de

Mathurin DERAS et Catherine PEZIERE

 

Avant de poursuivre l'Etude sur la famille DERAS par celle de la famille VALLERY qui lui était alliée, il faut analyser les quarante pièces d'un long procès qui dura de 1694 à 1763 concernant le paiement de la rente foncière de douze livres constituée par Jacques PEZIERE et Marie LENOIR sa femme en vertu de l'acte ci-dessus rapporté du 25 Décembre 1668. Plusieurs pièces de procès nous apportent des précisions intéressantes sur la famille DERAS.

Les pièces de cette procédure sont enliassées sous la mention :

"Titres de propriété de la rente de douze livres foncière payable au jour de Saint Jean Baptiste, par chacun an, assignée sur une maison située faubourg de St-Georges à Vendosme et depuis hypothéquée avec d'autres héritages, ladite rente due par les hérittiers BELLEVILLE à la dame RASLE veuve GOISLARD-DUPUY et au sieur et dame GOISLARD demeurant à Nogent le Rotrou, comme hérittiers de Demoiselle DEMERE leur tante".

On se rappelle que Jacques PEZIERE, archer en la maréchaussée du Blésois et Marie LENOIR sa femme s'étaient reconnus débiteurs par acte du 25 Décembre 1668 d'une rente foncière de douze livres par an assise sur une maison faubourg Saint Lubin à Vendôme, au profit de Jean GOISLARD, sieur de l'Epau.

On sait aussi que cette maison ayant été incendiée, et la rente n'ayant pas été payée depuis 18 mois, une transaction intervint le 27 Décembre 1694 entre Françoise GANNERY veuve de Jean GOISLARD sieur de l'Epau, et Jehan BELLEVILLE huissier à Vendôme et Marie PEZIERE sa femme, fille de Jacques PEZIERE et de Maire LENOIR. Aux termes de cette transaction Jehan BELLEVILLE et Marie PEZIERE s'engagèrent au paiement de la rente au lieu et place de leur cohéritiers et hypothéquèrent en outre des terres leur appartenant sur la paroisse de Villerable.

Cette rente n'a cependant pas été payée, car le 29 Octobre 1709 "Pierre RASLE Seigneur de Charnay receveur des Aydes de Montfort l'Amory, mari de dame Marie DEMERE, petite fille et hérittière de Me Jean GOISLARD son aïeul", fait commandement à Pierre CHAILLON, vigneron, de ne pas "vuider ses mains" à raison des deniers, grains, meubles et argent qu'il peut devoir aux héritiers BELLEVILLE, ceux-ci devant à Marie DEMERE 15 années de rentes échues depuis le dernier Noël.

Le 06 Juin 1712, le même Pierre RASLE appelle en justice Pierre CHAILLON pour reconnaître qu'il doit à Marie PEZIERE, veuve de Jean BELLEVILLE, 8 livres de fermage pour le bordage de Sainte-Anne qui, on l'a vu, dépendait des successions de Jacques PEZIERE et Marie LENOIR.

Le 18 Janvier 1718, le sieur de BELLEVILLE, curé de Villeneuve reconnaît devoir à Marie DEMERE la rente de 12 livres et promet de la lui payer à l'avenir. Ce prêtre était fils de Jean BELLEVILLE.

Le 30 Mai 1718 "Jean RASLE" (il s'agit de Pierre RASLE) sieur de "Charnay, ci devant receveur des Aydes de l'élection de Montfort Lamory demeurant à Chateaudun, tant en son nom que comme tuteurs des enfants de lui et de deffunte dame Marie DEMERE" faute de paiement fait par Marie PEZIERE veuve de Jean BELLEVILLE et par ses enfants de la somme de 282 livres fait saisir par huissier "de par le Roy, son Altesse et Justice" sur François SASSIER laboureur à Sainte-Anne, tous les biens, deniers, grains et meubles appartenant aux héritiers BELLEVILLE.

Marie DEMERE, petite fille de Jean GOISLARD serait donc décédée avant le 30 Mai 1718. Cependant le 23 Novembre 1722, il est délivré une assignation à la requête de "Marie DEMERE, hérittière de Nicollas DEMERE, sieur de GAUSARD, gendarme de la garde du Roy et de demoiselle Magdeleine GOISLARD, ses père et mère, héritière en partie de Françoise GANERY, veuve de noble Me Jean GOISLARD sieur de l'Espau" ce qui nous renseigne avec précision sur la filiation de Marie DEMERE, mais contredit formellement la date de son décès. Au surplus nous verrons plus loin que Marie DEMERE, fille (c'est à dire célibataire) est décédée le 20 Décembre 1756. Qui était alors Marie DEMERE, épouse de Pierre RASLE ? Cette assignation est faite encore à François SASSIER pour avoir paiement de 28 années de rente due par Marie PEZIERE et Marie BELLEVILLE épouse de François LECOEUR "estaminier", fille de Jean BELLEVILLE.

François SASSIER reconnaît le 13 Février 1723 qu'il est fermier du bordage de Sainte-Anne appartenant au sieur curé de Villeneuve et à Marie BELLEVILLE femme LECOEUR, et qu'il doit 34 livres de rente qu'il offre de payer sous déduction de 2 livres qu'il a payées sur l'ordre des bailleurs pour une clef et un "sepeau" à la porte d'une chambre et une clef à la porte de la grange.`

L'affaire est portée à l'audience du bailliage de Vendôme le 15 Février 11723 et le 21 Février. François LECOEUR conteste les 28 années de rente réclamées. Il produit, à l'appui de sa contestation, le 24 Février 1723 de nombreuses quittances de la rente de 12 livres datées du 22 Mars 1700, 11 Septembre 1701, 12 Avril 1702, 08 Mars 1703 (cette dernière par Jean RASLE), 24 Février 1704 (signée DEMERE), 11 Avril 1706 (singée GAULARD), 11 Février 1704 (reçu 6 livres et un poinçon de vin valant 6 livres), 24 Août 1777 (33 livres), 04 Septembre 1713 (livraison par Pierre CHAILLON de 39 boisseaux de blé méteil vendus au sieur LEQUEUX, boulanger à Vendôme à raison de 9 sols le boisseau), 21 Juillet 1714, 12 Novembre 1711, 14 Décembre 1709, 17 Décembre 1718, 24 Janvier 1721, 22 Août 1722. Malgré la preuve ainsi apportée du paiement de nombreuses annuités de la rente, la procédure continue.

Le 09 Février 1723 est rendu le jugement déjà analysé sous le chapitre "Les enfants de Jacques PEZIERE et de Marie LENOIR" (deux exemplaires nous sont parvenus) condamnant François SASSIER a payer les 102 livres de fermage et les boisseaux de blé "suivant les mercuriales de notre Greffe pour être employés au paiement des arrérages de la rente due à demoiselle DEMERE et aux frais par elle fait et le surplus être employé aux réparations les plus urgentes à faire aux bâtiments tenus à ferme par ledit SASSIER".

Le 05 Mai 1730, demoiselle Marie DEMERE, fille majeure demeurant à Chateaudun signifie à Mathurin DERAS, cabaretier au bourg d'Azé un jugement rendu au bailliage et prévosté Royale de Vendôme le 02 Mars 1729 et lui fait faire commandement "de par le Roy notre Sire de Justice" de payer "29 années de rente foncière de la somme de 12 livres dues par chacun an". Cette rente aurait donc été payée jusqu'en 1701 ce qui est en contraction avec le commandement sus énoncé du 29 Octobre 1709 et surtout avec les quittances présentées par François LECOEUR le 24 Février 1723.

Il semble que la procédure se soit interrompue du 05 Mai 1730 ou 08 Décembre 1743 ; du moins n'en avons-nous aucune trace durant cette période de plus de 13 ans. Mais après cette interruption elle connaît un nouveau rebondissement pendant l'année 1744.

Le 08 Décembre 1743 "Marie DEMERE, fille et héritière de deffunt Nicolas DEMERE escuyer sieur de GAUSARD, gendarme de la garde du Roy et de demoiselle Magdeleine GOISLARD, ses père et mère, héritière en partie de deffunte demoiselle Françoise GANNERY, demeurant en la ville de Chateaudun" (ce qui confirme sa filiation énoncé dans la requête du 23 Novembre 1722) requiert, "le Lieutenant général civil et de police au bailliage et prévôté unis de Vendôme" d'assigner Gabriel POMMIER, marchand et Catherine DERAS sa femme, demeurant à Danzé, Anne DORE veuve de Mathurin DERAS demeurant à Flarde, paroisse de Lancé, mère et tutrice de ses enfants mineurs, François LECOEUR et Marie BELLEVILLE sa femme demeurant à Vendôme et Me BELLEVILLE prêtre curé de Villeneuve, enfants de Jean BELLEVILLE huissier et Marie PEZIERE sa femme, pour rendre exécutoire contre eux le titre nouvel du 27 Décembre 1694, pour paiement de 348 livres pour 29 années d'arrérages de la rente de 12 livres.

Cette requête nous apprend que Mathurin DERAS avait épouse Anne DORE et qu'il était décédé avant le 05 Mai 1743, qu'il laissait des enfants mineurs (nous ne lui connaissons qu'un fils : Pierre) et que Me BELLEVILLE curé de Villeneuve était le fils de Me Jean BELLEVILLE huissier.

Il est encore indiqué dans cette requête qu'il était dû 29 années de rente, comme en 1730. Peut-être s'agit-il d'une formule pour éviter une prescription trentenaire ?

On peut se demander pourquoi Marie DEMERE ne met en cause que Messire BELLEVILLE, Marie BELLEVILLE épouse LECOEUR sa soeur, Gabriel POMMIER et Anne DORE veuve de Mathurin DERAS. Pourquoi n'assigne-t-elle pas aussi François DERAS ou sa mère Magdeleine BORDIER, ni Pierre VALLERY alors veuf de Jeanne DERAS.

Toujours est-il qu'en vertu de l'ordonnance du 08 décembre 1743, Marie DEMERE fait procéder le 09 Janvier 1744 à la saisie des fermages qui peuvent être dus à Gabriel POMMIER et à Catherine DERAS sa femme, à François LECOEUR et Marie BELLEVILLE sa femme et à Messire BELLEVILLE prêtre curé de la paroisse de Villeneuve-la-Frouville (vous voilà enfin renseignés sur le nom exact de cette paroisse) par :

- Michel BRETON, laboureur à Sainte-Anne.

- François LELONG, vigneron au Bois aux Moines, paroisse de Naveil.

- Jean BAGLAND, meunier faubourg Saint-Lubin à Vendôme.

pour avoir paiement de 348 livres.

Cette saisie est signifiée le 14 Janvier 1744 aux débiteurs susnommés de la rente.

A la suite de cette signification, ces derniers mettent en cause, le 19 Février 1744, Michel YVONNEAU, compagnon gantier, demeurant à Vendôme, paroisse de Saint-Lubin afin de payer les 348 livres "attendu qu'il jouit et possède les biens sujets aux charges de ladite rente". Jean YVONNEAU était un gendre de Jacques PEZIERE et Marie LENOIR qui, on le sait, avaient souscrit le titre de 12 livres de rente 25 Décembre 1668.

Cet acte nous révèle enfin le prénom de Messire BELLEVILLE : il se prénommait "Lubin" ; peut-être à cause du Saint de la paroisse de ses parents ?

 

Le 21 Février 1744, Jean BAGLAND "déclare qu'il tient à ferme et loyer" du sieur BELLEVILLE curé de Villeneuve, de LECOEUR et sa femme, une petite "maison située rue de la Grève paroisse de Saint Lubin à Vendôme par bail verbal, à raison de 14 livres chacun an de ferme et loyer, qu'il a exactement payé depuis la jouissance jusque et y compris le terme de Saint-Jean Baptiste dernier" et qu'il offre de payer le loyer en cours à demoiselle DEMERE ou autres, "sous déduction néanmoins de 26 livres payées par lui pour dixième royal suivant la quittance du préposée aux recouvrements en cette ville".

Le 22 Février 1744, François LELONG déclare qu'il ne doit rien et convient seulement que depuis plusieurs années il cultives et façonne pour le sieur BELLEVILLE les vignes d'une petite closerie située au Bois aux Moines, paroisse de Naveil et qu'il occupe une petite maison destinée au logement du vigneron, que le loyer en est déduit sur chaque année de façon à raison de 12 livres par an.

Le 06 Mars 1744, GAUSSANT, procureur de Marie DEMERE, déclare à Me René BEQUEREAU, procureur de Me Lubin BELLEVILLE et de François LECOEUR et à Me Augustin PICHERIE, procureur de Michel BRETON et de Michel YVONNEAU, qu'il porte l'affaire (assignation du 08 Décembre 1743) à l'audience du Vendredi suivant.

Dans toutes ces pièces de procédure la filiation de Marie DEMERE est toujours soigneusement rapportée dans les mêmes termes que dans l'assignation du 23 Novembre 1722.

Le 12 Mars, DESCHAMPS, procureur au bailliage de Vendôme déclare qu'il se constitue procureur pour Anne DORE veuve de Mathurin DERAS, tutrice annuelle de ses enfants mineurs, de Gabriel POMMIER et Catherine DERAS sa femme.

Le 13 Mars, GAUSSANT, procureur de Marie DEMERE déclare aux procureurs des Consorts DERAS qu'il portera la cause "à l'audience du bailliage et prevosté unis de Vendôme le salmedy vingtroisième du présent mois".

Le 21 Mars 1744, Lubin BELLEVILLE et François LECOEUR, mari de Marie BELLEVILLE présentent au lieutenant général du bailliage et prevoté de Vendôme, une longue requête contre Marie DEMERE et contre "Michel YVONNEAU", gantier, fils et héritier de François "PICHERE" à son décès femme de Jean "YVONNEAU". Le patronyme de "PICHERE" est toujours employé dans cette requête au lieu de "PEZIERE". Le femme de Jean YVONNEAU est prénommée Françoise, or, d'après la transaction du 27 Décembre 1694, Françoise est l'épouse de Christophe FORTIN, et l'épouse de Jean YVONNEAU n'est pas prénommée. Y a-t-il interversion de prénoms ?

Cette requête est très intéressante car elle relate longuement la procédure depuis la constitution de la rente en 1668 et la transaction de 1694.

Il y est indiqué que la rente fut payée jusqu'en 1720 par Jean BELLEVILLE et Marie PEZIERE, Lubin BELLEVILLE et la femme LECOEUR depuis le décès de leur père ; que ces derniers ont demandé à Mathurin DERAS mari de Catherine PEZIERE et à Jean YVONNEAU et Françoise PEZIERE sa femme de leur rembourser la somme de 174 livres payée par eux et leur quote part dans les frais de réparation du bordage de Sainte-Anne.

Sur quoi est intervenue une sentence du 05 Mai 1725 (qui nous est parvenue) dont il y eut appel en la Cour de Parlement et le procès fut distribué au sieur PARIS, conseiller des enquêtes. Le conseiller PARIS, rapporteur, nommé par la première Chambre des enquêtes décéda et son secrétaire pareillement, en sorte qu'il n'a pas été possible de récupérer les pièces produites.

"Que depuis de temps, Mathurin DERAS et la PICHERE, sa femme, sont décédés et ont laissé une fille actuellement mariée au nommé POMMIER, marchand de bois et cabaretier au bourg de Danzé, qui ne peut se dispenser de reprendre l'instance discontinuée".

"Mais, comme indépendamment de ladite instance, ladite demoiselle DEMERE, et faute de paiement des arrérages de la rente de 12 livres, a fait procéder à différentes saisies et arrests tant sur le sieur BELLEVILLE, LECOEUR et sa femme, que sur ledit POMMIER et Catherine DERAS sa femme, les mêmes sieur BELLEVILLE, LECOEUR et sa femme, qui quant à présent ne jouissent point des biens sujets et affectés à ladite rente, et deffunt Mathurin DERAS, père de ladite POMMIER s'est emparé de l'autorité privée et sans avoir fait aucun partage, dudit bordage de Sainte Anne dont lesdits POMMIER et sa femme jouissent actuellement, et sur lequel bordage ledit POMMIER a abattu un nombre considérable de gros ormeaux propres à ouvrage de charonnage et autres arbres fruitiers pour plus de 300 livres, et ont toujours joui et perçu les fruits dudit bordage. Et que ledit YVONNEAU de son côté est jouissant d'autre partie des biens affectés et hypothéqués à ladite rente de 12 livres et a même vendu un quartier de vigne à Chanteloup paroisse de Villerable qui était pareillement hypothéqué à ladite rente".

"Toutes ces raisons ont nécessité desdits sieurs BELLEVILLE, LECOEUR et sa femme de reporter et dénoncer audit YVONNEAU audit nom, les saisies et arrests et poursuites de ladite demoiselle DEMERE, et ont conclu à ce qu'il soit condamné sur les poursuites de ladite DEMERE à payer aussi bien que ledit POMMIER et sa femme, les arrérages de ladite rente dus à la demoiselle saisissante, comme possédant seuls les biens et héritages sujets et affectés à icelle, sans préjudices de leurs autres droits contre ledit YVONNEAU que contre ledit POMMIER et sa femme, comme héritiers dudit DERAS, pour raison des arrérages par eux payés et dont les quittances ont été produites et sont restées es-mains de Monseigneur PARIS, conseiller rapporteur nommé ainsi qu'il est dit ci-dessus, protestant de reprendre et faire juger le procès pendant et indécis en la Cour de Parlement ....... au moyen de quoi lesdits sieur BELLEVILLE curé de Villeneuve et ledit LE COEUR et sa femme concluent à ce que ledit YVONNEAU soit condamné ainsi que lesdits POMMIER et sa femme à payer et acquitter les arrérages demandés par la demoiselle DEMERE, et faire cesser lesdites poursuites et leur faire donner pleine et entière mainlevée desdites saisies et arrêts .......".

Ce jargon judiciaire a au moins le mérite de résumer l'affaire et d'apporter des précisions sur les dégradations commises par la famille DERAS sur la bordage de Sainte-Anne.

Bien entendu, à la suite de cette requête, le procès qui devait venir à l'audience du surlendemain (Salmedi 23 Mars 1744) ne fut pas plaidé, bien que le 20 Mars 1744 Michel BRETON ait reconnu devoir le fermage du bordage de Sainte-Anne en vertu d'un bail, dont nous avons la copie, devant Jacques BARRE, notaire à Vendôme du 23 Avril 1736.

Ce bail avait été consenti par Mathurin DERAS, laboureur à la Musse, paroisse de Lancé, tant en son nom que se faisant fort de Gabriel POMMIER et Catherine DERAS sa femme et de Jeanne DERAS, fille, demeurant à Danzé (depuis épouse VALLERY) moyennant un fermage de 38 livres pour les bâtiments, jardin et verger, et un boisseau et demi de blé froment, mesure du marché de Vendôme pour chaque boisselée de terre. Les conditions de ce bail sont sensiblement les mêmes que dans les baux actuels ; il est toutefois stipulé une condition particulière concernant un vieux poirier dont le preneur pourra disposer "comme il lui plaira bon être".

Le 27 Mars 1744, Gabriel POMMIER et Catherine DERAS sa femme, Anne DORE veuve de Mathurin DERAS, mère et tutrice de ses enfants, s'opposent à la saisie pratiquée contre Michel BRETON par Marie DEMERE qui, disent-ils, n'a aucune qualité pour procéder, attendu que Mathurin DERAS leur père et beau-père n'était pas "établi" dans l'acte de 1694 et que les défendeurs n'ont jamais possédé aucun des biens affectés au paiement de la rente, qui sont, au contraire, possédés par les héritiers de Jean BELLEVILLE et Marie PEZIERE sa femme, seuls obligés par cet acte.

Suivent deux notes établies par le procureur précisant notamment que Michel BRETON est fermier du bordage de Sainte-Anne situé "vis à vis l'Eglise".

A nouveau la procédure semble s'enliser ; nous trouvons dans les pièces de ce dossier, seulement une note du 14 Septembre 1744 qui rappelle les qualités des parties.

Elle s'enlise si bien que le 03 Avril 1749, Marie DEMERE se fâche et demande à Me GAUSSANT son procureur de lui rendre les pièces du dossier. Voici le texte de sa lettre manuscrite :

"A Monsieur, Monsieur GOSAND procureur de Vandome à Vandome"

"Monsieur,

Je n'ai plus à espérer d'obtenir le paiement de ma rante ni DERAS à la place des BELLEVILLE de la fason dont vous m'aves oublies Je suis persuades que vous ne desaprouvrez pas que je vous prie de me ranvoier mes titres et pièces par le porteur ou si vous ne les aves pas sou la main de vouloir bien les chercher et les remetres à Monsieur BOUSI a qui j'an ecrirai après vostres reponse sy vous voules bien man faire une Je suis très parfaitement, Monsieur, vostres très hinble et obeissante servante" Marie DEMERE. De Chateaudeun ce 3 avril".

Le procureur GAUSSANT a noté sur cette lettre : "Fait réponse le 3 avril 1749".

Le procureur de Marie DEMERE étant dessaisi, la procédure prend fin (du moins provisoirement) et Marie DEMERE décède le 19 Décembre 1756 ainsi que l'atteste l'extrait du registre des sépultures de la paroisse de Saint Denis de Mondoubleau Diocèse de Blois de l'année 1756 : "L'an 1756 le 20 décembre a été inhumé par nous Prieur Curé soussigné le corps de Damoiselle Marie DEMERE, fille, décédée hier à l'âge de 75 ans ou environ, inhumé dans le grand cimetière de Céans en présence de sieur Michel LE BRETON avocat en Parlement bailly du Temple et M. Martin DESTOUCHES aussi avocat en Parlement soussigné". Signé: VERNE Prieur Curé.

Maître DESTOUCHES et LE BRETON étaient sans doute ses nouveaux avocats dont elle s'était entourée jusqu'au jour de son décès.

Marie DEMERE a plaidé pendant près de cinquante ans (de 1709 à 1756) pour essayer d'obtenir le paiement de la rente constituée au profit de ses grands parents et qui lui était incontestablement due.

Elle s'est heurtée à la mauvaise foi de la famille DERAS qui a multiplié les artifices de procédure. Elle fait pratiquer les saisies arrêts entre les mains des fermiers du bordage de Sainte-Anne ou des vignes de Villerable, mais ceux-ci soutiennent, à chaque demande, qu'ils ont régulièrement payé leurs fermages et qu'ils ne doivent rien. Les enfants DERAS déclarent, chacun, qu'ils ne sont pas tenus au paiement de la rente qu'il faut s'adresser à l'autre qui est en possession des biens hypothéqués ; mais celui-ci prétend que ni lui ni ses parents n'ont été partie à l'acte constitutif de rente et que par conséquent ce paiement ne le concerne pas. ils soutiennent même que la rente a été régulièrement payée du moins jusqu'en 1720 et produisent une copie des quittances, qui paraissent d'ailleurs vraisemblables attendu les précisions apportées (24 Février 1723) mais ces quittances ne peuvent être représentées par suite du décès du Conseiller du Parlement de Paris et de son secrétaire. Les procureurs ont multiplié en vain les actes de procédure pendant cinquante ans. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus : ou l'opiniâtreté de Marie DEMERE pour obtenir le paiement d'une maigre rente de 12 livres, ou les artifices de mauvaise foi des enfants DERAS, ou l'incompétence des hommes de justice "commis par le Roy notre Sieur de Justice".

On se rappelle que les enfants DERAS avaient dilapidé les biens revenant en héritage à la veuve Magdeleine BORDIER et à sa petite fille, l'orpheline Magdeleine DERAS qui eut les plus grandes difficultés à leur faire rendre des comptes.

Après le décès de Marie DEMERE, la procédure reprend à la requête de ses héritiers : au bureau des insinuations de Vendôme le 18 Juin 1787, Pierre GAUSSANT, procureur, "porteur d'un titre de création de rente par les héritiers BELLEVILLE et DERAS au profit de Demoiselle Marie DE MERE de la somme de 12 livres, et se faisant fort pour les héritiers de ladite demoiselle décédée à Mondoubleau il y a quatre ou cinq mois, déclare qu'il est du à ses héritiers douze livres de rente, assignés sur deux maisons, l'une au faubourg Saint Georges et l'autre au Bois aux Moines et un quartier de vigne en deux pièces situé à Cocagne et Montaigu.....".

Le 25 Avril 1759, un certain GOISLARD, sans doute petit fils de Jean GOISLARD de l'Epau, demeurant à Nogent le Rotrou, rue Dorée, écrit à Monsieur GODINEAU de Villemarchais avocat au Parlement de Vendôme :

"Monsieur l'Abbé JULLON, Curé de Villevillon, m'ayant dit il y a quelque temps que vous auries la bonté de vous charger de notre affaire contre les hérittiers BELLEVILLE nos débiteurs pour raison d'une rente foncière de 12 livres..... indivis entre DUPUY et nous .... vous nous ferai plaisir .... si vous les poursuiviez tant à l'effet du paiement des arrérages dûs.... qu'à la reconnaissance de ladite rente..... Et si les héritiers BELLEVILLE étaient gens à vouloir se libérer de cette rente, ils pourraient même venir icy et ils verraient que nous sommes traitables, ou nous dire leurs prétentions, et vous nous en feriez part. Sinon nous vous prions de la faire assigner à vendre ; peut-être qu'il pourra se trouver quelqu'un à qui elle conviendra. Nous savons que Madame DEPREVOST notre tante a droit dans partie des arrérages jusqu'au jour de Toussaint 1757 et que le surplus appartient à Madame DUPUY et à nous comme propriétaires de la rente".

Suit l'exposé d'un autre procès qui n'a aucun rapport avec celui qui nous occupe.

"Madame DUPUY, Monsieur, me charge vous faire mille compliments de sa part".

Cette lettre porte la mention : "Fait réponse le 13 May 1759".

Le 05 Juin 1759 le même GOISLARD et "RASLE veuve GOISLARD" écrivent à nouveau à M. GODINEAU de Villemarchais, avocat au Parlement et du bailliage de Vendôme, pour répondre à sa lettre du 13 Mai précédent :

"Je vous suis bien obligé de m'avoir mis en peu au fait de cette affaire dont je ne savais pas la moindre chose .... Je n'écris point à Me GAUSSANT notre procureur, n'ayant point l'honneur de le connaître.... Nous nous flattons, Madame DUPUY et moi que vous ne nous refuserez pas votre ministère pour finir cette affaire dont nous vous faisons entièrement le maître.... Nous ne voulons de composition qu'autant que les hérittiers BELLEVILLE nous rembourseront le principal de ladite rente...".

Il lui recommande toutefois d'être prudent dans sa transaction car il existe un partage sous seing privé entre Madame DUPUY, Madame du PREVOST et lui qui n'a pas été "controlé" (enregistré).

"Nous nous en rapportons entièrement à vous et vous laissons le maître de tout.... Une fois la Saint Jean passée, nous espérons que s'ils (les héritiers BELLEVILLE) n'approchent pas de belle grâce, vous devrez bien faire agir le procureur et les poursuivre comme il convient, voulant absolument finir cette affaire. S'ils ne veulent pas racheter la rente, vous aurez la bonté de ne pas différer à prendre un titre nouvel et d'y faire détailler tous les fonds au moyen de quoy la rente se trouvera bien hypothéquée..... M. DUVAL (le porteur de la lettre) vous remettra un sac dans lequel j'ai mis tous les titres .... concernant cette rente ... y compris ce titre primordial du 27 décembre 1668 passé devant Jullien PINEVOYSE notaire et tabellion à Vendôme.... etc....".

"Madame DUPUY vous fait mille compliments".

En note : "Fait réponse le 09 Juin 1759"

Le 24 Octobre 1759 le sieur GOISLARD écrit à nouveau à Me GODINEAU pour lui rappeler son affaire, car il n'en a pas de nouvelles. "Madame DUPUY, ma femme et mes filles vous font mille compliments ainsi qu'à Madame votre épouse que j'assure de mon respect".

En notre : "J'ai fait réponse le 26" (le surplus illisible).

Nous ignorons quelle procédure entreprit Me GODINEAU pour avoir paiement de la rente, ni même qu'il s'en est occupé réellement. En effet, deux années passent encore et M. JALLON estime nécessaire de venir voir son procureur à Vendôme pour hâter la solution :

"Le 6 novembre 1761, au Greffe des affirmations de voyage du bailliage Royal de Vendôme est comparu Me André JASLON, prestre curé de la paroisse de Villevillion au Perche, lequel au nom et comme héritier en partie de deffunte demoiselle DEMERE et assisté de Me Pierre GAUSSANT son procureur, nous a assuré et affirmé être venu expres dudit lieu en cette ville à cheval distant de dix lieues, dès le jour d'hier, pour donner ordre à son procureur de poursuivre une ancienne instance que la deffenderesse demoiselle DEMERE a au siège contre lesdits héritiers BELLEVILLE, dont il a requis acte à lui octroyé et a signé" (signé JALLON, curé de Villevillon, GAUSSANT et BRETON).

On notera que ce BRETON est Léonard BRETON, greffier, époux de Magdeleine DERAS.

Deux années s'écoulent encore (il y a maintenant 95 ans que le titre de rente a été constitué par Jacques PEZIERE !) et enfin on arrive aux termes de cette longue procédure par un acte en date à Mondoubleau du 05 Novembre 1763 aux termes duquel :

 

"JALLON prestre curé de Villevillon fondé de pouvoir de :

Dame Elisabeth Angélique RASLE de Charnay, veuve de Me Jean GOISLARD sieur DUPUY, avocat au Parlement Conseiller du Roy en l'élection de Mortagne au siège de Nogent le Rotrou,

Me Gabriel Alexandre GOISLARD avocat en Parlement et de dame Charlotte RASLE son épouse,

Hérittiers pour moitié de deffunte demoiselle Marie DEMERE.

Suivant leur procuration etc......"

"Et Me Jean LE BRETON avocat en Parlement et au bailliage Royal de Mondoubleau et Président du grenier à sel dudit lieu.

De dame Charlotte DEMERE veuve de messire Etienne de PREVOST, Chevallier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis ancien Lieutenant Colonel du Régiment de Conty-infanterie.

Herittière pour l'autre moitié de ladite deffunte demoiselle Marie DEMERE

Suivant procuration etc....."

"Reconnaissons qu'en conséquence de la transaction passée entre nous et les héritiers et représentants BELLEVILLE devant Me MARGANNE notaire Royal à Vendosme le (en blanc dans le texte) 1760, lesdits héritiers BELLEVILLE nous ont payé et remboursé la somme de 440 livres pour les causes de ladite transaction, savoir :

Celle de 240 livres pour continuation et amortissement de douze livres de rente foncière dont ils étaient débiteurs envers la succession et hérittiers de ladite deffunte demoiselle DEMERE.

Et celle de 200 livres a quoy nous dits JALLON et LE BRETON esdits noms nous nous sommes restraints pour les arrérages de ladite rente de douze livres eschus jusqu'au jour de ladite transaction ..... le tout néanmoins sous déduction d'une somme de quarante deux livres reçue quant ce jour par moy LE BRETON de (en blanc) marchand boulanger à Villier l'un desdits hérittiers en trois poinçons de vin rouge dont je lui ay donné quittance ....

A moyen duquel paiement les héritiers et représentant BELLEVILLE demeurant vallablement quittes et dechargés des causes de la susditte transaction,.... et les herittages sur laquelle ladite rente était assignée dechargés d'ycelle et pourront lesdits représentants BELLEVILLE faire faire mention tant sur le titre créatif de ladite rente qui leur a présentement été remis avec tous les titres et reconnaissances et les procédures faites contre eux qu'en marge de la susdite transaction".

(Cette remise des pièces de procédure explique que nous les possédions du chef de famille DERAS).

Il est bien difficile de constituer la généalogie de la famille GOISLARD à l'aide des pièces du procès.

Jean GOISLARD, sieur de l'Epau et Françoise GANNERY eurent une fille, Magdeleine GOISLARD qui épousa Nicollas DEMERE, sieur de GAUSSARD, gendarme du Roy, tous deux décédés avant 1722.

Nicollas DEMERE et Magdeleine GOISLARD eurent une fille : Marie DEMERE (23 Novembre 1722) qui décéda à 75 ans environ, célibataire, le 19 Décembre 1756.

Ils durent avoir sans doute une autre fille : Charlotte DEMERE qui épousa Etienne de PREVOST.

Et ils durent avoir une troisième fille qui épousa Pierre RASLE seigneur de Charnay. Elle décéda entre le 29 Octobre 1709 et le 30 Mai 1718. Dans les deux actes de cette date elle est prénommée "Marie". C'est très vraisemblablement une erreur car celle qui se prénommait réellement Marie décéda en 1756 et était célibataire ; il est au surplus surprenant que les deux soeurs aient le même prénom.

Cette troisième fille épouse RASLE de Charnay eut deux filles :

1°) Elisabeth Angélique qui épousa Jean GOISLARD, sieur DUPUY, demeurant à Nogent le Rotrou.

2°) Charlotte qui épousa Gabriel Alexandre GOISLARD.

Ces deux dernières étaient donc bien les nièces du demoiselle Marie DEMERE, ainsi qu'il est indiqué au début de la procédure.

Mais quelle parenté y avait-il entre Marie DEMERE et l'Abbé JALLON (06 Novembre 1761) ?

Quant à Jean GOISLARD et Gabriel Alexandre GOISLARD ils devaient être les enfants ou petits enfants de Jean GOISLARD, sieur de l'Epau et de Françoise GAUNERY.

 

 

La longue procédure que nous venons de relater nous apporte des précisions intéressantes sur la famille DERAS et nous permet de mieux connaître ses activités, les biens qu'elle possédait et les lieux où elle vécut. Avec un peu d'imagination on voit revivre les membres de cette famille au travers de ce procès qui dura presque un siècle.

LES FAMILLES VALLERY ET HOUSSET

 

Nous avons vu que, parmi les autres enfants de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE, figurait Jeanne DERAS qui avait épousé Pierre VALLERY, laboureur à Danzé. Elle est décédé en 1741.

Ce Pierre VALLERY était veuf en premières noces d'Anne HOUSSET qui dû décéder en 1724 ou avant.

Un partage des biens dépendant de la communauté VALLERY-HOUSSET eut lieu le 23 Janvier 1725 entre :

- Pierre VALLERY, alors remarié à Jeanne DERAS.

- Anne VALLERY, épouse de Thomas PALLY, laboureur aux Brosses, paroisse de Danzé et qui sera plus tard laboureur à Rocé.

- Pierre VALLERY.

- Madeleine VALLERY.

- Françoise VALLERY.

Ses quatre enfants alors vivant. Il avait eut de son mariage avec Anne HOUSSET, une autre fille : Marie, décédée avant le 23 Janvier 1725.

Les deux extraits de ce partage que nous possédons ne contiennent aucune désignation des biens partagés si ce n'est une chambre à cheminée et un petit jardin de douze boisselées dont la situation n'est même pas indiquée.

Ce Pierre VALLERY étant sans doute le fils de Pierre VALLERY, maréchal de Forges qui était témoin à un acte du 11 Avril 1691 sus analysé.

Le 06 Janvier 1734 intervient un partage des biens dépendant de la succession d'Anne HOUSSET entre :

- Pierre VALLERY le jeune.

- Charles DORE, laboureur aux Bigotteries, paroisse de Danzé, époux de Madeleine VALLERY.

- Thomas PALLY dit le jeune, laboureur, demeurant à Rocé, époux d'Anne VALLERY.

Pierre VALLERY père vivait encore, mais sa fille Françoise était décédée.

Les biens partagés comprennent le bordage des Bigotteries, commune de Danzé et des terres à la Ville-aux-Clers et Saint-Firmin des Prés, d'une valeur de 800 livres. Le premier lot a été choisi par Charles DORE (les Bigotteries, environ 90 boisselées).

Le 25 Juin 1735 Charles DORE fait une déclaration d'héritage aux Religieux de l'Abbaye de la Trinité de Vendôme à cause des terres du fief et Seigneurerie du prieuré de Danzé situées au Moulin à Vent, à la Douardière, à la Borde, et au bourg de Danzé, lui appartenant à cause de Madeleine VALLERY sa femme à laquelle ces terres sont échues du chef de la succession de Pierre VALLERY et d'Anne HOUSSET ses père et mère.

Les titres de propriété de la ferme de la Foresterie contiennent un autre partage du 23 Janvier 1734 entre Thomas PALLY, Pierre VALLERY le jeune et Charles DORE. Les terres de Danzé attribuées à Pierre VALLERY le jeune furent vendues à Léonard BRETON par sa fille, Marie VALLERY épouse de Pierre DIAN le 22 Mai 1773 (voir ci-après Léonard BRETON).

On ignore quand décéda Pierre VALLERY. Il n'eut pas d'enfants de son deuxième mariage avec Jeanne DERAS.

Qui était Anne HOUSSET sa première épouse ?

La réponse nous est fournie par divers actes d'une procédure en "retrait lignager".

Cette procédure nous permet de comprendre le mécanisme du retrait lignager qui permettait à un héritier de racheter un immeuble dépendant de sa famille, vendu par un de ses cohéritiers.

Elle présente en outre le grand intérêt de nous ramener à la famille LANCELOT et de nous fournir des précisions sur les descendants de Thomas LANCELOT et d'Anne BRILLARD son épouse.

Nous avions un peu perdu de vue cette famille LANCELOT et nous allons la retrouver par le biais des familles VALLERY, DERAS, PEZIERE et MELOT, puisque, rappelons-le, Perrine MELOT avait épousé Pierre LANCELOT, frère du procureur Jehan LANCELOT et de Thomas LANCELOT.

Ce n'est cependant pas du fait de cette descendance que s'exercera le retrait lignager dont nous allons parler, mais en raison de la parenté entre Anne HOUSSET première épouse de Pierre VALLERY et de Magdeleine BORDIER, qui descendaient toutes deux de Thomas LANCELOT.

Le 09 Février 1768, pardevant Me Michel PARRAIN, notaire royal en Vendômois, Blésois et Chartrain, résidant à La Ville-aux-Clercs.

- Charles DORE, garçon majeur, demeurant à Chatillon le Roy en Gatinois.

- Jacques PETIT, sacriste de la paroisse de René (Renay) et Madeleine DORE sa femme.

- Michel VALLERY, laboureur à Busloup, au nom et comme tuteur de Marie DORE, fille mineure.

vendent à Pierre FOUQUET, maréchal de Forges et Marie Anne BLAIN sa femme, demeurant à Danzé : une chambre à cheminée, un grenier dessus, la moitié d'une cave dessous, une écurie, une petite grange, la moitié d'un jardin, le tout situé au bourg de Danzé et diverses boisselées de terres situées aux Bigotteries et aux Vieilles Métairies, au Moulin à Vent, aux Châteaux et autres lieux, le tout indivis avec "les représentants PALLY" (environ 70 boisselées pour la moitié vendue), et douze livres 10 sols de rente foncière à recevoir de Denis POMMIER.

Ces biens dépendaient des successions de Charles DORE et Madeleine VALLERY sa femme, père et mère des vendeurs, en vertu d'un partage du 16 Janvier 1764 qui ne nous est pas parvenu.

Cette vente eut lieu moyennant le prix de 415 livres et 24 livres "pour vin et marché, épingle et pot de vin".

Cet acte nous apprend les noms des enfants de Charles DORE et Madeleine VALLERY décédés avant le 16 Janvier 1761, car le partage de leur succession, à cette date, est mentionné dans la vente que nous avions d'ailleurs citée en étudiant la famille FOUQUET.

Un mois après cette vente, le 08 Mars 1768 "Léonard BRETON" commis à l'exercice du Greffe du bailliage de Vendôme, "et Madeleine DERAS son épouse, fille de deffunt François DERAS et de Madeleine BORDIER, laquelle BORDIER était fille de Pierre BORDIER et de dame MICHON, laquelle MICHON était fille de Thomas MICHON et de Renée LANCELOT, qui était soeur germaine d'Anne LANCELOT et de ...... (en blanc) HOUSSET, lesquelles Renée et Anne LANCELOT étaient filles de Thomas LANCELOT et d'Anne BRILLARD" assignent en retrait lignager Pierre FOUQUET, maréchal de forge à Danzé, en raison de la vente qui lui a été faite par les enfants DORE le 09 Février 1768. Il est expliqué dans cette assignation, que les vendeurs étaient "enfants de Charles DORE et de Madeleine VALLERY, laquelle VALLERY était fille de Pierre VALLERY et d'Anne HOUSSET sa première femme, laquelle HOUSSET était fille de ...... (en blanc) HOUSSET et de ladite Anne LANCELOT qui était soeur germaine de ladite Renée LANCELOT femme de Thomas MICHON...... et à ce moyen ladite BRETON cousine dudit DORE....".

Léonard BRETON est Madeleine DERAS offrent à Pierre FOUQUET de lui rembourser le prix de son acquisition et les frais.

Le 16 Avril 1768, Gilles François de TREMAULT, conseiller du Roi, Lieutenant Général Civil et de Police du bailliage Royal de Vendôme, ordonne d'établir la justification de la parenté des parties.

Cette justification est fournie au Lieutenant Général par un acte signifié le 05 Mai 1768 qui renvoie l'affaire à l'audience du Vendredi 13 Mai suivant.

Il est expliqué dans cet acte que l'acte de baptême de Charles DORE "le fait naître" de Charles DORE et de Madeleine VALLERY, qui s'étaient mariés le 10 Novembre 1733, qu'il résulte de son acte de mariage que cette dernière était fille de Pierre VALLERY et d'Anne HOUSSET et que d'après son acte de baptême elle était née en 1708.

Qu'Anne HOUSSET était la fille de René HOUSSET et de Marie LANCELOT ce qui est justifié par son acte de mariage du 10 Juin 1693.

Que Marie LANCELOT était la fille de Thomas LANCELOT et d'Anne BRILLARD ainsi qu'il résulte d'une sentence du bailliage du 26 Janvier 1682.

Que dans l'acte de mariage de Pierre VALLERY et d'Anne HOUSSET, Thomas MICHON y est qualifié oncle d'Anne HOUSSET "et il l'était en effet ayant épousé sa tante Renée LANCELOT.... Ce Thomas LANCELOT et cette Anne BRILLARD sont donc incontestablement les trisaïeuls de Charles DORE". La filiation de Madeleine DERAS avec Thomas LANCELOT est également dûment établie par les actes de baptêmes, notamment celui d'Anne MICHON née le 21 Avril 1683. Anne MICHON a épousé Pierre BORDIER le 08 Octobre 1708.

Sur ces justifications indiscutables, l'affaire est jugée, comme prévu, le Vendredi 13 Mai 1768 et le retrait lignager au profit de Léonard BRETON et de Madeleine DERAS est prononcé contre Pierre FOUQUET.

On remarquera qu'il est fait référence dans l'acte ci-dessus du 05 Mai 1768, à une sentence du bailliage de Vendôme du 26 Janvier 1682 que nous avons analysée à la fin de l'étude sur Thomas LANCELOT (nomination d'un curateur à sa succession à la requête de Thomas MICHON et Renée LANCELOT sa femme). Nous avons vu aussi qu'aux termes de cette ordonnance du 26 Janvier 1682, il est dit que Renée LANCELOT épouse de Thomas MICHON avait renoncé à la succession de son père "ainsi que ses autres soeurs". Renée LANCELOT avait donc au moins deux soeurs. Nous ne possédons aucun document sur l'une de ceux deux soeurs et nous ignorons même son prénom. Mais nous savons que l'autre soeur se prénommait Anne et qu'elle avait épousé René HOUSSET, ce qui est d'ailleurs confirmé par l'assignation du 08 Mars 1768 ci-dessus analysée et par l'ordonnance du 16 Avril 1768 y faisant suite. Pourquoi Anne LANCELOT est-elle prénommée "Marie" dans l'acte du 05 Mai 1768 ? Etait-ce son véritable prénom ? Ou s'agit-il d'une erreur ?

Nous revenons à la conclusion de ce retrait lignager.

Le 20 Mai 1768, pardevant Gilles François de TREMAULT, Lieutenant Général Civil et de Police du bailliage Royal de Vendôme, Léonard BRETON paye à Pierre FOUQUET 276 livres 13 sols 4 deniers en remboursement du prix principal de son acquisition. 24 livres pour pot de vin et 63 livres 5 sols 5 deniers pour frais. Pierre FOUQUET "a pris et serré" cette somme totale de 363 livres 18 sols 9 deniers et a remis à Léonard BRETON l'expédition de son contrat d'acquisition "au moyen de quoi ledit retrait demeure bien et valablement exécuté".

Le prix d'acquisition était en réalité, nous l'avons vu, de 415 livres ; mais le tiers de ce prix soit 138 livres 6 sols 6 deniers revenant à Marie DORE, n'avait pas été payé en raison de sa minorité par Pierre FOUQUET (c'est pourquoi il n'est remboursé que les deux tiers, soit 276 livres 13 sols 4 deniers).

Aussi; le 04 Juillet 1769, Marie DORE, fille majeure demeurant au Vigneau, paroisse d'Epiais, reconnaît-elle avoir reçu "en écus de 6 livres et autres monnaies ayant cours", de Léonard BRETON, la somme de 138 livres 6 sols 8 deniers "pour son tiers à elle appartenant dans le prix principal dudit contrat de vente, et 7 livres 6 deniers pour les intérêts eschus et courus depuis la datte dudit contrat jusqu'à ce jour, déduction des vingtièmes et deux sols pour livre" soit la somme de 145 livres 7 sols 2 deniers.

"Au moyen de quoi elle approuve, confirme et ratifie laditte vente ci-dessus et consent qu'iceluy sieur BRETON soit et demeure propriétaire à toujours desdits héritages mentionnés audit contrat".

 

Avant de clore cette étude de la famille HOUSSET, rappelons de François FOUQUET, laboureur à la Lombarderie, paroisse de Danzé (voir famille FOUQUET) avant de se remarier avec Julienne PITARD, avait épousé en premières noces Anne Marie HOUSSET, décédée vers 1720-1730. C'était peut-être une soeur d'Anne HOUSSET première épouse de Pierre VALLERY ?

Signalons également que nous possédons un "extrait des registres des baptêmes, mariages et sépultures faits dans l'église paroissiale Saint-Martin de Danzé" ainsi libellé :

"Le troisième jour de décembre mil sept cent dix, fût par nous prestre soussigné, baptisé Balthazar né dudit jour du légitime mariage de Julien NEVEU et de Anne HOUSSET son épouse. Le Parrain fut Nicolas MALET et la Marraine Catherine HOUSSET qui a déclaré ne scavoir signer de ce requise. Ainsi signé MALET et B. GUION".

Encore une Anne HOUSSET ! Etait-ce aussi une fille de René HOUSSET et d'Anne (alias Marie) LANCELOT ? Et Catherine HOUSSET, la Marraine, était-elle une autre soeur, ou la soeur de René HOUSSET ?

Pourquoi cet acte de baptême nous est-il parvenu ?

Nous ignorons complètement qui était ce Balthazar NEVEU ?

LES FAMILLES MICHON, BORDIER ET BRETON

 

Il nous reste à étudier les familles MICHON, BORDIER et BRETON dont les membres sont les ascendants directs de Madeleine BRETON qui épousa Claude Joseph FERRON et dont la fille, Madeleine FERRON épousa François LEMAIGNEN-VILLORCEAU.

Mais auparavant il ne semble pas inutile de rappeler sommairement les parentés des familles déjà étudiées, afin de préciser les liens qui les unissaient avec les familles MICHON, BORDIER et BRETON.

L'ancêtre commun est Pierre LANCELOT qui était laboureur à Danzé à la fin du seizième siècle.

Son fils Jehan eut trois enfants :

1°) Jehan LANCELOT, le procureur, qui décéda sans enfant.

2°) Pierre LANCELOT qui épousa Perrine MELOT, ce qui nous a permis d'étudier la famille MELOT et particulièrement les descendants de Julienne MELOT mère de Jacques PEZIERE dont une fille, Catherine, épousa Mathurin DERAS. Une fille de Mathurin DERAS, Jeanne, épousa Pierre VALLERY qui était veuf en premières noces d'Anne HOUSSET, petite fille de Thomas LANCELOT.

3°) Thomas LANCELOT qui épousa Anne BRILLARD.

Par la famille BRILLARD nous avons fait connaissance des familles FOUQUET et PITARD aux nombreuses ramifications.

Deux groupes de familles collatérales encadrent harmonieusement la famille LANCELOT :

D'un côté les MELOT, PEZIERE et DERAS, ces derniers finissant par se raccorder aux descendants de Thomas LANCELOT.

De l'autre côté, les BRILLARD et leurs descendants : les DENYAU et les FOUQUET avec leurs alliés les PITARD.

On verra (et nous l'avons déjà signalé dans les chapitres précédents) que c'est la descendance de Thomas LANCELOT, Madeleine DERAS et son mari Léonard BRETON qui va devenir propriétaire de la majeure partie des biens de ces diverses familles alors que son arrière arrière grand-père, Thomas LANCELOT était mort après avoir dilapidé toute sa fortune.

Léonard BRETON et Madeleine DERAS transmettront ainsi à leur petite fille Madeleine FERRON et à son mari François LEMAIGNEN-VILLORCEAU les biens immobiliers qui appartenaient aux diverses familles que nous venons d'étudier, descendantes ou alliées de Pierre LANCELOT, ce qui explique que nous soyons en possession des nombreux titres de propriété qui ont permis de reconstituer leur histoire.

LA FAMILLE MICHON

 

Nous avons vu que Thomas LANCELOT, décédé le 10 Juillet 1663 et Anne BRILLARD sa femme, décédée avant le 08 Novembre 1681 avaient eu trois filles, d'après la requête du 26 Janvier 1682 ayant nommé un curateur à la succession vacante de Thomas LANCELOT (Jean RAPISCOT ou RAPICAULT, d'après l'acte du 30 Octobre 1683).

Le prénom et la vie de l'une de ces filles nous sont totalement inconnus.

L'autre fille était Anne LANCELOT épouse de René HOUSSET.

La troisième était Renée LANCELOT épouse de Thomas MICHON, marchand et laboureur, décédé avant le 02 Juillet 1708 ainsi qu'il résulte d'un partage de sa succession et de celle de sa femme dont nous possédons trois exemplaires dont un, partiel, annexé à un acte du 04 Juillet 1650, déjà analysé dans l'étude sur Thomas LANCELOT, et qui lui sert de chemise.

"Ensuivent quatre lots des partages des logis et héritages et choses hereditaux estant des successions de deffunt Thomas MICHON vivant marchand laboureur et Renée LANCELOT sa femme, situés en cette paroisse de Chauvigny et au bourg et paroisse de Danzé, appartenant à :

- Pierre GAULTIER mary de Renée Madeleine MICHON sa femme.

- Anne, Jeanne et Madeleine MICHON filles desdits deffunts MICHON et LANCELOT et leurs héritières chacune pour une quatrième partie.

Iceux lods et partages faits par ledit Pierre GAULTIER et laditte Renée Madeleine MICHON sa femme demeurant à la Bord en cette paroisse de Chauvigny, ladite MICHON aînée esdittes successions, pour les présenter à André DENIAU marchand demeurant au Bourg de Danzé tuteur desdites Anne, Jeanne et Madeleine MICHON et curateur aux causes et pour le fait desdits partages de ladite Anne MICHON, à René RIVIERE aussi marchand demeurant audit bourg de Danzé, curateur aux causes et actions et pour le fait lesdits partages de ladite Jeanne MICHON, et à Charles CHEVEREAU laboureur demeurant à la Mornais paroisse dudit Danzé aussy curateur aux causes et actions et pour le fait d'iceux partages de ladite Madelaine MICHON, pour, par iceux DENIAU, RIVIERE et CHEVEREAU prendre choisir et accepter pour lesdites mineures celuy desdits lods qu'ils jugeront à propos, chacun à leur rang, suivant la coutume d'Anjou dans laquelle la plus forte et grande partie desdits logis et héritages sont situés......".

Notons qu'Anne, Jeanne et Madeleine étaient mineures le 02 Juillet 1708. Nous savons d'ailleurs qu'Anne était née le 21 Avril 1683 (retrait lignager Léonard BRETON sus analysé). Nous verrons plus loin que Jeanne était majeure dans un acte du 13 Novembre 1716, qu'elle était décédée à l'âge de 35 ans le 18 Août 1725 et qu'elle s'était mariée après le 13 Novembre 1716, alors que Madeleine était encore mineure. Rappelons aussi qu'André DENIAU, tuteur des mineures MICHON était marguillier de l'église de Danzé dans un acte du 07 Novembre 1710 (voir ci-dessus : René MELOT) et qu'il était le petit fils de Magdeleine BRILLARD (voir ci-dessus : Magdeleine BRILLARD).

On pourra lire avec intérêt ce partage, parfaitement lisible, pour retrouver les lieux dits et les joignants des biens partagés, dont plusieurs étaient des membres des familles FOUQUET, DAUVERGNE et BRILLARD.

Chacun des quatre lots comprenait "un corps de logis" et des terres (environ 150 boisselées dans chaque lot). Les immeubles du premier lot étaient situés paroisse de Chauvigny, sauf deux arpents, paroisse de la Chapelle Vicomtesse et un quartier de pré au Marais, paroisse de Danzé, proche la Douardière, "joignant le ruisseau faisant séparation des fiefs de la Chapellenie de Lisle et de l'Abbaye de Vendôme". Les terres et corps de logis des trois autres lots étaient situés à Danzé (les Bigotteries, le Moulin à Vent, les Saulettes, le Paillarderie, Bourgneuf, etc...). Les corps de logis du chaque lot étaient assez modestes ; par exemple celui du premier lot comprenait :

"Un corps de logis composé d'une chambre de maison manable ayant four et cheminée le matériel, grenier dessus, ledit four couvert de chaume, une autre chambre au bout de laditte maison avec un grenier dessus couvert de bardeau, le tout sous un même faite, cour et issus devant lesdits logis, un jardin derrière, le tout en un tenant situé au lieu de l'Etre au Four en cette paroisse de Chauvigny....".

Ce partage précise longuement les droits de passages réciproques, le sort des récoltes en terre, les grains, rentes et créances. "Et sera la marne qui est audit bourg de Danzé en monceau sur le trou, partagée par tiers entre les deuxième, troisième et quatrième lods".

Il est précisé que le bordage de l'Etre au Four paroisse de Chauvigny "dépendait de la succession de Thomas MICHON et de ses propres". Thomas MICHON, dont nous ignorons tout des ses ancêtres, devait donc être originaire de Chauvigny. Il n'est donné aucune précision sur l'origine des autres immeubles ; il est vraisemblable que ce devait être des acquêts de la communauté MICHON-LANCELOT, puisque Renée LANCELOT n'avait recueilli aucun bien dans la succession de son père.

 

Le 19 Juillet 1708, pardevant Jacques BODINEAU, notaire et tabellion à la Châtellenie de Chauvigny il est procédé à la choisie des lots :

- Le premier revient à Anne MICHON.

- Le deuxième à Magdeleine MICHON.

- Le troisième à Jeanne MICHON.

- Le quatrième à Renée Magdeleine MICHON, épouse de Pierre GAULTIER.

Nous possédons des déclarations d'héritage aux Religieux de l'Abbaye de la Saint Trinité de Vendôme par Jeanne MICHON du 22 Mai 1715, par Pierre VALLERY du 04 Mai 1686, par Thomas MICHON du 27 Janvier 1686 et par Toussaint LANCELOT, prêtre à Danzé du 17 Juin 1644 concernant des terres à Danzé.

 

Renée Magdeleine MICHON et Pierre GAULTIER son mari firent un échange le 08 Mars 1723 avec Julien BOIS, laboureur à Danzé. Ils étaient tous deux décédés avant le 04 Février 1732 (voir litige avec Jacques DUMANS ci-après) et ils laissaient deux enfants :

1°) René GAULTIER qui épousera Marie LATRON, laquelle, après son décès en 1765 se remaria avec Jacques MARAIS.

2°) Renée GAULTIER qui épousera Pierre DUMANS et qui est décédée avant le 1er Avril 1746.

 

Jeanne MICHON épouse de Jacques DUMANS, charron à Chauvigny est décédée le 18 Août 1725 âgée de 35 ans, après avoir reçu pendant sa maladie tous les sacrements des mourants ainsi qu'il en résulte de son acte de décès dressé en présence de son mari, d'Anne MICHON, alors veuve de Pierre BORDIER et de Michel DUMANS, son beau père (voir partage du 13 Novembre 1716 ci-après). Elle eut une fille : Marie DUMANS décédée à Danzé le 19 Octobre 1735, âgée de 15 ans "après avoir reçu les Sacrements d'Eucharistie et d'Extrême-Onction". Jacques DUMANS se remariera en 1732 avec Catherine NOBLET dont il eut des enfants (voir ci-après "litige avec Jacques DUMANS"). Il est décédé entre le 27 Octobre 1738 et le 1er Avril 1746.

 

Madeleine MICHON épouse de Georges CHOUSTEAU est décédée sans enfant avant le 21 Juin 1720.

Il résulte en effet d'un partage de cette date, qu'elle laissait pour héritières Renée MICHON, Anne MICHON et Jeanne MICHON, ses soeurs. Les biens partagés sont ceux qui composaient le deuxième lot qui lui était échu dans le partage du 02 Juillet 1708.

 

Nous n'avons pas d'autres documents sur Renée-Magdeleine MICHON, Jeanne MICHON et Madeleine MICHON, mais nous sommes beaucoup mieux renseignés sur Anne MICHON qui épousera Pierre BORDIER.

LA FAMILLE BORDIER

 

Pierre BORDIER, laboureur à Danzé épousa le 08 Octobre 1708 Anne MICHON, née le 21 Avril 1683, fille de Thomas MICHON et de Renée LANCELOT (voir retrait lignager Léonard BRETON ci-dessus).

Le 08 Novembre 1711 il est procédé entre Pierre BORDIER et Pierre HASLOUIN au nom et comme mari d'Anne BORDIER au partage des immeubles dépendant des successions de Pierre BORDIER en son vivant marchand et de Marie PILLON sa femme, leur père et mère.

Les biens partagés comprennent des immeubles situés à la Gaste d'Epuisay, échus à Anne BORDIER, et environ trente boisselées de terre à la Chaslerie, paroisse de Savigny échues à Pierre BORDIER.

Le 25 Octobre 1717, Pierre BORDIER et Anne MICHON sa femme se reconnaissent débiteurs envers "Françoise GUERRY, veuve de feu Me Emmanuel DEMARESCOT en son vivant Chevallier Seigneur DELPHIN de Chicheray et autres lieux, demeurant à Chicheray paroisse de Pezou" de sept livres dix sols de rente annuelle et perpétuelle assignée sur un corps de logis à l'Etre au Four, paroisse de Chauvigny et huit boisselées de terre au même lieu. Cette rente est constituée moyennant un versement de 150 livres payées par la dame DELPHIN. Le corps de logis et les terres assignés à la garantie de cette rente sont ceux provenant du partage du 02 Juillet 1708.

Cet emprunt nous porte à croire, que Pierre BORDIER ne devait pas avoir une situation très florissante. Il ne devait posséder que les trente boisselées (1 hectare 55) lui venant de ses parents et les immeubles (150 boisselées environ) recueillis par sa femme dans les successions de ses parents et de sa soeur.

Le 28 Mai 1721, il est laboureur à Chappe d'Ane, paroisse de Saint-Firmin et il fait une déclaration d'héritage à la Seigneurie des Bigotteries pour les terres qu'il possède dans ce fief.

Il décède avant le 18 Août 1725 puisqu'Anne MICHON est qualifiée de veuve de Pierre BORDIER dans l'acte de décès de sa soeur Jeanne survenu à cette date.

Anne MICHON est elle même décédée à Villiers le 16 Avril 1744. L'acte de décès est dressé en présence de René DOLIVEUX son deuxième gendre.

Du mariage de Pierre BORDIER et d'Anne MICHON est née à Danzé le 1er Mars 1713, Magdeleine BORDIER, leur seule enfant, qui avait pour parrain un certain Michel TAIZE et pour marraine Madeleine MICHON sa tante.

 

A - Magdeleine BORDIER

Nous possédons de nombreux documents sur Magdeleine BORDIER qui épousa en premières noces François DERAS (contrat de mariage du 02 Octobre 1727, elle avait donc 14 ans !), en secondes noces, René DOLIVEUX (contrat de mariage du 02 Août 1743) et, en troisièmes noces, le 27 Mai 1751, Louis MENANT. Elle décéda le 09 Mai 1766.

 

Premier mariage avec François DERAS

Nous avons vu en étudiant la famille DERAS que Magdeleine BORDIER avait épousé François DERAS, d'abord laboureur, puis soixton (bordager) à Azé et ensuite (d'après l'acte de décès de Magdeleine BORDIER) marchand de bois, fils de Mathurin DERAS et de Catherine PEZIERE.

 

De ce mariage sont issus deux enfants :

1°) Madeleine DERAS, née à Azé le 12 Septembre 1733 qui épousera Léonard BRETON.

2°) François DERAS qui est né un an après sa soeur (inventaire du 29 Juillet 1743) et qui est décédé mineur en Septembre 1747, ainsi que nous l'avons vu par un acte du 12 Novembre 1755 analysé ci-dessus sous le titre "Famille DERAS".

 

François DERAS, père, est décédé le 25 Mars 1735, un peu plus d'un mois avant son père Mathurin DERAS (voir ci-dessus "Famille DERAS").

Deux ans après son veuvage, Magdeleine BORDIER achète le 08 Avril 1737 de Julien BOIS, marchand et de Marie DENIAU sa femme, demeurant à la Douardière, paroisse de Danzé, une petite grange au bourg de Danzé joignant les biens qu'elle y possède, moyennant 100 livres payés comptant en un écu d'or et vingt quatre livres et treize écus de chacun six livres. Il est précisé dans cet acte que cette grange appartenait en propre à Marie DENIAU comme lui provenant de la succession d'Anne BRILLARD sa mère. Qui était cette Anne BRILLARD ?

Magdeleine BORDIER possédait alors le bordage de l'Etre au Four, paroisse de Chauvigny et corps de logis et des terres au bourg de Danzé lui provenant de la succession de sa mère, dont le tiers des immeubles provenant de la succession de sa tante Madeleine MICHON, les 30 boisselées de terre à la Chaslerie, paroisse de Savigny provenant de la succession de son père, et les biens de son mari, notamment dans le bordage de Sainte-Anne, alors accaparé par la famille DERAS.

 

 

Inventaire après le décès de François DERAS

 

Lors du décès de son mari, Magdeleine BORDIER avait 22 ans. Elle alla habiter à Danzé chez sa mère où elle éleva ses deux enfants âgés, la fille de 18 mois et le fils de quelques mois à peine. Elle dut intenter plusieurs procès pour défendre son patrimoine. Nous avons déjà exposé (ci-dessus "Famille DERAS") la procédure engagée par son mari contre ses cohéritiers à propos du bordage de Sainte-Anne, et qu'elle poursuivra pendant de nombreuses années. Nous verrons plus loin le procès qu'elle dut soutenir contre Jacques DUMANS son oncle et celui qu'elle dut intenter à René GAULTIER son cousin à qui elle avait acheté en 1738, moyennant une rente viagère, deux bordages et différents immeubles, paroisse de Chauvigny joignant sans doute son bordage de l'Etre du Four, ce qui dénote de sa part un sens avisé de la gestion de ses biens.

Maris on est surpris qu'elle ait attendu la veille de son remariage avec René DOLIVEUX pour faire dresser le 29 Juillet 1743 seulement l'inventaire après le décès de son premier mari. Cet inventaire n'a manifestement été dressé que pour défendre les droits de ses enfants et les siens, en raison de son remariage.

Le 29 juillet 1743, à une heure de relevée, par Me MALLET, notaire Royal à Vendôme, est dressé l'inventaire des biens dépendant

"de la succession de feu François DESRAS, en son vivant laboureur (rappelons que dans d'autres actes il était qualifié "soixton" et que l'acte de décès de sa femme il sera qualifié "marchand de bois") et de la communauté d'entre luy et de Magdeleine BORDIER sa veuve, fait à la requeste de la ditte DESRAS et de Pierre BERRY, laboureur demeurant à Buissé paroisse d'Azé, curateur aux causes et actions de Magdeleine DESRAS aagée de dix ans et de François DESRAS aagé de neuf ans, enfants mineurs issus dudit deffunt François DESRAS et de laditte Magdeleine BORDIER, sa veuve, institué par justice suivant l'acte expédié devant Monsieur le Lieutenant Général du bailliage Royal et prevosté unis de Vendôme le trois may mil sept cent trente cinq, dument signé, scellé et insinué".

Les effets sont "montrés" par la veuve DERAS et prisés par le sieur Paul MARGANNE, marchand demeurant "à la Ville de Saint Callais" expert nommé par le curateur, et par Pierre CHOUSTEAU laboureur à Danzé nommé par la veuve, qui après serment ont estimé les meubles "en leur ame et conscience, en égard au cours du temps et suivant leur juste valeur".

Il est très intéressant de lire attentivement cet inventaire extrêmement détaillé du mobilier et les estimations de chaques article prisé.

"Dans la chambre de maison de ladite veuve size au bourg et paroisse de Danzé, nous a été représenté par laditte veuve DESRAS, une crémaillère, une pelle, une paire de pincette, une paire de chenets, un gril, un rotissoir, un trepied, une chambrière et un soufflet, le tout mis à prix par l'un et l'autre desdits experts à la somme de huit livres".

"Item un chaudron moyen, un grand chaudron, un petit chaudron et un autre chaudron fort mauvais, le tout de potier, estimé par l'un et l'autre desdits experts à la somme de six livres".

"Item, trois pots de fert, deux couvercles et deux broches".

La désignation se poursuit. Notons entre autre :

"quatre poisles de fert tant bonnes que mauvaises, un chaudron d'airain, un poislon, une écumoire, une cuillère de pot, une lampe, deux chandelliers, le tout d'airain, 24 pots au lait, 37 livres "d'estain" commun estimées 16 sols la livre, une douzaine d'assiettes de faience, 11 fourchettes de "fert", une chopine de faience, un plat de caillou, un saladier de faience, deux "ferts" à repasser, une douzaine de chaises de paille, deux tables rondes l'une de poirier et l'autre de cormier avec leurs chaises et un banc de bois de poirier fermant à clef, une "mée" de bois de noyer, un coffre de bois de noyer fermant à clef, un lit composé de son chalis en bois de cormier avec ses crochets de fer, sa paillasse, un lit de plumes, sa souille, l'une de "coistil" l'autre de "brun", un traversin avec deux souilles d'une de toile commune, l'autre de brun, deux oreillers, une couverture de laine blanche, le ciel de planches de sapin avec ses rideaux, le tout de serge sur fil (lesdits rideaux faisant 22 aulnes de serge sur fil), un autre fil avec son chalis de bois d'alizier, le ciel et les rideaux de tourangelle avec leur tout et leur broche, une tasse d'argent et une paire de boutons aussy d'argent "pesés cy devant par le sieur changeur à Vendôme et par luy estimés valloir la somme de 24 livres", un coffre de bois de chesne fermant à clef contenant de nombreuses pièces de toile, notamment "une pièce de toille retournée des liez herbés contenant sept aulnes et demie", une pièce de toile commune retournée "d'étoupe", un manteau de gros drap commun, deux gilets de coton et une veste de basin, "une petite armoire à deux battants, l'un d'eux fermant à clef avec un tiroir au milieu, le tout de bois de guignier", estimée dix livres, dans cette armoire se trouvent : 7 petites nappes de toile de "ferrasse" usées ; une grande armoire de bois de noyer et chesne à deux battants fermant à clef prisée 66 livres, "ouverture faite d'ycelle, nous a été représenté par laditte veuve DESRAS" : une douzaine de draps "comme tout neuf", 14 draps de ferrasse au tiers usés, 3 draps de toile commune, un drap de toile de lin, 11 draps de toile de ferrasse dépareillés, tous usés, une douzaine de nappes de toile, une autre douzaine de nappes de toile de brun et d'étoupe, une autre douzaine de nappes de toiles de ferrasse, 70 serviettes toutes neuves, 6 douzaines de serviettes de toile d'étoupe, une demie douzaine de vieilles serviettes, deux nappes neuves, deux autres nappes, une douzaine d'essuie-mains, cinq vieux essuyes mains, une nappe de toile de ferrasse, 10 chemises presque neuves "à l'usage du deffunt".

Comme on le voit, Magdeleine DERAS possédait un beau trousseau de linge de maison ! Il n'est fait aucune mention de sa garde robe personnelle.

Après la prisée du mobilier contenu dans la chambre, l'inventaire se poursuit dans le grenier où l'on trouve divers objets de peu de valeur, notamment de l'étoupe, de la ferrasse, du chanvre, "une vieille et mauvaise quaisse couverte de cuir et garnie de clouds fermant à clef, laquelle, ouverture faite, il ne s'ent rien trouvé", des fruits cuits, des harnais, du seigle, du blé, de la laine et 3 livres de bouchons.

Dans une petite chambre ou fournil, on trouve une baratte, une paire de balances, deux tables à boulanger, de la ferraille, etc....

Dans la cour : cent bourrées.

Dans l'étable : une vache sous poil rouge de 7 ans (33 livres), une vache sous poil noir, une autre vache, une génisse de deux ans (32 livres), un veau (20 livres), un veau de lait, "une beste azine âgée de 12 ans avec son asnon âgé d'un an, estimés, y compris le bast 20 livres", une chèvre âgée de 3 ans (5 livres).

Puis la nuit étant venue, la continuation de l'inventaire est remise au lendemain à 7 heures de matin.

Le 30 Juillet on prise : 2 petits cochons, 5 poules, 9 toises de planches, 3 échelles, etc.... un fusil (8 livres), "28 bestes de laine tant moutons que brebis et agneaux" (84 livres).

La vacation est interrompue à midi. A 2 heures de relevée il est procédé à l'analyse des titres et papiers.

Il était dû par Gabriel POMMIER, mari de Catherine DERAS, 30 livres du chef de la succession de Jeanne DERAS, femme de Pierre VALLERY, 105 livres de fermage (3 années) du bordage de l'Etre au Four, dont le recouvrement est douteux et 55 livres de fermage par René BRETON pour un petit bordage à Chauvigny ; par Louis NORGUET, vigneron au Boutry, paroisse de Villiers, 50 sols restant dus pour livraison de bourrées vers l'année 1736.

Par contre, il était dû par la veuve DERAS, 15 livres au "collecteur" pour l'année 1742 et 7 livres à Collin SERREAU pour la fauche d'un pré à Danzé.

Les titres analysés sont : le contrat de mariage des époux DERAS-BORDIER du 02 Octobre 1727, un dossier de 8 pièces concernant un partage entre André DENIAU et ses cohéritiers du 19 Juillet 1708 (ce partage ne nous est pas parvenu), le partage BORDIER du 08 Novembre 1711 analysé ci-dessus, la renonciation par la veuve de Mathurin DERAS à la succession de son mari, divers anciens titres de propriété et diverses quittances de rente, les pièces de la procédure contre Jacques DUMANS que nous analyserons plus loin, les quittances de rente concernant Pierre DUMANS légataire de Renée GAULTIER sa femme (testament du 09 Novembre 1740), les pièces concernant la procédure avec René GAULTIER (frère de la précédente) et qui seront ci-après analysés, la vente par Jullien BOIS du 08 Avril 1737 d'une grange à Danzé, sus-analysée, une obligation par Louis DORE, laboureur à Azé à Magdeleine DERAS de 17 livres sur lesquelles il n'est plus dû que 6 livres, un bail du bordage de Chauvigny, une vente de coupe de bois à François DERAS par Monsieur de COULANGES pour 480 livres et une autre vente de bois taillis par les Religieux de l'Abbaye de Vendôme, ce qui justifierait que François DERAS était bien marchand de bois, divers baux et une soixantaine d'autres pièces diverses.

Puis la veuve DERAS "a juré et affirmé n'avoir recellé, sequestré, ny diverty directement ou indirectement aucun d'yceux effets mobiliers et papiers". C'est exactement la formule actuelle de clôture d'inventaire.

On remarquera qu'il n'est fait aucune mention dans cet inventaire du bordage de Sainte-Anne dépendant de la succession de François DERAS.

Après avoir longuement analysé cet inventaire, et avant de relater le deuxième mariage de Magdeleine BORDIER avec René DOLIVEUX, nous devons retracer deux procès la concernant, l'un contre Jacques DUMANS son oncle, l'autre contre René GAULTIER son cousin.

 

 

Litige avec Jacques DUMANS

 

Un petit drame familial survenu au début de l'année 1732 fut la cause d'un procès qui durera jusqu'en 1737. L'origine de ce procès remonte à un acte intervenu devant Me MALLET, notaire à Danzé "en la cour de l'Abbaye Cardinalle de la Très Sainte Trinité de Vendôme" le 13 Novembre 1716, entre :

- Pierre GAULTIER, mari de Renée MICHON.

- Pierre BORDIER, mari d'Anne MICHON.

- Jeanne MICHON, fille majeure "uzante de ses droits".

- André DENIAU, curateur de Magdeleine MICHON.

Héritiers de Thomas MICHON et de Renée LANCELOT.

Il fait suite à un partage de leur succession en date du 02 Avril 1712 qui ne nous est pas parvenu, dans lequel les enfants MICHON intervenaient

"pour se régler et s'égaliser ensemble des avances faites à Pierre GAULTIER par Thomas MICHON et Renée LANCELOT, et des sommes auxquelles se montent les meubles que Pierre BORDIER s'est fait adjugé à la vente qui en a été faite après le décès dudit MICHON".

"Sur les avis de leurs parents et amis, il a été reconnu que ledit GAULTIER lui avait été donné par lesdits Thomas MICHON et Renée LANCELOT pour avancement de droits successifs suivant son contrat de mariage, le somme de 300 livres en bon argent et 24 livres pour habits de "noces" et qu'il lui a été adjugé des meubles pour 116 livres 10 sols et 6 deniers".

Pierre BORDIER a reconnu avoir reçu de même ses habits de noces pour 24 livres et des meubles adjugés pour 505 livres.

Jeanne MICHON a reconnu qu'il lui a été adjugé des meubles pour 52 livres.

Quant à Madeleine MICHON, elle n'a rien reçu.

Suit un long détail des comptes entre les héritiers concernant les revenus des biens partagés.

Il en résulte notamment, que Pierre BORDIER devait à Jeanne MICHON qui épousera ensuite Jacques DUMANS, la somme de 122 livres 9 sols.

La bonne entente régnant sans doute entre les enfants MICHON, Jacques DUMANS ne réclame pas le paiement de cette somme.

Mais le conflit éclate au début de 1732, c'est à dire seize ans après, parce que Jacques DUMANS dont la femme Jeanne MICHON était décédée le 18 Août 1725 allait se remarier avec sa servante ce qui va provoquer une demande de reddition de compte de la part de sa belle-soeur Anne MICHON et de sa nièce Magdeleine BORDIER, car il ne semble pas qu'on lui pardonne cette mésalliance. Au cours du procès qui va s'en suivre on va employer tous les artifices de procédure possibles.

François DERAS, mari de Magdeleine BORDIER commence par demander l'apposition des scellés au domicile de Jacques DUMANS, le 04 Février 1732 :

"François DERAS, laboureur à Bussay paroisse d'Azé, curateur institué par justice de Marie DUMANS", fille de Jacques DUMANS, expose que "Jeanne MICHON est décédée il y a eu 6 ans neuf le mois d'Août dernier" (en réalité le 18 Août 1725) et que "son mari a continué à jouir des biens de la communauté sans en faire inventaire, jusqu'au mois de Juin dernier. Qu'étant sur le point de convoler en secondes noces avec Catherine NOBLET, sa servante, ses autres parents et sa fille le supplient de faire continuer l'inventaire par l'indication de l'actif et du passif, des grains et récoltes ce qu'il n'a pas encore voulu faire, et l'analyse des titres et papiers, et à rendre compte de sa tutelle envers les enfants mineurs de Pierre GAULTIER".

Et François DERAS demande que Jacques DUMANS soit assigné pour clore l'inventaire et requiert qu'il soit apposé "cadenas et cachets" sur les coffres et armoires. L'assignation est délivrée le 08 Février 1732.

Nous apprenons ainsi, incidemment que Renée Magdeleine MICHON et Pierre GAULTIER étaient déjà décédés et qu'ils laissaient des enfants mineurs. Nous verrons plus loin qu'il se prénommaient René et Renée.

Mais cette demande d'inventaire ne suffit pas à apaiser la rancoeur de la veuve BORDIER et de sa fille ; elles demandent 3 ans après, des comptes à Jacques DUMANS qui avait continué à jouir de certains biens dépendant des successions MICHON LANCELOT partagées en 1712.

En réponse, Jacques DUMANS assigne le 25 Mai 1735 "Renée MICHON veuve de Pierre BORDIER" (il s'agit en réalité d'Anne MICHON) et Magdeleine BORDIER, veuve de François DERAS sa fille, "devant le bailly de la très Sainte Trinité de Vendosme" pour avoir paiement de la somme de 122 livres 9 sols à lui due en vertu du partage du 13 Novembre 1716.

La procédure traîne et Jacques DUMANS est obligé de la reprendre le 18 Février 1737. Il est "laboureur et fermier des Vieilles Métairies, paroisse de Danzé, ayant Me Henry PINEL pour avocat". Il assigne "Anne MICHON veuve de Pierre BORDIER et Magdeleine BORDIER sa fille veuve de François DERAS, demeurant toutes deux ensemble à Danzé" à comparaître "salmedy prochain en huit jours" pour voir déclarer exécutoire contre elles l'acte du 13 Novembre 1716 et à payer les 122 livres 9 sols qui lui sont dues et les arrérages de rente des immeubles de Jeanne MICHON sa femme, depuis le partage fait le 02 Avril 1712 "avant le mariage dudit DUMANS".

Le 09 Mars 1737, l'avocat de Jacques DUMANS informe Anne MICHON et Magdeleine BORDIER que la cause sera portée à l'audience du bailliage le "Salmedy 16 présent mois".

Mais précisément le 16 Mars 1737, Anne MICHON et Magdeleine BORDIER "disent à Monsieur le Bailly que les copies des "pièces signifiées et sur lesquelles DUMANS fonde ses prétentions (il s'agit du partage du 13 Novembre 1716 et des actes de décès de Jeanne MICHON et de Marie DUMANS sa fille) sont si peu correctes et mal écrites qu'on ne peut "pas en comprendre le sens ; pourquoy elles requièrent la communication des originaux".

Ce sont cependant ces pièces mêmes qui nous sont parvenues. Elles sont parfaitement lisibles.

Jacques DUMANS réplique le 23 Mars 1737 que :

"C'est par une chicanne odieuse et grossièrement effectuée que, pour éloigner un jugement qu'on prévoit ne pouvoir être avantageux aux défenderesses, on a dit gratuitement qu'il n'était pas possible de lire les copies signifiées quoiqu'elles soient très lisibles, ce qui est justifié par la représentation qu'on ne peut se dispenser de faire. Cependant pour éviter toute autre mauvaise difficulté, on signifie (bien entendu aux dépens des déffenderesses) copie des extraits mortuaires de Jeanne MICHON et de Marie DUMANS"....

Le 30 Mars, il expose encore à Monsieur le Bailly de l'Abbaye de la Sainte Trinité de Vendôme que le partage du 13 Novembre 1716 justifie sa créance de 122 livres 9 sols, que la production des "certificats de mort" de sa femme et de sa fille justifient ses droits à agir. Qu'il a rendu son compte de tutelle à DENIAU, curateur de sa fille, et que depuis trente ans il attend le paiement de ce qui était dû à sa femme.

Cette longue chicane, pleine de mauvaise foi, se termine par une transaction du 13 Octobre 1737 "pardevant Pierre BRETON, notaire Royal en Vendômois colloqué et résidant en la paroisse d'Azé" entre Jacques DUMANS, laboureur aux Vieilles Métairies, paroisse de Danzé et Magdeleine BORDIER, veuve de François DERAS, demeurant au bourg et paroisse de Danzé.

Il est rappelé que Madeleine BORDIER soutenait que les 122 livres avaient été payées tant par son père que par sa mère et par son mari, attendu les frais exposés de part et d'autres et de l'avis des amis communs, les parties se sont assemblées pour mettre fin à ce procès à l'amiable. La veuve DERAS a payé à Jacques DUMANS la somme de 128 livres 10 sols en écus de six livres et autres bonnes monnaies ayant cours. En conséquence "le procès né entre lesdits parties demeure nul et assoupi, comme non commencé".

Et la veuve DERAS tient quitte le sieur DUMANS :

"Pour les arrérages qui sont dus pour retour de partages faits entre ladite deffunte femme DUMANS, la mère de ladite veuve DERAS, et cohéritiers dont le partage eschu à la femme dudit DUMANS était chargé de retour : cinquante sols chacun an de rente..... Cinquante sols de rente dont ledit DUMANS est tenu comme curateur de René et de Renée GAULTIER, enfants mineurs de deffunt Pierre GAULTIER et de Renée MICHON, sans préjudice à la somme de cinquante sols de rente dus pour retour de partage, que ledit DUMANS promet à s'oblige payer à l'avenir à la veuve DERAS tant qu'il sera jouissant du bien dont il jouit par ses enfants"...... (il avait donc d'autres enfants nés de son mariage avec Catherine NOBLET).

On ignore si après cette transaction, les relations furent plus amicales entre Magdeleine BORDIER, son oncle et sa deuxième femme.

 

 

Acquisition de deux bordages à Danzé

Litige avec René GAULTIER

(transaction du 1er Avril 1746)

 

Par acte de Me Charles MANSION, notaire Royal en Vendômois colloqué à Saint-Firmin, du 27 Octobre 1738, Magdeleine BORDIER ayant réglé depuis un an ses comptes avec Jacques DUMANS, achète de René GAUTIER, cardeur de son métier, et depuis marchand, demeurant au bourg et paroisse de Chauvigny, son cousin (il était le fils de Renée Magdeleine MICHON et de Pierre GAUTIER), un bordage situé au bourg et paroisse de Chauvigny dépendant de la succession de Pierre GAUTIER son père et 15 livres de rente due par un sieur François du HOULX, et en outre un autre bordage au bourg et paroisse de Danzé consistant en une chambre à feu, basse roue derrière, four, cour devant icelle chambre, autre chambre à feu basse, chambre haute, grenier avec la moitié d'une petite écurie, la moitié du jardin et une grange devant le cimetière et environ dix septrées quatre boisselées de terre labourable et environ trente boisselées et pré, un jardin dans l'un desdits prés, une fosse au bout dudit jardin qui en dépend. Ce dernier bordage appartenait à René GAUTIER comme lui provenant de la succession de Renée GAUTIER sa soeur épouse de Pierre DUMANS.

Cette vente est faite à charge par Magdeleine BORDIER de laisser jouir ledit Pierre DUMANS pendant sa vie du tiers dudit bordage, ce tiers lui ayant été légué par le testament de sa femme.

Cette vente comprend encore la moitié d'un bordage aussi situé dans le bourg et paroisse de Danzé consistant en bâtiments, jardins, cours et onze à douze septrées de terre labourable en plusieurs pièces et morceaux sis aux environ dudit Danzé et onze à douze boisselées de pré, appartenant à René GAUTIER comme lui provenant de la succession de Marie DUMANS sa cousine germaine maternelle. A charge par Magdeleine DERAS de laisser Jacques DUMANS jouir de cette moitié de bordage pendant sa vie ainsi qu'il en jouissait par usufruit par suite du décès de Marie DUMANS, sa fille. (Il est précisé dans la transaction du 1er Avril 1746 présentement analysée, que Jacques DUMANS était décédé avant cette date).

La vente de ces divers immeubles est consentie moyennant le prix de cent livres de rente et pension viagère que Magdeleine BORDIER s'est engagée à payer chaque année au vendeur pendant sa vie, en deux termes égaux à Pâques et à la Toussaint, et encore à la charge par Magdeleine BORDIER "de faire enterrer honorablement après son décès ledit GAUTIER, lui faire faire des services pour le repos de son âme pour la somme de cinquante livres et de fournir audit GAUTIER dans un mois lors prochain, un habit, veste et culotte de droguet d'Amboise et un chapeau et de lui fournir tous les six ans pendant sa vie, un habit, veste et culotte de serge sur fil".

Ce contrat a été scrupuleusement exécuté jusqu'en 1747.

Rappelons qu'en 1738, au moment où il fut conclu, Magdeleine BORDIER avait 25 ans, qu'elle était veuve depuis 3 ans de François DERAS, qu'elle habitait avec sa mère à Danzé et qu'elle ne s'est remariée avec René DOLIVEUX que le 31 Août 1743. Il faut donc supposer que ses revenus personnels lui permettaient de payer cette rente viagère dont la charge risquait de durer de longues années puisque René GAULTIER devait avoir sensiblement le même âge qu'elle. Cette vente à rente viagère laisse supposer qu'il n'avait pas d'enfant.

Cependant, pour des raisons que nous ignorons, René GAUTIER a obtenu le 24 Décembre 1743 des "lettres de rescission" de la vente du 27 Octobre 1738.

Magdeleine BORDIER, alors épouse de René DOLIVEUX conteste cette demande et rappelle que les bâtiments vendus étaient en mauvais état ainsi qu'il a été constaté par BRETON, notaire, le 22 Septembre 1739 et qu'elle les a fait réparer. Elle prétend que René GAUTIER n'avait pris ces "lettres de chancellerie" que parce que Jacques DUMANS, usufruitier d'une partie des biens vendus, était décédé et que, par suite de ce décès il aurait pu en jouir.

Le procès était ainsi engagé, et différents actes de procédure étant déjà intervenus, "pour obvier aux différentes discussions et procédures ruineuses dans lesquelles lesdites parties se trouveraient constituées dans la suite et poursuite d'une instance et procès dont l'événement pourrait être douteux, et pour autres bonnes causes, motifs et raisons, à elle connues, elles ont de ladite instance et procès, pacifié, transigé, et accordé par le conseil de leurs amis, et de leur pure et franche volonté, par le présent acte de transaction, en la meilleure forme que transaction peut avoir lieu et valloir ....".

Aux termes de cette transaction passée devant MALLET, notaire Royal à Vendôme le 1er Avril 1746, il a été convenu que René GAUTIER rentrera en jouissance et possession du bordage de Chauvigny, les autres bordages demeurant acquis à Magdeleine BORDIER en propriété et jouissance, y compris la rente de 15 livres, à charge de laisser Pierre DUMANS jour sa vie durant du tiers auquel il avait droit dans l'un d'eux, et ce, sans être tenue de continuer à payer la rente viagère de 100 livres stipulée au profit de René GAUTIER, ni de lui fournir à l'avenir aucun habit ni autres choses.

En outre, René DOLIVEUX et Magdeleine BORDIER, sa femme, ont cédé à René GAUTIER le bordage de l'Etre au Four situé paroisse de Chauvigny qui avait été attribué à Anne MICHON aux termes du partage du 02 Juillet 1708 analysé ci-dessus sous le titre "FAMILLE MICHON" et que Magdeleine BORDIER avait recueilli dans la succession de sa mère décédée deux ans avant cette transaction. Ce bordage est désigné avec précision (environ 173 boisselées = 8 hectares 94 ares 41 centiares). Ce bordage était loué à Michel LEGON moyennant 25 livres par an, 2 poulets et 2 chapons.

"Au moyen desdittes présentes, toutes instances et procès meu et à mouvoir entre les dittes parties demeurent assouplis, réglés et terminés sans aucun dépens de part ni d'autre".

 

 

Le Testament de René GAUTIER

 

René GAUTIER vécut encore près de 20 ans après cette procédure.

On sait qu'il avait été cardeur, puis marchand, il fut ensuite "Marcelot" puis marchand mercier à Chauvigny.

Le 24 Février 1765, il fit son testament dans les termes suivants :

"L'an mil sept cent soixante cinq, le vingt quatre février après midy, est comparu devant moy Curé soussigné, René GAULTIER, marcelot, gisant au lit, malade, toutefois sain d'esprit et entendement, comme il m'est apparu et aux témoins cy après nommés, ledit GAULTIER demeurant au bourg et paroisse Saint Jean de Chauvigny ; lequel m'a dicté de mot à mot le présent son testament de forme et manière qui suivent.

"Premièrement, le dit René GAULTIER testateur a recommandé son âme à Dieu, père, fils et Saint Esprit, à la Sainte Vierge Marie, Saint René son patron et à toute la Cour Céleste.

"En second lieu ledit testateur a déclaré que son corps serait inhumé dans le cimetière de la paroisse dudit Chauvigny, et que Marie LATTRONN son épouse luy ferait faire des services et prières selon sa volonté, la reconnaissant comme bonne Chrétienne.

"Et veut en troisième lieu que ladite LATTRON, son épouse paye tout ce que ledit GAULTIER testateur peut devoir.

"Quatrièment ledit René GAULTIER testateur donne à laditte Marie LATTRON son épouse tout son mobilier et tout de que la coutume du pays dans lequel il vit et où sont situés ses biens luy permet de donner à son épouse, sans en rien réserver, car telle est sa dernière volonté.

"Le présent testament m'a été dicté de mot à mot par ledit GAULTIER et par moy à luy lu et relu aussy mot à mot en présence du sieur Louis GREGOIRE, maréchal, de Jean POIRIER marchand, de Louis DUFOURNIER bordager, tous trois demeurant au bourg et paroisse dudit Chauvigny, lesquels témoins ont signé avec nous Curé soussigné, après que ledit GAULTIER testateur a déclaré ne savoir signer de ce interpellé, suivant l'Ordonnance (de d'Aguesseau). La minute est signée POIRIER, L. GREGOIRE, L; DUFOURNIER et VINCENT Curé de Chauvigny".

Ce testament fut déposé au rang des minutes de Michel PARRAIN, notaire Royal en Vendômois, Blésois et Chartrain et de la Chatellenie de Chauvigny résidant à La Ville-aux-Clercs, le 05 Avril 1765. Cet acte de dépôt est rédigé sensiblement dans les mêmes termes qu'actuellement.

René GAUTIER (ou GAULTIER) est vraisemblablement décédé quelques jours avant.

Très peu de temps après son décès, Marie LATTRON sa veuve se remarie avec Jacques MARAIS, marchand et va habiter avec lui à Cloyes, paroisse de Saint-Lubin ; le 03 Octobre 1765 Jacques MARAIS et Marie LATTRON sa femme font signifier ce testament à Magdeleine BORDIER alors veuve de Louis MENANT demeurant à Blois, mais se trouvant alors à Rochambeau "en sa Closerie paroisse de Thoré", à ce qu'elle n'en ignore, car elle pouvait se prétendre héritière de son cousin.

Cette Closerie de Rochambeau devait appartenir à son deuxième mari, René DOLIVEUX.

 

 

Deuxième Mariage avec René DOLIVEUX

 

Après le décès de son premier mari : François DERAS, survenu le 25 Mars 1735, alors qu'elle venait d'avoir 22 ans, Magdeleine BORDIER vécut avec sa mère à Danzé en élevant ses deux enfants.

Plus de huit ans après son veuvage, elle épouse René DOLIVEUX, maréchal de forges à Villiers, veuf de Marie BODIN.

Le contrat de mariage est reçu par Me COURTIN et Me MALLET, notaires Royaux à Vendôme le 02 Août 1743, en présence du côté du futur époux, de Paul MARGANNE, marchand à Saint-Calais, et du côté de la future épouse, de sa mère et de Jean BLIN, marchand à Danzé. Les futurs époux "promettent de se prendre par nom, foy et loy de Sacrement de mariage sitost que l'un en sera par l'autre requis" en face de la Sainte Eglise Catholique, apostolique et romaine. Ils seront régis par les dispositions de la coutume d'Anjou et leur communauté comprendra tous les acquis du jour de la Bénédiction Nuptiale. Ils mettent chacun en communauté la somme de huit cents livres.

Un inventaire avait été fait après le décès de Marie BODIN, première épouse de René DOLIVEUX, les 23 et 24 Juillet 1742, dont il n'avait pas d'enfant. Les biens meubles apportés par lui s'élevaient à la somme de quinze cents livres. En ce qui concerne l'apport de Magdeleine BORDIER il est rappelé que l'inventaire après le décès de son premier mari avait été établi par Me MALLET les 29 et 30 Juillet 1743 (deux jours avant le contrat de mariage).

"En cas d'alliénation des propres dudit futur époux pendant laditte communauté, le remploy en sera fait sur les biens de laditte communauté, et où ils ne suffiraient à l'égard de laditte future épouze, remploy s'en fera sur les biens dudit futur époux".

Puis est prévue la faculté pour la future épouse ou ses enfants de renoncer à la communauté, et la clause de reprises franches et quittes de toutes dettes.

Un préciput en habit, linge, hardes et armes est prévu en faveur du futur époux, ou la somme de trois cents livres ; et en faveur de la future épouse, un préciput en habillements et hardes, bagues et joyaux, ou pareille somme de trois cents livres "ensemble son habit de deuil, douaire, et autres conventions matrimoniales".

"Sera douée la future épouze, et la doue ledit futur époux du douaire coutumier".

"Et en considération dudit futur mariage, et pour la bonne amitié que ledit DOLIVEUX porte à laditte future épouze et pour lui en donner des marques, il lui a, par ces présentes, fait don entre vif, irrévocable et en la meilleures forme que donnation puisse valloir et avoir lieu, ce acceptante ladite future épouze, de tout et chacun les biens mobilliers, effects, or, argent et tout ce qui est censé et réputé mobillier qui se trouveront luy appartenir au jour de son décès, ensemble les fruits qui se trouveront pendant par les racines dans les biens fonds dudit DOLIVEUX au jour de son décès"......

Toutefois, il est stipulé que cette donation n'aura pas d'effet en cas d'existence d'enfants nés ou à naître du mariage, et que si la femme décède avant son mari, celui-ci tiendra compte à ses enfants de son apport en mariage.

Les dettes seront supportées par celui des futurs époux du chef duquel elles auront été créées.

Enfin, il est prévu que tous les biens meubles et immeubles du futur époux sont affectés et hypothéqués à la garantie de ce qui pourra être dû à la future épouse.

Comme dans les autres actes passés par elle, Magdeleine BORDIER déclare ne savoir signer. Le droit d'insinuation est de 24 livres.

Il a paru intéressant de rapporter longuement ce contrat de mariage, pour montrer l'analogie avec le régime de la communauté de biens réduit aux acquêts tel qu'il sera institué par le Code Civil.

Il résulte d'une note portée en marge d'une copie de l'acte de naissance de Magdeleine BORDIER qu'elle s'est mariée à Danzé le 31 Août 1743.

Après ce mariage, Anne MICHON vient habiter avec sa fille à Villiers.

Elle y décède le 16 Avril 1744 et l'acte de décès est signé par son gendre.

Ce deuxième mariage est de courte durée ; trois ans et six mois après sa célébration, René DOLIVEUX décède et l'inventaire après son décès est dressé par Me MALLET, notaire Royal à Vendôme le 09 Mars 1747 (ce qui laisse supposer que René DOLIVEUX est décédé quelques jours avant). Nous ne possédons pas cet inventaire, mais la communauté ne devait pas être très opulente, car le 1er Mai 1747, Magdeleine BORDIER y renonce, et va habiter à Vendôme, paroisse de la Madeleine. Elle avait du avoir la jouissance des biens de son mari, puisque nous avons vu que le 03 Octobre 1765, alors qu'elle était remariée à Louis MENANT, elle résidait à "sa Closerie de Rochambeau".

Aucun enfant n'est issu du mariage avec René DOLIVEUX.

Le 30 Juillet 1747 "René GILLARD, vigneron, demeurant à Meslay, fils et héritier de Gilles GILLARD et de Marie DOLLIVEUX, soeur germaine de René Toussaint DOLLIVEUX, père de René DOLLIVEUX, à son décès Maréchal de forges à Villiers, mary en secondes noces de Madeleine BORDIER, auparavant veuve de François DERAS cède à cette dernière la récolte et fruits de toutes natures estant actuellement à recueillir sur toutes les terres et les bordages à elle appartenant situés paroisse de Danzé".

 

 

Troisième mariage avec Louis MENANT

 

Un peu plus de quatre ans après le décès de René DOLIVEUX, Magdeleine BORDIER se remarie avec Louis MENANT, elle avait alors 38 ans.

"L'an 1751 le 27 may, après la publication des bans du futur mariage d'entre Louis MENANT, maître écrivain veuf de feue Marie (le document est déchiré) de la paroisse de Saint Martin de cette ville de Madeleine BORDIER veuve en dernières noces de René DOLIVEUX vivant Maréchal de forge, de cette paroisse, faite canoniquement aux prosnes des messes tant en cette Eglise qu'en celle de Saint Martin par trois jours de dimanche ou festes consécutifs comme il appert par le certificat du vicaire de Saint Martin du 22 du présent mois, nous signé VILLEMAIN, prestre avec paraphe sans qu'il se soit trouvé aucun empêchement ou opposition j'ay prestre vicaire, soussigné ay reçu en cette Eglise leur mutuel consentement de mariage avec les cérémonies prescrites par la Sainte Eglise, en présence de Jean et Florent LE BRETON , de Jullien BOULLAY, boulanger, de Gilles HUBERT et de Jean FOUQUET...... (signé) MAILLET".

Il résulte d'une note portée en marge de la copie de cet acte de mariage, que Magdeleine BORDIER habitait alors à Vendôme sur la paroisse de la Madeleine.

Nous n'avons pas beaucoup de renseignements sur la vie du ménage MENANT qui habitait à Vendôme, paroisse Saint Martin.

Le 27 Janvier 1753, Louis MENANT, maître écrivain, paroisse Saint Martin à Vendôme achète de Laurent GALLOYER, vigneron et de Marguerite COLLAS son épouse, demeurant à Chanteloup, paroisse de Villerable, 68 boisselées de terre aux Saulettes, paroisse de Danzé moyennant 153 livres "tant en principal achat que pot de vin". A cet acte d'acquisition est joint le titre de propriété antérieur (partage GALLOYER du 27 Mai 1752).

Le 23 Novembre 1754, Louis MENANT, au nom de sa femme loue pour 6 ou 9 années à compter de la Toussaint 1754 à Jean MOREAU, laboureur et Madeleine DENIAU sa femme, demeurant à Danzé, un bordage au bourg et paroisse de Danzé, y compris les terres acquises des époux GALLOYER. Il s'agit d'un bail à métayage ; les conditions de partage des récoltes, de compte des gerbes, de partage des fruits, sont scrupuleusement spécifiées, ainsi que l'entretien des bestiaux appartenant au bailleur, chevaux, jument, vaches, cochons, moutons et leur produit. Le bailleur se réserve un champ et une grange pour y mettre sa part de récoltes. Il fournira une certaine quantité de grains à ensemencer. Le preneur fournira au bailleur chaque année douze livres de beurre et deux couples de poulets.

Madeleine DERAS, fille de Magdeleine BORDIER épousa Léonard BRETON le 08 Février 1757.

Le 08 Mai 1758, Louis MENANT, au nom de sa femme rend compte à Léonard BRETON, paie en sa qualité de mari de Madeleine DERAS, de la gestion de ses biens.

Il lui tient compte d'abord du montant de la prisée des objets mobiliers en l'inventaire après le décès de François DERAS son père des 29 et 30 Juillet 1743. La tasse et le bouton en argent prisés en cet inventaire sont mentionnés et l'achat des récoltes fait par Magdeleine BORDIER de René GILLARD, le 30 Juillet 1747 sus énoncé. Il est tenu compte des droits de Madeleine DERAS dans la succession de Jeanne DERAS épouse de Pierre VALLERY, de la rente foncière payée à Françoise GUERY veuve de Messire Emmanuel DEMARESCOT, Chevalier Seigneur DELPHIN (acte du 25 Octobre 1717 - Voir famille BORDIER), de la somme payée par Magdeleine BORDIER à Jacques DUMANS en vertu de la transaction du 13 Octobre 1737, de celle payée aux héritiers de Mathurin DERAS en vertu de l'acte du 12 Décembre 1757 au sujet du bordage de Sainte-Anne. Le tout représente, d'après ce compte, une recette de 1.177 livres 2 sols 5 deniers.

Par contre Louis MENANT porte en dépenses :

Le coût de l'inventaire des 29 et 30 Juillet 1743 ("contrôle, papier, vacation et expédition") soit 33 livres.

"Item 19 livres 3 sols pour moitié de celle de 39 livres 6 sols pour les coûts de la sentence de nomination de René DOLIVEUX conjointement et solidairement avec laditte BORDIER pour tuteurs aux personnes et biens de ladite femme BRETON et dudit François DERAS, expédiée devant Mr. le Lieutenant Général le 20 aoust 1743, l'autre moitié devant être supportée par ladite BORDIER comme héritière mobiliaire dudit DERAS son fils".

Et le coût des lettres d'émancipation de Madeleine DERAS épouse de Léonard BRETON.

Soit au total 96 livres 6 sols 6 deniers.

Il est ensuite précisé dans cet acte qu'il ne sera pas tenu compte des revenus des biens appartenant à Madeleine DERAS et à Louis MENANT, car ils se compensent, en revanche il est fait mention du douaire revenant à Magdeleine DERAS épouse de Léonard BRETON sur le prix de vente de "différentes petites parties de biens situez paroisse de Naveil vendues par ma dite femme avec autres cohéritiers de deffunt le sieur BELLEVILLE prêtre, à René BADAIRE et autres depuis dix ou douze ans, de laquelle vente ma femme a touché 46 livres 5 sols". (Il s'agit de Lubin BELLEVILLE, curé de Villeneuve la Frouville - Voir ci-dessus procédure avec Marie DEMERE).

Il est encore expliqué que Magdeleine BORDIER et Louis MENANT avaient promis de donner à Madeleine DERAS une dot de 1.400 livres aux termes de son contrat de mariage et que les sommes dues à Madeleine DERAS en vertu du compte-rendu par Louis MENANT s'élèvent à 1.043 livres 3 sols 11 deniers ; il convient, pour parfaire le montant de la dot promise d'y ajouter 356 livres 16 sols 1 denier. La fin du compte-rendu par Louis MENANT à Madeleine DERAS et à Léonard BRETON son mari, est intégralement reproduite ci-après. Nous allons y retrouver la conclusion de la procédure qui opposait Magdeleine BORDIER aux héritiers DERAS en vertu de la transaction du 12 Décembre 1757 concernant le bordage de Sainte-Anne analysée ci-dessus sous le chapitre FAMILLE DERAS :

"Pour remplir ledit BRETON et sa femme de la somme de quatorze cent livres, Moy MENANT audit nom, je cedde quitte et abandonne audit BRETON et sa femme en propriété les objets qui suivent :

"Premièrement les cinquante deux livres sept sols neuf deniers qu'il a touché de Marin DAY et sa femme pour les causes énoncées dans la transaction dudit jour 12 décembre dernier, et sept livres cinq sols que ledit DAY et sa femme ont reconnu devoir en sus de ladite somme pour une erreur de calcul faite dans laditte transaction.

2° - Soixante trois livres douze sols neuf deniers qu'il a touché de Gabriel POMMIER pour les mêmes causes que l'article précédent et autres déboursés.

3° - Pareille somme par Denis POMMIER pour les mêmes causes.

4° - Pareille somme qu'il touchera par Pierre POMMIER mineur pour les mêmes causes.

5° - Trente neuf livres deux sols que ledit BRETON a pareillement touché de Denis POMMIER, marchand à Azé et portées par lad. transaction. Sur laquelle somme ledit BRETON a payé tant à Messieurs de la TOUCHE et GAUSSANT Avocat et Procureur celle de trente huit livres pour frais à eux dus dans l'instance contre lesdits DERAS et POMMIER suivant leurs reçus des quatorze et seize décembre dernier, au moyen de quoi cet article ne doit être tiré à la ligne que pour vingt deux sols.

"Plus moy MENANT audit nom cedde et abandonne pareillement audit BRETON et sa femme le tiers d'un petit bordage situé paroisse de Sainte-Anne pour la somme de trois cents livres, y compris le revenu de l'année eschue à la Toussaint dernière et en abandonnant ledit tiers pour ladite somme, je dépars du douaire et usufruit que je pourrais prétendre sur lesdittes choses à cause de ma femme.

Plus je cède et abandonne audit BRETON et sa femme le tiers de deux pièces de terre situées paroisse d'Epuisé estimé ledit tiers trente six livres treize sols quatre deniers et me dépars pareillement du douaire et usufruit comme dessus.

Plus je cedde pareillement audit BRETON et sa femme la somme de vingt livres qu'il a touchée de la veuve CATHODEAU pour les arrérages de jouissance desdittes deux pièces de terre eschus à la Toussaint dernière.

Toutes les sommes cy dessus revenantes à la somme de six cent huit livres six sols quatre deniers qu'il convient de déduire de celle de quatorze cents livres, partant il ne reste plus que sept cent quatre vingt onze livres treize sols huit deniers.

Laquelle somme il faut joindre celle de soixante et dix huit livres six sols quatre deniers pour quinze mois d'intérêts de ladite somme de quatorze aux livres à compter du huit février mil sept cent cinquante sept jour de leur mariage" (c'est ainsi qu'on en apprend la date, car nous n'avons aucun autre document à ce sujet) "jusqu'au huit may courant" (date de la reddition du compte) "déduction faite de neuf livres dix sols pour vingtième et quatre sols pour livres du premier vingtième.

Lesquelles deux sommes reviennent ensemble à celle de huit cent soixante et dix livres.

Sur laquelle somme il convient déduire celle de soixante et dix livres pour le prix d'une armoire de bois de noyer à deux battantes que moy MENANT abandonne audit BRETON et sa femme.

Da manière qu'il ne revient plus audit BRETON au moyen de toutes les déductions cy dessus que la somme de huit cent livres ; laquelle somme moy MENANT audit nom promet et m'oblige payer audit BRETON et sa femme à leur volonté et première requête et cependant l'intérêt à compter de ce jour.

Fait et arrêté double sous nos seings à Vendôme lesdits jour et an que dessus". "J'approuve l'écrit cy dessus pour ce qui est contenu". Signé BRETON.

 

Ce long compte précis et détaillé a été écrit par Louis MENANT, maître écrivain (ou maître d'école dans d'autres titres) mais a certainement été établi par Léonard BRETON, qui on l'a vu était notaire en la Chatellenie de Lisle en 1757.

Les derniers actes que nous possédons concernant Louis MENANT sont 16 pièces d'une procédure concernant une haie aux Noues, paroisse de Danzé, mitoyenne avec René LAUNAY, laboureur à la Couetterie paroisse de Danzé. Louis MENANT l'accuse d'avoir coupé vingt deux trognes de chêne complantées dans cette haie. Deux fagotteurs, commis par justice établissent un rapport détaillé duquel il résulte que 225 fagots et 17 bourrées ont été tirés de cette coupe représentant une valeur de treize livres cinq sols dont moitié doit revenir à chaque propriétaire. René LAUNAY fait appel du jugement du bailliage de Vendôme qui avait enterriné ce rapport et Louis MENANT l'assigne le 03 Décembre 1761 en "anticipation d'appel pardevant nos Seigneurs du Parlement de Paris". On ignore quelle fut la sentence du Parlement sur cette importante affaire.

 

Nous ignorons quand est décédé Louis MENANT. Nous savons seulement que le 03 Octobre 1765, Jacques MARAIS et Marie LATTRON sa femme signifient le testament de René GAULTIER à Magdeleine BORDIER, veuve de Louis MENANT, demeurant à Blois mais se trouvant alors à sa Closerie de Rochambeau. De plus, les pièces de la procédure de l'affaire GON (voir ci-après Léonard BRETON) nous apprennent qu'il était déjà décédé le 09 Mai 1764.

Pourquoi Magdeleine BORDIER, après le décès de Louis MENANT a-t-elle été habiter à Blois ? Sa fille était mariée à Vendôme ; elle devait se trouver bien seule. Elle décède peu après l'âge de 53 ans, sans doute chez sa fille.

 

 

Acte de décès de Magdeleine BORDIER

 

Du registre des sépultures de la paroisse Saint Martin de la ville de Vendôme, année 1766, a été extrait ce qui suit :

"L'an mil sept cent soixante six, le dix may, le Corps de Madeleine BORDIER veuve en premières noces du Sieur Françoise DERAS, marchand de bois et en secondes noces du Sieur Louis MENANT (sic) maître d'écriture en cette ville, décédée d'hier après avoir reçu dans sa maladie les sacrements de pénitence et d'Extrême Onction, âgée de cinquante trois ans, a été inhumée en cette église par nous prestre Curé de cette paroisse, licencié en droit de la faculté de Paris, en présence de Léonard BRETON gendre de la deffunte, à cause de demoiselle Madeleine DERAS sa femme, et autres parents et amis qui ont signé avec nous le registre". Signé HEUSLIN, prestre, NOULIN prestre, BRETON, GOUFFAU, PROUST, François FOUGERE, QUIMBECHE et J. B. PROUST Curé de Saint Martin.

 

A travers la sécheresse des actes de vente, des partages, des pièces de procédure qui dormaient dans un grenier depuis 200 ans, nous avons vu revivre Magdeleine DERAS, dont de dernier descendant, Fernand LEMAIGNEN, n'avait aucun souvenir, et nous nous sommes attachés à elle, sans pouvoir malheureusement cerner sa personnalité.

Qui étais-tu Magdeleine BORDIER ?

Nous savons qu'elle était l'arrière petite fille de Thomas LANCELOT le frère du procureur ; que ses parents et ses grand-parents étaient des petits cultivateurs à Danzé ; qu'elle s'est mariée à 14 ans avec un lointain cousin (François DERAS) qui était laboureur puis "soixton" puis marchand de bois à Azé ; que de ce mariage sont nés deux enfants ; que son mari décéda après 8 ans de mariage alors qu'elle avait 22 ans ; que son beau-père décéda deux mois après.

Il semble que durant son veuvage elle géra habilement ses biens puisqu'elle acheta à rente viagère les biens de son cousin René GAULTIER et se défendit adroitement dans la procédure qui l'opposa à son oncle Jacques DUMANS. Elle habitait durant son veuvage avec sa mère à Danzé où elle éleva sa fille et son fils qui n'avait que quelques mois lors du décès de son mari.

L'inventaire après le décès de ce dernier ne dénote qu'une petite aisance, sans plus, bien qu'elle possédât un respectable trousseau de linge de maison.

Après huit années de veuvage, elle épousa en secondes noces René DOLIVEUX, alors veuf, maître de forge à Villiers, peut-être un collègue de son mari et sa mère vint habiter avec elle à Villiers. Ce deuxième mariage ne dura que trois ans et demi, et Magdeleine BORDIER, qui avait perdu sa mère trois ans avant, se retrouvera veuve une seconde fois, et six mois après la mort de son mari, elle perd son fils. Les deuils s'accumulent autour de cette jeune femme.

Elle dut habiter dans la Closerie de Rochambeau dont on ignore comment elle en était devenue propriétaire mais que sa fille possédait encore lors de son décès.

A une date indéterminée elle alla habiter à Vendôme, paroisse de la Madeleine peut-être pour assurer l'éducation de sa fille. Elle y fit la connaissance de Louis MENANT, maître d'école qu'elle épousa quatre ans après son deuxième veuvage, le 27 Mai 1751, alors qu'elle avait 38 ans. Ce troisième mariage dura jusque vers 1762-1764 et Magdeleine BORDIER se retrouva veuve une troisième fois?

Au cours de ce troisième mariage, elle maria sa fille le 08 Février 1757 (elle avait 24 ans) à Léonard BRETON "principal notaire à la Chatellenie de Lisle" puis greffier au Greffe Civil et Criminel du bailliage Royal et prévôtal de Vendôme. Cette promotion sociale dut combler d'aise Magdeleine BORDIER et doit consacrer la bonne éducation qu'elle donna à sa fille malgré les difficultés dues à ses veuvages.

Dès que sa fille eut atteint l'âge de 18 ans, elle la fit émanciper pour pouvoir entamer la longue procédure que nous avons relatée plus haut (chapitre Famille DERAS) contre la famille DERAS qui s'était emparée des biens de son premier mari et elle fit preuve à cette occasion d'une belle ténacité pour obtenir la restitution des droits de sa fille.

Les dernières années de sa vie restent obscures ; elle dut se trouver bien seule après le décès de son troisième mari et le mariage de sa fille. Pourquoi alla-t-elle habiter à Blois ? Quelle fut la maladie dont elle décéda, sans doute chez sa fille à Vendôme à l'âge de 53 ans ?

On ne peut retenir un sentiment de compassion devant les différents malheurs familiaux de Magdeleine BORDIER et d'admiration pour la façon avisée dont elle géra ses biens.

Mais nous regrettons d'autant plus de n'avoir pu cerner davantage sa personnalité à travers la sécheresse des documents juridiques analysés.

Quelle était sa physionomie ? Comment vivait-elle ? Quels étaient ses sentiments, son caractère ? Nous n'avons, malgré l'inventaire de 1743 aucun renseignements sur la garde robe de cette jeune femme qui vivait à l'époque de Louis XV, le seul renseignement que nous ayons est négatif : elle ne savait ni lire ni écrire, à moins que son troisième mari ne l'ait instruite, ce que nous ignorons.

 

Qui étais-tu Magdeleine BORDIER, lointaine grand-mère de mes enfants ?

D - Léonard BRETON et Madeleine DERAS

 

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Histoire des familles Bezard Lemaignen et Aubert
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